• Je déteste les films au résumé mensonger. Et c'est le cas pour ce film: on nous fait croire qu'il s'agit d'un film de voyage alors qu'il s'agit d'un film de l'histoire d'un gars qui devient handicapé!!! Et je n'aime pas ce genre de film.

    scénario: 10/20     acteurs: 10/20   technique: 16/20   note finale: 7/20

    L'autre continent

    Maria a 30 ans, elle est impatiente, frondeuse, et experte en néerlandais. Olivier a le même âge, il est lent, timide et parle quatorze langues. Ils se rencontrent à Taïwan. Et puis soudain, la nouvelle foudroyante. C’est leur histoire. Celle de la force incroyable d’un amour. Et celle de ses confins, où tout se met à lâcher. Sauf Maria.


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  • Un des pires documentaires que j'ai vu ces dernières années. Il est complètement inutile.  Cette vision de la souffrance humaine a beau émouvoir, l’accumulation des exemples édifiants produit un peu l’effet inverse : une forme d’écœurement et d'ennui.

    scénario: 8/20     technique: 10/20    note finale: 5/20

    Lourdes

    Le rocher de la grotte de Lourdes est caressé par des dizaines de millions de personnes qui y ont laissé l’empreinte de leurs rêves, leurs attentes, leurs espoirs et leurs peines. A Lourdes convergent toutes les fragilités, toutes les pauvretés. Le sanctuaire est un refuge pour les pèlerins qui se mettent à nu, au propre – dans les piscines où ils se plongent dévêtus – comme au figuré – dans ce rapport direct, presque charnel à la Vierge.

    Ne fuyez pas au prétexte que vous n’avez pas la foi ou que vous en avez marre des documentaires. Vous passeriez à côté d’un film magnifique qui a su emballer les plus anticléricaux et sceptiques d’entre nous. C’est avant tout une grande aventure humaine, qui raconte un besoin de tendresse et de consolation profondément ancré en chacun de nous.
    Lourdes commence par une caresse toujours renouvelée, celle de milliers de mains sur une roche polie par leurs doigts autant que par les ans. Des mains toutes différentes, chacune racontant un parcours singulier. Il y a celles, menues et graciles, à peine sorties de l’œuf. D’autres plus grassouillettes qui semblent vouloir arrondir les angles. D’autres toutes ridées comme si elles avaient déjà trop vécu et plus grand chose à espérer… Pourtant toutes espèrent ! Elles ont toutes les couleurs du monde, toutes les couleurs de l’humanité. En quelques plans d’une beauté évidente, on plonge dans un univers aussi sensoriel que réparateur. Puis, progressivement, il y a ces voix qui viennent le peupler, ces voix venues du tréfonds des âmes. Elles nous parlent des jardins les plus secrets, sans ostentation, sans trop en dire. La caméra jamais n’est impudique. L'oreille du preneur de son, l'œil de l'opérateur sont toujours discrets et bienveillants. On vagabonde au milieu de pensées, d’aspirations, d’angoisses proches des nôtres. Nous voilà unis avec nos semblables dans une même communauté de destins. « Nous sommes des hommes, nous sommes des femmes, nous sommes tous un peu perdus » dira le père Jean… Celui-là même qui, sans juger, tend la main aux prostitué(e)s du bois de Boulogne pour lequel il affrète chaque année un bus qui les conduit en pèlerinage. Quelle étrange colonie de vacances ! Des personnages haut en couleurs et en pensées qu’on ne s’attendrait pas à voir dans un lieu saint ! Et pourquoi pas ? Lourdes est un étrange patchwork populaire, plus rock’n roll et libertaire qu’on aurait imaginé. De long temps on n’oubliera l’adorable Isidore. Pute ? Travesti ? Tellement plus que cela !


    Nous plongeons au-delà des apparences, tout comme ces corps venus s’immerger dans une même eau bénite. Chahutés par la vie, parfois ravagés par la maladie, ils avancent pourtant et nous amènent à dépasser les différences, à nous accepter tels que nous sommes. Et peut-être est-ce là le plus puissant miracle de Lourdes : cette faculté à réunir ceux qui sont cabossés dans leur chair ou dans leur esprit, toutes origines sociales confondues. Tous en repartiront transcendés, même les bien portants, les bénévoles qui pensaient être venus uniquement pour donner. Il faut les voir décompresser lors de leurs nuits bien arrosées dans une ambiance presque paillarde ! Ces hospitaliers, parfois tatoués jusqu’au nombril, sont loin d’êtres des grenouilles de bénitier. Peu auraient imaginé l’intensité des rapports tissés au fil des mots et des gestes.
    C’est grand bonheur de pénétrer à pas feutrés dans le quotidien de ceux qui n’ont d’autre horizon que l’instant présent, chacun s’attachant à en faire quelque chose de dense. On aime le regard charmeur de Jean-Louis, rescapé d’une peine de cœur, le sourire complice de ce couvreur tombé d’un toit, les espiègleries des manouches déjantés venus en bande… Ce père orné de médailles et de décorations, tout militaire qu’il soit, nous bouleverse, sans parler de cette adolescente sur laquelle le regard de ses camarades tombe comme une double peine… Et puis bien sûr il y a Jean, ce chef d’entreprise dévasté par la maladie de Charcot et dont les mots si beaux transportent toute la poésie et la sérénité des océans. Quand on ressort de ce voyage, riche de ces rencontres, réconcilié avec notre nature profonde, on sait qu’on ne les oubliera pas. Qu’importe qu’on soit croyant ou pas, on est touché par la même grâce universelle et la certitude d’avoir regardé et été regardé comme une personne…


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  • Bof. Le scénario aurait nécessité plus de travail. C'est très moyen. Un concentré de tous les clichés liés au divan du psy, répartis dans un scénario abscons - "abs" est de trop, à vrai dire. Virginie Effira est malgré tout géniale.

    scénario: 12/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20   note finale: 12/20

    Sybil

     

    Sibyl est une romancière reconvertie en psychanalyste. Rattrapée par le désir d'écrire, elle décide de quitter la plupart de ses patients. Alors qu'elle cherche l'inspiration, Margot, une jeune actrice en détresse, la supplie de la recevoir. En plein tournage, elle est enceinte de l'acteur principal… qui est en couple avec la réalisatrice du film. Tandis qu'elle lui expose son dilemme passionnel, Sibyl, fascinée, l’enregistre secrètement. La parole de sa patiente nourrit son roman et la replonge dans le tourbillon de son passé. Quand Margot implore Sibyl de la rejoindre à Stromboli pour la fin du tournage, tout s'accélère à une allure vertigineuse…

    Écrire l'éloge de Sybil, c'est d'abord clamer celui de Virginie Efira, absolument incroyable, irrésistible dans le rôle titre. Virginie Efira qui s'impose film après film comme une comédienne exceptionnelle dans tous les registres, que ce soit dans la pure comédie – Caprice, d'Emmanuel Mouret, Victoria, de Justine Triet déjà – ou dans une veine plus dramatique – Elle, de Paul Verhoeven, en second rôle capital, et plus encore Un amour impossible, de Catherine Corsini.
    Bref la magnifique Virginie Efira constitue à elle seule une bonne raison de voir le nouveau film de Justine Triet, qui elle aussi s'impose à vitesse grand V comme une réalisatrice importante dans le cinéma français.

    Sibyl est une psychanalyste qui a décidé de mettre son divan au garde-meuble pour se consacrer à la littérature. Mais il lui faut bien reconnaître que ce changement de vie est laborieux et s'accompagne d'un défilé de patients désespérés, qui vivent très mal ce qu'ils considèrent comme un abandon. Et ça se complique encore quand une jeune actrice suicidaire l'appelle au secours alors qu'elle est face à un choix cornélien : avorter ou pas de l'enfant qu'elle attend de son partenaire à l'écran, marié à la réalisatrice du film qu'elle est en train de tourner ! Et si ce n'était que ça… Sibyl a une vie de famille jamais simple, avec une sœur gentiment caractérielle et fantasque, et surtout elle ne parvient pas à tourner la page d'un amour perdu, qui lui a laissé un enfant.
    Comme dans ses précédents films, Justine Triet passe du rire aux larmes, jongle avec les situations extrêmes et absurdes, entremêle les pistes et les récits, le récit réel se mêlant à celui d'un roman en cours, de quoi nous égarer pour mieux nous retrouver, usant de ses thèmes récurrents : les enfants et les responsabilités maternelles, le chaos des sentiments amoureux, l'absurdité de certains milieux professionnels comme celui du cinéma.
    D'ailleurs, s'échappant dans une seconde partie des milieux urbains, le scénario nous emmène à Stromboli, la fabuleuse ile éolienne volcanique à l'imaginaire si cinématographique depuis le film de Roberto Rossellini avec Ingrid Bergman. C'est sur cette île mythique que se déroule le tournage qui voit la jeune Margot se débattre entre son partenaire-amant et sa réalisatrice-rivale, tandis que Sibyl est censée soutenir psychologiquement la jeune actrice. Ce décor de carte postale à la fois merveilleusement concret et irréel est parfait pour faire exploser les sentiments les plus extrêmes.

    Au cœur de ce grandiose chaos, les actrices déroulent leur talent fou, autour de la reine Virginie : Laure Calamy, qui fait une formidable sœur tourmentée, l'Allemande Sandra Hüller, (l'extraordinaire Inès de Toni Erdmann), la réalisatrice et femme trompée, qui tente de garder son professionnalisme et ne va pas vraiment y arriver, et Adèle Exarchopoulos, parfaite dans le rôle de la jeune femme en proie à un dilemme impossible.


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  • Je n'aime pas les films qui finissent en queue de poisson et où il y a des dizaines de morts pratiquement à chaque seconde. mais au delà de cela, c'était un plaisir de revoir Keenu Reeves qui se fait trop rare sur nos écrans.

    scénario: 3/20   acteurs: 16/20   technique: 16/20      note finale: 3/20

    John Wick Parabellum

    John Wick a transgressé une règle fondamentale : il a tué à l’intérieur même de l’Hôtel Continental. "Excommunié", tous les services liés au Continental lui sont fermés et sa tête mise à prix. John se retrouve sans soutien, traqué par tous les plus dangereux tueurs du monde.


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  • Une comédie réussie aux dialogues amusants. On aurait aimé que le scénario soit plus abouti mais on pass eun bon moment. 

    scénario: 15/20          acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 16/20

    Séduis moi si tu peux

    Fred, un journaliste au chômage, a été embauché pour écrire les discours de campagne de Charlotte Field, en course pour devenir la prochaine présidente des Etats-Unis et qui n’est autre... que son ancienne baby-sitter ! Avec son allure débraillée, son humour et son franc-parler, Fred fait tâche dans l’entourage ultra codifié de Charlotte. Tout les sépare et pourtant leur complicité est évidente. Mais une femme promise à un si grand avenir peut-elle se laisser séduire par un homme maladroit et touchant ?


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  • Un film plein de suspens! Un peu trop d'ailleurs. On passe d'une chose à une autre et c'est un peu déroutant. Mais le film reste intéressant même si on passe trop du coq à l'âne. Scénario classique, paysages grandioses, rythme soutenu, et le retour dans un film d’action d’un Jean Reno habitué de ce genre de rôle, et qui tient encore bien la distance.

    scénario: 14/20       technique: 16/20      acteurs: 16/20   note finale: 15/20

    Cold blood legacy- La mémoire du sang

    Le plus recherché des tueurs à gage goûte une retraite solitaire au bord d’un lac isolé dans le grand Nord-Américain. Une jeune femme grièvement blessée vient trouver refuge dans son chalet. Pour la sauver, il pourrait bien risquer sa propre vie…


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  • "Adieu à la nuit" est un film qui traite de la réaction des familles qui s'aperçoivent qu'un de leur membre s'est radicalisé. Catherine Deneuve joue parfaitement une grand-mère qui s'aperçoit que son petit-fils s'est radicalisé et veut partir en Syrie. Elle fera tout pour l'en dissuader.  La réussite du dernier Téchiné tient à sa capacité à être à la fois simple et trouble, direct et oblique.  Catherine Deneuve est sublime.

    scénario: 18/20       acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    L'adieu à la nuit

    Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils, qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada.  Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite…

    André Téchiné, avec la complicité de sa jeune co-scénariste Léa Mysius, s'empare d'un sujet d'actualité brûlant, l'engagement de jeunes Français pour le Jihad, tout en restant fidèle à ses thèmes de prédilection : la fougue et le désir d'absolu de la jeunesse, la force de l'amour, les liens familiaux. Et pour ancrer son histoire, celle d'un engagement morbide en même temps que d'un impossible dialogue entre deux êtres qui s'aiment, il choisit une fois encore la lumière du Sud-Ouest et retrouve l'une de ses comédienne fétiches, Catherine Deneuve : on sent bien la complicité qui les unit, grâce à une caméra qui sait capter les non-dits, le trouble et la douleur sourde de son personnage. Face à Deneuve, Kacey Mottet-Klein, que l'on voit vieillir et s'épanouir à l'écran au fil des films et qui porte cette fougue romanesque et animale qui habitait déjà les jeunes héros des Roseaux sauvages. Entre ces deux-là qui incarnent deux générations, deux talents, deux tempéraments, c'est une confrontation à la fois terrible et bouleversante.


    Muriel est folle de joie à l'idée de retrouver son petit fils Alex qu'elle ne voit que rarement ; il vient passer quelques jours dans le haras, sous le soleil naissant de ce printemps 2015, avant de partir vivre au Canada. Alex est amoureux de Lila, une jeune femme pétillante et dévouée que Muriel connaît depuis qu'elle est gamine et qui fait quelques extras chez elle pour arrondir ses fins de mois. Les retrouvailles sont un peu tendues, on sent bien que les reproches ne sont pas très loin, on devine en sourdine le poids d'un événement passé qui doit être la cause de cette crispation. Attentionnée, Muriel fait tout pour que les choses se passent bien entre eux, et se persuade que le Canada, ce n'est pas si loin. Mais la destination de son petit-fils n'est pas le Canada… Alex a trouvé sa voie autant qu'un sens à sa vie. Il va partir, avec Lila, avec d'autres jeunes, pour une zone de guerre dont on ne revient pas.
    Le film ne raconte pas le processus d'engagement et le récit commence alors que le choix des deux jeunes personnages est solidement ancré en eux. Le retour en arrière, le doute ne semblent plus possibles et c'est sans doute la grande intelligence de Téchiné que de préférer prendre un axe transversal, celui de la relation entre Alex et Muriel, pour aborder cette question brûlante. Même s'il est plus facile, a priori, de s'identifier à Muriel, le regard porté sur Alex et Lila ne tombe jamais dans la caricature ou le jugement et même si le processus de déshumanisation dans lequel ils s'engagent est terrifiant, la complexité morale et psychologique est bien présente.
    Il faut enfin parler du titre, L'Adieu à la nuit, énigmatique et ambivalent… Il peut tour à tour évoquer pour ces jeunes l'appel d'une « lumière divine » qui a touché leur cœur et leur âme, eût-elle la couleur d'une flamme destructrice. Ou bien le retour à la vie, au jour, à l'amour, porté peut-être dans le film par le personnage de Fouad, ancien jihadiste repenti en qui Muriel va trouver un précieux allié.

    « Pour ces adolescents attirés par le jihad, il y a un “désir furieux de sacrifice”. Je trouvais ça certes brûlant, mais aussi susceptible de ne pas intéresser que moi, mais tout le monde. C’est un sujet clivant et ouvert à la fois. Et ce film ne représente que mon regard sur ce sujet, c’est une proposition de fiction. Quand des adolescents prennent ce nouveau visage “monstrueux”, cherchent un nouvel enracinement, c’est comme une conversion maléfique dans un pays inconnu. Cinématographiquement, cela m’amenait vers une dimension de fantastique intérieur. » André Téchiné


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  • Magnifique; Encore un film où tout est réussi: le scénario, les dialogues, etc... Le combat de cette femme qui se fait harceler par son gros porc de patron est universel. Un film social sensible, qui dénonce avec une justesse magnifique le harcèlement sexuel au travail. Ce drame oppressant sur le harcèlement sexuel au travail [...] nous fait sentir à chaque minute le souffle prédateur sur la nuque de l'héroïne. Si Working Woman est un film engagé, inspiré d’événements vécus, le film dépasse les partis pris du «sujet de société» pour s’immerger dans une expérience trouble et périlleuse avec une finesse d’analyse remarquablement servie par le talent des comédiens.Et c'est très bien filmé.

    scénario: 18/20        technique: 18/20       acteurs: 18/20        note finale: 18/20

    Working woman

    Orna travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa famille. Brillante, elle est rapidement promue par son patron, un grand chef d'entreprise. Les sollicitations de ce dernier deviennent de plus en plus intrusives et déplacées. Orna prend sur elle et garde le silence pour ne pas inquiéter son mari. Jusqu’au jour où elle ne peut plus supporter la situation. Elle décide alors de changer les choses pour sa famille, pour elle et pour sa dignité.

    L’Israélienne Michal Aviad réalise un film d’une sécheresse et d’une modestie bienvenues qui montre, au quotidien, comment la vie d’une jeune femme peut être affectée par un comportement de prédation sexuelle montant sournoisement en puissance sous les dehors d’une demande d’efficience et de complicité professionnelles.

    Interprété par l'excellente Liron Ben-Shlush, le personnage d’Orna trouve, au début du film, un travail inespéré comme assistante dans une agence immobilière spécialisée dans les produits de luxe. Une aubaine, alors que son mari, Ofer, qui se lance dans la restauration à son propre compte, peine à trouver ses marques et que la famille tire le diable par la queue.
    Face à Orna parade Benny (Menashe Noy), le patron de la société immobilière qui vient de l’embaucher. Père de famille, mais homme de pouvoir et séducteur incoercible, le quinquagénaire utilise une gamme de comportements assez subtile pour parvenir à ses fins. Autoritaire et serviable. Amical et prédateur. Il ne recule que pour mieux revenir à la charge. Et fait feu de tout bois. Promotion rapide, prolongement des journées de travail, voyages à l’étranger, tête-à-tête de plus en plus fréquents, coup de main donné au mari dans sa carrière naissante… Autant d’éléments qui œuvrent à un rapprochement insidieux entre le patron et son employée.
    Bientôt nommée directrice des ventes pour la clientèle française, Orna résiste en silence. Le mutisme stoïque dans lequel elle s’emmure, tour à tour flattée et choquée, va l’empêcher de prévoir et de désamorcer la montée en puissance du désir de son patron, qui le conduira à transgresser toutes les règles.

    Centré sur le duo patron-employée, le film laisse en jachère, par la force des choses, les autres personnages, comme le mari ou la mère d’Orna, qui ignorent de quoi il retourne. Working Woman établit une liaison subtile entre le libéralisme prédateur qui vend à l’encan le littoral du pays à de riches étrangers et l’outrage à la libre disposition de leur corps dont sont victimes les femmes.


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  • Ce film est une pure merveille où tout est réussi: le scénario, les dialogues, les décors, les costumes. les acteurs sont au commet de leur art et c'est divinement filmé. James Kent est un grand réalisateur! Keira Knightley vibre dans Cœurs ennemis de James Kent. Il y avait longtemps que la comédienne n’avait pas été aussi bouleversante que dans le rôle de cette Anglaise attirée par un Allemand à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un vrai mélo, dans la grande tradition du genre, dont les résonances troubles font écho à la situation historique où évoluent les personnages, et que porte une Keira Knightley qu’on dirait sortie d’un film de Douglas Sirk. Une adaptation bouleversante du best-seller de Rhidian Brook, qui ne masque ni la douleur ni la cruauté des personnages. Au-delà de la romance élégante et classique, ce film aborde intelligemment la dénazification dans une Allemagne dévastée par la guerre et les ravages sur un couple de la mort d’un enfant.

    scénario: 18/20      acteurs: 19/20   technique: 20/20   note finale: 189/20

    Coeurs ennemis

    Hambourg, 1946. Au sortir de la guerre, Rachel rejoint son mari Lewis, officier anglais en charge de la reconstruction de la ville dévastée. En emménageant dans leur nouvelle demeure, elle découvre qu'ils devront cohabiter avec les anciens propriétaires, un architecte allemand et sa fille. Alors que cette promiscuité forcée avec l'ennemi révolte Rachel, la haine larvée et la méfiance laissent bientôt place chez la jeune femme à un sentiment plus troublant encore.

    Cœurs ennemis, le titre annonce la couleur et le ton de cet ample film romantique et historique qui se déguste comme on dévore un best-seller. C'est d'ailleurs l'adaptation d'un roman à succès, de grande qualité, la preuve : il est publié dans l'excellente collection de poche 10/18. Au programme donc : un contexte historique terrible, deux personnages que tout oppose, appartenant à deux camps ennemis, qui vont se rapprocher au prix d'une lutte intérieure contre leurs préjugés.

    Nous sommes en 1946. La jeune Rachel arrive à Hambourg, totalement dévastée quelques mois auparavant par l'aviation alliée. Elle vient y rejoindre Lewis, son mari, officier supérieur britannique en charge de la reconstruction et de la pacification de la ville, tache titanesque. Comme c'était souvent le cas, le couple est logé dans une maison – splendide, au bord de l'Elbe – réquisitionnée à des Allemands : l'architecte Lubert qui vit là avec sa fille Frida et une domestique. Au grand dam de Rachel, qui goûte peu la fréquentation des ennemis vaincus, Lewis, refusant d'en rajouter dans l'humiliation, a choisi de ne pas expulser les propriétaires, leur proposant une cohabitation.


    On comprend vite que Rachel et Lubert partagent une blessure liée à la perte d'un être cher : elle la mort de son enfant décédé dans les bombardements de Londres, lui celle de sa femme lors de l'offensive des alliés. Et malgré les réticences premières de la jeune femme, c'est sans doute cette blessure commune qui va, sinon provoquer, en tout cas accentuer leur attirance réciproque autant qu'interdite. Lewis, lui, est trop occupé pour remarquer quoi que ce soit…
    L'intrigue est donc on ne peut plus classique mais elle est très bien menée et le film vaut surtout par son ambiance, la qualité de sa reconstitution historique d'une période peu représentée à l'écran, la richesse des personnages et l'excellence du jeu des comédiens. Keira Knightley – rodée aux grands rôles historiques : Orgueil et préjugés, Anna Karénine, The Duchess, Colette tout récemment – incarne avec brio toutes les facettes de cette femme, mère inconsolable, envahie par une inextinguible colère face à la mort de son enfant, épouse aimante mais déçue qui lutte contre un sentiment interdit, maîtresse passionnée et sensuelle. Face à elle, les deux hommes sont également riches en complexité, autant l'acteur australien Jason Clarke en mari solide et profondément bon que le troublant Alexander Skarsgard, qui personnifie à lui seul l’ambiguïté et la souffrance des élites allemandes vaincues et brisées.

    La reconstitution louée plus haut rend bien compte de la dévastation de Hambourg (les bombardements alliés ont fait probablement 100000 morts dans la ville) et du chaos qui a suivi, avec son lot de pénurie alimentaire et de maladies. Quant au scénario, il décrit parfaitement la complexité de la situation. Car évidemment l'Allemagne mit énormément de temps à tourner la page et, face à l'ampleur du chaos et du fort ressentiment envers ceux qui étaient considérés comme les occupants, perdura un reliquat de résistance nazie (ceux qu'on appelait les « werewolf », auteurs d'attentats contre les forces alliées), représentée dans le film par le petit ami de Frida, la fille de Lubert. Le film a ainsi une réelle valeur historique et son récit palpitant fait oublier les réserves que peuvent susciter ses allures de bluette romantique.


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  •  Quand on pense que ce navet a été lion d'or à Berlin, on n'ose imaginer la qualité des autres films en présence. C'est peu de dire que j'ai été déçu par ce film que je me réjouissais de voir. Tout d'abord il y a des scènes de sexe bizarres dont je m'interroge encore sur l'utilité. Ensuite, les 3 acteurs sont très mauvais: Caroline et Emile sont particulièrement nuls. Le scénario partait d'une bonne idée mais n'est pas réussi. Déception!

    scénario: 2/20   technique: 12/20   acteurs: 3/20   note finale: 3/20

    Synonymes

    Yoav, un jeune Israélien, atterrit à Paris, avec l'espoir que la France et la langue française le sauveront de la folie de son pays.

    Yoav, un jeune Israélien, débarque à Paris comme en terre d’accueil, fuyant la folie de son pays. Une première étape, dans un grand appartement bourgeois immense et vide dont il avait l’adresse en arrivant, est le point de départ de sa rencontre – surprenante – avec un couple de voisins. Ces derniers le recueillent littéralement et entament avec lui un curieux rapport d’amitié et de séduction. Le parcours de Yoav dans Paris va être celui de la désillusion : la ville et le pays qu’il avait fantasmés ne sont pas tels qu’il les découvre...

    Synonymes étonne par sa nullité. Le personnage de Yoav est atypique, à la fois assez attachant et en même temps stoïque, fermé, borné. Rien ne le fera changer d’avis : il s’exile de son pays pour des raisons politiques et refuse de parler sa langue, mais n’expliquera jamais ce qu’il a pu vivre pour en arriver là – notamment durant son service militaire – comme si ces choses-là étaient connues de tous... Cette posture devient presque burlesque, absurde. Le film essaie de jouer sur les ruptures de ton : tragique, monologues enflammés, sketchs... Malheureusement, c'est plus ridicule qu'autre chose.

    Vous l’aurez compris, Synonymes n’est pas un film réussi. Au bout du compte, il garde il laisse une grande impression de perte de temps et de foutage de gueule. On se demande comment on peut oser montrer un tel navet au public. Cela partait pour tant d'une bonne idée.


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  •  On passe un bon moment même si le film n'est pas parfait. Ce gigolo sur le retour est bien sympathique et bien joué. Ça ne fait ni dans la dentelle fine ni dans le haut de gamme scénaristique, mais c'est efficace.

    scénario: 16/20   technique: 16/20   technique: 16/20  note finale: 16/20

    Just a gigolo

    Comment vivre heureux et riche sans travailler ? Être Gigolo.
    Mais après 25 ans de vie commune avec Denise, Alex le « gigolo » se fait congédier sans préavis et se retrouve à la rue. Forcé de s’installer chez sa sœur et son neveu de 10 ans, il n’a alors qu’une obsession : retrouver au plus vite une riche héritière.


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  •  Un film magnifique! Les acteurs sont formidables. Au-delà de la peinture historique et de la réalité des faits, qu’elle tord à sa convenance, Josie Rourke tire surtout un portrait plus universel et intemporel de la condition des femmes. La pureté singulière du visage de Saoirse Ronan incarne bien la beauté sauvage de l'Ecosse, et contraste avec la violence de son destin.

    scénario: 18/20  acteurs: 18/20    technique: 18/20  note finale: 18/20

    Marie Stuart, reine d'Ecosse

    Le destin tumultueux de la charismatique Marie Stuart. Épouse du Roi de France à 16 ans, elle se retrouve veuve à 18 ans et refuse de se remarier conformément à la tradition. Au lieu de cela elle repart dans son Écosse natale réclamer le trône qui lui revient de droit. Mais la poigne d’Élisabeth Iʳᵉ s’étend aussi bien sur l’Angleterre que l’Écosse. Les deux jeunes reines ne tardent pas à devenir de véritables sœurs ennemies et, entre peur et fascination réciproques, se battent pour la couronne d’Angleterre. Rivales aussi bien en pouvoir qu’en amour, toutes deux régnant sur un monde dirigé par des hommes, elles doivent impérativement statuer entre les liens du mariage ou leur indépendance. Mais Marie menace la souveraineté d’Elisabeth. Leurs deux cours sont minées par la trahison, la conspiration et la révolte qui mettent en péril leurs deux trônes et menacent de changer le cours de l’Histoire.

    Production somptueuse, impressionnantes vues aériennes de sites naturels d’Écosse, magnifiques costumes… Marie Stuart, reine d'Écosse est un film d’époque qui charme d'abord par la splendeur de ses images, le faste de la reconstitution historique. Mais le retour au xvie siècle proposé par la réalisatrice Josie Rourke est également très intéressant sur le fond.
    Le récit débute en 1561, alors que Marie Stuart (Saoirse Ronan), reine d’Écosse, rentre d’exil après douze ans en France – où elle a épousé en 1558 le roi François II, mort prématurément deux ans plus tard. S’ensuit une bataille épique, non pas sur les champs de bataille, mais au sein même de la cour. La monarque, qui n’a pas vingt ans, ne fait pas l’unanimité.


    Il faut dire que l’Écosse est tiraillée entre catholiques et protestants, que son indépendance est en jeu et que sa destinée dépend de cette reine revenue veuve et sans descendants. En Angleterre, la montée récente au trône d’une autre jeune reine, Élisabeth Ire (Margot Robbie), est l'occasion d'une rare rivalité toute féminine au sommet. À travers les deux jeunes femmes culmine le choc entre deux dynasties, les Stuart et les Tudor.
    Teinté de géopolitique et de féminisme, le film brille de ses couleurs actuelles : il arrive en salles au moment où le Brexit déchire la Grande-Bretagne. Il y a 450 ans, l’Angleterre protestante cherchait à prendre le contrôle de l’île. Marie Stuart, un temps reine de France en tant qu’épouse de François II, est la dernière figure de l’Écosse catholique et continentale.
    Le cinéma n’a jamais été chiche de films sur cette époque – Elizabeth (1998), avec Cate Blanchett, demeure sans doute le titre le plus connu. Le premier long métrage de fiction de Josie Rourke, femme de théâtre, donne lieu à un fascinant duel à distance entre deux femmes de pouvoir qui se distinguent jusque dans leur manière d’affronter la cohorte d’hommes censés les conseiller.
    Le récit est mené subtilement et rend bien compte de la complexité de la situation : entre les Stuart et les Tudor, c’est presque blanc bonnet, bonnet blanc. La réalisation s’appuie sur un habile montage qui intercale scènes dans les Highlands et à la cour de Londres. Conçu comme un suspense, le film aboutit à un face-à-face entre les deux protagonistes et la mise en scène de cette rencontre est un délice, tant elle se déroule comme un lent dévoilement à travers un labyrinthe de toiles blanches. Saoirse Ronan et Margot Robbie incarnent leurs rôles avec un bel aplomb et une intensité saisissante.

    Le portrait de cette Marie d’Écosse, femme de tête prête à rompre avec les coutumes, a quelque chose de neuf, de profondément original malgré les figures imposées du film historique : le traitement adopté ici, qui se méfie de la romance et ne recule pas devant l'expression de la violence, évite de colorer de rose le pouvoir au féminin.
    Peut-être les connaisseurs reprocheront-ils au film de se ranger trop ouvertement du côté de Marie Stuart : sans en faire la belle héroïne sans peur et sans reproche, le récit la montre comme la grande victime d’une machination. Le film s’ouvre et se conclut d’ailleurs par sa décapitation. Avec un dernier geste vestimentaire plein d’audace : l’apparition d’une éclatante robe rouge.


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  • Moins féroce que le premier volet, cette suite s'épuise un peu sur la durée. Malgré tout, on a plaisir à retrouver le couple Dussollier-Azéma.Le scénario est réussi et on rit souvent. La fin est inattendue...

    scénario: 16/20   acteurs: 17/20   technique: 17/20   note finale: 16/20

    Tanguy, le retour

    16 ans plus tard, Tanguy, qui a maintenant 44 ans, revient chez ses parents avec sa fille Zhu sous le bras car Meï Lin l’a quitté. Catastrophés de voir leur "tout-petit" dans cet état, Paul et Édith font tout pour lui redonner goût à la vie, sans réaliser que ce faisant, ils tressent la corde pour se pendre. Car Tanguy recommence à se sentir bien chez ses parents…


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  • J'ai beaucoup aimé ce dessin anima plein de clins d'oeil avec l'actualité. Un divertissement drôle et familial, au ton enjoué et parfois critique, servi par des décors très réalistes. Un dessin animé sympa qui donne aussi dans un humour parodique, touchant aussi bien la reine d'Angleterre que Donald Trump. Pur les petits et les grands.

    scénario: 16/20     technique: 16/20    acteurs: 16/20    note finale: 16/20

    Royal corgie

    Les aventures de Rex, le chien préféré de Sa Majesté, qui perd son statut de favori et se retrouve perdu dans un chenil au milieu de chiens abandonnés. Sa quête pour retourner à Buckingham et retrouver les faveurs de la Reine l'amènera à affronter de nombreux dangers mais aussi à rencontrer l’amour.

    On imagine mal la reine Elisabeth sans ses bibis rose bonbon, ses robes jaune canari, sans son grand mari Philip ou ses corgis chéris. Les corgis, vous savez, ces chiens qui semblent être un croisement hasardeux entre le renard et le saucisson brioché. A Buckingham Palace, les corgis sont royalement lottis : panier à baldaquin, petit déjeuner servi en chambre, promenade dans le Royal Parc et surtout, surtout, toutes les attentions de maman la Reine. S'ils sont quatre à vivre dans les appartements privés du Palais, Rex est le chouchou de sa majesté, son petit dernier, le plus malicieux, le plus craquant, bref, c'est le corgi number one, il a même un collier en or qui l'atteste. Mais au cours de la visite officielle du Président des Etats-Unis, un certain Donald T qui débarque avec son téléphone portable, sa svelte épouse et leur insupportable petite chienne maquillée comme un camion (elle vient de ce grand Etat qu'est le Texas), Rex va créer un incident diplomatique et choisir la route de l'exil.

    Après cette énorme bourde, la reine ne lui pardonnera jamais son indélicatesse, on est quand même en Angleterre, ce pays où il existe des cours pour bien boire son thé à l'heure du goûter. Il décide donc, accompagné par l'un de ses confrères Corgi, de partir au Vatican, rien que ça. Mais le voyage n'ira pas plus loin que le bout de la rue londonienne car Rex va se retrouver embarqué et enfermé dans le chenil local. Choc des classes : la confrontation avec les clebs des rue va être violente et bien sûr, personne ne veut croire à son histoire de Palace et de son statut de Royal Corgi. Tout va s’accélérer quand au beau milieu de la nuit, il découvre une activité clandestine dans les sous-sols du chenil : un fight-club où le terrifiant Tyson sème la terreur.

    Avec un humour décallé et un sens des rebondissements, voilà un film qui enchantera toutes celles et ceux qui ont un petit faible pour la vieille dame en rose (92 piges au compteur) et le kitchissime folklore qui tourne autour de la Couronne britannique (les mugs, les dessous de plats, les briquets et autres produits dérivés dont les anglais rafolent). Le ton est résolument moqueur mais le fond, plutôt sympatoche, avec toute une bande de clebards que l'on croirait sortis de Shawn le Mouton ! So british !


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  •  Autant le dire tout de suite, le scénario de ce film n'est pas transcendant et le jeu des acteurs est très moyen pour rester poli (sauf l'actrice qui joue la danseuse classique qui est une merveille mais les autres, au secours!). Mais il y a la danse et on passe malgré tout un bon moment. La fin est cependant réussie.

    scénario: 12/20      technique: 16/20     acteurs: 12/20    note finale: 12/20

    Let's dance

    Joseph, danseur passionné de hip-hop, refuse d’entrer dans l’entreprise de son père pour tenter sa chance à Paris. Avec sa copine Emma et son meilleur ami Karim, il intègre le crew parisien de Youri, un célèbre breaker, pour tenter de gagner un concours international de hip-hop. Mais le jour des sélections, rien ne se passe comme prévu : Joseph est trahi par Emma et Youri, le groupe explose. Recueilli par Rémi, un ancien danseur étoile devenu professeur, Joseph découvre le milieu de la danse classique et rencontre la brillante Chloé, en pleine préparation du concours d'entrée au New York City Ballet. À travers cette rencontre, orchestrant l’alliance inattendue entre le hip-hop et la danse classique, Joseph va apprendre à se sentir légitime en tant que danseur et leader, et ainsi devenir artiste.


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  •  Une pure réussite! Le scénario est une pure merveille et les dialogues sont plein d'humour. Sous ses airs de gaudriole en terrain miné, "Tel Aviv on Fire" est avant tout un grand film humaniste qui tente de nous reconnecter avec l'autre et avec nous-mêmes. Et le pire, c'est que ça fonctionne. A ne pas manquer. Le réalisateur de "Téléphone arabe" a trouvé l’équilibre parfait entre suspense et humour noir.

    scénario: 17/20         technique: 17/20     acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Tel Aviv on fire

    Salam, 30 ans, vit à Jérusalem. Il est Palestinien et stagiaire sur le tournage de la série arabe à succès Tel Aviv on Fire ! Tous les matins, il traverse le même check-point pour aller travailler à Ramallah.  Un jour, Salam se fait arrêter par un officier israélien Assi, fan de la série, et pour s’en sortir, il prétend en être le scénariste. Pris à son propre piège, Salam va se voir imposer par Assi un nouveau scénario. Evidemment, rien ne se passera comme prévu.

    Si vous ne ratez jamais l'épisode quotidien de votre soap opéra préféré, ce film est évidemment fait pour vous. Si au contraire vous détestez le genre, ne passez pas pour autant à côté de Tel Aviv on fire, comédie alerte qui, en brodant un scénario malin autour d'un improbable feuilleton télévisé, nous livre une vision on ne peut plus pertinente des relations intenables entre Israéliens et Palestiniens.

    Nous voici donc en Israël où le célèbre soap opéra arabe Tel Aviv on fire est suivi assidûment dans toutes les chaumières. Ne nous leurrons pas, la plupart des spectateurs sont des spectatrices, pendues à cette intrigue plus que rocambolesque qui narre les aventures d'une espionne palestinienne, amoureuse transie d'un général israélien pendant la Guerre des Six jours, en 1967.
    Salam, charmant Palestinien de trente ans quelque peu tête en l'air voire complètement à l'ouest, vit à Jérusalem et travaille comme stagiaire sur le feuilleton produit à Ramallah par son oncle. Pour rejoindre les studios de télévision, il doit chaque jour passer par un check-point israélien pas franchement commode. Un soir, rentrant chez lui avec le scénario du dernier épisode sous le bras, il se fait arrêter par Assi, le commandant du poste, grand fan de la série. Pour tenter de se dépêtrer au plus vite de ce contrôle inopiné, Salam joue la carte de la célébrité, affirmant qu'il est le scénariste principal (alors qu'il n'est que simple conseiller sur les scènes en hébreu) et qu'il doit vite rentrer chez lui peaufiner le script. Mais Assi, dont la femme est encore plus accro que lui à Tel Aviv on fire, ne compte pas en rester là : il saisit le manuscrit, décide de le lui rendre le lendemain matin rempli d'annotations et d'idées de son cru pour transformer la série de l'intérieur et en faire basculer l'intrigue du bon côté, juif plutôt qu'arabe, et soyons honnête, un peu aussi pour faire plaisir à sa femme. Et là vous vous dites : catastrophe…

    De retour sur le tournage, surprise ! Les idées sont considérées comme géniales et Salam se voit confier, à l'essai, le titre de scénariste en chef de la série ! Ainsi va se créer entre nos deux drôles de compères une relation des plus étonnantes. Ils réécrivent le scénario de chaque épisode au check-point, Assi imposant au passage quelques lubies personnelles : mettre une photo de lui en arrière-plan pour que sa femme puisse le voir dans un des épisodes…
    Jusqu'à ce jour funeste où la chaîne de télé annonce la fin prochaine de Tel Aviv on fire… Coincé entre le colonel de Tsahal, les soutiens arabes et les désirs des producteurs, Salam va donc devoir puiser au fond de son génie créateur et abattre son coup de maître final…

    Sameh Zoabi n'a pas choisi la facilité en abordant le conflit israélo-palestinien sur un mode comique et pourtant ça fonctionne, grâce à un scénario réglé comme une horloge. La mise en scène joue habilement des codes du soap opéra comme du film à suspense, dessine parfaitement ses personnages et nous laisse pantois quant à la façon dont Salam va se tirer de toute cette affaire. En fait la grande intelligence du film est de ramener le conflit à une échelle humaine.
    Tel Aviv on fire, le feuilleton, joue le rôle d'une caricature, jusqu'au moment où il renvoie tous les personnages à une vérité qu'ils ne voulaient pas forcément voir. Quant à Tel Aviv on fire, le film, il nous rend attachants des êtres incapables de s'entendre mais qui se réunissent et vibrent à l'unisson devant un programme télé niaiseux… Quand dérisoire rime avec espoir…


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  • La bande annonce ne présage rien du film. Un beau film sur la détresse des réfugiés mais je ne m'attendais pas du tout à ce genre de film. Assez réussi. 

    scénario: 14/20     technique: 16/20     acteurs: 16/20    note finale: 14/20

    Styx

    Rike, quarante ans, est médecin urgentiste. Pour ses vacances, elle a planifié un voyage en solitaire pour rejoindre l’île de l’Ascension depuis Gibraltar, une île au nord de Sainte-Hélène, où Darwin avait planté une forêt entière. Seule au milieu de l’Atlantique, après quelques jours de traversée, une tempête violente heurte son vaisseau. Le lendemain matin, l’océan change de visage et transforme son périple en un défi sans précédent…

    Il faudrait ne pas trop en dire… Ce que réussit à faire l’excellente bande annonce, qui rend parfaitement justice au film. Intrigante, tendue, sensuelle, inquiétante. Le titre, Styx, qui fait doublement référence à la mythologie grecque, nous met dans le bain, celui d’un Océan qui va se déchaîner pour nous procurer de grands frissons. Alors que la protagoniste pense se diriger vers une sorte de paradis terrestre, son destin la conduit aux portes d’un enfer enfanté par les hommes. Nulle force occulte, nul dieu taquin ici qui se jouerait des mortels, s’amuserait à les torturer, ils le font si bien tout seuls ! En attendant, au sommet des immeubles qui surplombent le port, errent de majestueux macaques de Barbarie, arrachés jadis à leurs terres natales. Ils semblent dominer librement le monde rétréci des humains. Tout nous indique que nous pénétrons dans une fable grinçante, jusqu’à l’épigraphe sur une terrasse qui incite à « célébrer les années glorieuses » (Celebrating glorious years), mais qui est tellement défraîchie qu’elle semble, tout au contraire, en sonner le glas. Pourtant le soleil est éclatant, les flots d’un bleu paisible, dans ce détroit de Gibraltar où le temps se serait arrêté.

    La scène suivante sera une course poursuite époustouflante, imprévisible, au cœur d’une nuit baignée par des lumières synthétiques, quelque part en Allemagne… Le ton est donné, atypique. Styx ne cessera de nous surprendre, avec ses images somptueuses, belles à couper le souffle, ses ruptures de rythme, ses ellipses énigmatiques, ses fulgurances soudaines qui nous fouettent tels de vivifiants embruns. Nous voilà pris dans les mailles d’une palpitante aventure, une Odyssée des temps modernes. Il n’y a qu’à s’abandonner au rythme des vagues comme le joli voilier que Rike, notre héroïne, est en train d’affréter. Nous sommes déjà en totale immersion avec elle, derrière sa nuque, rivés à ses gestes, à sa respiration. Que dire de Susanne Wolff qui l’incarne ? En fait, tous les adjectifs paraissent pâlichons, tant elle est bluffante en tous points. Nul besoin de grands mots pour nous faire partager ses moindres frissons, son énergie vitale contenue. Et il en faut pour oser partir en solitaire dans ce voyage au long cours, être prête à braver les vents violents, la nature indomptable, l’isolement. On en frémit plus que la jolie quarantenaire : la solitude ne fait pas peur à Rike, bien au contraire ! Elle la désire tel un havre réparateur. Il est sans doute de pires démons, dans son quotidien de médecin urgentiste, que tous les êtres qui grouillent dans les sombres abysses. Sillonner la mer grande et belle, sans un regard en arrière, oublier les maux de la terre ferme, partir loin de la souffrance de ses congénères qu’elle côtoie de trop près… Elle sourit au vent qui la caresse, à l’oiseau qui l’observe, intrigué. Elle s’enivre de sentir l’eau qui glisse sur sa peau, la sensualité du soleil qui la caresse… Silencieusement, tout son être exulte. Destination : l’île de l’Ascension ; Ses seuls compagnons : son compas, son planisphère, un livre sur Darwin qui jadis transforma l’îlot désertique en jardin d’Éden… À ses instants perdus elle se love entre ses pages, s’évade dans les illustrations d’époque, rêverie anachronique. Un répit de courte durée. Au loin le ciel se charge d’un noir d’encre. Rike s’arc-boute, tout aussi résistante que vulnérable, prête à affronter seule la terrible tempête qui va tout chambouler. Seule ? Pas tant que cela…

    Même au fin fond de l’Atlantique, l’humanité finit toujours par vous rattraper, irrémédiablement prisonnière d’une planète ronde. D’ailleurs, petit clin d’œil du scénario, malgré les cinq mille kilomètres qui séparent Gibraltar de l’île de l’Ascension, toutes deux sont des territoires Britanniques. Mal avisés sont donc les Européens qui osent jeter l’opprobre sur les migrants, alors que nous en fûmes nous-mêmes…


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  • M

     Intrigué par un film tourné en yiddish, je décidai d'aller voir cette rareté. Ce n'est pas un film, c'est un documentaire sur les pédophiles dans les yéshivas. À l'heure des scandales pédophiles, "M" nous révèle de manière poignante que ce n'est pas l'apanage de certains prêtres catholiques. Si « M » est aussi ahurissant qu’explosif, c’est aussi parce qu’au fil des confidences et des arguments livrés par des religieux - visant à faire reposer tout ceci sur une logique tout à fait explicable, voire excusable -, certains dialogues laissent pantois. En s’attaquant à un sujet tabou dans une communauté orthodoxe, Yolande Zauberman signe un documentaire poignant dont on ne ressort pas indemne.

    scénario: 16/20       technique: 16/20    note finale: 16/20

    M

    «M» comme Menahem, enfant prodige à la voix d’or, abusé par des membres de sa communauté qui l’adulait. Quinze ans après il revient à la recherche des coupables, dans son quartier natal de Bnei Brak, capitale mondiale des Juifs ultra-orthodoxes. Mais c’est aussi le retour dans un monde qu’il a tant aimé, dans un chemin où la parole se libère… une réconciliation.

    C'est la voix de Yolande Zauberman qui nous fait entrer dans son magnifique film : « J’entre dans le monde de mes ancêtres à travers une blessure, celle de Menahem. » Le monde de ses ancêtres ? Celui des hommes en noir, juifs, ultra-orthodoxes, ceux de Bneï Brak, la capitale mondiale des haredim, littéralement les « Craignant-Dieu », plus composite et complexe qu’il n’y parait sous les tenues faussement uniformes. Un monde effarant, qui n’ose pas regarder une femme dévêtue, où chaque moment d’intimité avec ces êtres impurs est calibré, enseveli dans la plus sombre obscurité. On part à la chasse de la moindre miette de lumière, du moindre reflet. On colmate serrures, interstices, fentes… Chacun, avant d’entreprendre sa légitime épouse, se livre à une logistique impressionnante qui prend souvent plus de temps que l’acte lui-même, tuant dans l’œuf la moindre possibilité d’un semblant d’érotisme. D’ailleurs, si on pouvait procréer sans jouir, sans doute le ferait-on, ainsi le veut le Talmud…
    Menahem, le M du titre, se souvient de la moiteur des bains, des ablutions entre hommes, soudain troublés, propulsés par un irrépressible tourbillon de sensualité, de désirs inavouables. Il se souvient de ces membres virils, comme aimantés par la chair fraîche, incapables de dominer leurs pulsions… Trop forts pour être repoussés par un petit garçon.

    Menahem Lang était alors cet enfant dont la voix cristalline semblait pouvoir élever les plus belles prières vers l’infini. Devenu homme, tout son être paraît vibrer tant il module son chant bouleversant avec maestria. Mais dans les mélodies liturgiques qui le transportent, on perçoit comme une faille vertigineuse où se tapit un monstre vorace. Menahem est un personnage haut en couleur, drôle, extraverti. Pourtant on devine en lui les cicatrices mal refermées. D'abord intimidé, il gagne peu à peu en assurance au contact de Yolande Zauberman. Cet être assoiffé de justice vient réclamer à sa communauté la reconnaissance de sa souffrance, l’obliger à entendre sa vérité d'enfant abusé.

    L’homme progressivement nous épate, par sa liberté de ton, par son courage. La réalisatrice par la qualité de son attention, par sa douceur tranchante. L’un et l’autre non violents, malgré la rage rentrée, le venin qui les ronge. L’un et l’autre dignes, admirables. Ne cédant pas à la haine, ne refoulant pas la tendresse qui monte envers cette communauté malgré tout aimée. La caméra pénètre toujours plus profondément dans l'intimité de Menahem, respectueusement, sans la violenter, l'aide à briser les cercles vicieux qui l'entravent, à laver son enfance souillée…


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  • Bien que ce soit remarquablement filmé, ce film est d'un ennui mortel. les acteurs peinent à nous intéresser et eux-mêmes ont l'air de s'ennuyer terriblement. Le scénario est lent et peu intéressant. Les costumes, les décors et la photo sont magnifiques mais cela ne suffit pas.

    scénario: 10/20         acteurs: 12/20         technique: 18/20        note finale: 12/20

    Dernier amour

    Au XVIIIe siècle, Casanova, connu pour son goût du plaisir et du jeu, arrive à Londres après avoir dû s’exiler. Dans cette ville dont il ignore tout, il rencontre à plusieurs reprises une jeune courtisane, la Charpillon, qui l’attire au point d’en oublier les autres femmes. Casanova est prêt à tout pour arriver à ses fins mais La Charpillon se dérobe toujours sous les prétextes les plus divers. Elle lui lance un défi, elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire.

    A l'origine de ce projet singulier, il y a les mémoires de Giacomo Casanova, écrits dans la langue de Molière qui n'était pourtant pas la sienne et découverts par Benoît Jacquot alors qu'il a vingt ans à peine. Cette œuvre le marqua profondément, au point de devenir comme un compagnon secret de sa route artistique, jusqu'à devenir aujourd'hui (enfin ?) la source d'inspiration directe d'un film. Dans ce texte, Casanova évoque avec sincérité sa vie, ses rencontres, ses voyages (l'histoire a retenu le grand séducteur, mais il était avant tout un véritable aventurier) mais Jacquot a décidé de s'attacher à un épisode plus particulièrement marquant : sa rencontre avec une jeune femme, La Charpillon, qui restera son dernier et peut-être son seul et unique amour.

    Nous sommes dans les années 1760. Casanova, connu pour son goût du plaisir et du jeu, doit s'exiler à Londres. L'homme a atteint cet âge de maturité où plus rien ne semble l'effrayer et s’accommode volontiers de cette nouvelle escale dans une ville qu'il connaît peu et dont il ne parle pas la langue. Mais comme tout aventurier qui se respecte, il a dans chaque port quelques connaissances qui vont lui permettre de tenir son rang et le train de vie qui va avec : dîners mondains, bals plus ou moins clandestins et autres parties de jeux de hasard.
    Il rencontre ainsi, et à plusieurs reprises, une jeune fille mystérieuse dont il va s'éprendre et qu'il va vouloir conquérir. Mais cette courtisane, dont chacun sait ici qu'elle peut être à tout le monde, va se dérober à chacune de ses avances, distillant dans les jeux complexes de la séduction un venin troublant dont l'homme aux « cent quarante deux conquêtes » (c'est ce qu'il prétend dans ses mémoires) ne va pas sortir indemne. Elle lui lance un défi : elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire. Au nom de sa liberté, de l’idée qu’elle se fait d’elle-même, La Charpillon va décider que cet homme qui les possède toutes ne la possèdera pas, elle. À charge pour lui de comprendre alors que ce qu'elle veut, ce ne sont pas les caresses ni la passion charnelle, mais bien l'essence même de l'amour, un sentiment noble et pur, le seul finalement qui vaille d'être vécu, et que Casanova n'a peut-être jamais encore éprouvé.

    Casanova, c'est Vincent Lindon, qui s'est glissé dans le costume avec son charisme animal et porte merveilleusement la lassitude que l'on perçoit dans le visage, dans les yeux de cet éternel voyageur arrivé peut-être au seuil de sa dernière grande épopée. Il a le rugueux du baroudeur et les gestes délicats de l'homme habitué aux salons, aux sonates, aux pas de danse sur des parquets vernis. La Charpillon, c'est la délicieuse Stacy Martin, minois enjôleur qui cache très bien son jeu et dont la silhouette fragile révélera une maturité et une détermination de feu.
    Et parce qu'il est un réalisateur qui aime et qui sait magnifiquement filmer les femmes, Benoît Jacquot ajoute sa petite touche personnelle avec un personnage secondaire mais très important dans la construction de sa narration. Cette jeune et jolie femme qui déboule au tout début du film dans le salon sombre où un Casanova vieillissant écrit ce que l'on imagine être cette fameuse Histoire de ma vie et viendra recueillir son témoignage, c'est sans doute un alter ego féminin de Jacquot lui-même…


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  • Après Le Fils de Saul, Oscar du meilleur film étranger en 2015, Laszlo Nemes revient avec un film énigmatique et somptueux, une manière de chef-d’œuvre. Mais le scénario est vraiment embrouillé et on n'y comprend pas grand chose. N'espérez pas y comprendre quelque chose.Et la technique n'est pas à la hauteur: il y a ,souvent des plans flous pas réussis. Mais les costumes et les décors sont somptueux.

    scénario: 10/20      technique: 12/20    acteurs: 16/20     note finale: 12/20

    Sunset

    1913, au cœur de l’empire austro-hongrois. 
    Irisz Leiter revient à Budapest après avoir passé son enfance dans un orphelinat. 
    Son rêve de travailler dans le célèbre magasin de chapeaux, autrefois tenu par ses parents, est brutalement brisé par Oszkar Brill le nouveau propriétaire.
    Lorsqu’Írisz apprend qu'elle a un frère dont elle ne sait rien, elle cherche à clarifier les mystères de son passé.
    A la veille de la guerre, cette quête sur ses origines familiales va entraîner Irisz dans les méandres d’un monde au bord du chaos.

    En 2015, Le Fils de Saul, premier film du jeune Laszlo Nemes, entraînait les spectateurs dans un voyage éprouvant et mémorable, suivant, à l’aide de longs plans-séquences, le parcours d’un prisonnier du camp de concentration d’Auschwitz, des dortoirs crasseux jusqu’aux tranchées servant de charniers. Accueil triomphal à Cannes, Grand Prix du jury conforté quelques mois plus tard par l'Oscar du Meilleur film étranger. De quoi permettre au cinéaste hongrois de se lancer sans difficulté dans un nouveau projet, mais aussi de lui coller une pression phénoménale sur les épaules, car ce second film était forcément attendu au tournant.
    Pour Sunset, il opte à peu près pour le même procédé, suivant le personnage principal dans une ville de Budapest labyrinthique, en 1913. Cette fois, il ne filme pas un univers de souffrance et de mort, mais un monde en pleine déliquescence, une société agonisante, brûlant ses derniers feux avant le chaos.

    La caméra ne quitte pratiquement pas Irisz Leiter (lumineuse et grave Juli Jakab), qui revient à Budapest après plusieurs années passées hors du pays. Enfant, elle avait été envoyée suivre une formation de modiste. Aujourd’hui adulte, elle souhaite se faire engager dans le magasin de chapeaux que ses parents avaient fondé, et qui a été repris, après leur mort tragique, par leur employé, Oszkar Brill. Mais celui-ci, non seulement refuse de l’engager, mais lui fait comprendre qu’elle n’est pas la bienvenue dans cette ville.
    Le même soir, la jeune femme est rudoyée par un homme à la recherche d’un certain Kalman Leiter, qui pourrait être son frère. Intriguée, elle décide de rester à Budapest et de partir elle aussi à sa recherche. Elle découvre rapidement que Kalman est recherché pour le meurtre d’un notable, et considéré comme l’un des chefs de file des anarchistes. Pour le retrouver, elle va devoir s’aventurer dans les bas-fonds de la ville…

    Laszlo Nemes veut montrer toutes les facettes de cette ville tumultueuse, qui constitue, au début du xxe siècle, l’un des lieux les plus importants d’Europe. En 1913, l’Empire Austro-Hongrois est en effet à son apogée. Il règne sur une douzaine de pays, rassemblant différents peuples, différentes cultures et les partisans de tous les grands mouvements politiques, de l’extrême-droite à l’extrême gauche, qui vont marquer le vingtième siècle. Cette diversité se retrouve Budapest, mais reléguée dans la marge, sous le regard méprisant des notables locaux et l’indifférence de l’empereur, qui vit coupé du peuple dans son palais viennois.
    La mise en scène montre bien le clivage de cette ville, faisant cohabiter la grande bourgeoisie – la clientèle du magasin Leiter – et les groupuscules révolutionnaires, cachés dans les bas-fonds.

    Irisz est le trait d’union entre les deux mondes. Mais elle est aussi complètement étrangère à cette société, à cette ville qu’elle a quitté alors qu’elle n’avait que deux ans. Elle les découvre en même temps que le spectateur, qui voit à travers son regard. Elle est à la fois fascinée par cet environnement bouillonnant et perplexe face aux mystères qui entourent la ville. Partout règne une atmosphère de conspiration, de lourds secrets, plus Irisz s’approche de ce qu’elle pense être la vérité, plus le mystère s’épaissit. Et quand elle comprend finalement les conséquences de cette agitation politique, dans les tranchées entre la France et l’Allemagne, il est déjà trop tard.
    La mise en scène de Laszlo Nemes, remarquable, accompagne cette prise de conscience progressive, passant de mouvements de caméra élégants, réglés comme des valses viennoises, « nobles » d’un point de vue purement artistique, à des prises de vue plus brutes, plus brusques, évoquant autant le chaos social et politique que le trouble qui gagne peu à peu Irisz, à mesure qu’elle réalise la décadence de l’Empire et la perversité des notables du pays…


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  • Encore un film très réussi. Le duo Camille Cottin/Fabrice Luchini, dont la complicité et la spontanéité se marient à point avec le décor apaisant tout de pierres et de couleurs bretonnes, fait le sel de cette comédie qui, si elle rend hommage aux amoureux des livres et célèbre le pouvoir des mots, reste avant tout un divertissement intelligent.

    scénario: 17/20         technique: 17/20         acteurs: 17/20        note finale: 17/20

    Le mystère Henri Pick

    Dans une étrange bibliothèque au cœur de la Bretagne, une jeune éditrice découvre un manuscrit extraordinaire qu'elle décide aussitôt de publier. Le roman devient un best-seller. Mais son auteur, Henri Pick, un pizzaïolo breton décédé deux ans plus tôt, n'aurait selon sa veuve jamais écrit autre chose que ses listes de courses. Persuadé qu'il s'agit d'une imposture, un célèbre critique littéraire décide de mener l'enquête, avec l'aide inattendue de la fille de l'énigmatique Henri Pick.

    Quand vous êtes un jeune auteur, que vous avez passé des années à peaufiner votre manuscrit et que, alléluia, il est publié par un gros ou petit éditeur, pensez-vous que les choses soient terminées ? Non. Il faut passer l'épreuve de la critique, et plus particulièrement affronter les jugements péremptoires de Jean-Michel Rouche, chroniqueur télé à succès qui taille des costards ou encense les nouveaux romans publiés. Autant dire que si vous espérez un succès de librairie, il vaut mieux que Jean-Mi ait aimé votre bouquin.

    Pendant qu'à Paris il prépare sa prochaine émission – et qu'accessoirement il comprend que sa femme est en train de le quitter –, dans un petit village de Bretagne, une jeune éditrice au sourire enfantin mais aux dents un peu pointues tombe sur une bien étrange bibliothèque, dite « des manuscrits non publiés ». Elle y découvre ce qui lui paraît être une pépite, Les Dernières heures d'une histoire d'amour, qui mêle l'agonie d'une passion amoureuse et celle de Pouchkine, le grand poète et dramaturge russe. Elle pressent qu'elle tient là un gros succès et en effet, bingo ! Dès sa publication, le livre fait un carton. On salue unanimement l'intelligence, le brio de l'écriture autant que la prouesse littéraire de mêler deux tragiques destinées dans un style qui est celui des plus grands… Il y a en outre un mystère autour de l'auteur de ce chef d'œuvre impromptu : le roman est signé Henri Pick, décédé deux ans auparavant et connu uniquement comme le propriétaire de la pizzeria du petit village à la fameuse bibliothèque. Énigme supplémentaire : selon sa femme, Henri, un homme discret et on ne peut plus simple, n'a jamais lu un livre ni écrit une ligne de sa vie, pas même le menu sur l'ardoise de son restaurant…


    Bref, c'est typiquement le genre de buzz dont le petit milieu est friand et l'affaire commence à faire naître les plus folles rumeurs sur le cas Henri Picq : l'histoire de la littérature regorge d'exemples où de grands auteurs se sont cachés derrière un pseudo et il y a bien des maîtres du genre qui ont vécu d'autres vies que la leur pour écrire en secret…
    Pour Jean-Michel Rouche, sceptique par principe, l'histoire ne tient pas la route et il est persuadé que le prétendu mystère n'est qu'une vaste imposture pour faire vendre. Il décide alors de partir en Bretagne pour mener l'enquête et lever le voile sur cette mystification, plus ou moins secondé par Joséphine, la fille de l’énigmatique Henri Pick.

    Alors la voilà l'équation, simple et efficace comme un best seller qu'on lit d'une traite : Luchini + Foenkinos, ça donne une comédie façon enquête littéraire furieusement efficace et pétillante.


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  • Ce film est génial!!! On rit d'un bout à l'autre. Les actrices sont géniales. Le scénario est top. Une BO impeccable et des vues flatteuses de Boulogne-sur-Mer et du Portel achèvent de nous rendre furieusement sympathique cette comédie drôle et délurée, crue et culottée.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20    note finale: 18/20

    Rebelles

    Sans boulot ni diplôme, Sandra, ex miss Nord-Pas-de-Calais, revient s'installer chez sa mère à Boulogne-sur-Mer après 15 ans sur la Côte d'Azur. Embauchée à la conserverie locale, elle repousse vigoureusement les avances de son chef et le tue accidentellement. Deux autres filles ont été témoins de la scène. Alors qu'elles s'apprêtent à appeler les secours, les trois ouvrières découvrent un sac plein de billets dans le casier du mort. Une fortune qu'elles décident de se partager. C'est là que leurs ennuis commencent...

    Si vous n’aimez que les choses délicates, les œuvres raffinées, le bon goût, les bons mots… Si vous avez frémi au phrasé exquis et subtil de Cécile de France dans Mademoiselle de Joncquières et si la soie, le velours, le satin apportent à votre quotidien toute la douceur et la délicatesse dont vous avez besoin pour vous épanouir… et bien, n’achetez pas de place pour venir voir Rebelles. Vous risqueriez d’être furieusement en colère contre moi (dans le meilleur des cas), voire de subir un choc cinématographique aigu, et chacun sait qu’un CCA peut être au moins aussi grave qu’un anaphylactique. Car de dentelles, de rubans fleuris, d’alexandrins, dans ce film, il n’y en a point. Alors quoi ? On a retourné notre veste en tweed à Utopia ? On aime le gros rouge qui tache quand vous aviez toujours cru que nous ne jurions que par les vins bio naturels sans sulfites ni phosphates, élevés en cuve centenaire au clair de (pleine) lune ? Non, pas du tout.
    On a beau aimer le cinéma haut perché, défendre les Auteurs et les œuvres complexes, nous avons toujours été assez friands (peut-être pas la majorité de nos troupes, mais quand même) de ce cinéma irrévérencieux et mal poli qui flirte parfois avec le mauvais goût mais parvient à nous rendre sympathiques les pires sans foi ni loi, parce qu’ils sont toujours du côté des oubliés, des petites gens, des besogneux, et que leurs aventures, même répréhensibles, ont toujours le goût de la revanche sur les injustices de la vie, ses dominations, qu’elles soient sociales ou de genre.

    Nous sommes avec Rebelles bien plus dans un esprit Groland, ou celui des premiers films d’Albert Dupontel que du côté de Ken Loach et ça décoiffe sévère, à grands coups de truelle. C’est assez jubilatoire, souvent très drôle, et c’est enlevé par un trio féminin pétaradant qui vaut à lui seul le détour et fonctionne à plein régime, façon feu d’artifice. Alors oui, bien sûr, ça tache un peu, et non, ce n’est pas la grande classe, mais si vous acceptez de mettre votre bon goût légendaire (vous venez chez nous quand même et ça, c’est un signe qui ne trompe pas) de côté, l’effet poilade est garanti.
    Quand elle débarque du Sud de la France, sa valise en carton au bout de ses ongles impeccablement manucurés, en faisant la tronche parce qu’obligée de retourner vivre chez maman dans ses Hauts de France natals, Sandra ne se doute pas encore qu’elle va bientôt devenir riche, très riche. Elle ne connaît pas non plus celles qui deviendront ses deux complices à la vie, à la mort : Nadine, flegmatique ouvrière qui entretient un mari paresseux mais qui cache sous son tablier le costume d’une Bonnie Parker, et Marilyn, mère célibataire punk et survoltée, prête à dézinguer la terre entière pour une bonne cuite. Il sera question de boîtes de conserves, en très grande quantité, de la bande des Belges avec lesquels il vaut mieux ne pas trop faire les marioles, et d’un sac bourré de biftons, « le début des emmerdes », comme dirait Nadine, clown blanc de la bande, la plus ancrée dans le réel, la plus lucide.

    Allan Mauduit filme la conserverie de poisson, les docks de Boulogne-sur-Mer ou le camping en hiver comme s’il s’agissait d’un décor de western, sans méchanceté gratuite, avec un sens du comique de situation explosif, et il nous rend ses trois héroïnes, quoiqu’immorales, cogneuses, hargneuses… très attachantes car symboles d’un Girl Power décoiffant. Plus jamais vous ne regarderez une boîte de thon du même œil, ni une porte de vestiaire… on en recause.


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  • Du pur navet! Blier fait toujours des films bizarres mais quand en plus c'est nul... On comprend mieux pourquoi le réalisateur ne voulait pas montrer son navet aux journalistes... Les acteurs font ce qu'ils peuvent mais avec un tel scénario, c'est difficile pour eux. Mais c'est bien filmé bien que d'un ennui mortel. "Convoi exceptionnel" prouve une fois de plus que le petit univers de Bertrand Blier est devenu totalement étanche à quoi que ce soit qui pourrait le connecter à autre chose qu’à lui-même.

    scénario: 2/20     acteurs: 5/20   technique: 16/20   note finale: 2/20

    Convoi exceptionnel

    C’est l’histoire d’un type qui va trop vite et d’un gros qui est trop lent. Foster rencontre Taupin. Le premier est en pardessus, le deuxième en guenilles. Tout cela serait banal si l’un des deux n’était en possession d’un scénario effrayant, le scénario de leur vie et de leur mort. Il suffit d’ouvrir les pages et de trembler…


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  • Un film surprenant qui va de surprises en surprises. C'est très réussi. les acteurs sont au service d'un scénairo particulièrement intéressant. Le nouveau film de Safy Nebbou est aussi joueur qu’aigu. Ce portrait de femme borderline lui permet d’explorer finement les dérives de notre époque schizophrène, constamment tiraillée entre son goût pressant pour la transparence et ses petits arrangements avec la vérité. A travers ce portrait de femme complexe auquel Juliette Binoche se donne toute entière, Safy Nebbou livre un numéro cinématographique de haute voltige.

    scénario: 18/20      acteurs: 17/20       technique: 17/20     note finale: 17/20

    Celle que vous croyez

    Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.

    Elles en ont fait, du chemin, les nanas, depuis les soutifs brûlés… Conquérir des postes de pouvoir, refuser la domination masculine, choisir d’avoir (ou pas) des enfants, les faire seules et tenter d’être avec talent sur tous les fronts : au boulot, au lit, à la sortie de l’école, devant les fourneaux, et dans les dîners mondains. Elles se sont libérées, sans doute, et c’est tant mieux. Pourtant une autre forme d’aliénation s’est insidieusement glissée dans les cerveaux, sournoise, pernicieuse, d’autant plus difficile à combattre qu’elle est le fruit d’une injonction intime, nourrie par l’air du temps, distillée par les revues, la mode, sur un ton souvent enjôleur comme si tout cela n’était pas si grave. Il faut être désirable, en forme et garder les siennes bien fermes, être comme si le temps n’avait pas de prise, ni les grossesses, ni la fatigue, ni les coups durs de l’existence.

    Claire tente de composer avec tout ça et ne s’en sort finalement pas si mal. Larguée par l’homme de sa vie, elle vit seule depuis maintenant suffisamment longtemps pour supporter la déception d’avoir été trahie et jongle entre son boulot de maître de conférence, sa vie de mère et une relation exclusivement sensuelle avec un homme bien plus jeune qu’elle. Elle a beau se dire intérieurement qu’elle pourrait être sa mère, qu’elle n’a plus forcément tous les atouts pour garder contre son corps de femme de cinquante ans ce beau gosse musclé et plein de fougue, elle fait comme si le temps pouvait suspendre son vol, ne gardant que le meilleur sans les remords.
    Mais jeunesse se lasse… et Claire se retrouve sur la touche, non pas bannie, mais simplement écartée, comme un beau joujou auquel l’enfant aurait fini de s’intéresser, parce que la vitrine propose bien d’autres choses plus alléchantes.
    Comme Claire vit avec son temps et qu’elle n’est pas la dernière des cruches pour surfer dans ce vaste monde parallèle que sont les réseaux sociaux, elle va s’inventer un double pour espionner son amant négligent par l’intermédiaire de son meilleur pote, photographe de son état.
    Elle va devenir Clara, jeune, forcément très jolie et pas conne.
    Devenir autre est d’une facilité déconcertante et la proie va mordre à l’hameçon… tellement bien qu’une relation virtuelle entre les deux (presque) jeunes gens va s’installer. Prise à son propre jeu, Claire va jouir de ce nouveau statut, grisée par le mirage d’être redevenue jeune, désirable, attirante, fusse au prix du mensonge, de la manipulation et des faux semblants.
    Tout cela va mal se terminer, bien sûr, car on ne peut pas être celle que vous croyez sans se perdre dans les jeux de miroirs, sans troubler les eaux de sa propre identité pour finalement se noyer dans un océan virtuel qui cache sous ses allures de carte postale idyllique les méandres d’un gouffre digne du triangle des Bermudes.

    De forme initialement assez classique, le film n’est pas tout à fait non plus celui que l’on croit, plus malin, plus retors et plus complexe qui n’y paraît de prime abord. Banal portrait d’une femme mûre comme on dit pudiquement (sauf que bon, quand même, c’est Juliette Binoche et elle est canon), le récit se mue doucement en thriller au cœur duquel le spectateur lui-même va être aspiré, sans trop savoir finalement de quelle réalité il est ici question. Celle de Claire maître de conférence qui veut être aimée pour ce qu’elle est ? Celle de Claire racontant son histoire machiavélique dans le bureau d’une psychiatre (Nicole Garcia, impec) ou celle de Claire qui écrit son histoire pour exorciser ses démons ?


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  • Encore une merveille! On reste en haleine jusqu'au bout. "Les Témoins de Lendsdorf" nous rappelle qu’un film, quand il est réussi, est toujours symbolique, qu’il réunit l’image et l’idée, que l’une ne va jamais sans l’autre. Dans les champs ou les salles d’archives, l’investigation en question relève de l’archéologie mémorielle... Mais on est littéralement happé par ce travail austère et dérangeant, d’autant que l’obsessionnelle enquête de Yoel bifurque vers un questionnement identitaire assez inattendu. Et vertigineux. Amichai Greenberg, dont c'est le premier long métrage, fait preuve d'une grande efficacité narrative et d'un vrai sens du rythme. Sa mise en scène séduit, tandis que la complexité de son propos satisfait les cinéphiles les plus exigeants. Le réalisateur israélien Amichai Greenberg adopte la forme du thriller pour mettre en lumière le massacre de Rechnitz, en Autriche, en 1945 et les questionnements d’un historien sur son identité juive. Et c'est une totale réussite.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20   technique: 18/20    note finale: 18/20

    Les témoins de Lendsdorf

    Yoel est un historien juif orthodoxe, chargé de la conservation des lieux de mémoire liés à la Shoah. Depuis des années, il enquête sur un massacre qui aurait eu lieu dans le village de Lendsdorf en Autriche, au crépuscule de la Seconde Guerre Mondiale. Jusqu’ici patientes et monacales, ses recherches s’accélèrent lorsqu’il se voit assigner un ultimatum : faute de preuves tangibles des faits, le site sera bétonné sous quinzaine…

    Le propre de l'homme, c'est l'oubli…
    Yael est un historien juif orthodoxe qui enquête depuis des années sur une question qui l'obsède : où donc sont enfouies les victimes d'un massacre de Juifs qui a eu lieu à la fin de la seconde guerre mondiale à Lendsdorf, au cœur de l'Autriche ? Ses recherches jusqu'alors solitaires et silencieuses prennent brutalement un coup d'accélérateur à cause de l'ultimatum donné par les responsables d'un projet immobilier qui doit s'implanter sur ce qu'il suppose être l'endroit où sont enterrées les victimes : impossible de geler indéfiniment toute construction. Faute de preuves tangibles du massacre, le site sera bétonné sous quinze jours.

    Yael s'immerge alors plus intensément dans les archives, se rend sur les lieux supposés du carnage, s'acharne à retrouver les témoins encore vivants, les presse de questions… C'est comme un thriller, la quête obsessionnelle et tourmentée d'une vérité qui se dérobe sans cesse : il y a ceux qui ont oublié, ceux qui veulent oublier, ceux qui se taisent et Yael se cogne contre le vide du silence tandis que cette histoire qu'il n'a pas vécue l'affecte au plus profond de lui même, comme s'il avait absolument besoin de savoir pour pouvoir vivre sereinement. « La question de la Shoah est un élément intense et lourd de la vie de la communauté juive , dit Amichaï Greenberg, même aujourd'hui… » Comment et pourquoi cette nécessité de transmettre la mémoire de la Shoah alors même qu'on ne l'a pas vécue ? L'histoire de ceux qui nous ont précédé a-t-elle un si grand rôle sur ce que nous sommes…
    Cette quête que Yael menait, croyait-il, avec des motivations religieuses, culturelles, idéologiques, va pourtant prendre un tour inattendu en le confrontant à l'histoire de sa propre famille, une histoire occultée par sa mère et qui le renvoie tout à coup à sa propre identité. La vérité est-elle toujours bonne à dire, en quoi nous aide-t-elle à vivre ? Cette mise à nu d'une histoire familiale enfouie va avoir des conséquences dans sa relation à ses proches, à son neveu à particulier… L'oubli serait-il parfois un remède à la douleur et le silence une nécessité pour arriver à survivre ? Le véritable mystère qui alimente alors l'intrigue semble être moins celui du lieu où sont enfouis les disparus que les mensonges de sa propre mère.

    The Testament (traduction anglaise du titre original) est inspiré du massacre de Rechnitz en Autriche. Dans ce petit village, 600 Juifs sont condamnés à des travaux forcés. Dans la nuit du 24 au 25 août 1945, peu de temps avant l'arrivée de l'Armée Rouge, une grande fête à laquelle participe la nomenklatura nazie est donnée dans un château voisin du camp des prisonniers. Pendant que la fête bat son plein, les officiers allemands distribuent des armes aux invités qui massacrent alors près de 200 Juifs.
    Ce ne fut pas un cas isolé dans la région, où on achevait les prisonniers trop épuisés pour marcher. Mais dans ce cas précis, on ne retrouvera jamais les corps des victimes, les habitants de Rechnitz s'enfermant dans un mutisme obstiné, scellé au fil du temps par la disparition des témoins.


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  • Un film plein d'humour avec des acteurs formidables! On rit d'un bout à l'autre. Les dialogues sont géniaux.  Une réflexion brillante sur le pouvoir de l’argent.On peut simplement regretter que la fin ne soit pas à la hauteur du film.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    La chute de l'empire américain

    À 36 ans, malgré un doctorat en philosophie, Pierre-Paul Daoust est chauffeur pour une compagnie de livraison. Un jour, il est témoin d'un hold-up qui tourne mal, faisant deux morts parmi les gangsters. Il se retrouve seul avec deux énormes sacs de sport bourrés de billets. Des millions de dollars. Le pouvoir irrésistible de l’argent va bousculer ses valeurs altruistes et mettre sur sa route une escort girl envoûtante, un ex-taulard perspicace et un avocat d’affaires roublard. Après Le déclin de l’Empire Américain et les Invasions Barbares, La Chute de l’Empire Américain clôt ainsi la trilogie du réalisateur Denys Arcand.

    Nous faire pouffer de rire sur ce monde désespérant ! C’est une fois de plus le pari réussi par Denys Arcand. Le constat est tout aussi sévère que dans les précédents films de la trilogie officieuse entamée avec Le Déclin de l’empire américain (1986) et Les Invasions barbares (2003). S'il n’est nul besoin d’avoir vu les deux premiers pour apprécier ce nouvel opus, les spectateurs qui les connaissent retrouveront la même veine narquoise sous une forme entièrement renouvelée, qui pioche dans le registre de la comédie et du film noir pour en illustrer le propos de façon toujours plus percutante et dynamique. Un film somme, où l’on retrouve les thèmes de prédilection du réalisateur et son sens du dialogue mis au service de ce qu’il sait faire de mieux : s’en prendre au système.
    L’empire américain décidément dégringole de haut. Bien mal avisés sont ceux qui continuent de penser « Jusqu’ici tout va bien ! » alors qu’il les entraîne avec lui dans sa course folle et que le sol se rapproche inexorablement ! Ce n’est pas en faisant l’autruche qu’on apprend à voler ! Alors mes biens chers sœurs, mes bien chères frères, rigolons ensemble ! Ça au moins, on ne peut pas nous le retirer.
    Pierre-Paul (tiens, il manque Jacques ?) est un spécimen en voie de disparition, un idéaliste de première dans une époque décadente. Il a des airs de troglodyte mal luné malgré son jeune âge. C’est pourtant une tronche, ce gars-là. Des années d’études brillantes pour obtenir un doctorat en philosophie et le voici enfin devenu… chauffeur livreur ! Le même alphabet qui lui permettait de lire Marx, Épicure, Aristote ou Racine… ne lui sert plus qu'à rentrer des adresses sur son GPS. On serait aigri à moins… Quant à ses amours, elles battent de l’aile. Sa copine bosse dans une banque, ce qui fait d’elle une collabo, une social-traitre. Bon, Pierre-Paul est poli et cultivé, il le lui dit donc de façon plus élaborée, mais non moins blessante… Et son amoureuse de lui demander à juste titre : m’aimes-tu donc ? Et lui de ne savoir que répondre. Y’a pas mieux pour briser une relation pourtant sincère.

    Sur ces entrefaites, un événement vient bousculer le cours des choses et l’empêcher irrémédiablement de retrouver ses esprits. Une manne inespérée va lui tomber du ciel, ou plutôt d’un camion : alors qu’il doit livrer un stupide colis pour trois dollars six cents, Pierre-Paul se retrouve à la tête d’un jackpot incroyable qui va tournebouler sa vie et pas que la sienne ! Mais chut ! On ne va pas tout vous dire, n’est-ce pas ? Voilà en tout cas notre olibrius dans une situation inextricable qu’il ne peut résoudre seul. Dès lors il devra entraîner dans son son sillage de drôles de zigotos : une prostituée de luxe, un gangster sur le retour, un avocat d’affaires, un kiné asiatique, un voleur à la tire noir et, tant qu’y être, sa désormais « ex », la banquière. Tout un aréopage improbable, des bras cassés unis pour réussir le coup du siècle ! Tandis que la police, rongeant son frein, lui colle aux fesses, Pierre-Paul (toujours sans Jacques !) louvoie entre ses activités salariées et bénévoles pour l’équivalent québecois des « compagnons d’Emmaüs ». L’occasion de faire un arrêt image sur ces beaux portraits de SDF, femmes, hommes, natifs d’ici ou d’ailleurs. Notre damoiseau a le cœur aussi grand que tous ceux qui luttent avec ou sans culottes, avec gilets jaunes ou sans chemises. Un cœur plus généreux que les possédants, les dirigeants… Dans le fond, l’injustice et la misère seront toujours plus puantes que l’odeur de l’argent sale, nous dit cette parabole contemporaine grinçante, haute en cynisme, mais fichtrement drôle.


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  • Des décors en carton-pâte, un scénario minimaliste embrouillé, des dialogues insipides: c'est ça le gros film de la semaine. C'est nul, ça n'apporte rien et c'est une perte de temps. Le nouveau blockbuster Disney-Marvel peine à relever le challenge « Wonder Woman ». Une héroïne monolithique dont le combat féministe semble être la seule raison d’exister. Le résultat, sans émotion, est plus proche de la niaiserie d’Un raccourci dans le temps que d’un Avenger traditionnel.

    scénario: 3/20    acteurs: 3/20   technique: 3/20   note finale: 3/20

    Captain Marvel

    Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se révèle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.


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  • Un très beau film tout en nuances. Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud interprètent avec superbe ces héros ordinaires qui brisent le silence. Un film engagé et brillant. A travers un fait d’actualité, François Ozon signe à la fois un grand film politique, incitant à de grands questionnements de société, et un portrait très juste d’hommes fragiles mais jamais faibles.

    scénario: 18/20    acteurs: 18/20   technique: 18/20  note finale: 18/20

    Grâce à Dieu

    Alexandre vit à Lyon avec sa femme et ses enfants. Un jour, il découvre par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d’enfants. Il se lance alors dans un combat, très vite rejoint par François et Emmanuel, également victimes du prêtre, pour « libérer leur parole » sur ce qu’ils ont subi.
    Mais les répercussions et conséquences de ces aveux ne laisseront personne indemne.

    Ne rien laisser au hasard, ne rien céder au pathos. Refuser le manichéisme autant que les raccourcis, ne pas tomber dans la caricature, fuir les clichés. Frapper fort, mais avec une implacable justesse, sans appel, sans échappatoire, sans possibilité aucune ni de minimiser, ni de tergiverser : voilà la chair, puissante, du nouveau film de François Ozon. Et c’est un grand film, un film important. Il faut par ailleurs une audace certaine pour se lancer dans une fiction inspirée de faits on ne peut plus réels, en ne changeant ni les noms des protagonistes, ni les dates, ni les lieux, ni les témoignages. Grâce à Dieu aborde donc de front les actes criminels de pédophilie commis au sein de l’évêché de Lyon par le Père Preynat dans les années 1980 et 1990, et met en évidence le silence complice de l’Église et en particulier celui de Monseigneur Philippe Barbarin, archevêque de Lyon depuis 2002. Redisons le mot : le résultat à l'écran est implacable.

    Le film commence aux côtés d'Alexandre. Il a la quarantaine, vit à Lyon avec sa femme et ses cinq enfants. C’est une famille bourgeoise, catholique pratiquante, attachée à ses valeurs, unie, aimante, se rendant avec conviction à la messe du dimanche. Un jour, par hasard, Alexandre découvre que le prêtre qui a abusé de lui lorsqu’il était jeune scout officie toujours auprès d’enfants. Choqué, mais aussi porté par les paroles du nouveau pape progressiste, François, il décide de s’adresser aux autorités ecclésiastiques pour demander des explications. Sans le savoir, il vient d’ouvrir la boîte de Pandore, qui renferme, outre les monstruosités d’un homme qui a abusé pendant des années de dizaines de jeunes garçons placés sous son autorité, toute la mécanique du silence qui a insidieusement été mise en place par la hiérarchie de l'Église, par les familles, par la société.
    Face au manque évident de réactivité de l’Évêché, parce qu’il croit sincèrement à la vertu de la parole et qu’il demeure viscéralement attaché aux valeurs chrétiennes, Alexandre va aller plus loin et chercher d’autres témoignages. Un, puis un autre, et un troisième lui parviennent : parmi les anciens scouts du groupe Saint-Luc, nombreux sont ceux à avoir subi les attouchements, et parfois plus, du père Preynat, homme d’Eglise charismatique et terrible prédateur sexuel.

    Le film s’attache alors à raconter la création, dans un élan où fraternité et douleur se rassemblent, de l’association « La parole libérée » : en portant l’affaire sur la place publique, en demandant des comptes à l’église sur son silence, en voulant que justice soit faite, les victimes vont faire céder le verrou qui a cadenassé des décennies de honte, relâchant dans les esprits les torrent de souffrance qui, enfin, va pouvoir être dite et entendue. Et l’image, symbolique, de ces adultes accompagnant les enfants trahis qu’ils étaient dans ce délicat cheminement est tout simplement bouleversante.
    Alexandre s’est construit tant bien que mal une identité avec ce fardeau, trouvant le salut dans l’amour d’une famille et dans la foi. Mais Gilles n’a jamais pu s’extirper de la peur, de la culpabilité, ni en finir avec cette rage sourde qui distille encore en lui tant de violence. François, de son côté, a enfoui le secret dans un recoin bien planqué de sa mémoire, bouffant du curé comme on prend un antidote au poison. Certaines familles ont essayé de protester et ont renoncé devant l'impossibilité de se faire entendre, d'autres ont su et se sont tues, d’autres ont détourné le regard, d’autres encore ont minimisé les faits…

    Porté par un trio de comédiens remarquables, Grâce à dieu a l’intelligence de placer au centre de son propos la dimension humaine et la question du droit, de la justice, sans éluder les questions spirituelles et morales que le sujet implique.


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  • On rit d'un bout à l'autre. Les acteurs sont formidable e les dialogues plein d'humour. Une comédie sociale portée par deux acteurs au top. Mohamed Hamidi se joue des clichés et signe un film énergique - prix du public au Festival de l'Alpe d'Huez - qui fait du bien, avec un Gilles Lellouche attachant en PDG stressé.

    scénario: 17/20    acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    Jusqu'ici tout va bien

    Fred Bartel est le charismatique patron d’une agence de communication parisienne branchée, Happy Few. Après un contrôle fiscal houleux, il est contraint par l’administration de délocaliser du jour au lendemain son entreprise à La Courneuve. Fred et son équipe y font la rencontre de Samy, un jeune de banlieue qui va vite se proposer pour leur apprendre les règles et usages à adopter dans ce nouvel environnement. Pour l’équipe d’Happy Few comme pour les habitants, ce choc des cultures sera le début d’une grande histoire où tout le monde devra essayer de cohabiter et mettre fin aux idées préconçues.


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  •  Un pur navet. Tout est dans la bande annonce. ce n'est pas amusant du tout. j'ai bien aimé les autres films d'Oteniente mais là, c'est complètement creux. Pathétique, ridicule et pas vraiment "feel good". Bref, scénario bâclé, dialogues pas travaillés, comédiens en surjeu, image mal léchée, ce All Inclusive est d'un ennui mortel.

    scénario: 5/20     acteurs: 5/20    technique: 16/20   note finale: 5/20

    Planté par sa fiancée à l’aéroport, Bruno s’envole seul pour une semaine dans un club de vacances All Inclusive aux Caraïbes. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, il va devoir partager sa chambre avec Jean-Paul Cisse, éternel célibataire très envahissant…
    Avec  Lulu, retraitée et veuve très open, Caroline, Manon et Sonia, trois copines venues enterrer le divorce de la première et Edouard Laurent, le directeur du Club Caraïbes Princess, les deux vacanciers ne sont pas prêts d’oublier leur séjour sous le soleil des cocotiers.


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