• La femme de mon frère

    Un très jolie film sur les difficultés d'une jeune femme avec beaucoup de de diplômes. C'est un film réjouissant dans lequel les acteurs se donnent au maximum. Une fable réjouissante qui, raconte, à coups de répliques absolument malicieuses, la difficulté pour une jeune-femme canadienne à exister. Un coup de force pour un premier long-métrage. Car cette comédie féministe est souvent désopilante. Le mérite en revient à l’éreintante Anne-Elisabeth Bossé, qui ose tout dans ce rôle d’une Bridget Jones intello ou d’une Frustrée moderne de Bretécher.

    scénario: 16/20    technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    La femme de mon frère

    Montréal. Sophia, jeune et brillante diplômée sans emploi, vit chez son frère Karim. Leur relation fusionnelle est mise à l’épreuve lorsque Karim, séducteur invétéré, tombe éperdument amoureux d’Eloïse, la gynécologue de Sophia…

    Avec un peu de chance, vous allez comme moi être à la fois irrésistiblement séduit et exaspéré par Sophia, l'héroïne hors normes – et présente dans tous les plans ou presque – de cette délicieuse comédie de mœurs urbaine et très canadienne, qui n'est pourtant pas sans rappeler la verve des films de Justine Triet (Victoria et Sibyl avec Virginie Efira). Cette pétillante trentenaire québécoise, universitaire au visage aquilin et à la logorrhée inextinguible, est ce qu'on pourrait appeler une « attachiante », tant on ne sait jamais si on a envie de lui mettre des baffes ou de sourire de l'incorrigible et permanente verve acide avec laquelle elle aborde tout ce qu'elle approche.

    Sophia, sur-diplômée, probablement trop intelligente et lucide pour un monde qui n'en demande pas tant, est juste une géniale inadaptée sociale, à une époque où la pensée est devenue une activité finalement handicapante à bien des égards. Dans une scène hilarante, on assiste au pugilat des membres de son jury universitaire qui règlent leurs comptes au dessus de sa tête alors qu'elle tente de soumettre sa thèse dont le thème (les continuateurs de Gramsci, philosophe marxiste italien incontournable mais oublié de l'immense majorité de la population) a peu de chances de l'aider à s'intégrer à notre monde ultralibéral. Dans l'attente d'une hypothétique chaire d'université qu'elle se fera chiper par la fille de son directeur de thèse, Sophia vivote d'un petit job dans une galerie, qu'elle accomplit avec la plus mauvaise volonté, et squatte chez son frère Karim, un garçon séduisant et sociable, son total opposé mais dont elle est inséparable, jusqu'à ce que, dixit Karim, « elle trouve un sens à sa vie ».La vie sentimentale de la fratrie n'est par ailleurs pas franchement marquée par la stabilité, jusqu'au jour où Karim tombe sous le charme de la gynécologue venant d'avorter sa sœur (comme le dit Sophia : « quel homme a le culot de draguer le médecin qui a avorté sa sœur ? »). Un bouleversement qui va obliger Sophia à se prendre en main.

    On se laisse embarquer par l'ironie et le cynisme intarissable de Sophia, qui fournit l'occasion de dialogues hilarants et d'un regard finalement tendre et amusé sur les déboires de la jolie trentenaire, notamment dans une formidable scène de famille qui tourne au cauchemar, avec des parents bien plus barrés et atypiques que ne sont les enfants, ou encore dans celle où Sophia va rencontrer contre toute attente, elle qui est persuadée qu'il faut surtout ne pas enfanter dans ce monde insupportable, UN sage femme, un de ces rares hommes qui a choisi de vouer sa vie à la maternité.

    On comprend assez vite que le cynisme et le nihilisme de Sophia sont des armures, qui la protègent d'une hypersensibilité à la vie, et le film s'avère un splendide regard sur la famille et l'amour fraternel. Le récit est mené tambour battant, emballé par le jeu irrésistible de l'hilarante autant que touchante Anne-Elisabeth Bossé, découverte chez Xavier Dolan, tout comme Mona Chokri d'ailleurs, comédienne qui signe ici un premier film bourré d'envie et d'énergie.


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