• Un très beau film plein d'humour. Portrait loufoque d'une artiste et mère de famille en plein burn-out, Notre dame ordonne un ballet drôle et déconcertant avec une bande d'acteurs formidables, sans jamais tomber dans la vignette ou les gags faciles, convoquant dans un même tourbillon les codes de la comédie romantique et les références au cinéma de Jacques Demy.

    scénario: 18/20     technique: 18/20   acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Maud Crayon, est née dans les Vosges mais vit à Paris.
    Elle est architecte, mère de deux enfants, et remporte sur un énorme malentendu le grand concours lancé par la mairie de Paris pour réaménager le parvis de Notre-Dame…
    Entre cette nouvelle responsabilité, un amour de jeunesse qui resurgit subitement et le père de ses enfants qu’elle n’arrive pas à quitter complètement, Maud Crayon va vivre une tempête.
    Une tempête, qu’elle devra affronter pour s’affirmer et se libérer.

    Sacrée donzelle que Donzelli ! De film en film, elle brosse une œuvre atypique, à la tonalité joviale et faussement naïve. Que les sujets soient intimes ou graves, elle les distord avec une légèreté pleine de fraîcheur. Il y a quelque chose de profondément combattif et lumineux dans ce cinéma-là qui refuse de sombrer dans la morosité ou dans le drame, même dans les cas les plus extrêmes, comme dans le magnifique La Guerre est déclarée. Depuis son tout premier La Reine des pommes – disponible en Vidéo en Poche –, la cinéaste-comédienne nous entraîne dans son univers burlesque et mutin qui laisse la part belle à l’autodérision.
    Cela ne vous a jamais frappé ? Il y a des noms que l’ont croirait prédestinés : l’opticien qui s’appelle Delœil, la gynécologue Robinet, le sacristain Lévèque. La première femme pilote de chasse se nomme Caroline Aigle, quant à Charles Pathé, avant de devenir producteur de films, il fut charcutier… Alors quel métier croyez-vous que l’on puisse exercer dans la vie quand on s’appelle Maud Crayon si ce n’est architecte ?

    Maud (interprétée, évidemment, par la réalisatrice elle-même), fait partie de ces bonnes petites soldates, toujours prêtes, qui courent en tous sens. Existence schizo-frénétique, semblable à celles de tant de femmes écartelées par le désir de bien faire à tous les niveaux : professionnel, amoureux, maternel… Dans sa besace, un patron bidon, deux adolescents critiques, leur paternel, son ex, immature chronique (Thomas Scimeca parfait, avec ses airs de Gaston Lagaffe dégingandé et lymphatique)… Martial est par ailleurs le prototype incarné du vrai pot de colle qui déboule sans crier gare, à la moindre embûche affective. Maud essaie bien de protester, lui rappelant qu’ils sont séparés, mais elle ne résiste pas longtemps à ses airs de cocker battu. Notre croqueuse de croquis ne sait pas dire « non », c’est sans doute son pire problème.
    C'est là que, par une pirouette du hasard qu’on taira ici, un événement tombé du ciel, comme par enchantement, va venir bouleverser le cours des choses. Voilà Maud Crayon, jusque-là tâcheron dans un cabinet d’architecture impersonnel, soudain en charge d’un des plus prestigieux projets de la Ville de Paris : l’aménagement du parvis de la prestigieuse cathédrale Notre Dame. C’est le contrat de sa vie, décroché sans même avoir concouru, au nez et à la barbe de tous les architectes – que des mecs ! – ayant pignon sur rue. Cette victoire, loin de simplifier les choses, va tout au contraire les compliquer. Maud va devoir composer derechef avec tout son petit monde, d’autant que son employeur aux dents longues devient jaloux comme un pou, et que Martial s’incruste comme jamais car il vient de se faire larguer. Sans compter que le destin remet dans les pattes de notre maîtresse d’œuvre débordée un ex-amour de jeunesse bien embarrassant.
    C’en est trop ! Maud panique, prête à se mélanger les crayons, elle se sent défaillir… Heureusement, il y a Didier, une perle d’homme (forcément interprété par Bouli Lanners), ami inconditionnel (et peut-être secrètement amoureux ?), collègue attentionné, qui veille au grain et va l’aider à surnager… Mais rien ne sera de tout repos.

    Sans donner de réponses toutes faites, tout en douceur aérienne, Notre Dame questionne sur la place de l’art, de l’architecture à notre époque moderne, il évoque les sempiternelles polémiques qui sporadiquement réapparaissent, souvent disproportionnées. Une dernière précision de taille, le film a été écrit et tourné bien avant l’incendie que l'on sait : les images de la cathédrale intacte le prouvent… et sont étonnamment émouvantes.


    votre commentaire
  • Une merveille!!! Le parcours de cet égoïste sans nom qui préfèrera laisser une veuve et trois orpheline que de faire allégeance à hitler! La photo est magnifique!

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20     technique: 17/20   note finale: 18/20

    Une vie cachée

    Inspiré de faits réels.
    Franz Jägerstätter, paysan autrichien, refuse de se battre aux côtés des nazis. Reconnu coupable de trahison par le régime hitlérien, il est passible de la peine capitale. Mais porté par sa foi inébranlable et son amour pour sa femme, Fani, et ses enfants, Franz reste un homme libre. Une vie cachée raconte l'histoire de ces héros méconnus.

    Terrence Malick sublime son art dans un film majestueux et sans emphase. Revenant à une narration limpide et accessible, il gravite avec aisance de l’infiniment grand à l’infiniment petit. Passant de l’universel à l’intime, il maintient une distance pudique avec les êtres et, paradoxalement, nous les rend d’autant plus familiers. Ils sont les fragments d’un grand tout, les pièces d’un puzzle complexe, à l’instar de notre humanité et de ses chaotiques parcours. Mis bout-à-bout, ils racontent notre essence, nos forces, nos failles, nos contradictions, nos âmes jadis pures, désormais souillées par tant de zones d’ombres. Par dessus les montagnes qui tutoient le ciel, les nuages s’amassent, à la fois menaçants et salutaires. Leurs volutes ouatées fractionnent la lumière en rais d’or qui transcendent les verts moirés des champs et y impriment une beauté presque vertigineuse, à flanquer des frissons. Déjà chavirés, une musique au lyrisme tenace finit de nous transporter. Elle souligne la force romanesque d’un récit implacable et prenant qui est une ode magnifique à la résistance, à la désobéissance civile.


    1939. Dans la ferme des Jägerstätter, il y a de la joie, de l’amour, des mômes qui gambadent, blonds comme les blés, pas plus hauts qu’eux. Nul n’épargne sa peine et le labeur ne fait pas peur, pas même aux plus jeunes qui contribuent à leur manière. Le pain quotidien des paysans se gagne à la sueur de leur front, grâce à l'obstination de leurs mains caleuses. Cela n’empêche en rien le bonheur. Il flotte dans l’air, comme une odeur de foin coupé, de moissons heureuses. Si Frantz (August Dielhl, au jeu puissant) semble taillé dans un roc, avec sa belle allure athlétique, il n’en oublie pas pour autant d’être tendre avec sa marmaille, taquinant, dorlotant, toujours présent pour sa compagne Franzisca. Dans ce pittoresque village de Radegund, serti dans un écrin de sommets enneigés, l’homme, à n’en pas douter, est apprécié. On le serait à moins : Frantz est toujours prompt à prêter main forte aux membres de la communauté, le cœur sur la main. Comme tout cela va être vite oublié ! Cela pèsera peu dans la balance, quand la bête immonde montrera son nez !
    1939, on l’a dit… La guerre gronde et si elle paraît encore lointaine pour ces cultivateurs, le troisième Reich ne les oublie pas quand il dresse l’état des forces vives de sa nation. Si tous ne seront pas mobilisés, tous doivent néanmoins prêter allégeance à Adolf Hitler. Voilà une nation sur la corde raide, procédant sur un fil ténu, où la vie peut soudain faire basculer le commun des mortels dans un camp qui n’est pas le sien, par peur des représailles. Tous retiennent leur souffle, faisant pâle figure, prêts à abjurer leurs plus profondes convictions. Que faire d’autre ? Le bras armé nazi est trop puissant pour espérer s’y opposer. Franz voit bien tout cela. Il n’est pas plus inconscient, ni téméraire qu’un autre, pas plus suicidaire. Pourtant il refusera de ployer, d’aller contre ses fondements, sa foi, dût-il rompre. Plier n’est pas dans sa nature, plus chêne fier que servile roseau. Rien ni personne ne pourra l'obliger à servir « l'idéologie satanique et païenne du nazisme ». Le voilà seul contre tous, citoyen d’une minorité invisible, banni par un peuple sans lieu et sans repère…

    Une vie cachée se réfère à celle de tous ces héros inconnus, oubliés de la grande histoire, pourtant indispensables. Fresque lumineuse et méticuleuse, elle passe au peigne fin les mécanismes qui font basculer une démocratie dans la dictature. Un opus renversant, qui bouscule nos sens en même temps que les idées reçues. Aucune institution, magistralement incarnées par une forte galerie de protagonistes secondaires, ne sera épargnée : ni l’armée, ni la justice, ni l’église… Même si la spiritualité reste une des figures tutélaires de ce film touché par la grâce

     


    votre commentaire
  • Le réalisateur s’amuse à titiller les petites cellules grises du spectateurpour lui faire deviner le coupable, augré d’une intrigue joyeusement compliquée. C'est réussi mais rappelle trop ces séries britanniques qu'on voit à la télé l'après-midi.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    A couteaux tirés

    Célèbre auteur de polars, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L’esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoit Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d’élucider l’affaire. Mais entre la famille d’Harlan qui s'entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, mêlant mensonges et fausses pistes, où les rebondissements s'enchaînent à un rythme effréné jusqu'à la toute dernière minute.

    Une brochette d’acteurs vedettes excellemment utilisés pour une savoureuse réinvention contemporaine du polar à la Agatha Christie, rehaussée d’un humour noir tout à fait réjouissant. Ce n’est pas le film le plus important de l’année, mais c’est un très plaisant et très élégant divertissement.

    Célèbre auteur de romans policiers, le vénérable Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse demeure de la Nouvelle Angleterre – un manoir qu’on croirait « dessiné pour une partie de Cluedo », comme le souligne un personnage –, le soir même de ses 85 ans. Suicide ou crime ? That is the question ! Et c’est pour y répondre qu’un mystérieux commanditaire engage le détective Benoit Blanc – personnage d’ascendance vaguement française directement inspiré du belge Hercule Poirot et interprété par James Bond himself en parfait contre-emploi. Entre la famille du défunt – dont a vite fait de comprendre que la plupart des membres vivaient à ses crochets – qui s’entre-déchire et son personnel qui lui reste dévoué, Blanc plonge dans les méandres d’une enquête mouvementée, pavée de mauvaises intentions, riche en mensonges et en fausses pistes, dont les rebondissements nous tiennent en haleine jusqu’au dénouement, alors même qu’on est persuadé d’avoir tout compris beaucoup plus tôt…


    « Agatha Christie n’a jamais écrit d’œuvre historique. Elle racontait son époque où les figures du majordome, de la nounou, du rentier étaient communes », souligne Rian Johnson pour expliquer son choix de placer son intrigue dans les États-Unis d’aujourd’hui.
    Si le vaste manoir d’Harlan Thrombey fait un temps illusion et semble sortir du début du xxe siècle, les téléphones portables des uns et des autres font clairement apparaître notre époque. « Les protagonistes d’À couteaux tirés sont des archétypes de l’Amérique actuelle. Ils constituent une porte d’entrée pour discuter du climat culturel et politique de notre pays, d’une manière qui je l’espère paraîtra ludique. », poursuit le réalisateur.
    Ludique certes mais également incisive : Rian Johnson modernise le genre du « whodunit » – autrement dit du film basé sur la résolution de l’énigme : « Qui l’a fait ? Qui a commis le crime ? » – en le politisant – on pense curieusement à Parasite de Bong Joon-ho, mais ici les parasites sont les riches – et en l’agrémentant d’un salutaire suspense hitchcockien dans toute la deuxième partie, qui retourne comme un gant nos certitudes de spectateur trop sûr de son fait.

     


    votre commentaire
  • Une comédie très réussi. Le scénario et le dialogues sont particulièrement amusants. A l'aise en doc bougon, Michel Blanc porte cette comédie drôle bien secondé par l'humoriste Hakim Jemili.Tristan Seguela est un réalisateur rès prométeur.

    scénario: 18/20         acteurs: 18/20           technique: 18/20   note finale: 18/20

    Docteur?

    C'est le soir de Noël. Les parisiens les plus chanceux se préparent à déballer leurs cadeaux en famille. D'autres regardent la télévision seuls chez eux. D'autres encore, comme Serge, travaillent. Serge est le seul SOS-Médecin de garde ce soir-là. Ses collègues se sont tous défilés. De toute façon il n'a plus son mot à dire car il a pris trop de libertés avec l'exercice de la médecine, et la radiation lui pend au nez. Les visites s'enchaînent et Serge essaye de suivre le rythme, de mauvaise grâce, quand tombe l'adresse de sa prochaine consultation. C'est celle de Rose, une relation de famille, qui l'appelle à l'aide. Il arrive sur les lieux en même temps qu'un livreur Uber Eats, Malek, lui aussi de service ce soir-là...


    votre commentaire
  •  Les acteurs sont au top! Un très beau film sur les secteurs et sur la manière dont les gens se font recruter et croient n'importe quoi! Le problème de la pédophilie est délicatement soulevé. Une analyse minutieuse, sans jugement ni manichéisme, de la stratégie d’emprise sur les cerveaux, les cœurs et les corps qu’exerce toute secte, par une réalisatrice qui en fut elle-même victime dans son enfance. Dans le rôle de la mère de famille catho psychologiquement fragile qui livre ses enfants en pâture en toute inconscience, Camille Cottin endosse un contre-emploi saisissant et mériterait un césar pour son interprétation toute en nuance. Sarah Suco montre parfaitement les rouages de ce sectarisme à la violence induite, qui annihile tout esprit de critique et toute conscience.La petite actrice est formidable et mérite également un césar. 

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Les éblouis

    Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité dans laquelle ils s’investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments. Peu à peu, l’embrigadement devient sectaire. Camille va devoir se battre pour affirmer sa liberté et sauver ses frères et sœurs.

    La famille Lourmel a tout de la famille provinciale ordinaire. Une famille nombreuse, 4 enfants, assez traditionnelle et catholique. La fille aînée, Camille, 12 ans, se passionne pour ses cours de cirque où son professeur tente de faire sortir l’âme de clown qu’elle pourrait avoir en elle. Certes la maman, Christine, semble un peu dépressive et ostensiblement sévère, rechignant par exemple à ce que Camille prolonge les cours pour aller dormir chez des copines. Quant au père, Frédéric, il semble un chouia effacé ou résigné face aux exigences parfois injustifiées de son épouse. Et puis il y a la paroisse, mais rien d’extraordinaire à raconter sur elle, une paroisse menée par un curé charismatique et débonnaire que les fidèles appellent étrangement et affectueusement le berger, une paroisse dont les Lourmel suivent activement les activités, entre solidarité avec les personnes âgées ou les nécessiteux et repas dominicaux partagés. Le père, enseignant pas forcément épanoui dans son métier, et la mère, désœuvrée et neurasthénique, semblent trouver dans ces activités pastorales une certaine plénitude.
    Puis, insensiblement, le poids de la communauté religieuse va se faire plus prégnant : le berger incite les parents à retirer Camille de son cours de cirque, sous prétexte qu’il lui enseignerait l’ironie et le culte excessif du corps ; puis il leur demande de venir vivre aux côtés d’autres frères et sœurs dans une grande maison communautaire adossée au presbytère. Progressivement se mettent en place tous les mécanismes de l’engrenage sectaire : éloignement des proches hostiles au choix religieux par le biais de procédés diffamatoires ; répétitivité des rituels parfois absurdes, exorcismes ou autres, notamment quand les fidèles bêlent de concert pour appeler la venue du « berger »…

    La très chouette actrice Sarah Suco, découverte notamment dans les films de Louis-Julien Petit (Discount et Les Invisibles) passe ici derrière la caméra et elle n’a pas fait ce grand saut par hasard. Son film est d’ailleurs dédié à ses jeunes frères et sœurs car elle a dû vivre avec eux durant dix ans dans une communauté semblable et en a tiré l’authenticité de son récit. À aucun moment le film ne tombe dans la caricature, et le film décrit bien ces petits riens qui font basculer de la normalité à l’étrangeté voire pire. Les personnages des parents, remarquablement campés par Camille Cottin et Eric Caravaca, tout en ambivalence, évoquent les sentiments troubles, entre adhésion aveugle à la logique sectaire et amour sincère de leurs enfants. Face à eux, Jean-Pierre Darroussin est formidable en prêtre tour à tour bienveillant et franchement inquiétant.
    Mais ce qui emporte l’adhésion, c’est la vision en permanence à regard d’enfant et par extension le regard autobiographique de la réalisatrice. On est d’autant plus impressionné que tout ce qui est décrit ne se passe pas au cœur d’une cellule djihadiste ou d’une section de raéliens en voyage cosmique, mais bien dans une communauté catholique, tout à fait autorisée, comme il en existe des centaines en France (il suffit de chercher sur internet le réseau de la communauté des béatitudes), alors qu’on estime qu’il y aurait chaque année dans notre pays entre 50 000 et 60 000 enfants victimes de dérives sectaires. Le film est non seulement palpitant mais aussi salutaire.


    votre commentaire
  • La BOF est à tomber par terre. Les acteurs sont formidables. Le point faible: le chinois qui joue le "prince charmant": on n'y croit pas une seconde. Mais le reste est très bien. Le film est plein de rebondissements.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20    technique: 17/20    note finale: 17/20

    Last Christmas

    Kate traîne derrière elle une série de mauvaises décisions et erre dans Londres au son des grelots accrochés à ses bottes de lutin, seul emploi qu’elle ait réussi à décrocher dans une boutique de Noël. C’est pourquoi elle n’en croit pas ses yeux quand elle rencontre Tom qui semble voir en elle bien plus que ce qu’elle laisse paraître. Alors que la ville se pare de ses plus beaux atours pour les fêtes de fin d’année, rien ne semblait les prédisposer à nouer une relation. Mais parfois, il suffit de laisser opérer la magie de Noël, d’ouvrir son cœur et d’y croire…


    votre commentaire
  •  Un très beau film malgré une fin décevante. Les acteurs sont au top de leur forme.

    scénario: 16/20       acteurs: 17/20   technique: 16/20  note finale: 16/20

    Toute ressemblance

    Depuis son arrivée fracassante à la tête du 20 Heures, Cédric Saint Guérande, dit « CSG » est LE présentateur préféré des français. Ses audiences insolentes attisent les jalousies même au sein de La Grande Chaîne dont il est la star incontestée. Sa soif de pouvoir est sans limites, ce qui déplait au nouveau président de la chaîne. La guerre est déclarée entre les deux hommes pour le plus grand plaisir de CSG. Jeux de pouvoir, réseautage, manipulations et coups bas : la lutte sera sans merci, et l’issue forcément spectaculaire. Bienvenue dans les jeux du cirque médiatique !


    votre commentaire
  •  Une excellente comédie avec des acteurs au sommet de leur art. On rit beaucoup.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20    technique: 17/20     note finale: 17/20

    Joyeuse retraite!

    L’heure de la retraite est enfin arrivée pour Philippe et Marilou ! Ils s’apprêtent à réaliser leur rêve : partir vivre sous le soleil du Portugal. Au revoir le travail, au revoir la famille, au revoir les emmerdes ! Ils pensaient enfin être tranquilles… mais leur famille a d’autres projets pour eux !


    votre commentaire
  • J'adore Patricio Guzmann. Pour moi, c'est le plus grand réalisateur chilien. La trilogie débutée par « La Nostalgie de la lumière » et « Le Bouton de nacre » s’achève avec un sublime documentaire. Patricio Guzman achève cette trilogie par La Cordillère des songes, film poétique, intime et introspectif, prix du Meilleur documentaire à Cannes. Le réalisateur chilien, exilé à Paris après le coup d’État de Pinochet, livre une œuvre de maturité qui mêle paysage, réflexion politique et souvenirs d’enfance. D'une grande poésie et bien filmé.

    scénario: 18/20          technique: 18/20    note finale: 18/20

    La Cordillère des songes

    Au Chili, quand le soleil se lève, il a dû gravir des collines, des parois, des sommets avant d’atteindre la dernière pierre des Andes. Dans mon pays, la cordillère est partout mais pour les Chiliens, c’est une terre inconnue. Après être allé au nord pour Nostalgie de la lumière et au sud pour Le bouton de nacre, j’ai voulu filmer de près cette immense colonne vertébrale pour en dévoiler les mystères, révélateurs puissants de l'histoire passée et récente du Chili.

    Notre vision du Chili durant près d’un demi-siècle aura été imprégnée par l’œuvre remarquable et essentielle de Patricio Guzman, cinéaste contraint à l'exil. On se souvient forcément de La Bataille du Chili, Le cas Pinochet, Salvador Allende… Jamais, même à des milliers de kilomètres de son pays natal, l’homme n’en oublia la saveur, les humeurs, les blessures. « Si je n’avais pas connu un coup d’Etat, j’aurais peut-être fait des films légers », déclarait-il un jour. La Cordillère des songes, point d’orgue d’une trilogie entamée il y a dix ans, est empreinte d’une poésie qui rend d’autant plus criante la violence du capitalisme dévastateur décrit dans le film. Il y sublime la vision de son inaccessible terre natale, objet des plus beaux songes comme des pires cauchemars, paradis de l’enfance à tout jamais perdu. Après l’avoir observé à partir du lointain cosmos dans Nostalgie de la lumière, accosté depuis le fond des océans dans Le Bouton de nacre, le réalisateur revient par les airs sur les lieux du crime, en survolant la Cordillère des Andes.

    Cette dernière, lovée dans sa mer de nuages voluptueuse, jadis réputée infranchissable, semble marquer une césure entre le Chili et le reste de l’humanité. Les trois angles d’approche de ce triptyque documentaire sont comme trois puissantes frontières (l’eau, le ciel, la montagne) qui enserrent le Chili dans les griffes de l’espace et du temps. Un triangle vicieux, tout aussi bien écrin que possible prison, voire tombe à ciel ouvert où tant de corps gisent, jamais rendus aux leurs. Au fil des films, les quatre éléments semblent s’être unis pour rappeler ingénument à l’humanité son devoir de mémoire, sans laquelle elle perd tout ancrage et identité. Le vent ne murmure-t-il pas les noms des disparus ? Peut-être la mémoire de l’eau est-elle meilleure que celle des hommes ? Peut-être le feu dans les entrailles de la terre gronde-t-il de la sourde colère des révoltés oubliés ? Peut-être les étoiles scintillent-elles pour éclairer les pas de ces mères qui cherchent en vain les corps de leurs enfants perdus dans les sables du désert ?
    La permanence des éléments fait contrepoint à la condition éphémère de nos existences. La Cordillère s’impose ainsi comme une puissante figure métaphorique. Dans ses dentelles minérales on peut tout aussi bien imaginer les méandres de la carte du tendre que les cicatrices d’un pays mutilé, ou les rides qui ensevelissent celui qu’on a été, ceux qui ont été, dont elle reste le témoin immuable.

    Cette prise de hauteur nous fait opérer une plongée vertigineuse vers le Chili contemporain, sa capitale grouillante, Santiago, que le réalisateur ne reconnait plus, c’est là son vrai vertige. Il élargit son propos, lui donne l’ampleur nécessaire pour comprendre la période actuelle, le mal qui la ronge et qui puise sa source dans les racines de l’oubli. Il convoque artistes, penseurs, amis du passé. Confronte les regards de celui qui a dû partir à ceux qui ont pu rester. De l’écrivain Jorge Baradit au documentariste Pablo Salas, en passant par les sculpteurs Vicente Gajardo et Francisco Gazitúa, tous ont fait de leur terre leur matière première. Ensemble ils analysent et décortiquent ce qui fait l’essence de leur société à deux vitesses extrêmement marquées… Patricio Guzman dresse alors un amer constat… La manière dont les dirigeants, de Pinochet à nos jours, traitent la colonne vertébrale du Chili, la Cordillère, qui couvre 80% de son territoire, devient le symbole de leur désintérêt pour tout ce qui dans le pays n’est pas jugé immédiatement rentable, à commencer par sa nature, sa beauté, son peuple…


    votre commentaire
  •  Un très beau film sur la crise grecque et la façon honteuse dont l'Europe a traité la Grèce.

    scénario: 18/20      technique: 18/20    acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Adults in the room

    Après 7 années de crise le pays est au bord du gouffre. Des élections, un souffle nouveau et deux hommes qui vont incarner l’espoir de sauver leur pays de l’emprise qu’il subit. Nommé par Alexis, Yanis va mener un combat sans merci dans les coulisses occultes et entre les portes closes du pouvoir européen. Là où l’arbitraire de l’austérité imposée prime sur l’humanité et la compassion. Là où vont se mettre en place des moyens de pression pour diviser les deux hommes. Là où se joue la destinée de leur peuple. Une tragédie grecque des temps modernes.

    « Va où il est impossible d'aller » : la devise de Costa-Gavras (dont il fit le titre de ses mémoires), pourrait être une supplique à son pays natal, la Grèce. Yanis Varoufakis (superbement incarné par Christos Loulis), le héros de l’histoire qui va suivre, aurait également pu la faire sienne. Et c’est ce qui, dans la vie en vrai, au-delà de la nationalité, a sans doute contribué à rassembler les deux hommes : le refus de ployer sous les injonctions des courants hégémonistes. S’il est sans doute inutile de vous présenter le grand cinéaste dont a hérité la France en 1952, c’est quand même une belle occasion de saluer les bienfaits de l’immigration ! Construit à la façon d’un thriller à suspense, son nouveau film nous tient en haleine deux heures durant, sur un sujet qu’on n’aurait jamais soupçonné être si palpitant…

    Ce soir-là, tous retiennent leur souffle… Une foule dense, telle qu’on ne les imagine plus en France lors de nos mascarades quinquennales, attend le résultat des élections. C’est que le petit peuple grec est exsangue. Il a beau suer sang et eau, rien ne semble pouvoir étancher la soif vampirique de l'ennemi de tous les petits peuples : « La Finance ». Les prêts consentis au pays, à des conditions assassines, par les leaders européens, ressemblent à ces bougies d’anniversaire, dites « magiques » mais ô combien agaçantes, qui se rallument de plus belle dès qu’on cesse de souffler dessus. Une dette indélébile, auto-alimentée par des taux d’intérêt honteux. La Grèce doit payer le prix de trente années de gestion irresponsable exercée par les gouvernements successifs, plusieurs centaines de milliards de dollars de déficit, qui reposent désormais sur les pauvres épaules des citoyens lambda, qui n’avaient surtout pas demandé tous ces investissements hasardeux.
    Malgré le marasme profond qui envahit le pays, une improbable lueur d’espoir s’est levée, portée par Syriza, le parti de la coalition de gauche. Dans la modeste salle de campagne, en ce mois de janvier 2015, tous se tiennent aux aguets… puis… bondissent de joie ! C’est la victoire ! Très vite Yanis Varoufakis, sans jamais avoir adhéré au parti, sera pourtant nommé Ministre de l’Économie du nouveau gouvernement conduit par Alexis Tsipras. Pas de meilleur choix que ce brillant économiste, doué d’un sens de la répartie redoutable, pour renégocier les conditions de la dette qui asphyxie la république hellénique. À compter de cet instant va se jouer un duel passionnant dans les coulisses des instances de l’Europe, entre David/Yanis, qui a la ténacité d’un Sisyphe, et une armée de Goliath surpuissants qui considèrent que « le système de protection social n’est qu’un rêve communiste ». Mais surtout il lui faudra convaincre la « Troïka » (créée en 2010 et constituée de fonctionnaires de la Commission Européenne, de la BCE, du FMI…) de bien vouloir renégocier les conditions de la dette. Persuadé que le bon sens et une juste cause peuvent l’emporter, Varoufakis entame une course de fond à armes inégales, décidé à ne pas céder face à l’Eurogroupe. Après tout, ne représente-t-il pas un peuple qui a « deux millénaires d’expérience en matière de patience, puisqu'inventeur du stoïcisme. » ?

    Adults in the room, dense et passionnant, fait référence au livre de Yanis Varoufakis Conversation entre adultes tout aussi bien qu’à une judicieuse question qu’il est légitime de se poser en observant le microcosme de tous ces décisionnaires européens qui ont parfois des comportements dignes de cours de récréation : « Y’a-t-il des adultes dans la pièce ? ». Si le constat global du film est consternant, il est extrêmement jouissif de voir les politicards aux dents longues (dont nos Français), se faire égratigner au passage. Mais on devra malgré tout se plier une fois de plus à l’évidence : tous ces oligarques ont désormais le monopole du cynisme… qui fut lui aussi inventé par les Grecs. Nous ne saurions que conseiller à ces derniers de réclamer des droits d’auteurs à l’Europe : cela ferait plus qu’effacer leur dette, ils deviendraient multimilliardaires !


    votre commentaire
  •  Un très beau film tirée d'une histoire vraie. Les acteurs sont formidables et c'est très bien filmé.

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20    technique: 17/20  note finale: 17/20

    Un monde plus grand

    Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation… et découvrir un monde plus grand. 

     Emprunt d'une profonde spiritualité, sans pourtant jamais céder à une vision simpliste ou idéalisée, c'est un film qui se raconte comme un voyage et se vit comme une expérience humaine d'une grande sincérité. Fruit d'un long et minutieux travail de repérages en territoire mongol et d'une étroite collaboration avec Corine Sombrun, l'auteure de Mon initiation chez les chamanes, qui a participé à toute l'écriture du film, Un monde plus grand est, au-delà d'une belle histoire avec sa dose de romanesque et de tension, un très bel hommage à la culture des peuples premiers et en particulier les Tsaatans, bergers nomades vivant aux frontières de la Sibérie. Que l'on soit un cartésien pur jus ou sensible aux mondes et aux forces invisibles, cette histoire touche et interpelle de manière universelle car elle interroge les peurs et les limites auxquelles chacun peut être confronté quand il faut faire face à des événements qui échappent à notre compréhension.

    Quand elle a perdu son grand amour, le monde de Corine s'est effondré comme un château de cartes. Toutes les perspectives ont été effacées, comme rayées définitivement de sa géographie intime, celle sur laquelle elle avait pourtant tracé milles et unes trajectoires lumineuses et colorées. Son chagrin, sa douleur ont envahi l'espace et chaque geste du quotidien lui demande un effort surhumain. Elle est ingénieure du son, on lui propose un voyage à l'autre bout du monde, en Mongolie, pour recueillir des chants traditionnels et des sons de toutes sortes en vue d'un reportage. Une fuite, peut-être… Un moyen de se retrouver seule avec sa peine, sans doute…
    Mais il n'y a pas de hasard. Au cours d'une cérémonie, Corine est plongée dans une expérience de transe qui la propulse dans un monde inconnu, celui des esprits invisibles que seuls les chamanes ont le privilège de pouvoir côtoyer. Oyun, celle de la tribu, lui annonce qu'elle a reçu un don rare et précieux dont elle ne peut se défaire et qu'elle ne peut surtout pas ignorer : elle doit entamer un long processus d'apprentissage et s'initier aux rituels chamaniques afin de le maitriser et d'en faire bon usage. D'abord totalement réfractaire à cette idée qu'elle juge tout droit sortie de superstitions et de croyances ridicules, Corine va devoir faire face à la réalité, d'autant que son corps tout entier semble avoir trouvé une résonance particulière à certains sons, comme une nouvelle sensibilité qui l'aurait connectée à quelque chose de plus grand qu'elle.
    Sur les terres majestueuses des plaines de Mongolie, là où les hommes vivent en harmonie avec la nature et convoquent tout naturellement, et pour chaque geste de leur quotidien, la communauté des esprits, commence alors un autre voyage… Qui peut après tout jurer que les disparus ne peuvent chercher à communiquer avec les vivants ? Qui peut affirmer avec certitude que les rivières, les forêts et les troupeaux ne sont pas habités par une force invisible ? Qui peut prouver que la science a exploré tous les recoins du cerveau humain et qu'il n'existe plus, dans les interstices de son paysage, des terres sauvages et inexplorées ?

    Pour la petite histoire scientifique, Corine Sombrun est à l'origine de la création du Trance Science Research Institute, un réseau international de chercheurs investis dans les études neuro-scientifiques de la transe, visant à démontrer qu’elle n’est pas un don réservé aux seuls chamanes, mais bien un potentiel de tout cerveau humain, à la fois instrument d’exploration d’une réalité sous-jacente et outil de développement cognitif.


    votre commentaire
  •  Un chef-d'oeuvre réalisé par une ordure qui viole les petites filles...

    scénario: 19/20         acteurs: 19/20        technique: 19/20      note finale: 19/20

    J'accuse

    Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier.
    Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle, se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées.
    A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.

    Pour nous, pas de doute : J’accuse est une belle œuvre, un grand film, une fresque virtuose, intelligemment menée, qui donne à la fois du plaisir et à réfléchir. On peut penser et dire bien des choses de Roman Polanski, on ne peut nier que c’est un immense cinéaste.

    La scène d’ouverture est magistrale ! Toute l’armée, en tenue de grand apparat, semble réunie dans la monumentale cours de l’école militaire de Paris qui fait paraitre ces hommes bien petits malgré leurs grandes décorations. Moment solennel, terrible. Seul devant tous, un jeune capitaine se tient droit, s’efforçant de garder la tête haute à l’écoute de la sentence qui s’abat sur lui. Pire que tout est le cérémonial humiliant de la dégradation. On comprend à son air douloureux qu’en lui arrachant ses épaulettes, on arrache une partie de son cœur, qu’en brisant son épée, c’est sa vie que l’on brise, son honneur que l’on piétine. Même si cela est loin de nous, surtout si on est profondément antimilitariste, on ne peut réprimer un élan de compassion envers cette frêle silhouette accablée qui s’efforce de ne pas vaciller, ces yeux de myope qui repoussent vaillamment les larmes. Puis monte sa voix, droite et sans haine, qui clame dignement son innocence. À cet instant-là on n’a plus aucun doute sur la droiture du bonhomme, sur sa force morale. Cruel contraste avec les généraux, secs ou gras, sains ou syphilitiques, qui ne se privent pas d’un petit couplet raciste sur les Juifs, d’une blague qui vole bas sur leur rapport à l’argent, leurs mœurs… Ce jour-là l’honneur ne semble pas dans le camp de la crème des hauts gradés aux chaussures lustrées qui piétinent dans la fange de la bêtise crasse. Immondes malgré leurs beaux accoutrements ! Pourtant ce sont eux que la foule acclame et l’innocent qu’elle hue.

    Sous une nuée de quolibets, Alfred Dreyfus (Louis Garrel) subit donc sa condamnation à être déporté et enferré sur l’île du Diable. Mais la suite de l’affaire – et c’est là l’idée forte du roman de Robert Harris et du riche scénario que lui-même et Polanski en ont tiré –, on ne va pas la suivre de son point de vue, ni depuis les plus célèbres (Zola, notamment). Judicieusement, on va la suivre depuis le point de vue d’un de ses détracteurs, un pas de côté qui redonne de l’ampleur au sujet, permet de le traiter comme un véritable thriller d’espionnage.
    S’il en est un qui a détesté Dreyfus, bien avant l’heure, c’est le lieutenant-colonel Picquart (Jean Dujardin), qui fut son instructeur. Quand il assiste à la dégradation de son ancien élève, il n’en est pas spécialement ému, cela a même de quoi satisfaire son antisémitisme imbécile. Mais c’est de cet officier supérieur pas spécialement bienveillant que va naître la vérité, car malgré sa détestation des Juifs, Marie-Georges Picquart est un homme juste, d’une probité à toute épreuve, qui ne se contente pas de ses seuls sentiments pour condamner. Nommé à la tête du Deuxième Bureau (service de renseignement militaire), il va avoir tôt fait de tomber sur des pièces tenues secrètes qui pourraient bel et bien innocenter Dreyfus…

    C’est une partition sans faute pour une pléiade d’acteurs sublimes – en marge notons le très beau personnage de femme libre et féministe avant l’heure incarné par Emmanuelle Seigner. Une fresque précise qui dépeint non seulement la descente aux enfers d’un homme, sa réhabilitation, mais également l’ambiance de l’époque et peut-être, comme le déclare Polanski, « le spectacle séculaire de la chasse aux sorcières à l’encontre d’une minorité, la paranoïa sécuritaire, les tribunaux militaires secrets, les agences de renseignement hors de contrôle, les dissimulations gouvernementales et la presse enragée »...


    votre commentaire
  •  Un documentaire offensif sur les mauvaises manières des multinationales à l'égard de la planète. Utile pour être un peu moins dupe des produits soi-disant respectueux de l'environnement. Voici un documentaire que tout le monde devrait voir.

    scénario: 18/20      technique: 18/20   note finale: 18/20

    L'illusion verte

    Aujourd'hui, les industriels investissent beaucoup de temps et d'argent à "verdir" leur image : voitures électriques, huile de palme labellisée bio, ou encore produits issus du commerce équitable… tout est fait pour nous déculpabiliser et expliquer que nous pourrions sauver le monde en consommant ces produits. Une pratique dangereusement populaire nommée greenwashing ou éco-blanchiment. Mais si à défaut de sauver le monde, ces achats responsables ne faisaient qu’enrichir les multinationales ? Werner Boote et Kathrin Hartmann parcourent le monde pour révéler l’envers du décor.

     


    votre commentaire
  • Une comédie gentillette qui aurait méritée un scénario plus travaillé.

    scénario: 14/20    technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale: 14/20

     Les Municipaux, trop c'est trop !

    Le charmant petit port de Port-Vendres, riche de 280 employés municipaux est secoué par une rumeur : le Maire, aidé de son chef de service, énarque et parisien, ont le noir dessein de réduire l’effectif des salariés communaux. La révolte gronde, le syndicat majoritaire, puisqu’unique, des Municipaux organise la riposte. Le secrétaire national en personne vient en consultation. Sur sa proposition, une décision historique est prise : les municipaux feront la grève du zèle.


    votre commentaire
  • Ce film est une merveille qui plaira aux petits comme aux grands. J'adore les films de Nicolas Vannier qui arrive à se renouveler à chaque fois tout en nous montrant des films qui appellent au respect de la nature. Une aventure humaine touchante et émouvante.

    scénario: 18/20                acteurs: 18/20                   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Donne-moi des ailes

    Christian, scientifique visionnaire, étudie les oies sauvages. Pour son fils, adolescent obnubilé par les jeux vidéos, l’idée de passer des vacances avec son père en pleine nature est un cauchemar. Pourtant, père et fils vont se rapprocher autour d’un projet fou : sauver une espèce en voie de disparition, grâce à l’ULM de Christian ! Commence alors un incroyable et périlleux voyage...

    Nicolas Vanier qui a voué sa vie à la nature et au monde animal, se mobilise sans relâche pour leur défense, et on ne peut que constater qu’il filme magnifiquement cette nature, notamment dans ses documentaires polaires, Le Dernier trappeur ou L’Odyssée blanche, témoignant d’une impressionnante maîtrise pour filmer la faune des contrées les plus septentrionales de notre globe.
    Dans Donne-moi des ailes, il allie ses deux talents : suivre les animaux au plus près et raconter de belles histoires destinées à un public familial, de l’écolier à ses grands-parents. L’histoire du film, bien que largement romancée, est directement inspirée de la vie et du combat d’un génial dingo, Christian Moullec, qui co-signe d’ailleurs le scénario. Météorologue de formation et ornithologue par passion, Christian Moullec, inspiré par le zoologiste autrichien Konrad Lorenz, a eu l’idée d’utiliser sa pratique assidue de l’ULM pour suivre dans leur périple les oiseaux migrateurs et plus précisément les oies naines. Mais il est allé plus loin en se disant qu’il était possible de les guider vers de nouvelles voies migratoires alors que celles que les oies empruntaient jusque là, à travers des zones agricoles traitées aux pesticides, à proximité d’aéroports ou de zones très touchées par la pollution lumineuse, pouvaient les menacer et à terme provoquer le déclin de l’espèce. Un autre grand cinéaste animalier, Jacques Perrin, s’était d’ailleurs attaché les services de Christian Moullec pour son Peuple migrateur.

    Christian (Jean-Paul Rouve) habite en Camargue, et il attend son fils dont il n’a la garde que pendant les vacances, tout en préparant fébrilement son ULM pour sa grande expédition. Mais voilà : l’adolescent, comme n’importe quel gamin qui vit à la ville, n’a qu’une crainte, c’est que, dans la maison isolée de son père au bord des marais, il n’y ait pas de réseau, et sans doute pas de wifi, et pour lui, les vacances loin de tous réseaux sociaux s’annoncent d’une sinistrose absolue. Et puis, petit à petit, alors que l’expérience se développe et que les ailes de l’ULM se montent, Thomas commence à s’intéresser à la grande aventure paternelle. Si bien que l’expédition va être aussi l’occasion de resserrer entre le père et le fils des liens qui s’étaient sérieusement distendus.
    Au-delà de la romance familiale assez touchante, Donne-moi des ailes vaut évidemment surtout pour ses superbes images vues du ciel, au côté des oies naines qui vont nous emmener d’un bout à l’autre de l’Europe, depuis la Norvège septentrionale jusqu’à la Méditerranée, une aventure d’autant plus périlleuse que le scientifique, auquel personne ne croit, a falsifié les autorisations nécessaires.

    Ajoutons que le film s’avère de salut public puisque Nicolas Vanier répète à l’envi et à juste raison qu’en trente ans l’Europe a perdu un tiers de sa population d’oiseaux, soit 430 millions d’individus ! Et le réalisateur sincèrement engagé qu’il est dit clairement son bonheur – alors que de nombreux jeunes, dans le sillage de la suédoise Greta Thunberg, se mobilisent pour l’écologie – de voir la Ligue de Protection des Oiseaux et l’Education nationale s’associer pour défendre le message de son film.


    votre commentaire
  • Le film, qui s'inspire d'une histoire vraie bouleversante, n'est jamais donneur de leçon. Il est porté par un Gérard Depardieu et une Isabelle Nanty d'une infinie tendresse. Et c''est bien filmé.

    scénario: 18/20                     acteurs: 18/20               technique: 18/20   note finale: 18/20

    Fahim

    Forcé de fuir son Bangladesh natal, le jeune Fahim et son père quittent le reste de la famille pour Paris. Dès leur arrivée, ils entament un véritable parcours du combattant pour obtenir l’asile politique, avec la menace d’être expulsés à tout moment. Grâce à son don pour les échecs, Fahim rencontre Sylvain, l’un des meilleurs entraîneurs d’échecs de France. Entre méfiance et attirance, ils vont apprendre à se connaître et se lier d’amitié. Alors que le Championnat de France commence, la menace d’expulsion se fait pressante et Fahim n’a plus qu’une seule chance pour s’en sortir : être Champion de France.


    votre commentaire
  •  je ne sais pas où ils ont trouvé ces acteurs mais ils sont géniaux. le film est très réussi et plein d'humour.

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    La vérité si je mens, les débuts

    Au début des années 80, Patrick, fils à papa désinvolte, va, après son premier échec amoureux, se transformer en talentueux entrepreneur. Dov, dont la mère attend de brillantes études, quitte le lycée pour travailler dans le Sentier tout en séduisant la femme de son patron. Yvan prend de l’assurance au fil des épreuves professionnelles. Et Serge ne cesse d’inventer des bobards pour séduire la plus belle fille du lycée et embrouiller ses parents sur son bac.


    votre commentaire
  •  Trop surréaliste et trop absurde pour moi, je n'ai pas du tout aimé ce film. Ridicule! Je ne comprends pas comment ce film a pu être encensé à ce point par presque tout le monde. Décevant!

    scénario: 6/20      acteurs: 10/20   technique: 10/20   note finale: 5/20

    Chambre 212

    Après 20 ans de mariage, Maria décide de quitter le domicile conjugal. Une nuit, elle part s’installer dans la chambre 212 de l’hôtel d’en face. De là, Maria a une vue plongeante sur son appartement, son mari, son mariage. Elle se demande si elle a pris la bonne décision.  

    À l'ombre protectrice et revendiquée de Woody Allen, Ingmar Bergman et Bertrand Blier, Christophe Honoré nous offre un merveilleux divertissement, léger et profond à la fois, qui est aussi une déclaration d'amour au cinéma, art magique par la grâce duquel tout est possible pour peu que l'on abandonne, ne serait-ce que brièvement, notre désespérante exigence de rationalité. Quel bonheur de croire, une heure trente durant, qu'il serait possible de revenir en arrière et changer le cours des choses, aimer à nouveau comme au premier jour, croiser même les morts et retrouver un peu de cette fulgurance qui nous rend furieusement vivants ! Christophe Honoré et sa bande de saltimbanques réussissent un délicieux tour de passe-passe qui vous entraînera quelque part de l'autre côté de l'arc-en ciel, à peine franchi le seuil de la chambre 212.

    Sacha Guitry – auquel on pense également – y perdrait son latin : ce sont les femmes adultères qui se planquent dans les placards, revenant tout sourire au bercail sur un air de « même pas grave », fortes de leur jouissance et de cette évidence que la passion amoureuse s'étiole méchamment au fil des ans. Et ce sont les hommes qui pleurent et se lamentent, s'acharnant à espérer que d'un volcan éteint pourra rejaillir le feu. Voeu pieux ? Maria donc, enseignante très à cheval sur le suivi personnalisé de ses élèves – surtout quand ils portent un prénom sexy –, s'est fait une raison, sans dramatiser ni tirer de conclusion définitive : entre Richard et elle, après des années de vie commune, la flamme s'est étouffée, la passion s'est émoussée. Et ce soir-là, peut-être parce que Richard porte un horrible bermuda avec des chaussettes flageolant à mi-mollets, ou peut-être parce qu'elle en a assez de lui jouer la comédie légère, elle décide de prendre la tangente, et un peu de recul, pour retrouver son souffle, faire le point.
    Elle traverse la rue. Pousse la porte de l'hôtel. Prends une chambre dont la fenêtre donne précisément sur son appartement, sa vie, son homme qui pleure devant sa machine à laver. Une vue idéale sur son mariage en panne pour enfin s'envisager de l'intérieur. Mais pour la réflexion en solitaire, c'est raté : voilà que la chambre d'hôtel est envahie par une foule sentimentale de protagonistes, bien décidés à s'exprimer même si on ne leur a rien demandé, à apporter leur contribution à ses réflexions intérieures, voire, pire, à lui faire moult reproches sur sa légèreté ou sa conduite passée, ses désirs de liberté qui en ont blessé plus d'un.

    Au premier rang de ces intrus : Richard himself, vingt ans et vingt kilos en moins, tel qu'il était le jour où ils se sont rencontrés, puis il y a tous ses amants, et même sa mère pour les comptabiliser. Il y aussi sa conscience, qui s'est mise sur son trente et un… sans oublier Irène. Celle que Richard aurait dû épouser, son tout premier amour.

    Autant dire que la nuit va être mouvementée… Comment résister au corps jeune et plein de fougue de Richard ? Comment se dépatouiller dans cette conjugaison existentielle où présent, passé et futur s'emmêlent joyeusement les pinceaux ? Mais surtout : Maria doit-elle traverser la rue en sens inverse ?
    Le film avance comme dans un rêve, révélant au cœur d'un dispositif volontairement théâtral une sublime authenticité des êtres et des sentiments. Tout coule, tout est fluide, la narration et les dialogues sont ultra-rythmés, tout comme la musique (toujours en mode majeur chez Honoré). Chef d'orchestre virtuose à la tête d'une troupe de comédiens de haute volée (Chiara Mastroianni en majesté, les menant tous à la baguette), Christophe Honoré signe ici une rêverie éveillée lumineuse et c'est un enchantement.


    votre commentaire
  • Un très beau film sur les années de plomb en Algérie, qui rappelle, une fois de plus et si'l en était besoin que l'islamisme est un fascisme. Hymne à l’émancipation des femmes, dans un contexte qui tente de les museler, le film de Mounia Meddour est un chef-d’œuvre. Brillamment mis en scène et enchaînant les séquences fortes, le film est à la fois bouleversant et indispensable, servi par deux révélations, les jeunes Lyna Khoudri et Shirine Boutella, impressionnantes en papicha insoumises.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20       technique: 18/20   note finale: 18/20

    Papicha

    Alger, années 90. Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux " papichas ", jolies jeunes filles algéroises. La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tous les interdits.

    « Papicha », c’est le petit nom charmant que l’on donne aux jeunes algéroises drôles, jolies, libérées. C’est aussi désormais un film sur le courage, celui d’un pays, d’un peuple, d’une jeunesse qui ne demande qu’à exulter, qui refuse de céder aux injonctions de la peur, à celles de bras armés tout puissants. Il est donc question dans Papicha de résistance vivifiante, de pulsions joyeuses, d’insoumission. Le film nous immerge dans la décennie noire des années 90 : tandis que les étudiants du pays aspirent à la même liberté que leurs cousins occidentaux, par le jeu des forces politiques en présence, une vague d’intégrisme va monter, implacable, génératrice de violence, d’interdits, de terreur. Le GIA (Groupe Islamiste Armé) et l’AIS (Armée Islamique du Salut), dont les premières cibles sont les journalistes, terrorisent la population civile, tout en se faisant la guerre entre eux, ainsi qu’à la démocratie. On dénombrera au final plus de 150 000 morts, des dizaines de milliers d’exilés, un million de personnes déplacées. L’action du film prend sa source dans ce contexte tendu, celui que connut bien la jeune réalisatrice encore étudiante, et dont elle choisit de faire une fiction assoiffée de joie, d’espérance, de révolte.


    Tout démarre par une belle nuit suave, qui donne envie aux corps d’exulter. Gros plan sur deux donzelles sur la banquette arrière d’un taxi clandestin qui brinquebale dans les rues d’Alger. Dans cette cabine d’essayage de fortune, elles se maquillent, se tortillent comme des libellules en train d’abandonner leurs chrysalides. Elles n’ont que peu de temps pour quitter leurs tenues sages et se transformer en reines de la nuit. Alors que le vieux chauffeur qui bougonne, réprobateur, a du mal à garder les yeux dans sa poche, Nedjma, qui a la langue bien pendue, le renvoie à son volant : « Papy, la route c’est devant, pas derrière ! » Un sens de la répartie que semblent cultiver en permanence les filles entre elles, à coups de « battle de mots » comme elles les appellent, qui démarrent dans les endroits les plus saugrenus. Des moments pêchus et drôles, un peu outranciers, comme un arsenal d’armes fragiles qu’elles entretiennent en riant, maigre rempart contre les débordement sexistes, les insidieux harcèlements quotidiens qu’elles subissent en faisant mine de s’en moquer. Difficile de trouver des espaces de liberté sereine ici. On devine que la majorité de celles et ceux qui se retrouvent pour faire la fête, même si c'est sans doute plus simple pour les garçons que pour les filles, ont dû, tout comme Nedjma et son inséparable copine Wassila, faire le mur, s’échapper en catimini. Une clandestinité propice à toutes les arnaques, à tous les chantages vicelards (on assistera à un florilège de bêtise de la part de ces messieurs).
    En attendant, Nedjma poursuit, vaille que vaille, son rêve de devenir styliste, elle en a le talent. Elle va y entrainer toute sa bande de copines, sa famille et même quelques professeures. D’abord inconsciemment, la mode, qui dévoile et embellit les corps, va devenir une forme de contestation. Au noir des hidjabs que les islamistes veulent imposer à la gent féminine, Nedjma opposera la blancheur du haïk, cette étoffe qui fut, au-delà de sa fonction vestimentaire traditionnelle, le symbole de la résistance nationale algérienne contre la politique coloniale française.

    Papicha, c’est le portrait d’une féminitude solidaire et complexe, bien au-delà des clichés. Des plus gamines au plus âgées, des plus modernes aux plus conformistes, nulle n’est dupe ou naïve. Chez elles, l’insouciance, qu’elle soit feinte ou cultivée, apparait dès lors comme une forme de résilience indispensable, une façon non seulement de survivre, mais surtout de ne jamais abdiquer joie et douceur de vivre.


    votre commentaire
  •  Je n'aime pas ce genre de films qui réjouira les amateurs de bagarres et autres tueries. C'est bien fait, même si on sait que Rambo gagnera à la fin. Certaines scènes sont vraiment trop sanglantes.Et toute cette violence n'est pas saine. 

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Rambo, last blood

    Cinquième épisode de la saga Rambo. Vétéran de la Guerre du Vietnam, John Rambo va affronter un cartel mexicain après l'enlèvement de la fille d'un ami.


    votre commentaire
  •  Si "Le Dindon" ne révolutionne pas le genre, il n'en reste pas moins une comédie légère et acide plus que plaisante et servie, qui plus est, par d'excellents comédiens. Une manière de nous rappeler que la comédie française a encore beaucoup de choses en réserve et qu'il suffit parfois d'aller piocher dans les classiques pour la revigorer. Jalil Lespert a transposé son intrigue dans les années 60 (...) Pour le reste, il est toujours bien question de fidélité, de constats d’adultère, de trahisons feutrées (on est chez les bourgeois), de gros quiproquos et de jeux de dupes qui vont se régler à grand renfort de portes qui claquent et de répliques bien senties, dans une intrigue resserrée au maximum. Un jeu de cache-cache sentimental à la Feydeau, dont Jalil Lespert adapte ici la pièce, dans une comédie qui s’efforce de porter au cinéma la mécanique théâtrale. Mais si vous n'aimez pas les couples avec amants, n'y allez pas! Du Feydeau quoi... et presque du théâtre filmé.

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20  technique: 16/20   note finale: 16/20

    Le dindon

    Monsieur de Pontagnac a eu un coup de foudre pour une jolie jeune femme. Ce qu’il n’avait pas prévu c’est que celle-ci n’est autre que Victoire, la femme d’un de ses amis, Vatelin. Et si le notaire le prend plutôt bien, Victoire, elle n’est pas si simple à manipuler. Surtout, la mésaventure a lancé dans leur société un sujet – et un petit jeu étonnant autour de la fidélité des uns et des autres. Alors quand entrent dans l’arène Rediop, soupirant de Victoire, et Suzy, ancienne flamme de Vatelin, le jeu se corse encore.


    votre commentaire
  • Une merveille!! Une heure et demie de cinéma qui revigore, qui émeut, qui enthousiasme, qui épate. "The Biggest Little Farm" se démarque et emballe [...] Sans doute parce qu’il repose sur des ressorts narratifs puissants, de ceux qui ont modelé nos cerveaux dès l’enfance, de ceux à l’oeuvre dans les contes et les mythes fondateurs. À l’heure des constats alarmistes, ce documentaire, qui prône la fin de la monoculture intensive à l’américaine, montre qu’une agriculture raisonnable est possible. Ce film offre une vision positive de l’alternative choisie. Une aventure humaine riche en rebondissements et à valeur d'exemple, racontée avec humour et simplicité pour démontrer que, oui, tout est possible.

    Pour en savoir plus sur cette ferme: https://www.apricotlanefarms.com/

    scénario: 19/20     technique: 19/20   note finale: 19/20

    TOUT EST POSSIBLE : the biggest little farm

    John et Molly décident de quitter Los Angeles pour se lancer dans le développement d’une ferme écoresponsable.

    C'est sans conteste un documentaire mais il faut vraiment se le répéter pour s'en convaincre pendant la projection : on est en plein cœur d’une action tendue, palpitante, un vrai film d'aventure ! La puissance de ce film tient à l’art de la narration, le réalisateur est un véritable conteur de sa propre vie. Il y insuffle juste ce qu'il faut de suspense, d’émotions sans jamais qu’elles ne débordent. S’il partage une part intime, il le fait avec une telle dignité et une telle classe que rien n’est pesant.
    Les premières images sont saisissantes. Un incendie violent dévaste la campagne californienne. Face aux flammes immenses, des hommes, des bêtes, des arbres… fragiles et démunis. Malgré tous les efforts déployés, des fermes entières sont menacées d’être balayées de la carte. Tous retiennent leur souffle. Ce jour-là, Apricot Lane, le domaine de Molly et John Chester, sL’aventure démarre huit ans plutôt. Nos deux amoureux gagnent à l'époque bien leur vie, Molly grâce à ses talents de cuisinière blogueuse, John en tant que documentariste, photographe animalier pour la presse. Ils coulent des jours paisibles et confortables. C’est un coup de foudre qui va venir bousculer le cours de leur existence. Lors d’un reportage, John rencontre Todd. Tous deux tombent irrémédiablement en amour. John ne peut que ramener sa conquête à la maison. Quand il la présente à Molly, elle est conquise à son tour par les grands yeux bleus du doux chien aux poils d’ébène. Pas de scène de couple donc, Todd est adopté, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes… Sauf pour les voisins de leur minuscule immeuble ! Car s’il y a bien un truc que Todd déteste, c’est rester seul et il le fait savoir en hurlant à la mort ! Après quelques avertissements, le trio finira par se faire expulser. Les Chester y verront le signe d’un nouveau départ. Ce n’est pas un simple pavillon de banlieue qu'ils vont offrir à Todd, mais un terrain de 300 hectares ! Voilà nos cultivateurs en herbe, dont l’expérience se résume à faire pousser des tomates sur un balcon, en train de convaincre banquiers et copains de leur prêter quelques milliers de dollars pour se reconvertir dans l’agriculture : c’est simple, ils ont lu des bouquins sur le sujet ! Autant dire que c’est pas gagné !
    Mais Molly et John ne sont pas du style à baisser les bras. Les voilà à la tête d’une terre aride à en tirer la langue, un sol épuisé sur lequel personne ne parierait, mais à portée de leur bourse. Et c’est là que commence la véritable épopée, celle de la reconquête d’un territoire par la vie. John nous la conte avec sa voix enjouée, ses mots drôles et touchants, ses images splendides. On entre dans l’intimité des animaux. On est étonnés par l’histoire du coq amoureux d’une truie (Emma). Inquiets pour l’agneau bicolore orphelin rejeté par les siens. Émerveillés par les naissances en direct, le vol d’un colibri. Dépités par les ravages des nuisibles et des coyotes. C’est aussi prenant qu’un roman feuilleton.

    Les cinq premières années seront rudes, pleines de déboires, d’incertitudes… De son propre aveu, le réalisateur doute du succès, se refusant à tout angélisme, à tout prosélytisme. Puis progressivement l’étroite collaboration tant espérée avec la nature se met en place, sans herbicide, ni pesticide, ni assassinat de souris… Nul besoin de grands discours, la manière dont tout bourgeonne, explose, la biodiversité retrouvée sont la plus belle démonstration. Si une grande petite ferme ne peut à elle seule reverdir le blason de la planète, elle peut y contribuer !era épargné. Ouf ! Mais que sont donc venus faire ces deux citadins dans cette galère?

     


    votre commentaire
  • Une satyre féroce du monde politique portée par des acteurs au sommet de leur art. Voici une brillante comédie sur la vanité du pouvoir et les incertitudes de la vocation, qui remet à l’heure quelques pendules éthiques et idéologiques.La bétise du monde politique est particulièrement bien montrée.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Alice et le maire

    Le maire de Lyon, Paul Théraneau, va mal. Il n’a plus une seule idée. Après trente ans de vie politique, il se sent complètement vide. Pour remédier à ce problème, on décide de lui adjoindre une jeune et brillante philosophe, Alice Heimann. Un dialogue se noue, qui rapproche Alice et le maire et ébranle leurs certitudes.

    On ne prétendra pas que la légendaire pusillanimité du cinéma français à l’égard de la représentation de la chose politique ait disparu. Du moins la trouve-t-on désormais écornée, de loin en loin, par d’excellents films. Le meilleur exemple reste, à cet égard, L’Exercice de l’Etat (2011) de Pierre Schoeller. On lui adjoint sine die Alice et le maire de Nicolas Pariser, qui partage avec lui, sans jamais verser dans la naïveté, une vraie croyance dans le monde qu’il filme, ainsi qu’une bienfaisante suspension de l’aigreur ordinaire qui conduit sans coup férir à la disqualification du sujet.
    Nicolas Pariser se rapproche d’Eric Rohmer – lequel avait signé, en 1993, L’Arbre, le maire, et la médiathèque avec Fabrice Luchini – pour une petite leçon de morale politique, écologique et existentielle.

    Luchini, donc. Et la preuve ici réitérée de son immense talent… Il campe Paul Théraneau, maire socialiste de Lyon, à peu près rincé après trente ans de mandat, non encore tombé dans le cynisme, mais tournant à vide, en pilotage automatique. La manière dont l’acteur parvient à restituer l’animal politique est très remarquable. Un rien y suffit, évitant la caricature, dont il n’est pas donné à tout le monde de se saisir. Quelque chose de demi-mort dans le regard qui flotte sur le monde ordinaire, un imperceptible mouvement des lèvres qui marque une lassitude océanique de la gestion quotidienne, une capacité intacte à se sublimer et à aller chercher loin le vibrato républicain sur le théâtre de l’intervention publique.


    Là-dessus, sa jeune directrice de cabinet embauche une jeune normalienne sans attaches, Alice Heimann (Anaïs Demoustier), pour devenir une sorte de coach mentale du maire en perdition. Sa jeunesse, sa fraîcheur, son manque d’expérience, son étrangeté au milieu, son indifférence aux coups stratégiques – autant de traits dont Anaïs Demoustier, de son côté, s’empare avec une impression de naturel confondant – tombent d’autant plus à pic que Paul Théraneau se met en mouvement pour prendre la tête du parti et se positionner ensuite comme candidat à la présidentielle.
    L’histoire de leur relation occupe donc très délibérément le centre du film, quand bien même quelques personnages et intrigues secondaires, animant l’environnement proche des personnages principaux, s’y révèlent particulièrement bien esquissés…
    La ruche en effervescence de la mairie, le staff perpétuellement sur les dents, les déplacements incessants du maire illustrant la multiplicité de ses tâches et de ses fonctions figurent le théâtre principal de la relation d’abord adjuvante, puis de plus en plus vitale, qui se noue entre les deux personnages. De fait, Alice, par sa capacité d’écoute, par sa faculté d’analyse, par la pertinence intellectuelle de ses interventions, réapprend au maire, animal politique obnubilé par l’efficience de l’action dans un monde qui exige toujours plus de rapidité, les vertus oubliées de la pensée…

    Alice et le maire entre définitivement dans la catégorie des bons films, des grands films, en faisant en sorte qu’un mouvement transforme insensiblement les personnages. Qu’on les trouve changés, l’un et l’autre, par une expérience qui les a réunis et éprouvés et dont on ne révélera surtout pas le fin mot ici. Tout au plus dira-t-on qu’une part d’humanisme a perturbé l’animal technocratique qu’est Paul Théraneau, et qu’à rebours Alice Heimann n’a pu éviter que l’éclaboussure du réel atteigne le pur horizon des concepts. La transparence de la mise en scène, la justesse des dialogues, la tenue des acteurs conspirent ici à un film lucide et subtil, qui fait toute sa part à la cruelle complexité des choses. Une œuvre précieuse, en un mot.


    votre commentaire
  •  Ce film est une pure merveille et montre bien comment les paysans d'aujourd'hui sont poussés à la faillite, en particulier par le Crédit Agricole et autres multinationales qui encouragent le sur-endettement. Les acteurs sont excellents, c'est bien filmé, et le scénario est génial.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20       technique: 18/20   note finale: 18/20

    Au nom de la terre

    Pierre a 25 ans quand il rentre du Wyoming pour retrouver Claire sa fiancée et reprendre la ferme familiale. Vingt ans plus tard, l'exploitation s’est agrandie, la famille aussi. C’est le temps des jours heureux, du moins au début… Les dettes s’accumulent et Pierre s’épuise au travail. Malgré l’amour de sa femme et ses enfants, il sombre peu à peu… Construit comme une saga familiale, et d’après la propre histoire du réalisateur, le film porte un regard humain sur l’évolution du monde agricole de ces 40 dernières années.

    Pierre revient au pays, en conquérant. S’il en est parti, c’est pour mieux y revenir, plus mûr, mieux préparé, renforcé par son séjour dans le Wyoming, où il s’est formé à de nouvelles techniques agricoles. Fort de la promesse de fructueuses moissons futures, Pierre sourit à la vie, tout comme elle lui sourit. D'autant qu'il va se marier avec Claire, qui l'a attendu puisqu'ils ont toujours su qu'ils feraient leur vie d'agriculteurs ensemble…
    Peu de temps après, le jeune couple s’installe dans la belle ferme familiale que le père de Pierre leur cède. Les en voilà presque propriétaires – moyennant un important prêt bancaire, le premier d'une épuisante série –, et Pierre guette, tout en signant l’acte de vente, une forme de reconnaissance dans le regard paternel. Ah ces deux-là ! Leurs cœurs battent à l’unisson mais ils sont trop taiseux pour se le dire. Il faut dire qu'à travers eux, à leur corps défendant, ce sont deux conceptions de la paysannerie qui s’affrontent, deux époques que le progrès a rendu irréconciliables. Mais quel progrès ? Celui qui a transformé les fermiers en « exploitants agricoles », en « entrepreneurs », en « agri-managers » ? On perçoit sous les glissements sémantiques qu’un pan d’humanité a été enterré, l’humus dégradé. Les nouvelles générations, respectant scrupuleusement les prescriptions des politiques agricoles successives, orchestrées par des énarques déconnectés du bon sens terrien, se retrouvent prises au piège des sables mouvants d’un système qui l’a progressivement asservie, rendue dépendante des cours de la bourse, des géants de l’industrie agro-chimique, des indemnités compensatoires…


    Vingt ans plus tard, plus grand monde n’est autonome ni fier de ce qu’il fait, malgré un travail constant et acharné. L'agriculture industrielle a imposé sa loi, sans pitié ni conscience. Le marché, monte le travailleur contre le travailleur : les damnés de la terre, sous la pression, le poids des dettes, finissent par se tromper d’ennemis.
    Et Pierre dans tout ça ? Il est comme presque tous les autres prisonnier du système mais il continue d’y croire, de ne pas baisser les bras, avec le soutien de Claire et de leurs deux enfants. La joie de vivre et de travailler ensemble est toujours là, mais pour combien de temps ?

    À travers cette première fiction épatante (il avait déjà tourné un documentaire sur le même sujet), le réalisateur rend autant hommage à un père, le sien, qu’au monde paysan. Ce monde qui se lève tôt sans en récolter ni gloire, ni fortune. Remarquablement interprété, le film donne envie de creuser le sillon de la solidarité, de se rebeller, de refuser que l’histoire de Pierre ne soit une fatalité qu’on oublie derrière les statistiques : « Tous les deux jours en France, un agriculteur… » On vous laisse compléter la phrase après avoir vu le film…


    votre commentaire
  •  Un film royal, au casting princier, qui vient couronner les efforts du nec plus ultra de l’audiovisuel britannique. Je n'ai pas vu la série mais j'ai adoré ces querelles entre domestiques sont truculentes. Les acteurs sont vraiment laids.

    scénario: 17/20        technique: 17/20     acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Les Crawley et leur personnel intrépide se préparent à vivre l'événement le plus important de leur vie : une visite du roi et de la reine d'Angleterre. Cette venue ne tardera pas à déclencher scandales, intrigues amoureuses et manigances qui pèseront sur l'avenir même de Downton.

    Images magnifiques aux couleurs d'automne, costumes chiadés… on retrouve tous les personnages qui faisaient le charme imparable des six saisons de la série. Il n'est néanmoins pas besoin de les avoir vues pour savourer le film, mais dame ! 52 épisodes de 50 minutes, ça crée des liens et vous rend familière une bande de personnages qui s'étaient immiscés dans nos vies en nous racontant l'évolution d'une famille d'aristocrates « so british » et de leurs domestiques dans le petit château familial niché dans le cœur verdoyant du Yorshire au début du siècle dernier. Ça commençait le jour du naufrage du Titanic qui décimait les héritiers mâles de la famille Crawley…

    Le film débute plus de dix ans après, là où s'arrêtait le dernier épisode. En passant au grand écran, les personnages semblent dans un premier temps presque un peu intimidés, comme si le poids de l'attente des plus de 120 millions de spectateurs cumulés à travers 200 pays leur flanquait un peu la trouille. Il y a de gros moyens, les décors ont plus d'ampleur… succès planétaire oblige : l'intimité du petit écran manque un peu, mais peu à peu le ballet habituel des intrigues reprend le dessus et on renoue avec l'ambiance des cuisines en sous-sol, les désirs de pouvoir, les petits coups fourrés, les sentiments qui fleurissent là où on ne les attendait pas… Tous se connaissent depuis si longtemps que les relations ont perdu en acidité avec l'habitude, on est plus pointilleux sur les économies, le train de vie n'est plus tout à fait ce qu'il était… Même la Comtesse douairière (Maggie Smith), du haut de ses 85 ans, est devenue moins coupante avec le temps…


    Mais voilà qu'une nouvelle arrive qui fracasse les habitudes et fait reprendre du service à ceux qui étaient sur la touche, on rameute de tous côtés : leurs majestés de la couronne d'Angleterre se lancent dans un périple à travers leurs provinces et ont décidé d'honorer de leur visite leurs fidèles sujets qui représentent si bien cette vieille noblesse tellement liée à l'histoire de la « Perfide Albion »… on imagine le branle-bas que l'annonce provoque et chacun se pose la question cruciale qui va avec son rang : quel plat va-ton leur mijoter se demande-t-on à l'office, quelle robe vais-je mettre au bal, soupire-t-on dans les étages… Mais le sentiment de fierté que la visite provoque chez les domestiques, qui se sentent depuis toujours un peu de la famille, est vite gâté par l'arrivée du staff royal, qui prend la main, majordome insupportablement suffisant en tête, les chassant de leur cuisine avec arrogance. On se doute que Carlson, Elsie, John Bates, Ana Bates, Phyllis, Beryl, Daisy et tous les autres travailleurs de l'ombre ne vont pas se laisser humilier de si mauvaise façon…

    En passant au cinéma, Downton Abbey a pris la douceur colorée d'un bonbon anglais, le poivre de la contestation sociale pique moins, le souffle de l'histoire semble un peu distant, mais le charme opère tout de même et on se laisse porter par le tourbillon des personnages, la beauté du décor, et on sort du ciné avec l'envie de se refaire quelques petits épisodes au coin du feu, à la maison…


    votre commentaire
  •  À la candeur des jeunes gens se superpose le pessimisme amusé du réalisateur, qui sourd dans cette sorte de mécanique implacable qu'est la vie, où ce qui advient de plus surprenant n'est jamais totalement fortuit. Très réussi et New York est divinement filmé.

    scénario: 16/20        acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 16/20 

    Un jour de pluie à New York

    Deux étudiants, Gatsby et Ashleigh, envisagent de passer un week-end en amoureux à New York. Mais leur projet tourne court, aussi vite que la pluie succède au beau temps… Bientôt séparés, chacun des deux tourtereaux enchaîne les rencontres fortuites et les situations insolites.

    Les comédiens se renouvellent, les générations passent, mais l'aura de New York filmée par Woody Allen est toujours intacte, et l'écriture du maestro est toujours aussi fine et précise, et profonde sans en avoir l'air. Ici, elle est une fois encore travaillée à la virgule et au bon mot près, ciselée par la diction impeccable et parfaitement rythmée de tous ses comédiens, incarnant d'une manière évidente l'essence même du cinéma de Woody Allen. Mais comme jamais peut-être dans ses films précédents, il y a dans Un jour de pluie à New York un phénomène assez troublant qui se manifeste dès les premières images, c'est le sentiment que le personnage de Woody Allen, que nous avons vu tant de fois à l'écran et dont on connait si bien l'air binoclard un peu ahuri et le phrasé mitraillette si caractéristique, semble habiter tel un spectre chacun des personnages de l'intrigue…


    De l'étudiant intello et joueur de poker à la jeune et naïve journaliste en herbe en passant par le réalisateur en plein crise existentielle, le scénariste cocu ou le grand frère qui se demande s'il ne doit pas annuler son mariage car il ne supporte plus le rire strident de sa fiancée : il est partout. A part peut-être dans le personnage (sublime) de la mère, mais chacun sait qu'une mère, dans un film de Woody Allen, se suffit à elle-même. Alors quoi ? Délire mégalo ? Omniprésence du vieil artiste au crépuscule de sa carrière ou plus simplement magie du cinéma ? Qu'importe, on est bien, là, à New-York sous la pluie avec tous ceux-là, les jeunes et ceux qui le sont moins, et on se réjouit pleinement de ce délicieux divertissement.
    Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont bien nés, ils sont étudiants dans une université prestigieuse et gentiment amoureux. Journaliste pour la gazette de la fac, Ashleigh, passionnée de cinéma, vient de décrocher une interview du célèbre réalisateur Rolland Pollard à New-York. L'occasion rêvée pour Gatsby de l'embarquer pour un week end romantique dans sa ville natale. Mais ce qui s'annonçait comme une escapade bien balisée va se muer en folle partie de cache-cache. Alors que la délicieuse Ashleigh se retrouve happée dans le petite monde très fermé – et passablement ridicule – du cinéma d'auteur new-yorkais, Gatsby retrouve par hasard, dans le désordre de l'apparition à l'écran : un ancien pote de collège qui l'embauche pour un rôle muet dans le court-métrage qu'il est train de tourner, la sœur d'une ex-amoureuse, sa mère à qui il avait pourtant annoncé son absence pour cause d'examen au traditionnel gala de charité qu'elle organise tous les ans, une call-girl bien sous tous rapports…

    Tout ce beau monde en prendra gentiment pour son grade, sous les assauts de la verve grinçante mais souvent tendre du cinéaste : les artistes tourmentés et leur nombril, les filles jolies mais un peu nunuches, la grande bourgeoisie et ses soirées de charité, les jeunes hommes prétentieux. Seule la délicieuse Ashleigh tirera paradoxalement son épingle de ce jeu de dupes : sous ses airs de blonde écervelée se cache une vraie sincérité, pure, pas encore abîmée par les rumeurs, la vanité, l'arrogance… de quoi méditer.


    votre commentaire
  • Un thriller très réussi plein de surprises et de rebondissements. Divertissant et parfois, ça fait du bien de mettre ses neurones au repos

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20     note finale: 16/20

    La chute du président

    Victime d’un coup monté, Mike Banning, agent des services secrets, est accusé d’être le cerveau d’une tentative d’assassinat envers le président américain, Allan Trumbull. Poursuivi par le FBI, il va devoir combattre pour survivre et trouver l’identité de celui qui menace la vie du président…


    votre commentaire
  • Olivier Gourmet, est comme toujours au sommet de sa forme!! Un très beau film qui fait réfléchir sur la vie, le travail, la famille. Une belle avant-première.

    scénario: 16/20        technique: 16/20         acteurs: 17/20       note finale: 17/20

     

    Ceux qui travaillent

     

    Comment se peut-il qu'un jeune réalisateur puisse du premier coup pondre une telle œuvre, qui laisse pantois tant sa pertinence nous claque à la gueule ? Pauvres de nous… quel monstre broyeur d'humanité avons nous donc construit sans que personne ne s'insurge ? Sans que personne au sommet des tribunes du pouvoir ne se lève pour hurler d'arrêter tout ! Antoine Russbach réussit dans son premier long métrage à dire avec une force saisissante l'essentiel de ce qui nous tourmente et questionne la société toute entière : que sommes nous devenus pour nous faire les complices de ce qui nous écrase et menace en nous ce qu'il reste d'humanité ? Comment se peut-il qu'ayant désormais à disposition autant de moyens de voir, de savoir, de comprendre, nous soyons devenus à ce point aveugles et sourds à ce qui se joue dans les coulisses de la consommation de masse, d'un commerce mondialisé ? Serions nous devenus indifférents et impuissants à force d'individualisme ?


    Frank est cadre supérieur dans une grande compagnie de fret maritime. Chef d'orchestre d'un ballet de cargos énormes qui trimballent d'un continent à l'autre toutes sortes de denrées plus ou moins rapidement périssables. Il définit les routes des navires qui ne sont pour lui qu'une abstraction concrétisée par des chiffres et des petits points qui se baladent sur un écran d'ordinateur… tandis que les individus disparaissent dans les statistiques, petites choses anonymes perdues dans un océan invisible et lointain dont on ne saurait percevoir, depuis ce bureau ultra-moderne, ni l'odeur des embruns, ni le ressac d'une humanité en souffrance.
    Il est bosseur Frank, il a le sens des responsabilité, une famille, trois beaux enfants élevés au cordeau, qu'il n'a guère le temps de voir, mais qui ne manquent de rien et surtout pas du dernier smartphone que les copains lorgnent avec envie. Il assume son rôle de père, de mari avec la même conscience que le reste… sans se demander jamais si cette vie-là le rend vraiment heureux.
    Ce jour-là justement, il doit quitter à la hâte son bureau pour récupérer sa fille à la demande de l'école : un bobo, un mal au ventre, une envie de câlins ?.. Au moment même où un capitaine de cargo le sollicite dans une situation de crise : un clandestin se trouve à bord, malade, peut-être contagieux, l'équipage est inquiet… Accroché à son portable, Frank hésite : quelle ordre donner ? Faire demi tour et ramener le malade au premier port qui le prendra en charge, au risque de perdre la cargaison ? Aller au bout, braver la peur des marins, risquer le contrôle, une amende, voire pire ?
    Frank tranchera sous la pression et son choix, terrible, lui coûtera son poste… Trahi par un système à qui il pense avoir tout donné et qui, hypocritement, le lâche, alors même qu'il s'inscrivait parfaitement dans sa logique, en cohérence avec les objectifs fixés, caution parfaite d'un système où il avait sa part, ni pire ni meilleur que n'importe quel autre. Et voilà que cette décision, prise en toute conscience, renvoie les autres à la mécanique infernale qu'ils ont construite et dont ils refusent de payer le prix : Frank sera le fusible qui saute.

    C'est d'une maitrise confondante et Olivier Gourmet porte le personnage avec une intensité qui ne laisse rien passer : créature d'un système qu'il contribue à nourrir, il est le seul à regarder les choses en face, peu fier de ce qu'il a fait, mais persuadé qu'il n'y avait pas d'autre choix possible. Ce faisant il renvoie la question à ceux qui regardent le film : qui sommes nous pour juger, qui peut condamner… car ce type-là est un humain, avec sa part d'ombre et sa part de lumière et ses tourments résonnent en nous. Où finit la responsabilité de la société qu'on a tous contribué à créer, où commence la nôtre ? Suffit-il de jouer dans les marges pour être exempt de cette co-responsabilité ? Que sommes nous prêts à accepter pour ne rien perdre de notre confort ?
    Ce n'est pas un film bavard, c'est un film dont l'intensité tient autant dans les mots que dans les silences, les gestes, les regards, les frémissements du visage. Et Gourmet excelle à porter à fleur de corps les frémissements inquiets de l'âme…


    votre commentaire
  • Si quand le héro n'est pas avec Dieu, on va de surprises en surprises, quand il est avec Dieu, c'est un peu décevant. Les dialogues avec Dieu sont creux. Il y a un malaise quand on regarde ce film. on se demande s'il n'est pas produit par une secte ou quelque chose comme ça.

    scénario: 12/20     acteurs: 14/20   technique: 16/20   note finale: 13/20

    Interview avec Dieu

    Rentré d’un reportage en Afghanistan, Paul Asher a du mal à surmonter les séquelles de cette expérience. Son mariage est en perdition et sa foi est mise à l’épreuve, lorsqu’il se voit proposer une interview avec un homme qui prétend être Dieu. Si vous pouviez interroger Dieu, quelles questions lui poseriez-vous ?


    votre commentaire
  • Très réussi. Klapisch dresse un portrait drôle, émouvant et percutant de l'ultra-moderne solitude urbaine et du célibat connecté à l'ère des réseaux sociaux en racontant non pas une histoire d'amour, mais une préhistoire d'amour - toutes les galères par lesquelles on passe avant de tomber amoureux. On se promène un peu le vague à l’âme, mais avec le sourire aussi, dans cette variation contemporaine et éloignée de "The Shop Around the Corner" de Lubitsch, et après un prologue un brin long à la détente, on se laisse cueillir par l’humanité de tous les personnages de cette histoire, dont le centre névralgique est une épicerie de quartier, qui ressemble à un rêve ou une utopie réaliste. Celle que semble soumettre à nos yeux Cédric Klapisch, comme on fredonnerait tout bas un chant d’espérance.On peut toutefois regretter que l'image soit dégueulasse.

    scénario: 18/20      acteurs: 17/20       technique: 15/20    note finale: 17/20

    deux moi

    Rémy et Mélanie ont trente ans et vivent dans le même quartier à Paris. Elle multiplie les rendez-vous ratés sur les réseaux sociaux pendant qu'il peine à faire une rencontre. Tous les deux victimes de cette solitude des grandes villes, à l’époque hyper connectée où l’on pense pourtant que se rencontrer devrait être plus simple… Deux individus, deux parcours. Sans le savoir, ils empruntent deux routes qui les mèneront dans une même direction… celle d’une histoire amour ?

    Tous les métros, tous les tramways, tous les bus de toutes les grandes villes nous offrent ce drôle de spectacle : des hommes, des femmes, de tout âge, de toutes classes sociales, se tiennent la tête baissée, le regard comme aspiré par l'écran de leur téléphone portable intelligent (!?). Chacun cherche son moi dans cet étrange miroir, reflet de nos existences en quête de sens, de contacts, de like, dans une volonté de remplissage frénétique (des amis, des applis, des tutos, des photos…) qui masque à peine l'angoisse du vide, du silence, du rien. Il le dit bien, Cédric Klapisch, dans ses notes d'intentions : on ne peut plus faire aujourd'hui un film sur le sentiment amoureux, sur la naissance d'une histoire sans tenir compte de ces flux numériques qui ont envahi nos vies et notre manière d'être à l'autre et au monde. Pourtant, dans ce monde ultra connecté, la solitude est toujours aussi criante et les injonctions à adopter la positive attitude n'ont pas vidé les cabinets des psy… Mais plutôt que de nous filer le bourdon, et il y aurait de quoi, voilà un film qui se nourrit des petits miracles du vivre ensemble, ces petits riens du tout (Riens du tout, c'est le titre du premier long métrage de Klapisch) qui, mis bout à bout, forment la chaîne qui permet de ne pas complètement se laisser piéger dans les mailles du grand filet. Il a ce talent-là, Klapisch, cette bienveillance, cet amour des êtres qui donnent à son cinéma une force un peu naïve distillant l'optimiste, même dans les cas les plus désespérés.


    Ils le sont un peu, désespérés, ses deux héros. Oh certes, ce n'est pas le désespoir criant et tonitruant qui vous pousserait à faire le saut de l'ange du 5e étage, c'est un mal plus sourd, presque discret, qui fait son nid doucement. Au fil des mois, dans ce grand Paris où tout va vite, ça s'incruste, ça empêche de dormir (lui), ça engourdit (elle) ; ça vous flanque une peur panique quand il faut sortir de sa zone de confort (elle), ça vous fait vous évanouir dans le métro (lui) ; ça vous fait recueillir un chat (lui), ça vous fait vous inscrire sur des sites de rencontres pour coucher un soir et plus si affinités (elle). Et puis un jour, ça vous fait vous allonger sur le divan d'une psychanalyste (elle) ou consulter un psychologue du service public (lui). Mélanie et Rémy, trentenaires solitaires, mènent ces vies parallèles l'une à côté de l'autre, sans se voir, chacun dans sa bulle, avec ses trouilles et ses œillères.
    La riche idée de Klapsich, qui renoue avec le charme de Chacun cherche son chat, c'est d'avoir implanté ces deux-là dans un quartier de Paris aux allures de village, dont le cœur battant est une épicerie. Nul besoin ici de chercher sur internet le top 5 des meilleurs marques d'olives sans noyau, ni de télécharger la recette de l'houmous sur le 569e site de cuisine répertorié par votre moteur de recherche, pas besoin non plus d'activer la géolocalisation pour savoir où se trouve le cours de danse le plus proche : le patron (formidable Simon Abkarian) fait tout cela bien mieux qu'un smartphone, et en plus, il est drôle.

    Au final, tous ces personnages : le pharmacien, l'épicier, les psy, la collègue de travail pétillante… forment autour de ces deux solitudes l'écrin de tendresse dont ce monde manque furieusement… Cédric Klapisch nous invite à éteindre nos satanés écrans et à descendre voir ce qui se passe dans la rue, chez le petit commerçant du coin. Naïf ? Sans doute, et alors ?


    votre commentaire