•  À la candeur des jeunes gens se superpose le pessimisme amusé du réalisateur, qui sourd dans cette sorte de mécanique implacable qu'est la vie, où ce qui advient de plus surprenant n'est jamais totalement fortuit. Très réussi et New York est divinement filmé.

    scénario: 16/20        acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 16/20 

    Un jour de pluie à New York

    Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.

    Les comédiens se renouvellent, les générations passent, mais l'aura de New York filmée par Woody Allen est toujours intacte, et l'écriture du maestro est toujours aussi fine et précise, et profonde sans en avoir l'air. Ici, elle est une fois encore travaillée à la virgule et au bon mot près, ciselée par la diction impeccable et parfaitement rythmée de tous ses comédiens, incarnant d'une manière évidente l'essence même du cinéma de Woody Allen. Mais comme jamais peut-être dans ses films précédents, il y a dans Un jour de pluie à New York un phénomène assez troublant qui se manifeste dès les premières images, c'est le sentiment que le personnage de Woody Allen, que nous avons vu tant de fois à l'écran et dont on connait si bien l'air binoclard un peu ahuri et le phrasé mitraillette si caractéristique, semble habiter tel un spectre chacun des personnages de l'intrigue…


    De l'étudiant intello et joueur de poker à la jeune et naïve journaliste en herbe en passant par le réalisateur en plein crise existentielle, le scénariste cocu ou le grand frère qui se demande s'il ne doit pas annuler son mariage car il ne supporte plus le rire strident de sa fiancée : il est partout. A part peut-être dans le personnage (sublime) de la mère, mais chacun sait qu'une mère, dans un film de Woody Allen, se suffit à elle-même. Alors quoi ? Délire mégalo ? Omniprésence du vieil artiste au crépuscule de sa carrière ou plus simplement magie du cinéma ? Qu'importe, on est bien, là, à New-York sous la pluie avec tous ceux-là, les jeunes et ceux qui le sont moins, et on se réjouit pleinement de ce délicieux divertissement.
    Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont bien nés, ils sont étudiants dans une université prestigieuse et gentiment amoureux. Journaliste pour la gazette de la fac, Ashleigh, passionnée de cinéma, vient de décrocher une interview du célèbre réalisateur Rolland Pollard à New-York. L'occasion rêvée pour Gatsby de l'embarquer pour un week end romantique dans sa ville natale. Mais ce qui s'annonçait comme une escapade bien balisée va se muer en folle partie de cache-cache. Alors que la délicieuse Ashleigh se retrouve happée dans le petite monde très fermé – et passablement ridicule – du cinéma d'auteur new-yorkais, Gatsby retrouve par hasard, dans le désordre de l'apparition à l'écran : un ancien pote de collège qui l'embauche pour un rôle muet dans le court-métrage qu'il est train de tourner, la sœur d'une ex-amoureuse, sa mère à qui il avait pourtant annoncé son absence pour cause d'examen au traditionnel gala de charité qu'elle organise tous les ans, une call-girl bien sous tous rapports…

    Tout ce beau monde en prendra gentiment pour son grade, sous les assauts de la verve grinçante mais souvent tendre du cinéaste : les artistes tourmentés et leur nombril, les filles jolies mais un peu nunuches, la grande bourgeoisie et ses soirées de charité, les jeunes hommes prétentieux. Seule la délicieuse Ashleigh tirera paradoxalement son épingle de ce jeu de dupes : sous ses airs de blonde écervelée se cache une vraie sincérité, pure, pas encore abîmée par les rumeurs, la vanité, l'arrogance… de quoi méditer.


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  • Un thriller très réussi plein de surprises et de rebondissements. Divertissant et parfois, ça fait du bien de mettre ses neurones au repos

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20     note finale: 16/20

    La chute du président

    Victime d’un coup monté, Mike Banning, agent des services secrets, est accusé d’être le cerveau d’une tentative d’assassinat envers le président américain, Allan Trumbull. Poursuivi par le FBI, il va devoir combattre pour survivre et trouver l’identité de celui qui menace la vie du président…


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  • Olivier Gourmet, est comme toujours au sommet de sa forme!! Un très beau film qui fait réfléchir sur la vie, le travail, la famille. Une belle avant-première.

    scénario: 16/20        technique: 16/20         acteurs: 17/20       note finale: 17/20

     

    Ceux qui travaillent

     

    Comment se peut-il qu'un jeune réalisateur puisse du premier coup pondre une telle œuvre, qui laisse pantois tant sa pertinence nous claque à la gueule ? Pauvres de nous… quel monstre broyeur d'humanité avons nous donc construit sans que personne ne s'insurge ? Sans que personne au sommet des tribunes du pouvoir ne se lève pour hurler d'arrêter tout ! Antoine Russbach réussit dans son premier long métrage à dire avec une force saisissante l'essentiel de ce qui nous tourmente et questionne la société toute entière : que sommes nous devenus pour nous faire les complices de ce qui nous écrase et menace en nous ce qu'il reste d'humanité ? Comment se peut-il qu'ayant désormais à disposition autant de moyens de voir, de savoir, de comprendre, nous soyons devenus à ce point aveugles et sourds à ce qui se joue dans les coulisses de la consommation de masse, d'un commerce mondialisé ? Serions nous devenus indifférents et impuissants à force d'individualisme ?


    Frank est cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime. Chef d'orchestre d'un ballet de cargos énormes qui trimballent d'un continent à l'autre toutes sortes de denrées plus ou moins rapidement périssables. Il définit les routes des navires qui ne sont pour lui qu'une abstraction concrétisée par des chiffres et des petits points qui se baladent sur un écran d'ordinateur… tandis que les individus disparaissent dans les statistiques, petites choses anonymes perdues dans un océan invisible et lointain dont on ne saurait percevoir, depuis ce bureau ultra-moderne, ni l'odeur des embruns, ni le ressac d'une humanité en souffrance.
    Il est bosseur Frank, il a le sens des responsabilité, une famille, trois beaux enfants élevés au cordeau, qu'il n'a guère le temps de voir, mais qui ne manquent de rien et surtout pas du dernier smartphone que les copains lorgnent avec envie. Il assume son rôle de père, de mari avec la même conscience que le reste… sans se demander jamais si cette vie-là le rend vraiment heureux.
    Ce jour-là justement, il doit quitter à la hâte son bureau pour récupérer sa fille à la demande de l'école : un bobo, un mal au ventre, une envie de câlins ?.. Au moment même où un capitaine de cargo le sollicite dans une situation de crise : un clandestin se trouve à bord, malade, peut-être contagieux, l'équipage est inquiet… Accroché à son portable, Frank hésite : quelle ordre donner ? Faire demi tour et ramener le malade au premier port qui le prendra en charge, au risque de perdre la cargaison ? Aller au bout, braver la peur des marins, risquer le contrôle, une amende, voire pire ?
    Frank tranchera sous la pression et son choix, terrible, lui coûtera son poste… Trahi par un système à qui il pense avoir tout donné et qui, hypocritement, le lâche, alors même qu'il s'inscrivait parfaitement dans sa logique, en cohérence avec les objectifs fixés, caution parfaite d'un système où il avait sa part, ni pire ni meilleur que n'importe quel autre. Et voilà que cette décision, prise en toute conscience, renvoie les autres à la mécanique infernale qu'ils ont construite et dont ils refusent de payer le prix : Frank sera le fusible qui saute.

    C'est d'une maitrise confondante et Olivier Gourmet porte le personnage avec une intensité qui ne laisse rien passer : créature d'un système qu'il contribue à nourrir, il est le seul à regarder les choses en face, peu fier de ce qu'il a fait, mais persuadé qu'il n'y avait pas d'autre choix possible. Ce faisant il renvoie la question à ceux qui regardent le film : qui sommes nous pour juger, qui peut condamner… car ce type-là est un humain, avec sa part d'ombre et sa part de lumière et ses tourments résonnent en nous. Où finit la responsabilité de la société qu'on a tous contribué à créer, où commence la nôtre ? Suffit-il de jouer dans les marges pour être exempt de cette co-responsabilité ? Que sommes nous prêts à accepter pour ne rien perdre de notre confort ?
    Ce n'est pas un film bavard, c'est un film dont l'intensité tient autant dans les mots que dans les silences, les gestes, les regards, les frémissements du visage. Et Gourmet excelle à porter à fleur de corps les frémissements inquiets de l'âme…


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  • Si quand le héro n'est pas avec Dieu, on va de surprises en surprises, quand il est avec Dieu, c'est un peu décevant. Les dialogues avec Dieu sont creux. Il y a un malaise quand on regarde ce film. on se demande s'il n'est pas produit par une secte ou quelque chose comme ça.

    scénario: 12/20     acteurs: 14/20   technique: 16/20   note finale: 13/20

    Interview avec Dieu

    Rentré d’un reportage en Afghanistan, Paul Asher a du mal à surmonter les séquelles de cette expérience. Son mariage est en perdition et sa foi est mise à l’épreuve, lorsqu’il se voit proposer une interview avec un homme qui prétend être Dieu. Si vous pouviez interroger Dieu, quelles questions lui poseriez-vous ?


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  • Très réussi. Klapisch dresse un portrait drôle, émouvant et percutant de l'ultra-moderne solitude urbaine et du célibat connecté à l'ère des réseaux sociaux en racontant non pas une histoire d'amour, mais une préhistoire d'amour - toutes les galères par lesquelles on passe avant de tomber amoureux. On se promène un peu le vague à l’âme, mais avec le sourire aussi, dans cette variation contemporaine et éloignée de "The Shop Around the Corner" de Lubitsch, et après un prologue un brin long à la détente, on se laisse cueillir par l’humanité de tous les personnages de cette histoire, dont le centre névralgique est une épicerie de quartier, qui ressemble à un rêve ou une utopie réaliste. Celle que semble soumettre à nos yeux Cédric Klapisch, comme on fredonnerait tout bas un chant d’espérance.On peut toutefois regretter que l'image soit dégueulasse.

    scénario: 18/20      acteurs: 17/20       technique: 15/20    note finale: 17/20

    deux moi

    Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu'il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ?

    Tous les métros, tous les tramways, tous les bus de toutes les grandes villes nous offrent ce drôle de spectacle : des hommes, des femmes, de tout âge, de toutes classes sociales, se tiennent la tête baissée, le regard comme aspiré par l'écran de leur téléphone portable intelligent (!?). Chacun cherche son moi dans cet étrange miroir, reflet de nos existences en quête de sens, de contacts, de like, dans une volonté de remplissage frénétique (des amis, des applis, des tutos, des photos…) qui masque à peine l'angoisse du vide, du silence, du rien. Il le dit bien, Cédric Klapisch, dans ses notes d'intentions : on ne peut plus faire aujourd'hui un film sur le sentiment amoureux, sur la naissance d'une histoire sans tenir compte de ces flux numériques qui ont envahi nos vies et notre manière d'être à l'autre et au monde. Pourtant, dans ce monde ultra connecté, la solitude est toujours aussi criante et les injonctions à adopter la positive attitude n'ont pas vidé les cabinets des psy… Mais plutôt que de nous filer le bourdon, et il y aurait de quoi, voilà un film qui se nourrit des petits miracles du vivre ensemble, ces petits riens du tout (Riens du tout, c'est le titre du premier long métrage de Klapisch) qui, mis bout à bout, forment la chaîne qui permet de ne pas complètement se laisser piéger dans les mailles du grand filet. Il a ce talent-là, Klapisch, cette bienveillance, cet amour des êtres qui donnent à son cinéma une force un peu naïve distillant l'optimiste, même dans les cas les plus désespérés.


    Ils le sont un peu, désespérés, ses deux héros. Oh certes, ce n'est pas le désespoir criant et tonitruant qui vous pousserait à faire le saut de l'ange du 5e étage, c'est un mal plus sourd, presque discret, qui fait son nid doucement. Au fil des mois, dans ce grand Paris où tout va vite, ça s'incruste, ça empêche de dormir (lui), ça engourdit (elle) ; ça vous flanque une peur panique quand il faut sortir de sa zone de confort (elle), ça vous fait vous évanouir dans le métro (lui) ; ça vous fait recueillir un chat (lui), ça vous fait vous inscrire sur des sites de rencontres pour coucher un soir et plus si affinités (elle). Et puis un jour, ça vous fait vous allonger sur le divan d'une psychanalyste (elle) ou consulter un psychologue du service public (lui). Mélanie et Rémy, trentenaires solitaires, mènent ces vies parallèles l'une à côté de l'autre, sans se voir, chacun dans sa bulle, avec ses trouilles et ses œillères.
    La riche idée de Klapsich, qui renoue avec le charme de Chacun cherche son chat, c'est d'avoir implanté ces deux-là dans un quartier de Paris aux allures de village, dont le cœur battant est une épicerie. Nul besoin ici de chercher sur internet le top 5 des meilleurs marques d'olives sans noyau, ni de télécharger la recette de l'houmous sur le 569e site de cuisine répertorié par votre moteur de recherche, pas besoin non plus d'activer la géolocalisation pour savoir où se trouve le cours de danse le plus proche : le patron (formidable Simon Abkarian) fait tout cela bien mieux qu'un smartphone, et en plus, il est drôle.

    Au final, tous ces personnages : le pharmacien, l'épicier, les psy, la collègue de travail pétillante… forment autour de ces deux solitudes l'écrin de tendresse dont ce monde manque furieusement… Cédric Klapisch nous invite à éteindre nos satanés écrans et à descendre voir ce qui se passe dans la rue, chez le petit commerçant du coin. Naïf ? Sans doute, et alors ?


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  • Une comédie moyennement réussie. On rit parfois, mais peu. Le scénario est un peu faiblard. les acteurs sont formidables mais ils font ce qu'ils peuvent avec un scénario minimaliste. Le tout se laisse voir sans déplaisir une fois que la mécanique est enclenchée, entre film de prison, film de potes, film d’arnaque et comédie romantique.

    scénario: 13/20       technique: 16/20     acteurs: 16/20     note finale: 12/20

    Inséparables

    Mika, un petit escroc, a fait un rapide tour en prison, où il a fait la connaissance de « Poutine », un détenu cinglé et imprévisible. Sitôt sa peine purgée, il décide de repartir à zéro et de refaire sa vie. Alors qu’il s’apprête à épouser la fille d’un riche homme d’affaires, son passé le rattrape : Poutine débarque sans prévenir ! Mika va vite réaliser qu’on ne se débarrasse pas aisément d’un tel boulet...


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  • Pas mal, bof. Un simple téléfilm aurait suffit pour cette petite histoire sans importance. Si la fin s’étiole en perdant le tandem qui portait le film, Je promets d’être sage promène un joli regard, tout décalé qu’il soit, sur les musées de province, la petite vie qu’ils recèlent et offre le réjouissant face-à-face de deux comédiens qu’on a toujours plaisir à retrouver. Une gentille comédie, originale moins par son scénario que par le cadre où évoluent les personnages, et par l’interprétation de Léa Drucker, qui s’en donne à coeur joie dans le registre caractériel.

    scénario: 13/20                acteurs: 16/20                    technique: 16/20    note finale: 14/20

    Je promets d'être sage

    Après des années de galère dans le théâtre, à bout de nerfs, Franck plaque tout !  Il aspire à une vie qui se tienne enfin et accepte un poste de gardien de musée loin de Paris, au calme. C’était sans compter sur Sibylle, une agent de surveillance caractérielle qui va lui mener la vie dure et tout faire pour le décourager. Ils vont pourtant être amenés à s’allier pour monter une petite escroquerie. Une chance peut-être de reprendre leurs vies en main… 


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  •  Un beau film sur un sujet important. Mais tout cela reste superficiel et manque de profondeur. Le scénario aurait mérité d'être plus travaillé. Ce premier film imparfait mais émouvant met en lumière cette tradition méconnue du gavagePour parler des diktats de la beauté féminine, la réalisatrice choisit de raconter le gavage des futures épouses en Mauritanie (sur la base de témoignages). Par ricochet, cette tradition fait aussi réfléchir aux critères esthétiques de l'Occident et à la pression sociale qui semble toujours se focaliser sur le corps des femmes. L’actrice Verida Beitta Ahmed Deiche a elle-même vécu cette pratique, d’où sa performance très juste et sans misérabilisme. Un regard différent et sans jugement sur une tradition qui subsiste dans un monde modernisé.

    scénario: 14/20   acteurs: 14/20   technique: 14/20   note finale: 14/20

    Le mariage de vérida

    Verida est une jeune femme mauritanienne. Elle partage sa vie entre son travail d'esthéticienne dans un salon de beauté et les sorties avec ses amies. Un matin, sa mère lui annonce qu'elle lui a trouvé un mari. Commence alors la tradition du gavage, on lui demande de prendre du poids pour plaire à son futur mari. Alors que le mariage approche, Verida a de plus en plus de mal à supporter cette nourriture en abondance, le changement de son corps et l’idée de se marier avec un homme qu'elle n’a pas choisi.

    Même en faisant preuve d'optimisme, on ne peut pas dire que la situation des femmes s'améliore de par le monde ! On ne peut pas dire que leurs droits soient mieux établis et respectés. On ne peut pas dire que diminuent les violences qu'elles subissent. Ce film en apporte un nouveau témoignage, en mettant en lumière une pratique très peu connue, une pratique ubuesque et archaïque réservée une fois de plus aux femmes.
    Verida est une jeune Mauritanienne qui vit à Nouakchott, la capitale du pays. Elle exerce le métier d'esthéticienne, elle fait partie d'une bande de copines qui ont des rêves et espèrent les voir se réaliser (l'une veut étudier au Caire, l'autre rejoindre des proches en France…), des jeunes femmes connectées sur le reste du monde à travers les magazines, les réseaux sociaux, qui connaissent leurs premiers émois amoureux, qui ont leurs crises de rires, leurs déceptions… comme toutes les filles de leur âge. Mais voilà, la famille de Verida a décidé de la marier sans lui demander son avis sur le choix de l'élu. Et elle a décidé de suivre les coutumes ancestrales jusqu'au bout en lui faisant subir la tradition du gavage, afin de la faire grasse comme un loukoum pour mieux plaire à son futur époux, selon les critères de beauté locaux. C'est un peu l'inverse de ce qui peut se passer chez nous, où la sveltesse s'impose comme un impératif de séduction.
    Commence alors pour Verida un éprouvant marathon qui l'oblige à quotidiennement s'empiffrer : dès l'aube et à plusieurs reprises dans la journée, sa mère lui apporte des saladiers entiers de bouillie consistante et des plats de viandes bien grasses afin d'atteindre l'objectif souhaité…


    Très honnêtement, la lecture de l'argument du scénario pouvait laisser craindre un de ces films occidentaux observant avec un chouia de condescendance l'oppression des femmes par une société musulmane obscurantiste… Mais ce qui fait l'intelligence du film – signé d'une réalisatrice plusieurs fois primée pour ses documentaires – c'est justement de nous montrer, tout en ne sous-estimant pas l'horrible absurdité de cette affaire de gavage, toute la complexité des normes imposées aux femmes, y compris en nous renvoyant en miroir celles que notre propre culture véhicule. Car à côté de la prise de poids contrainte de Verida, il y a l'idéalisation de la blancheur occidentale que voudraient acquérir certaines de ses copines, au prix de traitements extrêmement dangereux, ou encore la volonté de défriser leurs cheveux, sans compter l'obsession de la ligne à l'opposé des critères mauritaniens.
    Une autre grande force du film réside dans la richesse des personnages. Verida n'est jamais présentée comme une victime, mais comme une jeune femme espiègle, battante, qui tente de composer avec les contraintes sociales, flirte avec l'homme en charge de sa prise de poids dans des scènes assez cocasses. Et à l'opposé, son entourage n'est pas montré comme un ramassis de bourreaux inhumains mais comme des parents, des proches incontestablement aimants mais enfermés dans une tradition immuable.

    Pour terminer, il faut dire que le film doit beaucoup à sa formidable interprète principale, Verida Beitta Ahmed Deiche, que la réalisatrice a rencontrée à Nouakchott quatre ans avant le tournage et dont elle a gagné peu à peu la confiance : le regard perçant et la gouaille jubilatoire de Verida resteront inoubliables. Pour la petite histoire, alors que le film était présenté en avant-première mondiale au Festival de Berlin, la jeune actrice a dû attendre la veille de la projection pour obtenir enfin le visa qui lui permettait de faire le voyage jusqu'en Allemagne ! Une épreuve de plus pour Verida

     


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  •  Du pur navet, même pas digne des policiers que les chaines télévisées diffuse l'après-midi pour meubler l'antenne. Le scénario est exécrable, les acteurs, sont mauvais et l'image est dégueulasse. Pour l'image, c'est normal me direz-vous, puisque l'histoire se passe chez les couches les plus défavorisées de la population.  Si j'étais maire de Roubaix, je porterais plainte, tant ce film donne une mauvaise image de la ville. C'est peu de dire qu'on s'ennuie.

    scénario: 2/20        acteurs: 2/20    technique: 2/20    note finale: 2/20

    Roubaix, une lumière

    À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes…


    « Au-delà de son immense échec, on s'interroge sur la place de ce navet dans la carrière d’Arnaud Desplechin : le cinéaste semble  vouloir donner une mauvaise image de sa ville natale, décor de plusieurs de ses longs-métrages (en particulier deux de ses plus beaux, Un conte de Noël et Trois souvenirs de ma jeunesse), mais il délaisse sa veine autobiographique pour filmer au plus près du réel, abandonne le milieu de la bourgeoisie intellectuelle pour s’attacher aux classes les plus défavorisées et marginales de la ville, à ses bas-fonds.


    « Desplechin prend comme point de départ un matériau documentaire. Il s’inspire de plusieurs histoires vraies et en particulier d’un fait-divers criminel. Hélas cette immersion dans la réalité la plus crue se révèle un détour pour revenir au cinéma, et à la littérature, qui ont toujours nourri son œuvre. Le cinéaste tourne le dos au naturalisme et adopte un style de téléfilm au rabais. La vacuité des dialogues, l’interprétation ratée des comédiens montre que Desplechin est un directeur d’acteurs qui peut avoir ses faiblesses. Devant sa caméra, il n'a visiblement rien demandé aux acteurs qui se demandent ce qu'ils font là. Faut-il préciser que Léa Seydoux et Sara Forestier sont ridicules ? Elles délivrent toutes deux des performances nullissimes. On fait ce qu'on peut quand il n'y a pas de scénario.


    « Le film appartient sans ambages au genre téléfilm policier, il s’inscrit dans une certaine tradition télévisuelle française par sa description de la vie quotidienne des flics d’un commissariat, et des méthodes d’investigation d’un commissaire charismatique et intuitif, en charge de plusieurs enquêtes. On voudrait penser à Jean-Pierre Melville ou Georges Simenon mais l'absence de sens aigu de l’étude comportementalisme et de la vérité des portraits humains, en particulier le commissaire Daoud (Roschy Zem, pathétique lui aussi, dans un de ses pires rôles), décrit comme un prince solitaire de la ville, et Louis (Antoine Reinartz), jeune policier catholique fraîchement diplômé, maladroit et naïf.
    « Mais les références majeures de Desplechin demeurent Hitchcock et Dostoïevski, plus précisément Le Faux coupable (1956, avec Henry Fonda) et Crime et châtiment. En s’intéressant au meurtre gratuit d’une vieille femme, le cinéaste n'arrive pas à délivrer une réflexion sur le mal, la culpabilité et la pitié qu'on aurait attendu de sa part.

    Roubaix est une honte et on se demande comment il a pu sortir au cinéma. Navet pur jus!


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  •  Comment filmer la vacuité sans être ennuyeux? Malheureusement, ce film ne répond pas à cette question. On s'ennuie tout autant que les jeunes filles du film. L'histoire, prévisible de bout en bout et grossièrement. dramatisée, n'a que peu d'intérêt. Zahia est une très mauvaise comédienne mais personne ne lui demandait sans doute d'être bonne. On aurait aimé un scénario plus subtil. C'est bien filmé.

    scénario: 09/20       technique: 16/20     acteurs: 13/20 (Zahia: 2/20)     note finale: 8/20

    Une fille facile

    Naïma a 16 ans et vit à Cannes. Alors qu'elle se donne l'été pour choisir ce qu'elle veut faire dans la vie, sa cousine Sofia, au mode de vie attirant, vient passer les vacances avec elle. Ensemble, elles vont vivre un été inoubliable.

    C’est le début de l’été, à Cannes, où vit Naïma (Mina Farid), avec sa mère. Milieu modeste. Elle a 16 ans et se donne la saison pour choisir un métier, a priori dans la restauration : elle doit effectuer un stage en cuisine. En attendant, elle veut profiter de la belle saison. Sa cousine, Sofia (Zahia Dehar), qui débarque sans prévenir de Paris, lui en donne l’occasion. Pour elle, tout semble facile. C’est une bimbo sculpturale, elle glisse quand elle marche, attire tous les regards. Elle porte des produits de luxe, en offre à Naïma. Avec quel argent ? Celui que des hommes très riches veulent bien lui donner. De la prostitution ? Le mot n’est jamais prononcé, il n’est même sans doute jamais envisagé par Naïma, éblouie par sa cousine.


    C’est cette forme d’innocence, de regard vierge, qui fait le prix de ce quatrième film de Rebecca Zlotowski, une cinéaste qu’on aime bien, parce qu’elle explore dans chacun de ses films (comme Belle épine et Grand Central) un univers différent.
    Les rapports de classe, la richesse, la fascination qu’elle exerce, la domination et le dédain qu’elle masque aussi, voilà le sujet. Naïma et Sofia font la connaissance d’un playboy milliardaire très « cool » et d’un ami à lui (Benoît Magimel, sobre, juste, impeccable), au profil plus incertain. Avec eux, elles font la fête, mènent la belle vie, rendent visite en yacht à une femme très chic, installée dans une maison magnifique sur la côte italienne. Tout cela bien sûr fait tourner la tête de Naïma. Et il y a de quoi.
    Le choix de Zahia Dehar, ex-escort-girl, célèbre, faut-il le rappeler, pour ses frasques avec des footballeurs, était gonflé de la part de la cinéaste. Elle la filme très bien, en faisant d’elle une Bardot touchante, dont le corps atomique et le visage refaits sont à la fois caressés et questionnés. En restant jusqu’au bout un mystère, pour le spectateur comme pour Naïma, d’autant plus magnétisée que cette dernière est à un âge charnière, où elle s’étonne encore, où elle est hyper-sensible. C’est ce qui rend cet été-là inoubliable pour elle. Un moment de passage vécu et montré comme une parenthèse enchantée, d’émotion trouble et de nostalgie mêlée. (J. Morice, Télérama)

    « Le titre du film est malicieux, il interroge tout de suite le cliché en jouant sur une assignation qu’il vise à contredire : cette fille désignée comme une fille facile est à mes yeux une fille puissante. Je voulais proposer un autre regard sur une femme que la société, au mieux moque, au pire méprise. Si les filles faciles existent, que serait une fille difficile, alors ?…
    « Si le sujet s'impose aussi vite, c'est parce se fait d'une manière étonnante une rencontre entre Zahia Dehar et moi… C’est qu’on soit si étrangères en tous points qui m’attirait au départ : la manière qu’a Zahia de mettre l’accent sur le féminin dans ce qu’il a de plus exacerbé et éculé – docilité, silence, sophistication, déguisement de geisha, la faisant basculer dans une esthétique Camp dont elle est pleinement consciente. J’en étais là quand je reçois un signe de sa part sur Instagram. Je suis surprise qu’elle connaisse même mon nom… Je vais voir ses vidéos et là je tombe en arrêt quand je l’entends parler (combien de femmes omniprésentes dans l’espace public aujourd’hui sans qu’on n’ait jamais entendu leur voix ?). Je découvre qu’elle parle d’une manière extraordinairement élégante, littéraire, anachronique, pas un seul mot d’argot, une retenue, une pudeur, un accent insondable d’une Bardot libanaise, syrienne ou italienne, impossible à définir, à l’opposé des jeunes femmes qui gravitent dans la télé-réalité. Le phrasé d’un personnage d’un film d’Eric Rohmer qui me séduit tout de suite…


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  •  Comme il fallait s'y attendre, ce film est un ovni. Il est plein d'humour même si le scénario est incertain. On a l'impression qu'un jour, ils ont décidé de faire un films mais qu'ils avaient oublié de faire un scénario. Cette rencontre improbable entre Houellebecq et Depardieu est cependant intéressante. Un pur film d'art et essais.

    scénario: 4/20    technique: 13/20    acteurs: 16/20   note finale: 12/20

    Thalasso

    Cinq années ont passé depuis L'Enlèvement de Michel Houellebecq. Michel et Gérard Depardieu se rencontrent en cure de Thalasso à Cabourg. Ils tentent ensemble de survivre au régime de santé que l’établissement entend leur imposer. Alors que Michel est toujours en contact avec ses anciens ravisseurs, des événements imprévus viennent perturber leur programme…


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  • Un petit bijou! Très belle animation sur le désir de liberté que personne ne peut tuer, et sur la bêtise, elle aussi illimitée.  Un puissant brûlot contre l'obscurantisme.

    scénario: 17/20  technique: 17/20   note finale: 17/20

    Les hirondelles de Kaboul

    Été 1998, Kaboul en ruines est occupée par les talibans. Mohsen et Zunaira sont jeunes, ils s’aiment profondément. En dépit de la violence et de la misère quotidienne, ils veulent croire en l’avenir. Un geste insensé de Mohsen va faire basculer leurs vies.

    Zunaira est si belle ! C’est une bénédiction d’être si belle ! Ou une malédiction, c’est selon… Toujours est-il qu’elle semble faite pour croquer la vie à pleines dents. Sa voix fraîche, son regard profond qui illumine le monde, ses longs cheveux bruns qui se déploient en cascades généreuses… Mais, plus que tout, son intelligence vive, une forme d’engagement profond. Pas étonnant que Mohsen fonde pour elle, on s’éprendrait pour moins ! Sans parler de son talent de dessinatrice, sa force créatrice… Ces deux-là se respectent, attentifs l’un à l’autre. Ici ou là, ces tourtereaux auraient tout pour convoler heureux et légers comme l’air.
    Mais nous sommes en 1998 au pays des talibans, on y exige que le corps des femmes soit caché de la tête aux pieds. Nul orteil, nulle pensée ne doivent dépasser. Les seuls espaces de liberté, fragiles, restent enfouis dans le secret des cerveaux ou celui des maisons. Et encore… il faut se garder de chanter, surtout à tue-tête, les morceaux illicites composés par le « Burka Band », groupe de garage punk créé par trois jeunes Afghanes, comme le fait Zunaira au grand dam de ses voisines. Elles viennent supplier l’inconsciente de se taire, par peur que le courroux aveugle des fondamentalistes ne s’abatte sur toutes. Une injustice est si vite arrivée. Mais qu’il est donc dur de s’astreindre au silence quand on a connu les temps bénis où l’on pouvait s’exprimer sans que blâmes et couperets moralisateurs soient prêts à s’abattre à tout instant. Pour cette génération, c’est une longue traversée du désert sans espoir d’oasis à l’horizon, sans possibilité d’épanouissement. Pourtant certains jamais ne baisseront les bras.

    Quand un ancien professeur propose à Mohsen d’enseigner dans une école clandestine les matières censurées par le pouvoir en place, occasion inespérée de lutter contre l’embrigadement des enfants, Zunaira bondit de joie. Contrairement à son amoureux, un brin frileux, elle n’a pas l’ombre d’une hésitation, l’incitant à un courage qu’il n’aurait peut-être pas sans elle, assoiffée de justice. Tous les ingrédients sont désormais en place pour que tout bascule…
    C’est un coup du destin qui va faire que leurs pas vont croiser ceux d’un autre couple : Atiq, gardien de prison taiseux, et Mussarat, sa femme encore belle mais désormais usée par les ans et par autre chose qui la ronge. Si une forme d’attachement persiste encore entre eux, la tentation se fait grande pour l’homme de ne pas résister plus longtemps aux pressions masculines. On lui souffle à l’oreille de ne plus s’embarrasser d’une épouse devenue un fardeau dans sa vie. Ce serait tellement simple de la remplacer par une plus jeune, plus industrieuse. Tous font ça et qu’importent les sentiments, les aspirations de femmes devenues interchangeables…

    Nul besoin de grands effets de manche, nul besoin de tire-larmes, ici la tendresse vient sobrement à la rescousse de la réalité crue… La douceur charnelle des dessins, dont les lignes restent parfois en suspens, comme le destin des protagonistes, rend supportable ce qui ne l’est pas. La beauté des paysages contraste avec la laideur de certaines âmes, la luminosité avec la noirceur.
    Les deux réalisatrices réussissent un film sobre et élégant, sans pathos. Les couleurs de chaque plan deviennent comme autant de cris du cœur silencieux. La brutalité de la société afghane sous les talibans pénètre sans artifices dans nos univers préservés : juste la vérité, toute la vérité, celle des hommes et des femmes ordinaires, aux prises avec un système qui les dépasse.


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  •  Une comédie très réussie et pas sotte sur l'univers impitoyable de la télé. Emma Thompson poursuit une filmographie riche en contrastes et combat pour les causes qui lui semblent justes comme le féminisme. Son duo avec Mindy Kaling dans Late Night fait rire en prouvant que la noblesse n’est pas incompatible avec l’autodérision. "Late Night" est un vrai feel good movie, un drôle de croisement entre "Network" de Sidney Lumet et "Le Diable s'habille en Prada".

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20      note finale: 16/20

    Late night

    Une célèbre présentatrice de « late show » sur le déclin est contrainte d’embaucher une femme d’origine indienne, Molly, au sein de son équipe d’auteurs.
    Ces deux femmes que tout oppose, leur culture et leur génération, vont faire des étincelles et revitaliser l’émission.


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  • Florian est de retour. Après son piteux détour par Hollywood, il nous présente ce qu'il faut bien appeler un chef d'oeuvre. Ce film est une totale réussite à tous les niveaux: le scénario, les acteurs au sommet de leur art, les décors, les reconstitutions historiques sont d'une beauté absolue, les dialogues, etc... Avec « L'Œuvre sans auteur », le cinéaste frappe encore plus fort, en mêlant, une fois de plus, la grande et la petite Histoire, les passés familiaux tragiques de Kurt et Ellie et les grands chambardements qui ont secoué l'Allemagne entre les années 1930 et 70.

    scénario: 19/20        acteurs: 19/20     technique: 19/20    note finale: 19/20

    L'oeuvre sans auteur

    À Dresde en 1937, le tout jeune Kurt Barnet visite, grâce à sa tante Elisabeth, l’exposition sur " l’art dégénéré " organisée par le régime nazi. Il découvre alors sa vocation de peintre. 
    Dix ans plus tard en RDA, étudiant aux Beaux-arts, Kurt peine à s'adapter aux diktats du " réalisme socialiste ". Tandis qu'il cherche sa voie et tente d’affirmer son style, il tombe amoureux d'Ellie. Mais Kurt ignore que le père de celle-ci, le professeur Seeband, médecin influent, est lié à lui par un terrible passé.
    Epris d’amour et de liberté, ils décident de passer à l’Ouest… 

    Désormais installés en RFA, Kurt et Ellie tentent de se reconstruire loin de leur famille, tout en découvrant les joies de la liberté à l’Ouest. Accepté dans une prestigieuse école d’art berlinoise où il n’est plus contraint aux diktats du « réalisme socialiste », Kurt s’épanouit et affirme son style jusqu'à en repousser les limites. Mais la pratique de son art fait remonter en lui des souvenirs d’enfance longtemps enfouis qui lui révèlent le terrible passé qui le lie au père d’Ellie, le professeur Seeband.

    Gageons que le bref entracte entre les deux parties du film va être un supplice pour vous comme il le fut pour nous ! Happés par cette saga palpitante qui se déroule sur une trentaine d’années, cette infime pause vous semblera une éternité…

    Élisabeth May ! Une de ces jeunes filles qui pétillent, donnent envie de s’élever dans les airs, de les suivre aveuglément. La terre entière pourrait être à ses pieds, si elle le demandait… enfin, surtout le petit Kurt. Du bas de ses six ans, il la dévore du regard, cette magicienne de bientôt dix huit. Il en a de la chance, d’avoir une telle tante à la maison ! C’est d’ailleurs plus une véritable amie qu’une simple parente. Entre eux règne une belle connivence enamourée, une communion d’esprit étonnante malgré la différence d’âge. Un attachement intellectuel, mais également tendre et charnel. Sans qu’il n’y ait aucun geste déplacé, on devine qu’en se lovant contre la poitrine de la grande, le garçonnet expérimente ses premiers émois sensuels. C’est tout simplement la vie qui frappe à la porte, les ailes du désir qui s’invitent avec fougue et il y a là quelque chose de divinement païen qu’on ne peut abjurer. Pour Élisabeth, tout ce qui peut venir nourrir la curiosité de son neveu, déjà si différent des autres, est sacré. En lui, elle perçoit cette sensibilité extraordinaire, qu’il ne faut surtout pas brimer, qui doit pouvoir exulter, s’exprimer, conduire l’enfant à devenir le grand peintre qu’il sera plus tard, qu’il est déjà à ses yeux. Elle est la première à percevoir en Kurt une richesse intérieure sublime sous ses traits patauds, la forme de génie évident qui l’habite dès qu’il se saisit d’un crayon ou d’un pinceau. Quand elle l’emmène voir l’exposition sur « l’Art dégénéré » organisée par le régime nazi, ce n’est pas, contrairement aux autres visiteurs, pour se moquer des artistes à dénigrer. C’est au contraire pour montrer à Kurt des œuvres qui secouent, qui sont belles même si on ne les comprend pas, surtout peut-être parce qu’on ne les comprend pas, qu’elles nous questionnent.
    Tout autre gosse s’ennuierait… Pour Kurt, c’est le bonheur ! Devant lui s’ouvre un champ de possibles exaltants. Peu importe les commentaires caustiques et dictatoriaux du guide qui inflige à la galerie la façon de penser hitlérienne. On est en 1937, ce ne sont que les prémices de la grande vague qui va balayer l’Europe et en premier lieu l’Allemagne. Propagande annonciatrice de l’épuration qui va gangréner les systèmes de pensée et les êtres. La frêle insouciance de l’enfance ne protègera plus longtemps nos deux damoiseaux.
    Des années plus tard on retrouve Kurt, jeune adulte bientôt amoureux d’Ellie avec laquelle il scellera son destin sans jamais imaginer l’étrange et douloureux lien qui relie son passé à celui de son futur beau-père castrateur. Instinctivement, entre les deux hommes, ce sera une guerre froide larvée, épidermique, inextinguible. Tout autant que la soif de liberté, le fantôme des souvenirs hantera la vie et l’œuvre singulières de Kurt, sans qu’il essaie de l’expliquer…

    L’œuvre sans auteur, c’est une passionnante pérégrination d’Est en Ouest, une relecture de l’histoire allemande vue par un enfant du pays. Si le film n’est pas une biographie, il s’inspire largement de la vie et du parcours du peintre Gerhard Richter et soulève avec légèreté des questions philosophiques, notamment sur l’utilité de l’art dans nos vies. Outre l’interprétation impeccable des acteurs, on notera le travail remarquable de recherche historique et artistique qui a conduit jusqu’à reconstituer entièrement et en détail la célèbre exposition sur « l’Art dégénéré » et ses tableaux presque tous détruits alors… Rien que cela rend ce film tout aussi vivifiant que glaçant, presque incontournable.

     


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  •  Isabelle Huppert est comme toujours formidable. Ce petit film intimiste n'est pas sans intérêt même si on peut regretter que le scénario ne soit pas plus approfondi. Intéressant mais un peu ennuyeux.

    scénario: 12/20         technique: 16/20      acteurs: 16/20      note finale: 13/20

    Frankie

    Frankie, célèbre actrice française, se sait gravement malade. Elle décide de passer ses dernières vacances entourée de ses proches, à Sintra au Portugal.

    Le film aurait pu s'intituler « Dernier été à Sintra », un titre qui aurait laissé entrevoir la fin de quelque chose, ou de quelqu'un… Et qui aurait aussi donné toute sa place au cadre naturel, à ses paysages somptueux et portant à la mélancolie qui comptent pour beaucoup dans l'ambiance de ce Frankie, puisque c'est bien le titre du film, et il faut bien reconnaître que le personnage ainsi prénommé y tient une place essentielle…
    Elle fait une entrée de diva dans la première scène, lunettes fumées, talons vertigineux, au bord de la piscine d’une maison luxueuse. Isabelle Huppert fait-elle fructifier sa récompense hollywoodienne (le Golden Globe de la meilleure actrice), obtenue en 2016 pour Elle, de Paul Verhoeven, en s’offrant un écrin pour star dans le film d’un cinéaste américain (indépendant) en vue, Ira Sachs ? Fausse piste. Point de départ trompeur d’une trajectoire tragique et étonnamment humble. Cette première image de Frankie sera la dernière à émettre les signes d’un triomphe. Frankie est malade, en rechute fatale d'un cancer. Elle n’a plus que quelques mois à vivre et elle le sait. Elle a réuni sa famille (recomposée) et ses amis pour des vacances qui sont aussi, indiciblement, des adieux.


    C’est un grand et beau rôle de plus pour Isabelle Huppert, mais aussi un rôle qui tombe à pic pour celle que ses récents et spectaculaires faits d’armes ont un peu enfermée dans un emploi de « surfemme ». En lui offrant le rôle d’une actrice célèbre mais vaincue, Ira Sachs lui permet d’exprimer une humanité simple, sans aucun effet de manche. Témoin, cette scène où, égarée dans la campagne portugaise de Sintra, Frankie est reconnue par de vieilles dames du village, occupées à fêter un anniversaire : la vedette est invitée à s’attabler avec les autres, qui saluent sa victoire contre la maladie, relayée par la presse quelques années avant… Silencieuse, hagarde, mécaniquement égayée par la liesse alentour, Isabelle Huppert donne alors l’une des scènes les plus émouvantes de sa filmographie.
    Le cinéaste trouve aussi l’équilibre entre son univers, importé de New York, et ce premier tournage européen avec une troupe cosmopolite (Brendan Gleeson, Jérémie Renier, Marisa Tomei, le portugais Carloto Cotto…). Qui a vu Love is strange (2014) et Brookyn village (2016) retrouvera, dans Frankie tout son art du film choral, où aucun personnage secondaire ne le reste jusqu’au bout. Et où de subtiles transmissions s’opèrent entre les générations, mais aussi entre ceux qui renoncent déjà et ceux qui désirent encore. Fluide, presque chorégrahique, Frankie est, comme les précédents opus du réalisateur, un tableau de la dérive des sentiments, de la fuite du temps, de l’inéluctable en marche. Et cependant, ce n’est pas triste mais vivant : la vie comme elle va, et comme elle s’en va.


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  • Ca se passe chez les pauvres donc, les acteurs sont habillés et moches et les images sont dégueulasses. L'hsitoire est tristounette comme le film. Nommée à l’oscar cette année pour ce rôle, Melissa McCarthy sort de son registre comique habituel pour incarner avec une jolie gravité cette vieille fille asociale mais maligne, qui reproche au monde entier sa vie de galère et espère enfin tenir sa revanche.  Bof, moyen.

    scénario: 12/20      acteurs: 16/20  technique: 12/20   note finale: 13/20

    Les faussaires de Manhattan

     

    Ancienne auteure à succès aujourd’hui sans le sou, Lee Israel se découvre par hasard un don exceptionnel : celui d’imiter à la perfection le style de grands romanciers. Avec l’aide de son ami Jack, elle monte une arnaque imparable: rédiger de fausses correspondances entre auteurs célèbres, que Jack revend à prix d’or aux collectionneurs new-yorkais. Grisés par le succès, les deux faussaires ne voient pas que le FBI commence à s’intéresser à eux…

    Ma pieuse grand-mère, presque une sainte disait le voisinage, m’enseigna que même la gourmandise était un péché. Mais il y en avait de bien pires : entre autres tricher ou voler ! Aussi quand, toute petite, je la vis chaparder pour la première fois une sucrerie dans une grande surface, je m’offusquai : « Mais… mais c’est un péché ! ». J'étais outrée. Alors, dans un de ces larges sourires, aussi coupables que complices, dont elle seule avait le secret, elle me souffla : « Oh ! Ce bonbon est si petit… Dieu nous le pardonnera. » Et elle éclata de rire. Aide toi et aide un peu le ciel s’il tarde à le faire ! C’est à croire que Lee Israel a eu la même grand-mère ou a tout le moins bénéficié des mêmes enseignements. Il faut préciser ici que le personnage central du film a bel et bien existé et que le scénario est l’adaptation de son étonnante autobiographie : Can you ever forgive me ? (Pourrez-vous jamais me pardonner ?).


    L’histoire démarre à ce point précis où la vie de Lee, biographe en manque d'inspiration, va basculer dans une autre dimension, hors des rails de la bonne morale, suite à un événement d’une banalité confondante : Jersey refuse de manger sa pâtée. À voir ce chat tellement décrépit, on pencherait pour ne pas lui infliger de lourds traitements inutiles. Seulement voilà, si on exclut les bouquins et la bibine, le gros matou est le seul compagnon de notre misanthrope endurcie, celui qui la raccroche à un semblant d’humanité. Voilà la drôlesse prête à se mettre à genoux chez le vétérinaire pour qu’il soigne la pauvre bête. Mais son ardoise est si longue que, malgré ses prières, rien ne fera fléchir la pourtant compatissante secrétaire.
    Pour son chat, Lee est prête à ravaler sa fierté et s'en va supplier une ultime fois son éditrice afin qu’elle lui consente une avance… Mais rien à faire : le coup de la page blanche, ça va un temps ! Des lustres que l’écrivaine abreuve son entourage de promesses non tenues… Elle n'aura pas un sou ! Donc impossible de payer les loyers en retard, encore moins les frais de véto du félin. C'est bien pour son chat que, la mort dans l’âme, Lee se résout à vendre une de ses possessions les plus précieuses : une lettre originale de Katharine Hepburn. Une transaction si simple et rémunératrice qu'elle va produire chez elle une soudaine illumination : et s’il suffisait, pour rembourser toutes ses dettes, de fabriquer quelques missives dédicacées ? Ça ne ferait de tort à personne…
    Usant de ses talents de dactylographe, l'écrivaine jusque là respectueuse des lois va vite devenir une brillante faussaire. Elle imite la prose de ses auteurs préférés en pure virtuose, leur attribuant des citations de son cru, restituant leur style de façon magistrale, s’enhardissant chaque jour un peu plus, toujours plus inventive. Tant et si bien qu’une telle surabondance de correspondance « rare » finit par devenir suspecte aux yeux des acheteurs. Lee, se sentant repérée, essaie de contourner la chose en confiant la partie commerciale de son business à un dandy sur le retour du nom de Jack Hock, encore plus loser qu’elle, son antithèse question prestance et élégance décalée. C’est ainsi qu’entre ces deux, que seuls la solitude et l’abus d’alcool semblaient pouvoir rapprocher, naitra une amitié vacharde perfusée au whisky et aux tirades cyniques.

    Le duo haut en couleur, excellemment interprété par Melissa McCarthy et Richard E. Grant, contribue à rendre croustillante cette escroquerie mondaine que jamais, au grand jamais Lee Israel ne désavouera et qui restera probablement sa plus belle œuvre, presque son chant du cygne. Peut-être même qu’à la longue, ses faux remarquables qui courent encore dans la nature deviendront encore plus prisés que les vrais. De quoi largement se faire pardonner.


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  • Les dialogues sont très réussis. un très beau film plein d'humour et de tendresse. les acteurs sont grandioses.

    scénario: 18/20   technique: 17/20     acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Premier de la classe

     

    Abou, 14 ans, fait la fierté de son père. Contrairement à ses 3 frères, il est « 1er de sa classe ». Enfin, c’est ce qu’il fait croire. En vérité, Abou est surtout le roi du mensonge et du bulletin truqué! 
    Quand arrive la première réunion parents-profs, il va monter le plus gros mytho de sa vie : recruter des faux profs parmi ses connaissances du quartier pour faire face à son vrai père, pendant que ses vrais profs rencontreront son faux père. Ca devrait être facile…en théorie!


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  • Je n'aime pas les films qui se terminent en queue de poisson. Mais celui-là nous tient en haleine jusqu'au bout. Malheureusement, la fin n'est pas à la hauteur du reste du film.

    scénario: 16/20       technique: 16/20     acteurs: 16/20     note finale: 16/20

    The operative

    À la fin des années 2000, alors que le monde craint que l'Iran ne se dote de l'arme atomique, Rachel, ex-agente du Mossad infiltrée à Téhéran, disparaît sans laisser de trace. Thomas, son référent de mission, doit la retrouver entre Orient et Occident, car Rachel doit revenir à tout prix sous le contrôle de l’organisation… ou être éliminée.


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  •  Un vaudeville très réussi. les acteurs sont formidables et on rit beaucoup. Je ne sais pas si le film est tiré d'une pièce de théâtre, mais si ce n'est pas la cas, il ferait une belle pièce de théâtre!!

    scénario: 17/20        acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 17/20

    Beaux-parents

    Coline et André sont en parfaite harmonie avec leur fille, Garance, et leur gendre Harold. Mais Garance se sépare d’Harold et ordonne à ses parents de ne plus jamais le revoir. Les beaux-parents ne peuvent s’y résoudre : elle l’a largué, mais pas eux ! Ils devront mener une double vie pour continuer à voir leur gendre adoré, en cachette de leur fille, qui ne va pas les lâcher...


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  • Bof. Un frigo connecté qui rend tout le monde fou jusqu'à ce que Doria Tillier tombe amoureux de lui.... Bof.

    scénario: 10/20   technique: 16/20   acteurs: 12/20   note finale: 8/20

    Yves

    Jérem s'installe dans la maison de sa mémé pour y composer son premier disque. Il y fait la rencontre de So, mystérieuse enquêtrice pour le compte de la start-up Digital Cool. Elle le persuade de prendre à l'essai Yves, un réfrigérateur intelligent, censé lui simplifier la vie…

    Rien ne prédestinait Jérem (excellent William Lebghil), éternel adulescent, et Yves, réfrigérateur dernier cri, à se rencontrer et encore moins à cohabiter. Rappeur raté, bien incapable de se faire cuire un œuf ou de balayer ses miettes, Jérem cultive l’art de la lose. Ce n’est pas un simple poil qu’il a dans la main mais toute une moquette, même pas bonne à fumer. Il mène une vie de patachon pépère, allant de la cuisine à la chambre, du canap à l’ordi, incapable de produire grand chose de bien probant, au grand dam de son impresario désespéré (le loufoque Philippe Katerine). À ce rythme-là, aucune rentrée d’argent à l’horizon, et si notre trentenaire a encore un toit sur la tête, c’est grâce à l’appartement de sa grand-mère qu’il peut squatter.
    Pas de quoi être fier et peut-être est-ce pour cela qu’il embobine So, l’enquêtrice qui le sonde en lui racontant qu’il est policier. Un bobard qui le rend éligible pour tester gratis un sémillant frigidaire intelligent et à la langue bien pendue baptisé Yves. Si de prime abord le smart-frigo, à peine sorti d’usine, ne semble pas avoir inventé l’eau tiède et paraît juste bon à pasticher les humains, progressivement son intelligence artificielle va s’avérer redoutable. D’abord docile avec son nouvel usager, il va rapidement s’enhardir et prendre des initiatives bien contrariantes pour ce dernier. Finis les sempiternels repas régressifs de Jérem, dont la capacité à cuisiner se limite à écraser des biscuits et des bananes dans un bol de lait ! Jugeant que cela défie les plus élémentaires règles de la diététique, Yves, programmé pour procurer bonheur et santé à ses bénéficiaires, prend les rênes et commandera désormais des légumes, non mais ! Même le chien de la maisonnée se doit de manger équilibré. Jérem, qui a accepté de participer au test à cause des caddies de bouffe gratuits, commence à s’en mordre les doigts. D’autant plus quand, non content de lui faire avaler des carottes, Yves commence à donner son avis sur tout ce qui se passe dans sa vie, prompt à critiquer et à donner des leçons. Rien n’échappe au cerveau électronique de ce qui se passe sur l’ordinateur de son maître, ni sur les réseaux sociaux : bienvenue dans le monde des objets connectés !
    Jérem n’a bientôt plus aucun secret pour son frigo, qui finit, c’est le pompon, par carrément s’immiscer dans sa vie privée et ses compositions musicales… Bientôt, les seules choses qui retiennent notre homme de flanquer l’importune boîte à glace à la rue, ce sont les doux yeux de So, qu’il rêve secrètement de revoir, sans oser prendre les devants, jusqu’à ce qu’Yves, dans un élan d’attention bienveillante, s’en mêle et sème une sacré pagaille dans leurs vies respectives.

    C’est un univers satirique hilarant dans lequel nous sommes plongés, une fable contemporaine presque glaçante malgré le fait qu’on rigole fréquemment. Yves a le sens de la répartie, il nous époustoufle, on finirait presque par le trouver plus humain que les humains eux-mêmes, en tout cas plus finaud, et par éprouver plus d’empathie pour lui que pour nos semblables, tout juste bons à pondre des morceaux de rap d'une banalité crasse.
    Voilà Yves fin prêt à piquer la vedette aux vulgaires mortels. Tout comme les protagonistes de l’histoire, on sombre dans une vague d’anthropomorphisme délirante, prêtant au placard frigorifique toutes sortes d’intentions, même des comportements de chaud lapin, avant de se souvenir que la vengeance est un plat qui se mange froid et que dans ce domaine également, Yves est le mieux pourvu !


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  • Un très jolie comédie estivale. Réussie. On rit beaucoup.

    scénario: 17/20   technique: 17/20   acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Ibiza

    Philippe et Carole, tous deux divorcés, viennent de se rencontrer.
    Très amoureux, Philippe est prêt à tout pour se mettre les deux ados de Carole dans la poche. Il propose un deal au fils aîné : s'il a son bac, c'est lui qui choisit leur lieu de vacances.
    Et ce sera Ibiza !
    Mais pour Philippe, plutôt habitué à de paisibles vacances dans la Baie de Somme, c'est un véritable choc.


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  •  Même si ce film rappelle furieusement Nikita, il est très réussi. Certes les recettes de Besson sont toujours les mêmes mais cela fonctionne encore et toujours.

    scénario: 18/20         acteurs: 18/20         technique: 18/20  note finale: 18/20

    Anna

    Les Matriochka sont des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque poupée en cache une autre. Anna est une jolie femme de 24 ans, mais qui est-elle vraiment et combien de femmes se cachent en elle ? Est-ce une simple vendeuse de poupées sur le marché de Moscou ? Un top model qui défile à Paris ? Une tueuse qui ensanglante Milan ? Un flic corrompu ? Un agent double ? Ou tout simplement une redoutable joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment ANNA et qui est “échec et mat”.


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  •  Une très jolie comédie, pleine d'humour et de tendresse.

    scénario: 17/20   technique: 17/20    acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Made in China

    François, jeune trentenaire d’origine asiatique, n’a pas remis les pieds dans sa famille depuis 10 ans après une violente dispute avec son père Meng. Depuis, il essaie toujours d’éviter les questions sur ses origines, jusqu’à mentir en faisant croire qu’il a été adopté.

    Mais lorsqu’il apprend qu’il va être père, il réalise qu’il va devoir renouer avec son passé et ses origines. Poussé par sa compagne Sophie, il se décide à reprendre contact avec les siens et retourne dans son XIIIème arrondissement natal pour leur annoncer la bonne nouvelle, accompagné de son meilleur ami Bruno. François est accueilli à bras ouverts par sa famille, à l’exception de son père et de son jeune frère.

    Le retour dans sa communauté ne va pas être si simple…


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  • Un très jolie film sur les difficultés d'une jeune femme avec beaucoup de de diplômes. C'est un film réjouissant dans lequel les acteurs se donnent au maximum. Une fable réjouissante qui, raconte, à coups de répliques absolument malicieuses, la difficulté pour une jeune-femme canadienne à exister. Un coup de force pour un premier long-métrage. Car cette comédie féministe est souvent désopilante. Le mérite en revient à l’éreintante Anne-Elisabeth Bossé, qui ose tout dans ce rôle d’une Bridget Jones intello ou d’une Frustrée moderne de Bretécher.

    scénario: 16/20    technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    La femme de mon frère

    Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation fusionnelle est mise à l’épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d’Eloïse, la gynécologue de Sophia…

    Avec un peu de chance, vous allez comme moi être à la fois irrésistiblement séduit et exaspéré par Sophia, l'héroïne hors normes – et présente dans tous les plans ou presque – de cette délicieuse comédie de mœurs urbaine et très canadienne, qui n'est pourtant pas sans rappeler la verve des films de Justine Triet (Victoria et Sibyl avec Virginie Efira). Cette pétillante trentenaire québécoise, universitaire au visage aquilin et à la logorrhée inextinguible, est ce qu'on pourrait appeler une « attachiante », tant on ne sait jamais si on a envie de lui mettre des baffes ou de sourire de l'incorrigible et permanente verve acide avec laquelle elle aborde tout ce qu'elle approche.

    Sophia, sur-diplômée, probablement trop intelligente et lucide pour un monde qui n'en demande pas tant, est juste une géniale inadaptée sociale, à une époque où la pensée est devenue une activité finalement handicapante à bien des égards. Dans une scène hilarante, on assiste au pugilat des membres de son jury universitaire qui règlent leurs comptes au dessus de sa tête alors qu'elle tente de soumettre sa thèse dont le thème (les continuateurs de Gramsci, philosophe marxiste italien incontournable mais oublié de l'immense majorité de la population) a peu de chances de l'aider à s'intégrer à notre monde ultralibéral. Dans l'attente d'une hypothétique chaire d'université qu'elle se fera chiper par la fille de son directeur de thèse, Sophia vivote d'un petit job dans une galerie, qu'elle accomplit avec la plus mauvaise volonté, et squatte chez son frère Karim, un garçon séduisant et sociable, son total opposé mais dont elle est inséparable, jusqu'à ce que, dixit Karim, « elle trouve un sens à sa vie ».La vie sentimentale de la fratrie n'est par ailleurs pas franchement marquée par la stabilité, jusqu'au jour où Karim tombe sous le charme de la gynécologue venant d'avorter sa sœur (comme le dit Sophia : « quel homme a le culot de draguer le médecin qui a avorté sa sœur ? »). Un bouleversement qui va obliger Sophia à se prendre en main.

    On se laisse embarquer par l'ironie et le cynisme intarissable de Sophia, qui fournit l'occasion de dialogues hilarants et d'un regard finalement tendre et amusé sur les déboires de la jolie trentenaire, notamment dans une formidable scène de famille qui tourne au cauchemar, avec des parents bien plus barrés et atypiques que ne sont les enfants, ou encore dans celle où Sophia va rencontrer contre toute attente, elle qui est persuadée qu'il faut surtout ne pas enfanter dans ce monde insupportable, UN sage femme, un de ces rares hommes qui a choisi de vouer sa vie à la maternité.

    On comprend assez vite que le cynisme et le nihilisme de Sophia sont des armures, qui la protègent d'une hypersensibilité à la vie, et le film s'avère un splendide regard sur la famille et l'amour fraternel. Le récit est mené tambour battant, emballé par le jeu irrésistible de l'hilarante autant que touchante Anne-Elisabeth Bossé, découverte chez Xavier Dolan, tout comme Mona Chokri d'ailleurs, comédienne qui signe ici un premier film bourré d'envie et d'énergie.


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  •  Pas mal même si c'est un peu ennuyeux par moment. Un film coup de poing contre la guerre, à travers le portrait sensible et solaire de trois frères, qui luttent contre leurs démons. "Un havre de paix" est une sacrée expérience. Un peu méta, sensible, humaine, intense, mélancolique, belle et parfois drôle, elle risque d'en laisser plus d'un épuisé par tant de sincérité. Si la forme est perfectible, le fond, lui, est très solide. Un film fort et doux en même temps, qui nous sort ses tripes à chaque image. La révélation d'un nouveau cinéaste qu'on a hâte de voir grandir. Ce film nous démontre une fois de plus, s'il en était encore besoin, que la guerre c'est bête et que les horreurs qui y sont commises affectent durablement ceux qui les commettent et ceux qui y assistent.

    scénario: 16/20       technique: 15/20       acteurs: 16/20  note finale: 16/20

    Un havre de paix

    Trois frères se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance. Avishaï, le plus jeune, doit partir deux jours plus tard à la frontière libanaise où un nouveau conflit vient d’éclater. Il sollicite les conseils de ses frères qui ont tous deux été soldats. Itaï souhaite endurcir le jeune homme tandis que Yoav n’a qu’une idée en tête : l’empêcher de partir. Dans ce kibboutz hors du temps, le testament du père va réveiller les blessures secrètes et les souvenirs d’enfance...


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  •  Ce film est un petit bijou que je vous recommande. Raph Fiennes joue le discret et placide mentor de Noureev, qu’incarne avec brio Oleg Ivenko, danseur classique professionnel, dont c’est le premier rôle de cinéma. Sa performance, comme sa ressemblance avec son modèle, étonne. D’une grâce agile et magnétique.Bien joué, bien filmé, les décors et les costumes sont parfaits. L'image est magnifique.

    scénario: 18/20    technique: 19/20     acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Nooreev

    Jeune prodige du célèbre ballet du Kirov, Rudolf Noureev est à Paris en juin 1961 pour se produire sur la scène de l'Opéra. Fasciné par les folles nuits parisiennes et par la vie artistique et culturelle de la capitale, il se lie d'amitié avec Clara Saint, jeune femme introduite dans les milieux huppés. Mais les hommes du KGB chargés de le surveiller ne voient pas d'un bon œil ses fréquentations "occidentales" et le rappellent à l'ordre. Confronté à un terrible dilemme, Noureev devra faire un choix irrévocable, qui va bouleverser sa vie à jamais. Mais qui va le faire entrer dans l’Histoire.

    S'il est un personnage romanesque, c'est bien Rudolf Noureev : un danseur d'exception, une étoile filante qui influença d'une façon phénoménale la danse masculine, perturba radicalement les codes du ballet, fascina des générations d'amateurs et continue aujourd'hui encore à inspirer nombre d'artistes. En plus il était beau : « Du fauve il avait le regard brûlant et le mouvement aussi » dira de lui Christine Okrent pour annoncer sa disparition en pleine gloire en 1993… âgé d'à peine 54 ans.
    Le film ne dit pas toute sa vie, mais ses débuts à Leningrad (Saint-Pétersbourg), sa rencontre avec Alexandre Pushkin, professeur de danse respectueux et respecté qui joua un rôle déterminant dans l'évolution du jeune prodige jusqu'au moment où sa vie bascule radicalement…
    Son père, commissaire politique de l'Armée rouge, avait disparu alors qu'il avait trois ans, laissant sa famille dans une précarité qui lui laissa durablement un insatiable appétit de richesse et de reconnaissance. Il avait une énergie folle, en réaction, peut-être, à un complexe d'infériorité chronique. Pauvre, venu tardivement à la danse, il avait le sentiment qu'il devait « faire tenir six années en trois » pour rattraper son retard. Ralph Fiennes a toujours été fasciné par le personnage, fasciné aussi par la Russie dont il parle la langue et s'il prend grand soin à reproduire scrupuleusement le contexte, il se donne à lui-même le rôle d'Alexandre Pushkin, prof dont la bienveillante tolérance a compté dans l'affirmation du talent de Noureev.

    1961, nous sommes en pleine guerre froide. C'est à contre cœur que la Russie soviétique autorise Noureev à sortir de ses frontières pour se produire à l'Opéra de Paris avec le ballet du Mariinsky, encadré de près par le KGB complètement dépassé. « Il n'entend rien à la politique » avait dit son directeur de troupe pour rassurer les autorités, échaudées par les insoumissions et les frasques de ce danseur fantasque.
    Mais à peine la représentation terminée, Noureev échappe à cette surveillance trop visible, pour le simple plaisir de flâner en toute liberté dans Paris ou faire la fête avec les danseurs français… Probable qu'il n'avait rien calculé à l'avance, dit Fiennes : « les Soviétiques, en lui mettant la pression, l'ont poussé à faire le choix de rester en France ». En arrivant à Paris, lui qui n'a connu que l'univers gris de la pauvreté, est instantanément fasciné par la ville, sa liberté festive, cette foultitude d'amis avec qui il peut s'exprimer en toute sincérité, sans contrainte…
    Au moment du voyage de retour vers la mère patrie, alors même qu'il s'apprête à embarquer dans l'avion, il fait volte face, se précipite vers deux gendarmes à qui il demande protection et supplie la France de le garder, soutenu par ses nouveaux amis…

    On imagine qu'il n'a pas été commode de parvenir à trouver le comédien capable d'exprimer l'incandescence du tempérament de Noureev. C'est finalement dans la troupe nationale du Tatarstan que Fiennes, après de longs mois de recherche, a fini par dénicher Oleg Ivenko, danseur lui même, n'ayant jamais joué la comédie, mais étonnant de ressemblance physique avec son modèle… « Restait à être spontané et à s'investir émotionnellement »… dit encore Fiennes. C'est ce que réussit Oleg Invenko, avec une classe et une fougue emballantes… et un talent de danseur époustouflant – les scènes de danse ne sont pas très nombreuses dans le film mais elles sont exaltantes.


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  • Encore un premier film réussi!! Judith Chemla donne beaucoup de charme et de substance à son personnage, et plus largement au film tout entier. Elle y sème à la fois les rires, l'inquiétude, les moments poignants, le tout bien dosé par la réalisatrice, Elise Otzenberger qui aborde le sujet grave de la Shoah avec une légèreté et une drôlerie qui ne déplairaient pas à Woody Allen.

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20  technique: 16/20    note finale: 16/20

    Lune de miel

    Anna et Adam, jeune couple de parisiens aux origines juives polonaises, partent pour la première fois de leur vie en Pologne. Ils ont été invités à la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la destruction de la communauté du village de naissance du grand-père d’Adam.
    Si Adam n'est pas très emballé par ce voyage, Anna est surexcitée à l'idée de découvrir la terre qui est aussi celle de sa grand-mère. Enfin… d’après le peu qu’elle en connaît.
    Les voilà partis à la recherche de leurs origines dans un voyage plein de surprises, durant lequel ils ne trouveront pas exactement ce qu’ils sont venus chercher…

    Drôle d’oiseau que la mémoire familiale. Parfois volatile ou carrément entêtante, nostalgique ou douloureuse, elle est un peu comme une ancienne rengaine dont on connaîtrait par cœur la musique, sans toujours se souvenir des paroles. Dans la mémoire d’Ana, il y a un village inconnu, quelque part en Pologne, et puis surtout une grand-mère qu’elle chérissait. Si toutes les grands-mères du monde adorent raconter à leurs petits-enfants les souvenirs d’enfance sucrés, les jeux des temps anciens et tout ce qui faisait la vie d’alors, celle d’Ana a gardé le silence. Comme de nombreux rescapés de la Shoah, elle a préféré garder pour elle la souffrance, couvrant d’un voile invisible ce pan entier de l’histoire familiale. Dans toutes les familles juives de toutes les contrées du globe, qu’elles soient religieuses ou indécrottablement athées, qu’elles aient été touchées ou non par la déportation, il y a cette histoire commune, inévitable. Maintenant qu’elle est mère à son tour, Ana ressent plus que jamais le besoin de connaître son histoire, le pays de ses aïeux et le roman de sa famille.

    Et justement, quelle aubaine ! Elle et son mari Adam sont invités à se rendre en Pologne dans le village dont il est originaire afin de participer à la commémoration du soixante-quinzième anniversaire de la destruction de la communauté. Bon d’accord, en terme d’évènement glamour, de virée romantique en amoureux, c’est pas tout à fait ça, et Adam aurait sincèrement préférer quitter Paris pour une escapade à New-York mais voilà, c’est toujours ça de pris sur les sorties en poussette, la purée bio maison et la virée sous la pluie à l’aire de jeu du coin. Quand les grands-parents (Brigitte Rouän, plus fantasque et drôle que jamais, et André Wilms, pierrot lunaire et généreux) débarquent pour garder le petiot, Ana est en mode surchauffe, une sorte de caricature de la maman juive : hystérique, exaltée, insupportable de maniaquerie. C’est qu’elle mise énoooormémement sur ce voyage, elle prend les choses très, très, très au sérieux et d’ailleurs, à peine posé le pied sur le sol polonais, c’est fou, elle se sent complètement polonaise, un truc de dingue !
    Adam, ça va rapidement le gonfler, cette histoire. Il aimerait pouvoir profiter pleinement de sa femme, manger de la charcuterie, flâner dans les rues sans forcément toutes les deux minutes sentir comme une grande chape de plomb au-dessus de sa tête, bing, le poids de l’histoire qui pèse un peu plus lourd que l’herbe à vodka au fond de la bouteille. Forcément rien ne va aller comme cela devrait. Forcément Ana va être déçue. Forcément le grand souffle de l’histoire familiale ne va pas vraiment la traverser avec fulgurance. Et forcément sa mère va débouler au beau milieu de cette improbable lune de miel.

    Pas fastoche de rire au milieu d’un tel sujet et sur les terres où fut exterminée une grande partie de la communauté juive polonaise. C’est pourtant bien ce que réussit avec talent Elise Otzenberger avec ce premier film largement inspiré de sa propre expérience. Naviguant entre deux tonalités, entre le burlesque des situations et la gravité de certaines scènes très émouvantes où l’ampleur de la tragédie reprend avec pudeur son droit sur les sourires, Lune de miel est porté à bout de bras par une Judith Chemla en très grande forme. L’énergie désespérée et souvent ridicule de son personnage est parfois un peu too much et envahissante, mais largement modérée par Adam et le duo de choc des parents, très bien sentis. L’humour très second degré du film (Ana est quand même souvent assez pathétique dans sa recherche absolue de judéité) évite toute forme de pathos déplacé et raconte, mine de rien, la puissance de la transmission, pour le pire mais aussi le meilleur.


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  •  Ce film est un petit bijou! Plein d'humour et de tendresse, il plaira aux petits comme aux grands. Une heureuse surprise. A travers cette comédie sociale, la réalisatrice, dont les grands-parents étaient eux-mêmes éleveurs de vaches laitières, met en lumière les difficultés du monde agricole, à l’instar des récents films "Normandie nue" et "Petit paysan". Guillaume de Tonquédec est irrésistible en fermier au bord de la faillite qui lit des textes classiques à toute la basse-cour. Les poules du film sont fantastiques... Un pur bijou d'originalité et d'émotion. La poule Roxane est fantastique! Il paraît que c'est un premier film. J'attends le suivant de cette merveilleuse réalisatrice avec impatience.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Roxane

    Toujours accompagné de sa fidèle poule Roxane, Raymond, petit producteur d’œufs bio en centre Bretagne a un secret bien gardé pour rendre ses poules heureuses : leur déclamer les tirades de Cyrano de Bergerac. Mais face à la pression et aux prix imbattables des grands concurrents industriels, sa petite exploitation est menacée. Il va avoir une idée aussi folle qu'incroyable pour tenter de sauver sa ferme, sa famille et son couple : faire le buzz sur Internet.


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  • Une pure merveille sur l'absurdité des hommes. Un palestinien et une israélienne sortent ensemble et à cause de cela les évènements vont s'enchaîner de façon dramatique. Subtil et profond, le film nous livre une magistrale analyse du dévoiement politique tant israëlien que palestinien. Tout a commencé par un baiser, tout se termine en foutoir et c’est absolument captivant.Quand la paranoïa et la jalousie rendent fous!

    scénario: 18/20   technique: 18/20   acteurs: 18/20  note finale: 18/20

    The reports on Sarah and Salem

    Sur fond de conflit politique, une jeune israélienne, Sarah, et un jeune palestinien Saleem, s'éprennent l'un de l'autre. Leur aventure déclenche un jeu dangereux de duperie entre ceux qui détiennent le pouvoir et ceux qui ne le détiennent pas.

    Comment une simple liaison, fut-elle extra-conjugale, peut-elle se transformer en affaire d’état ? The Reports on Sarah and Saleem va vous le faire découvrir. Véritable aventure kafkaïenne, ce thriller amoureux regorge de rebondissements. S’il ne court pas après l’analyse politique, elle le rattrape en filigrane et donnera à ceux qui en sont friands plusieurs niveaux de lecture. C’est donc un film passionnant et rondement mené qui attend ses spectateurs au tournant, ne les laissant guère respirer en toute sérénité. Tout comme ses habitants, nous voici prisonniers de l’haleine étouffante d’une Jérusalem bicéphale, dans laquelle les frontières sociales élèvent entre les individus un mur invisible honteux aussi puissant que celui érigé entre Israël et Palestine. Ici tout transpire une sorte d’apartheid larvé, endémique, entretenu par les autorités mais également par certaines classes de la population. Ici chacun compose avec la chape qui pèse sur ses épaules, alourdie par le poids de certaines familles traditionalistes, qu’elles soient juives ou arabes. Se rencontrer, aimer une personne du bord opposé se fait de façon secrète, dans la crainte constante (et un brin excitante) d’être dévoilé, rejeté, bafoué.


    Ce jour-là, quand on assiste à une arrestation, le pain quotidien des Palestiniens, on est loin de se douter des tenants et des aboutissants de l’affaire. Comme toujours, nul ne sait si elle est légitime, si on gardera longtemps l’homme en cage, si les motifs officiels correspondront à une réalité. Entre check points, ségrégation, magouilles, menaces, la paranoïa s’est enracinée dans la ville dite sainte. Tout prisonnier devient un symbole, un résistant, un héros… Pourtant si on savait d’emblée ce qui a conduit Saleem dans cette galère, on se garderait d’en faire un plat et on étoufferait le scandale dans l’œuf.
    Flash back… Saleem est un modeste chauffeur livreur, fauché comme les blés. Pas grand chose qui puisse le rendre fier de sa vie. Aucun métier lucratif qui lui permette d’assumer la charge de son épouse et d’une future ribambelle de mioches. C’est pas que l’amour ou la tendresse s’étiole entre les deux, mais le manque d’autonomie, de perspectives est un monstre larvé qui ronge de l’intérieur… À force de subir sa vie plutôt que de la vivre, on rêve d’évasion, d’espace à soi où respirer à plein poumons.
    Sarah, elle, est du bon côté de la barrière, celle des gens aisés, cultivés, la classe moyenne mais néanmoins dominante israélienne. Si elle travaille dans une boulangerie, cela semble plutôt pour tromper son ennui, fuir une routine vide de sens, oublier l’absence d’un mari policier plus affairé à servir de nébuleux intérêts supérieurs qu’à entretenir la vitalité de son foyer.
    Sarah et Saleem n’avaient rien pour se rencontrer… Pourtant ils se rencontrèrent… Étreintes torrides à l’arrière d’une fourgonnette, au beau milieu d’un parking isolé et un brin sordide. Une relation adultérine des plus banales pimentée par la saveur de l’interdit, d’autant plus goûteuse que ces deux-là font partie de deux mondes que tout oppose. Et ce dernier point, associé à de malheureux concours de circonstances, va faire basculer de simples rendez-vous charnels en liaisons dangereuses…

    Il faudrait encore parler de la douce femme de Saleem, personnage qui va se densifier au fil d’un film qui ne sombre jamais dans le simplisme… Le choix des actrices est remarquable et témoigne d’une aventure collective courageuse. Produire un film palestinien en territoire hostile est une belle gageure – le pays n’a réussi à en produire qu'une trentaine dans toute son histoire. Chapeau bas à l’équipe et particulièrement à la comédienne Sivane Kretchner, qui incarne Sarah, vilipendée en Israël pour avoir interprété au théâtre le rôle de Rachel Corrie, une militante américaine pro-palestinienne, tuée en 2003 par l’armée israélienne (à laquelle Simone Bitton a consacré son très beau documentaire Rachel en 2009).


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  •  Un très beau documentaire sur les arbres anciens que nous devons conserver. Un bien joli voyage. On aurait aimé que l'âge des arbres, même approximativement soit précisé. Et peut-être que les commentaires soient plus poétiques.

    scénario: 16/20  technique: 16/20  note finale: 16/20

    Les arbres remarquables: un patrimoine à protéger

    Surprenant tour de France (et Dom Tom) des arbres remarquables : vieux, insolites, reconnus, historiques, liés à une légende ou tout simplement beaux ! La diversité de ces ancêtres vénérables se dévoile sous nos yeux entre forêts et campagne, villes et montagnes. Certains d’entre eux paraîtront un peu "jeunes", ne dépassant pas les 300 ans. Les plus vieux cèdres ou catalpas, séquoias ou tulipiers ont tout simplement l’âge de leur arrivée en Europe ! Oliviers, Châtaigniers, Chênes, Ifs, Tilleuls sont eux aussi au rendez-vous, parfois millénaires. Leurs troncs creux vous attendent sereinement. Ne vous pressez pas. Ils seront encore là quand vous passerez les voir. Pour eux, le temps n’a pas la même dimension que pour nous. Notre seule urgence est de les protéger.


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