•  Du grand Lelouch!! J'ai adoré cette histoire d'amour. Les acteurs sont formidables. Et même si on peut regretter quelques faiblesses de scénario, le film est réussi. Et l'Inde est magnifique.

    scénario: 14/20        technique: 16/20     acteurs 17/20     note finale: 16/20

    Un + Une

    Antoine ressemble aux héros des films dont il compose la musique. Il a du charme, du succès, et traverse la vie avec autant d’humour que de légèreté. Lorsqu’il part en Inde travailler sur une version très originale de Roméo et Juliette, il rencontre Anna, une femme qui ne lui ressemble en rien, mais qui l’attire plus que tout. Ensemble, ils vont vivre une incroyable aventure…

    Antoine, un célèbre compositeur de musiques de films, est à New Dehli pour travailler sur une version très originale de « Roméo et Juliette ». Invité à un dîner de l’ambassadeur de France (on ne sait pas s'il offre pour l'occasion une boîte de chocolats fourrés praliné), ce collectionneur de femmes, rangé des jupons depuis peu, sympathise avec Anna, la femme du diplomate. Le destin va les unir dans un pèlerinage sur les rives du Gange. Mais en Inde, il est bien difficile de faire la part du réel et du rêve…

    Les films de Claude Lelouch sont comme les vendanges, il y a des années avec, et des années sans. Allez savoir pourquoi Un + Une constitue le meilleur film du cinéaste depuis une éternité… Pourquoi celui-ci nous emballe plus que les autres ? Peut-être parce qu'à une heure où tant de jeunes cinéastes prennent des précautions consensuelles pour draguer le maximum de spectateurs (et Dieu sait si, dans notre cinéma franco-français, les mauvais exemples sont légion), Lelouch, lui, n'a peur de rien, assume tous les risques, va à fond et jusqu'au bout. Pleinement conscient de raviver à travers Dujardin et Zylberstein le couple Belmondo-Girardot qu'il avait dirigé dans Un homme qui me plaît (1969), il s'amuse à jouer à contre-temps de l'image et du caractère bien réel de ses acteurs – à ce point que, bluffant de naturel en bellâtre prétentieux grisé par ses succès tant amoureux que professionnels, Jean Dujardin parvient pour la première fois à nous convaincre qu'il peut être autre chose qu'une (talentueuse) caricature de Clarke Gable. Quant à Elsa Zylberstein, elle joue avec finesse et beaucoup de douceur de son image de beauté fragile. Jusqu'à Christophe Lambert, improbable diplomate plus lelouchien que nature, et Venantino Venantini, fantomatique Tonton flingué ; c'est un étonnant ballet entre la filmographie amoureuse du patron et ses préoccupation du présent qui nous est offert, transcendé par la quête mystique la plus simple et la plus naturelle du monde entre les bras de « Amma » Mata Amritanandamayi. Épatant.


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  • Un très joli film tout en nuances portés par des acteurs formidables.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20    technique: 17/20   note finale: 16/20

    Marguerite et Julien

    Julien et Marguerite de Ravalet, fils et fille du seigneur de Tourlaville, s’aiment d’un amour tendre depuis leur enfance. Mais en grandissant, leur tendresse se mue en passion dévorante. Leur aventure scandalise la société qui les pourchasse. Incapables de résister à leurs sentiments, ils doivent fuir…

    Une fois de plus, certains critiques se font une joie de brûler aujourd'hui ce qu'hier ils portaient au pinacle. Ainsi donc Valérie Donzelli, dont La Guerre est déclarée fut il n'y a guère encensée par une presse unanimement enthousiaste, s'est muée en une cinéaste négligeable et surestimée, et son adaptation de l'histoire du couple maudit formé par Marguerite et Julien de Ravalet, décapités en place de Grève en 1603, serait, selon ces grincheux, trop pop, trop kitsch et tué par ses artifices. Eh bien oubliez toutes ces mauvaises ondes, négligez tous les écrits de ces plumitifs aigris car tout ce qu'ils ont détesté, c'est ce que nous avons adoré ! Oui Valérie Donzelli ose tous les artifices de mise en scène et nous on marche à fond…

    Mais revenons au commencement. Valérie Donzelli s'est inspirée d'un scénario écrit par le grand Jean Gruault (qui vient de disparaître) pour son complice François Truffaut… qui finalement ne réalisa jamais le film. Tout part de l'histoire bien réelle, à la fin du xvie siècle, de Marguerite et Julien de Ravalet, jeunes enfants du seigneur de Tourlaville, dans le Cotentin. Deux enfants dont l'attachement fusionnel devint rapidement suspect aux yeux de leurs parents, qui s'empressèrent de les séparer, mariant de force la jeune fille à un riche collecteur d'impôts de trente ans son aîné. Mais arriva ce qui devait arriver, le mariage n'était pas heureux et la jeune fille s'enfuit pour rejoindre secrètement son frère à Fougères puis Paris, où les incestueux tourtereaux furent arrêtés.


    De cette histoire aussi romanesque que dramatique, Valérie Donzelli a décidé de faire un conte, qui flirte parfois avec l'univers de Jacques Demy, tendance Peau d’Âne. Ça commence d'ailleurs par la lecture du récit par une bande de fillettes, pensionnaires dans un quelconque collège. Toutes ces demoiselles chuchotent à la tombée de la nuit l'histoire interdite de Marguerite et Julien, les deux enfants qui s'aimaient trop. On retrouve le frère et la sœur devenus jeunes adultes, incarnés par Anaïs Demoustier, parfaite d'innocence puis de sensualité passionnée, et Jérémie Elkaïm, complice de toujours de Valérie Donzelli, impeccable lui aussi en amoureux intraitable. Ce qui étonne tout de suite, ce qui perturbe un peu et amuse beaucoup, c'est le choix délibéré de l'anachronisme et de l'étrangeté. On pourrait penser que l'on est au xixe siècle au vu des costumes, s'éloignant ainsi de la période originelle du récit, mais en même temps les fugitifs seront poursuivis par des hélicoptères et des meutes de policiers équipés de torches électriques. On verra aussi apparaître des postes de radio… Ce choix aussi fantaisiste qu'audacieux rappelle que l'histoire de cet amour impossible est éternelle et universelle, comme celle de Tristan et Yseult…

    On sait gré à Valérie Donzelli de ne pas céder à la réflexion plombante sur l'inceste, qui est finalement pour elle un sujet secondaire : et puis après tout, Zeus culbutait bien sa sœur Héra, et Cléopâtre épousa même successivement deux de ses frères ! Pour renforcer la singularité joyeuse de son film, Donzelli utilise des artifices étonnants, notamment des images figées pendant que seule la lueur des bougies continue de trembler, et une bande son résolument contemporaine, notamment l'imparable Midnight summer dream, tube des années 80 des Stranglers, pour couvrir la fuite des amoureux. Marguerite & Julien devient ainsi un conte pop aérien, sensuel, tragique et parfaitement abouti.


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  • Un très joli films: les acteurs sont fantastiques, le scénario est réussi, c'est bien filmé et la photo est magnifique. A voir!

    scénario: 17/20      technique: 19/20     acteurs: 18/20   note finale: 17/20

    Taj Mahal

    Louise a dix-huit ans lorsque son père doit partir à Bombay pour son travail. En attendant d’emménager dans une maison, la famille est d’abord logée dans une suite du Taj Mahal Palace. Un soir, pendant que ses parents dînent en ville, Louise, restée seule dans sa chambre, entend des bruits étranges dans les couloirs de l’hôtel. Elle comprend au bout de quelques minutes qu’il s’agit d’une attaque terroriste. Unique lien avec l’extérieur, son téléphone lui permet de rester en contact avec son père qui tente désespérément de la rejoindre dans la ville plongée dans le chaos.

    L'hôtel Taj Mahal, c'est l'hôtel le plus luxueux de Bombay, une énorme pièce montée qui trône sur une ville cosmopolite, une des plus grandes places financières du monde, mais grouillante de pauvres qui espèrent grappiller quelques miettes de cette concentration de richesse, à proximité des grands hôtels et des cafés… Jamais Louise n'aurait dû se trouver là si la maison, prévue par l'entreprise de son père qui l'a muté là pour deux ans, avait été prête. Deux ou trois jours d'attente supplémentaires à l'hôtel, pas la mer à boire, même si le luxe excessif de la suite qui leur échoit n'est pas vraiment leur milieu naturel. Réception de bienvenue avec les autres cadres de la boîte… Louise a dix-huit ans, ne se sent pas vraiment à l'aise. Lorsqu'elle sort pour découvrir la ville, le harcèlement dont elle fait l'objet ne lui donne pas vraiment envie de traîner dehors. Quand ses parents proposent de sortir dîner en ville, elle préfère rester à l'hôtel et les laisser partir en amoureux. Elle se plonge dans la lecture d'un bouquin, mais très vite des bruits dans le hall de l'hôtel l'alertent : des gens qui courent, puis des détonations, des cris… La réception qu'elle appelle, affolée, lui répond de rester dans sa chambre et son père au téléphone lui conseille de tout éteindre et de se planquer dans la salle de bain… C'est que là où ils sont, ses parents apprennent vite que le Taj Mahal est attaqué par des hommes armés, de petits attroupements se forment autour des écrans télé pour suivre en direct l'agitation autour de l'hôtel, l'arrivée des forces de police.

    Le film ne donne pas d'indications particulières, on n'apprend rien des circonstances, on vit les choses de l'intérieur comme un touriste ordinaire, sans jamais quitter Louise… Le scénario fait référence à une série d'attaques terroristes qui ont eu lieu à Bombay en novembre 2008, dans une dizaine de lieux emblématiques de la ville. Bilan : près de 180 morts et 300 blessés. Une attaque considérée par beaucoup comme le « 11 septembre indien » et qui a eu des conséquences immédiates au niveau politique (démission du Ministre de l'Intérieur…). Propriété de la plus riche famille de l'Inde, le Taj Mahal a été créé par Samjeti Tata qui, au début du siècle dernier, a construit sa fortune sur l'exploitation du coton. Ce jour de novembre 2008, des personnalités de tous les pays étaient dans l'hôtel, notamment la chef du gouvernement de Madrid, plusieurs députés européens, des hommes d'affaires…
    Il faut savoir que de nombreuses entreprises du monde entier investissent en Inde, où la main-d'œuvre est bon marché (un tiers des dix-huit millions d'habitants de Bombay vivent dans des bidonvilles) et certains craignaient que de tels attentats, conduits par une poignée d'hommes déterminés jusqu'à la mort, dans un pays déjà bien marqué par le terrorisme, ne soit pas sans conséquence sur l'économie et le tourisme. Actuellement avec ses 7,5% de croissance annuelle, l'Inde est en train de passer devant la Chine et Christine Lagarde chante les louanges de sa belle santé économique.


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  • J'avais trouvé la bande annonce complètement nase. Le film fut donc une heureuse surprise. On rit, c'est amusant.

    scénario: 16/20    technique: 16/20    acteurs: 16/20    note finale: 16/20

    Babby sitting 2

    Sonia souhaite présenter Franck à son père, Jean-Pierre directeur d’un hôtel écologique au Brésil. Toute la bande s’y retrouve ainsi pour y passer des vacances de rêve. Un matin, les garçons partent en excursion dans la forêt amazonienne. Jean-Pierre leur confie sa mère acariâtre Yolande. Le lendemain, ils ont tous disparu… On a juste retrouvé la petite caméra avec laquelle ils étaient partis. Sonia et son père vont regarder cette vidéo pour retrouver leur trace…


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  • On a connu Spielberg mieux inspiré mais enfin, c'est réussi. L'acteur qui joue le russe est formidable.

    scénario: 16/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 16/20

    Le pont des espions

    James Donovan, un avocat de Brooklyn se retrouve plongé au cœur de la guerre froide lorsque la CIA l’envoie accomplir une mission presque impossible : négocier la libération du pilote d’un avion espion américain U-2 qui a été capturé.

    Avec Le Pont des espions, une histoire de prisonniers russes et américains échangés pendant la guerre froide, le cinéaste célèbre une délivrance qui est d'abord la sienne… Paralysé par la reconnaissance tous azimuts dont il est l'objet, et qui a culminé avec la sortie de Lincoln fin 2012, le réalisateur a depuis passé son temps à hésiter entre différents projets de films, pour mieux y renoncer. Il a même enterré "Robopocalypse", une superproduction futuriste qu'il présentait, pendant la promotion de Cheval de guerre (2011), avec un sourire amusé et une formule clé en main : « Du popcorn avec un message dedans ». C'est donc finalement Le Pont des espions qu'il a jugé possible d'emprunter, sans doute rassuré par la formule, plus sage, de ce film qui délivre un grand et beau message, avec juste un peu de popcorn dedans.

    Le premier plan, superbe et saisissant, montre un homme qui semble avoir trois visages : le sien, celui qu'un miroir lui renvoie et celui de l'autoportrait qu'il est en train de peindre… Cet artiste est un espion. Une superbe scène de filature le confirme, dans le New York de 1957, jusqu'à l'arrestation de cet étrange Russe prénommé Abel (Mark Rylance). S'ouvre alors vraiment un scénario touffu, co-écrit par les frères Coen, avec un certain sens de la paranoïa et quelques pointes d'humour en contrebande. Pour faire condamner à mort Abel (comme les époux Rosenberg, qui finirent sur la chaise électrique en juin 1953, accusés d'espionnage au profit de l'URSS), l'Etat américain veut mettre les formes et lui paye donc un avocat commis d'office. Mais ce James Donovan (Tom Hanks), bon père de famille spécialisé dans les problèmes d'assurance, décide de pousser l'illusion de justice jusqu'à l'épreuve de vérité : pour faire respecter les droits de son client, il devient le plus brillant, le plus courageux des négociateurs, haï par ses concitoyens, mais droit dans ses principes. Et c'est lui que la CIA vient chercher en secret, quand un de ses agents tombe aux mains des Russes, pour tenter un grand marchandage…

    Parce qu'elle est vraie, l'histoire de James B. Donovan (1916-1970) donne matière à bien plus qu'un simple film d'espionnage. A travers cet homme ordinaire en mission secrète, c'est une certaine idée de l'engagement qui est mise en exergue, en même temps que de grandes valeurs (liberté, justice) se transforment en actes. Cette partition est évidemment parfaite pour Spielberg, qui peut ici faire vibrer sa fibre humaniste… Avec son ami Tom Hanks, lui-même dans un rôle idéal, il donne à ce Pont des espions la tonalité et la tenue d'un cinéma classique, enveloppant, d'une sobre élégance.

    […] Le film, dans ses bonnes intentions comme dans sa réalisation, frôle toujours la convention, mais y résiste aussi le plus souvent. La force du plan d'ouverture n'est, en effet, jamais perdue tout au long du Pont des espions, qui est bel et bien un autoportrait, non pas d'Abel, mais de Spielberg lui-même. Entre le prisonnier et l'avocat, un échange nourrit une sorte de gag à froid, qui revient à plusieurs reprises. « Vous n'avez pas peur ? », demande l'Américain au Russe, qui joue sa tête sans jamais perdre son calme et répond avec une autre question : « Cela aiderait ? ». Spielberg est alors, bien sûr, du côté de Tom Hanks et de Donovan : il est l'homme qui a peur que les choses tournent mal, que la justice ne soit pas rendue, qu'elle oublie d'autres hommes, prisonniers des guerres, froides ou pas, qui se jouent par-dessus eux, au mépris de leur vie. Et si le sang-froid du Russe laisse l'Américain sans voix, le film répond pour lui : oui, avoir peur, ça aide. Avoir peur, c'est penser aux autres, c'est s'engager. Pour ce portrait de Spielberg en homme inquiet, Le Pont des espions est, dans une carrière spectaculaire, un moment secrètement essentiel.


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  •  Un très joli film sur les conséquences du génocide arménien. Le scénario est intéressant malgré quelques faiblesses ou facilités. On peut également regretter le jeu approximatif d'Ariane Ascaride, qui joue tous les rôles exactement de la même façon. C'est lassant. C'est bien filmé et les jeunes acteurs sont formidables. les décors et les costumes sont magnifiques.

    scénario: 15/20       acteurs: 16/20 (Ariane Ascaride: 8/20)     technique: 18/20   note finale: 16/20

     

    Une histoire de fou

    Berlin 1921, Talaat Pacha, principal responsable du génocide Arménien est exécuté dans la rue par Soghomon Thelirian dont la famille a été entièrement exterminée. Lors de son procès, il témoigne du premier génocide du 20ème siècle tant et si bien que le jury populaire l’acquitte.

    Soixante ans plus tard, Aram, jeune marseillais d’origine arménienne, fait sauter à Paris la voiture de l’ambassadeur de Turquie. Un jeune cycliste qui passait là par hasard, Gilles Tessier, est gravement blessé.

    Aram, en fuite, rejoint l’armée de libération de l’Arménie à Beyrouth, foyer de la révolution internationale dans les années 80. Avec ses camarades, jeunes arméniens du monde entier, il pense qu’il faut recourir à la lutte armée pour que le génocide soit reconnu et que la terre de leurs grands-parents leur soit rendue.

    Gilles, qui a perdu l’usage de ses jambes dans l’attentat, voit sa vie brisée. Il ne savait même pas que l’Arménie existait lorsqu’Anouch, la mère d’Aram, fait irruption dans sa chambre d’hôpital : elle vient demander pardon au nom du peuple arménien et lui avoue que c’est son propre fils qui a posé la bombe.

    Pendant que Gilles cherche à comprendre à Paris, Anouch devient folle de douleur à Marseille et Aram entre en dissidence à Beyrouth… jusqu’au jour où il accepte de rencontrer sa victime pour en faire son porte parole.

    Berlin est tranquille. La journée est paisible. Les rayons du soleil cajolent les scènes du quotidien. Les enfants jouent, les mères les surveillent. Deux vieux sur un banc devisent… « J'aime penser que les moments les plus importants de l'Histoire ne se produisent pas sur les champs de bataille ou dans les palais, mais dans les cuisines ou les chambres d'enfants » dit l'un, reprenant une phrase de l'écrivain israélien David Grossman qui naîtra trente ans plus tard… Clin d'œil anachronique, géographique, intemporel : nous sommes le 15 mars 1921. Plus loin, un jeune homme svelte, charmant, à l'élégance classique, guette le perron d'une demeure cossue. Malgré l'ambiance printanière, il apparait vite qu'il n'attend pas un rendez-vous galant. Ses traits reflètent une anxiété mêlée d'impatience. Un monsieur à l'air important sort alors de la maison… Notre jeune compère s'avance vers lui d'un air décidé… L'un s'appelle Talaat Pacha, l'autre Soghomon Tehlirian… Si ces noms vous sont familiers, vous devinerez la chute de l'histoire et comprendrez pourquoi elle constitue un habile prologue qui éclairera brillamment notre histoire contemporaine. Dans le cas inverse, autant qu'on vous laisse découvrir la suite sans en dire plus…


    Soixante ans plus tard, Marseille est tranquille… Au-Dessus de la petite épicerie que tiennent ses parents, Aram a grandi de manière paisible. Sa grand-mère arménienne, chaque jour que son Dieu fait, raconte, chante, tremble encore des heures sombres qu'elle a vécues et que le reste du monde semble avoir pratiquement oubliées. Elle est la petite voix, de plus en plus fragile, qui refuse de se plier, de sombrer dans l'oubli. Elle est à la fois pénible et réjouissante, tenace en tout cas. Et ses petits enfants l'écoutent, même les plus jeunes. Elle leur parle d'un temps qu'ils ne peuvent pas connaître. Elle leur parle de leurs racines, d'une terre dont ils ont été chassés. Et malgré ce long exil, le plaisir, les liens qu'ils ont tissés ici, leur diaspora reste enracinée dans ce passé-là. Une culture qu'ils ne renient pas, entretiennent comme une richesse supplémentaire. Ils sont d'ici avec ce petit plus venu de là-bas. De la même manière qu'ils célèbrent le 14 juillet, il est impensable d'oublier la commémoration du 24 avril, début du massacre de leur peuple, d'oublier les saveurs de l'Arménie, ses senteurs, sa cuisine, ses danses et chants traditionnels…
    Mais peu à peu, Aram, devenu un jeune adulte, se radicalise, questionne père et mère, les renvoie à leur part de responsabilité individuelle dans le manque de courage et de résistance collectifs. Alors que pour leur génération l'urgence était de survivre, de s'intégrer, d'offrir à leurs enfants la vie bonne, ces derniers réclament, coûte que coûte, la reconnaissance du génocide perpétré contre leurs aïeux. Et un jour Aram disparaît sans un mot. Dans les journaux, on lit que les attentats se multiplient, perpétrés par l'ASALA (Armée Secrète Arménienne de Libération de l'Arménie)…

    Robert Guédiguian raconte qu'une part du scénario est née de sa rencontre avec José Gurriaran, écrivain, journaliste espagnol, qui, en 1981 à Madrid, sauta sur une bombe posée justement par l'ASALA. Paralysé à vie, victime innocente, il se mit à se passionner pour la question arménienne jusqu'à en épouser la cause. Sans justifier le terrorisme, les colères légitimes passent parfois par des chemins extrêmes… Une très belle histoire qui nous rappelle que seuls peuvent pardonner ceux qui n'ont pas oublié, et qui souvent ont été touchés jusque dans leur chair.


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  • Une excellente version de "Madame Bovary". Les acteur sont formidables, les décors sublimes et c'est très bien filmé. Bref, un régal!!

    scénario: 17/20         acteurs: 17/20       technique: 17/20       note finale: 17/20

    Madame Bovary

    Emma Rouault, fraîchement sortie du couvent, épouse Charles Bovary, un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé la compagne parfaite. Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, dessine, joue du piano et reçoit avec élégance les visiteurs. Cette vie monochrome auprès d’un époux sans raffinement est bien loin des fastes et de la passion auxquels elle aspire. Ses rencontres avec M. Lheureux, habile commerçant, le Marquis d’Andervilliers, et Léon, jeune clerc de notaire, vont rompre la monotonie de son existence.

    Emma Bovary. Un infini personnage, comme on parlerait d’un infini paysage. Un horizon qui n’en finit pas de surprendre et dans laquelle cinéastes, lecteurs ou spectateurs n’ont eu de cesse de se projeter, de se laisser charmer, indéfiniment. Emma Bovary : on croyait la connaître par cœur, elle qui livra ses mystérieux tourments à travers les mots de Gustave Flaubert, ou qui offrit sa belle lassitude au regard fidèle de Renoir, Chabrol ou celui plus libre de Manoel de Oliveira ou d’Anne Fontaine, et pourtant : elle va encore vous surprendre. Emma Bovary : toujours la même, jamais la même.
    Une réalisatrice française, une comédienne australienne d’origine polonaise et une distribution résolument anglophone : cette nouvelle adaptation ne s’encombre pas de quelconques impératifs franco-français et balaie d’un revers de main (joliement gantée, la main, celle de la délicieuse Mia Wasikowska) l’éventuelle diktat qui imposerait la langue de Flaubert. Madame Bovary cause anglais… bon, et alors. La destinée d’Emma Bovary, ses déceptions, ses tourments, ses délicieuses attentes, ses espoirs déçus n’ont qu’un seul et unique langage : celui d’un cœur bien trop grand pour un monde étriqué. Universel, atemporel, le personnage de Madame Bovary touche et séduit bien au-delà du texte originel et si les premières minutes du film peuvent dérouter et nous faire croire que nous nous sommes égarés chez les sœurs Brönte, on oublie très vite la barrière de la langue pour toucher l’essence du texte de Flaubert à travers la magnifique beauté enjouée d’Emma qui, peu à peu, va se faner au contact d’une vie monochrome.

    La réussite du film, impeccablement mis en scène sans ostentation ni recherche inutile d’artifices, réside pour une bonne part dans l’interprétation sobre mais imposante de justesse de Mia Wasikowska qui n’en finit décidemment pas de nous étonner et parvient à glisser un souffle de fraîcheur et de feu dans le regard plus que centenaire d’Emma. Emma, c’est elle.
    Emma Rouault, fraichement sortie du couvent, épouse Charles Bovary, un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé la compagne parfaite, une jeune femme discrète, charmante, délicieuse. Charles est très souvent absent, en visite… Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, elle dessine, elle joue du piano et reçoit avec élégance les visiteurs. Mais très vite Emma se lasse, Emma s’ennuie, Emma étouffe dans cette toute petite vie de province qui ressemble à tout, sauf à ce dont elle avait rêvé. Ni passion amoureuse, ni faste de la vie mondaine, ni grandeur des âmes ou des sentiments…

    L’horizon d’Emma semble indéfiniment gris comme le ciel avec pour seule saveur celle des dîners moroses, en tête en tête avec Monsieur. Sous le calme mélancolique qui envahit peu à peu la jeune femme gronde la passion sourde et enflammée qui ne demande qu’à exploser. Ses rencontres avec Monsieur Lheureux, habile boutiquier, le Marquis d’Andervilliers, puis Léon, jeune clerc de notaire, vont rompre la monotonie de son existence, pour ses plus grandes et tumultueuses émotions et sa plus tragique destinée.


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  • Encore un film magnifique. Un petit bijou.  la première partie est une merveille, la seconde, un peu en dessous. Les acteurs sont fantastiques, c'est bien filmé, le scénario est original et les dialogues sont plein d'humour.

    scénario: 18/20    acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Nous trois ou rien

    D’un petit village du sud de l’Iran aux cités parisiennes, Kheiron nous raconte le destin hors du commun de ses parents Hibat et Fereshteh, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l’amour familial, le don de soi et surtout l’idéal d’un vivre-ensemble.

    Dire que j'ai failli passer à côté de ce film marrant comme tout, intelligent, plein de surprises et de chaleur, débordant d’amour pour l’humanité toute entière et en particulier pour ceux qui ont inspiré le film : les parents de Kheiron, drôle d’énergumène qui arrive dans ce qui est son premier film à faire « rire aux larmes, bouleverser les âmes, interpeller les consciences » comme écrit un spectateur. On ajoutera qu’il nous fait traverser trente ans d’histoire de la façon la plus surprenante, franchir trois ou quatre frontières pour atterrir dans une cité de la banlieue parisienne, nous donne une foultitude d’informations qui trouvent leur prolongement dans notre histoire présente… endossant lui-même le rôle de son propre père, un bonhomme hors du commun, indécrottable optimiste à qui il rend ici un hommage affectueux à travers une histoire qui a toutes les apparences d’un conte alors qu’elle nous raconte des choses terribles et qui auraient du mal à passer sans cette façon de les dire, pleine d’humour, d’inventions audacieuses et de vitalité. Ce film a tout l’air d’une déclaration d’amour à son père, sa mère, ses frères et ses sœurs… ses amis et parvient à nous convaincre que rien n’est jamais perdu tant qu’on est persuadé du contraire.


    Quel tempérament ce Hibat (le nom du papa) ! Issu d’une famille très nombreuse, très solidaire, très animée. Jeune avocat, irréductible et turbulent opposant au Chah d’Iran et à son régime répressif, il sera condamné à la prison, avec plusieurs de ses copains et frères. Il passera sept années de mauvais traitements dans les prisons iraniennes… Une peine qu’il finira au mitard pour avoir refusé, un beau jour du printemps 1975, de manger le gâteau offert par le Chah pour son anniversaire à tous les prisonniers. Comme beaucoup d’opposants, il se réjouit tout d’abord de la révolution qui renverse le Chah (79) et lui permet de retrouver la liberté. Mais au premier discours de l’ayatollah Khomeiny, il comprend vite qu’elle ne va pas amener la démocratie dont il rêve et se retrouve à nouveau dans l’opposition au nouveau régime. Entre temps il a rencontré celle qui va devenir sa femme (ahrr la séquence où il demande sa main à ses beaux parents…) une drôle de gonzesse (chouette Leila Bekhti) avec qui il va faire très vite le bambin qui réalisera le film de sa vie en 2015 après avoir fait ses classes avec Djamel Debouze et Canal…
    Leur fuite d’Iran à travers les montagnes enneigées du Kurdistan (83), leur passage en Turquie, leur atterrissage à Stains (84)… une épopée miraculeuse dont on se demande encore comment ils ont pu en sortir… le tout emballé avec un humour décapant et des comédiens qui semblent se marrer comme des petits fous… certains des personnages auront une fin moins heureuse (mais bel hommage à ceux-là aussi : la drôlerie n’empêche pas l’émotion).

    Trop beau diront certains ! D’autre s’énerveront : on ne rigole pas avec la torture. Faire du Chah un personnage de bande dessinée peut en hérisser d’autres… Foin des pisse-vinaigre : la dérision n’est elle pas le meilleur moyen de conjurer l’horreur ? Se se donner de la force pour parvenir à résister et de rappeler des choses que certains ignorent et que beaucoup ont déjà oublié ? C’est un hymne fichtrement positif et bienveillant à la liberté, à la tolérance, à l’intégration et la réalité donne raison à ce parti pris de prendre les choses du bon côté quoi qu’il arrive : une bonne façon de donner le ton pour ce début d’année qu’on vous souhaite excellente. Et que l’humour nous préserve tous de devenir de vieux imbéciles craintifs et amers…


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  • Un très beau film avec des acteurs fantastiques, un scénario génial et des dialogues souvent amusants. j'ai adoré! Je ne peux pas en dire plus car je ne veux pas vous faire perdre le plaisir de la découverte.

    scénario: 18/20          acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Lolo

    En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s'adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori.

    En thalasso à Biarritz avec sa meilleure amie, Violette, quadra parisienne travaillant dans la mode, rencontre Jean-René, un modeste informaticien fraîchement divorcé. Après des années de solitude, elle se laisse séduire. Il la rejoint à Paris, tentant de s’adapter au microcosme parisien dans lequel elle évolue. Mais c’est sans compter sur la présence de Lolo, le fils chéri de Violette, prêt à tout pour détruire le couple naissant et conserver sa place de favori… Lol aux stéréotypes. Les personnalités de Lolo sont à l’image donnée par ses comédiens vedettes depuis des années. Julie Delpy en gourou de la mode parisienne, le langage cru et vrai, avec sa copine Karin Viard, prédatrice indomptable, revient à la réalisation après 2 Days in Paris et 2 Days in New York.

    Cette fois-ci elle relate son coup de foudre avec un provincial un peu tendre et benêt (Dany Boon !) que son fils à l’écran, Vincent Lacoste, aussi cynique que dans JC comme Jésus Christ, va essayer d’écarter de sa vie de la façon la plus machiavélique possible… Les univers contraires se côtoient dans Lolo, par opportunisme commercial, peut-être, mais avec complémentarité, certainement.
    La crudité indie, mais toujours bienveillante, de Delpy parvient à rendre acceptable la présence iconoclaste de Dany Boon que l’on ne s’attendait pas à retrouver dans son monde arty et bobo où se croisaient surtout jusqu’alors de vieux routiers de Mai 68 et des New-yorkais un peu névrosés au flow intarissable. Mais le portrait de brave type qu’incarne Boon depuis Bienvenue chez les Ch’tis, colle en fait plutôt bien à la peinture beauf voulue par l’auteure. Alors pourquoi pas ? Quant à l’étiquette de « petit con » que Lacoste aime se coller au front depuis Les Beaux gosses, elle permet à l’acteur capable d’écarts remarquables (Hippocrate), et que l’on déjà vu chez Delpy (Le Skylab), d’inviter le teen movie à la française, décalé et verbal, et de le mêler aux affaires des grands avec l’insolence sardonique de sa génération acerbe.

    Dans cette farce sur la famille recomposée, accessible à tous, Julie Delpy vise un public plus large qu’auparavant, au-delà de la présence de Dany Boon, de par des situations de comédie à rebondissements rocambolesques qui vont multiplier les fous rires collectifs dans les salles. Le ton est à la bonne humeur communicative et l’énergie est débordante, tout ici désopile, des premiers instants girlie et bitchy, au final parodiant de près le Tanguy de Chatiliez qui aurait rencontré le Damien de La Malédiction.
    Bref, Lolo, c’est un peu le mariage pour tous, celui de toutes les comédies, un divertissement généreux qui assoit un peu plus le talent d’écriture de Julie Delpy qui peaufine les dialogues truculents, avec une spontanéité feinte qui caractérise son style.


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  •  Un excellent Woody!! Bien bavard mais moins que d'habitude. Ha le destin...

    scénario: 16/20     technique: 16/20     acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    L'homme irrationnel

    Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu’il ait entrepris - militantisme politique ou enseignement - n’a servi à rien.Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d’Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s’intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.

    Si tous les films étaient écrits et mis en scène avec le même talent, si tous faisaient preuve de la même fantaisie profonde, de la même légèreté grave pour épingler nos travers et nos lubies, pour en rire beaucoup et en pleurer un peu, le cinéma serait un perpétuel bain de jouvence. Depuis ses débuts, Woody Allen est passionné par la philosophie. Elle imprègne mine de rien ses films des grandes questions existentielles qu'il traite avec plus ou moins de noirceur ou d'humour. L'Homme irrationnel prend la philo à bras le corps, en fait sa matière même, qu'il malaxe avec délectation…
    Abe Lucas est donc prof de philo mais pour l'heure c'est surtout un homme seul, qui a perdu toute joie de vivre. Son étude des grands penseurs ne l'a pas rendu heureux et ne lui a pas apporté non plus de réponses satisfaisantes quant au sens de la vie. S'il a autrefois aimé son métier d'enseignant, il estime aujourd'hui que ses cours n'auront aucune influence sur la plupart de ses étudiants. Bref, Abe déprime. C'est dans ce sombre état d'esprit qu'il débarque dans une petite bourgade de la côte est, dotée d'une modeste fac où il doit enseigner pendant l'été. Précédé d'une réputation sulfureuse (publications iconoclastes, rumeurs persistantes de frasques sexuelles avec des étudiantes), le professeur Lucas est donc attendu avec une certaine fébrilité dans la communauté universitaire. Woody Allen ne pouvait pas faire un meilleur choix que de confier le rôle à Joaquin Phoenix : son charisme, sa beauté inquiétante, la fragilité qu'il dégage font que l'on croit immédiatement en son personnage, et à tout ce qui se dit sur lui. Il incarne ce prof borderline avec une telle justesse, sans effet ni maniérisme, que l'on touche à la perfection.

    Ce qui devait arriver arrive et peu de temps après son arrivée sur le campus, Abe entame deux liaisons. D'abord avec Rita Richards (formidable Parker Posey), collègue en manque d'affection qui compte sur Abe pour lui faire oublier un mariage qui s'ankylose. Ensuite avec Jill Pollard, (lumineuse Emma Stone, déjà présente et épatante dans Magic in the moonlight). Elle est sa plus brillante étudiante et devient très vite sa meilleure amie dans cette ville où il ne connaît personne. Et même si Jill est amoureuse de son petit ami Roy, elle trouve très vite irrésistible le tempérament torturé et fantasque de ce prof imprévisible, capable de lui proposer une gorgée de bourbon en pleine journée au milieu du campus. Mais la phase dépressive d'Abe s'aggrave et malgré les avances de plus en plus pressantes de la belle étudiante, il la rejette.
    C'est alors que le hasard bouscule le destin de nos personnages : Abe et Jill surprennent dans une cafétéria une conversation qui va les bouleverser. Elle pousse Abe à prendre une décision cruciale, qui va le rendre à lui-même, prêt de nouveau à jouir pleinement de son existence, persuadé d'avoir repris les choses en main. Mais cette décision aura d'autres conséquences…

    Il est des artistes qui, comme un artisan perfectionniste, remettent sans cesse sur le métier leur ouvrage, recherchant la forme idéale, chaise après chaise, toile après toile, film après film. Woody Allen est un de ceux-là, un des plus éminents, en version stakhanoviste : un film par an, sans exception, depuis trente-trois ans ! Cette régularité de métronome entraîne forcément quelques réactions désabusées : « Déjà ! », « Encore ! », « Le dernier n'était déjà pas terrible », « Il n'a rien fait de vraiment bien depuis Match point »… bla bla bla. Laissons les bla-blasés faire la fine bouche. Pour notre part, nous préférons nous souvenir des multiples moments de pur bonheur et de vive intelligence que nous avons partagés avec le bonhomme. Nous choisissons le camp des modestes jouisseurs, appréciant à sa juste et haute valeur ce Woody Allen 2015.


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  • Un film à l'esthétisme exacerbé: tout est magnifique: les costumes, les décors, l'image. Certes c'est un peu sanguignolant par moment. Mais c'"est un très beau film, plein de rebondissements. Les acteurs sont impeccables!

    scénario: 17/20     acteurs: 18/20   technique: 19/20   note finale: 17/20

    Crimson Peak

    Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.


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  •  Très amusant. J'ai beaucoup rit. Les décors sont somptueux. Bien joué, bien filmé et plein d'humour.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20    note finale: 16/20

    Les nouvelles aventures d'Aladin

    À la veille de Noël, Sam et son meilleur pote Khalid se déguisent en Père-Noël afin de dérober tout ce qu’ils peuvent aux Galeries Lafayette. Mais Sam est rapidement coincé par des enfants et doit leur raconter une histoire... l’histoire d’Aladin... enfin Sa version. Dans la peau d’Aladin, Sam commence alors un voyage au coeur de Bagdad, ville aux mille et une richesses... Hélas derrière le folklore, le peuple subit la tyrannie du terrible Vizir connu pour sa férocité et son haleine douteuse. Aladin le jeune voleur, aidé de son Génie, pourra-t il déjouer les plans diaboliques du Vizir, sauver Khalid et conquérir le coeur de la Princesse Shallia ? En fait oui, mais on ne va pas vous mentir, ça ne va pas être facile !


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  • Un très joli film avec des acteurs formidables. 

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20    technique: 17/20    note finale: 17/20

    Le nouveau stagiaire

    Ben Whittaker, un veuf de 70 ans s'aperçoit que la retraite ne correspond pas vraiment à l'idée qu'il s'en faisait. Dès que l'occasion se présente de reprendre du service, il accepte un poste de stagiaire sur un site Internet de mode, créé et dirigé par Jules Ostin.


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  • Encore un film très réussi! Et l'actrice qui joue l'étudiante est excellente. Les dialogues sont plein d'humour. C'est très bien joué et le scénario est excellent. Claude Brasseur est au mieux de sa forme. C'est bien filmé.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20     technique: 18/20    note finale: 18/20

    L'étudiante et Monsieur Henri

    cause de sa santé vacillante, Monsieur Henri ne peut plus vivre seul dans son appartement parisien. Particulièrement bougon, il finit néanmoins par accepter la proposition de son fils Paul de louer une chambre à une jeune étudiante. Loin de tomber sous le charme, Henri va se servir d'elle pour créer un véritable chaos familial…


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  • Une totale réussite. je ne sais pas si les acteurs sont des pros mais ils sont excellents! Le scénario est génial et c'est très bien filmé. 

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Fatima

    Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.

    Fatima, c'est plus qu'un magnifique portrait de femme, c'est le portrait d'une foultitude d'autres et même, en filigrane, celui de notre société. C'est un film qui vient plonger au plus profond de nous-mêmes, nous bousculer à tel point qu'il sera impossible de regarder de la même manière les passantes inconnues que l'on croise dans la rue têtes nues ou discrètement voilées. Il n'y a qu'une chose à faire : éteindre complètement son portable, se lover dans son siège préféré puis se laisser porter pendant une petite heure dix neuf minutes où tout est merveilleusement dit et montré, avec une justesse de ton et une élégance discrète qui confirment que Philippe Faucon est décidément un grand cinéaste (on n'a pas oublié Samia, Dans la vie, le prémonitoire La Désintégration…). Et au fait, plus que jamais : arrivez à l'heure ! Il est impensable de louper le premier plan !

    Fatima, un prénom de princesse presque devenu un nom commun tant on l'associe aux dames de ménage corvéables à merci, prolétaires de l'ombre destinées à la serpillière. Notre Fatima ne rompt pas avec ce cliché. Le pâle sourire qui illumine son visage débonnaire, son allure de quarantenaire plantureuse, vêtue soigneusement mais sans souci d'effets de mode, son voile qui cache ses cheveux : tout contribue à en faire une Fatima semblable à ces milliers d'autres qu'on voit circuler dans l'indifférence générale de nos cités. Dans la grisaille du petit jour, elle semble presque glisser, anodine et frêle, pour aller travailler dans divers lieux où l'on s'adresse à elle avec une condescendance déshonorante (plus encore d'ailleurs pour ceux qui en font preuve que pour elle qui la subit). Le soir, rentrée à l'appartement, il lui reste encore à affronter l'arrogance de sa plus jeune fille, Souad, qui du haut de ses quinze ans la juge de manière tranchante. Comme si Fatima était le symbole de l'entrave à son intégration, l'empêcheuse de se normaliser en rond. Sa révolte se trompe d'ennemie, elle est le fruit d'une société qui l'incite à avoir honte d'une mère qui n'est bonne qu'à « laver la merde des Français » et qui ne sait même pas parler leur langue…
    Heureusement, son aînée, Nesrine, remet un peu sa cadette en place. Elle connaît le prix de l'ascension sociale, les sacrifices maternels pour qu'elle parvienne jusqu'au concours de médecine… Tout un discours tellement ressassé par la voix haut perchée de Fatima que Souad le rejette en bloc et ne veut plus l'entendre. Elle mériterait bien des baffes parfois, et on aurait presque envie de secouer Fatima qu'on pourrait prendre tout d'abord, bêtement, comme le fait une bonne partie de son entourage, pour le prototype de la femme soumise. Progressivement on découvre combien on a tout faux, à quel point on est tombé dans le piège du délit de faciès et on fond d'admiration pour cette bonne femme à la volonté tenace, pour son obstination à ne céder ni à la violence ni au mépris qu'on lui renvoie de toutes parts. Elle a cette force insoupçonnable de celle qui n'a rien à prouver. On peut bien la prendre pour une imbécile, cela n'altère en rien ce qu'elle est, ses mérites. Si elle ne fait pas de vagues, c'est qu'elle reste tendue vers son but, ne s'en détourne jamais : amener ses filles vers un rivage qui l'a elle même rejetée ou en tout cas bien mal accueillie. Et la traversée est tellement semée d'embûches que dans la bataille, cette altruiste s'est tout simplement oubliée, sacrifiant une part d'elle-même.

    Plus on rentre dans son intimité, plus on dépasse sa difficulté à s'exprimer, cette barrière de la langue qui crée un fossé infranchissable entre les humains, plus sa beauté intérieure se dévoile, irradie. Personnage complexe et subtil, à l'intelligence vive, aux propos pertinents. On souhaiterait tous avoir une telle Fatima dans sa vie ! Pour l'heure Philippe Faucon nous l'offre dans son film : ne la laissons pas passer !


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  •  Voici une description sans concession de la triste société marocaine, corrompue jusqu'à l'os et où la seule possibilité de s'en sortir "honnêtement" pour les filles semble être la prostitution... Un film sur ces pauvres filles obligées de se prostituer pour vivre. Pas mal, mais on comprend que le film ait été interdit au Maroc. Le scénario aurait pu être amélioré.

    scénario: 15/20     technique: 16/20  acteurs: 17/20   note finale: 16/20

    Much love

    Marrakech, aujourd'hui. Noha, Randa, Soukaina et Hlima vivent d'amours tarifées. Ce sont des prostituées, des objets de désir. Vivantes et complices, dignes et émancipées, elles surmontent au quotidien la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant.

    C'est un film audacieux qui balaie fièrement les obscurantismes, les préjugés faciles et surtout les grandes hypocrisies, les uns se nourrissant des autres. D'ailleurs ça n'a pas manqué : dans son pays d'origine, le Maroc, Much loved a fait l'effet d'une bombe. Censure préalable du film, qui ne sera probablement montré que clandestinement, attaques très violentes contre l'équipe allant jusqu'aux menaces explicites de mort contre le réalisateur et son actrice principale, la géniale Loubna Abidar… Alors même que ses contradicteurs ne l'ont généralement pas vu, le film déchaine les réactions de haine. Et pourtant c'est bien un formidable film d'amour. De quel crime parle-t-on ? Celui de montrer sans stigmatisation ni édulcoration le quotidien de quatre prostituées marocaines, dans un pays où cette activité est officiellement interdite, mais pourtant omniprésente pour qui a fréquenté un jour les lieux de nuit des grandes villes marocaines, tout spécialement celles qui attirent touristes et hommes d'affaires en goguette, qu'ils soient Marocains, Européens ou ressortissants des Emirats, ces pays utlra rigoristes qui exportent de nombreux millionnaires en pleine frustration sexuelle et accros aux relations tarifées.

    On va suivre, à Marrakech, Nora, Randa, Soukaina et plus tard Hlima. Les premières scènes sont pour le moins explicites. Les trois comparses se rendent, accompagnées de leur toujours serviable chauffeur Saïd, à une fête organisée par des Saoudiens. L'alcool pourtant interdit coule à flots. Rapidement les danses lascives s'enchaînent devant les émiratis enivrés… et la suite ne fait aucun doute. Les propos des filles entre elles sont crus et ont dû choquer autant les notables cannois (Much loved était sélectionné à La Quinzaine des Réalisateurs lors du dernier Festival) que le Marocain moyen, pourtant conscient de cette réalité : l'une demande à l'autre si elle sait faire un 8 avec ses fesses, puis rigole d'avoir « la chatte en sang » après une nuit avec un client inépuisable et plus tard fait sa toilette intime au Coca pour chasser les règles…
    Nabil Ayouch montre la crudité du métier mais pas que ça. Refusant les clichés misérabilistes aussi bien qu'angéliques, il décrit avec tendresse le paradoxe de ces femmes qui donnent parfois leurs corps pour nourrir une famille qui pourtant les méprise, en totale hypocrisie ; il montre aussi la formidable solidarité de ces sœurs de lupanar qui, malgré les engueulades mémorables, se soutiennent envers et contre tout et tous, font bloc dans les moments difficiles, comme quand l'une est tabassée par un client furieux de s'être révélé impuissant ou quand l'autre est violée par un policier, pratique courante dans l'arbitraire de la prohibition prostitutionnelle. Des femmes qui tentent d'aimer aussi, même si tout est réuni pour leur prouver que c'est impossible…

    Ce qui génère probablement l'agacement voire la haine de certains et – beaucoup moins nombreuses heureusement – certaines, c'est que Nabil Ayouch (un récidiviste qui avait déjà su gratter la société marocaine là ou ça fait mal dans Ali Zaoua et Les Chevaux de Dieu) fait de ces putes parfois grossières et tonitruantes des héroïnes formidables de générosité et de liberté, incarnées par des actrices non professionnelles non moins formidables qui insufflent à leur personnage une authenticité implacable.


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  • Un très joli film éthiopien. Bon, bien sûr le scénario aurait mérité quelques ajustements. Les acteurs jouent bien mais ne sont visiblement pas pros. Mais l'idée est intéressante. C'est bien filmé et on voit l'Ethiopie.

    scénario: 14/20   acteurs: 14/20   technique: 17/20   note finale: 16/20

    Lamb

     

    Ephraïm, un garçon de neuf ans, vit avec sa brebis Chuni dans les terres volcaniques d’Éthiopie. Lorsque sa mère meurt lors d’une famine, son père l‘envoie, accompagné de sa brebis, chez des parents éloignés dans une région plus verte du pays, loin de leur terre natale dévastée par la sécheresse. Dans ce nouvel environnement, Ephraïm a le mal du pays. Son oncle lui ordonne d’abattre sa brebis pour une fête à venir. Il élabore alors un stratagème pour sauver Chuni et retourner chez lui.

    L’enfant enfouit sa main dans la fourrure, l'animal est tout contre lui, chaud, rassurant, il sent son cœur qui bat la chamade à chacun de leurs pas qui vont en cadence, inséparables. Ephraïm et Chuni, le garçon et sa brebis. C’est une amitié comme seule l’enfance sait les faire naître, une amitié à la vie à la mort à laquelle les adultes ne peuvent rien comprendre… Ici sans doute encore moins qu’ailleurs, sur ces terres magnifiques et sauvages d’Ethiopie où l’homme doit arracher au sol sa pitance, dans la peine et la souffrance. Un animal est avant tout une richesse, une viande qui nourrit, pas un compagnon de route, ni un confident, ni un complice. Mais Ephraïm a su imposer à son entourage la douce et tendre relation qui l’unit à sa brebis. Il faut dire que Chuni appartenait à sa mère et sa mère vient de mourir… Avancer dans la vie avec Chuni, c’est un peu comme tenir encore un peu la main de celle qui le rassurait, le consolait, le berçait.

    Mais les temps sont durs. La pluie n’est pas venue, le sol est sec, la famine guette. Il faut partir, quitter le village pour chercher du travail ailleurs, là où les cieux seront peut-être plus cléments. Ephraïm et son père partent, n’emportant rien car ils n’ont rien, rien excepté Chuni.
    Confié à des parents éloignés, Ephraïm va devoir s’adapter à sa nouvelle vie, une vie qui ne lui plaît pas : pas assez de place pour rêver, plus de longues promenades, plus assez de temps collé contre sa brebis. C’est un garçon, on veut faire de lui un homme… Alors il va devoir travailler et le travail d’un homme, c’est la terre… Ephraïm, lui, préfère la compagnie des femmes et il est bien plus doué pour confectionner de délicieux beignets que pour manier la charrue.
    Drôle de gamin, qui n’est nulle part à sa place mais qui garde, en dépit des vents contraires, suffisamment de force et de volonté pour surmonter sa solitude, sa peine et ses déboires. Car il n'est pas au bout de ses peines : bientôt, c’est jour de fête et la tradition veut que l’on sacrifie une bête…

    Portrait initiatique tendre et doux d’un gamin aux grands yeux tristes confronté à la rudesse du monde des adultes, Lamb est une superbe histoire d’amitié. Mais c’est également la rencontre avec un pays dont on n’imaginait même pas qu’il pouvait être aussi beau… Et il est aussi question de la place des femmes dans une société largement patriarcale qui veut que les filles soient très vite mariées pour devenir à leur tour mères, puis épouses et cuisinières…
    Pourtant, il y a un véritable espoir, incarné par le personnage de la cousine d’Ephraïm, gamine aux cheveux rebelles qui refuse d’être belle pour son prétendant désigné et qui préfère aux tâches ménagères la lecture des journaux. Les yeux pleins de rêves et d’envie d’ailleurs, elle et Ephraïm symbolisent peut-être le changement d’une société où il est possible, aussi, de rêver en cinémascope.


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  • Voici un film plus complexe qu'il n'y parait. Mais le scénario aurait mérité d'être plus travaillé car il est un peu léger et il part dans tous les sens. mais bon, ça se regarde. Les acteurs sont très bons. Et c'est un plaisir de revoir "Anémone" qui nous manque et qui n'a que trois scènes.

    scénario: 14/20   technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale: 16/20

     Je suis à vous tout de suite

    Hanna a 30 ans, beaucoup de charme et ne sait pas dire non : elle est atteinte de la névrose de la gentillesse. Ce drôle de syndrome familial touche aussi son père, Omar, "épicier social" et sa mère, Simone, "psy à domicile". Avec son frère Hakim, focalisé sur ses racines algériennes et sa religion, le courant ne passe plus vraiment. Mais un événement imprévu oblige Hanna et Hakim à se retrouver...

    Il y a cinq ans, on s’était explosé les zygomatiques devant Le Nom des gens de Michel Leclerc, comédie trépidante, dont le personnage principal Bahia Benmahmoud, incarné par la foldingo Sarah Forestier, était une jeune militante de gauche très engagée et très libérée au point de coucher systématiquement avec des hommes de droite pour leur faire virer leur cuti politique. Un film hilarant qui s’offrait même Lionel Jospin en guest star pour une apparition réjouissante d’autodérision… Pour notre bonheur, Baya Kasmi, co-scénariste du Nom des gens, revient avec un personnage assez proche de celui de Bahia. Hanna, incarnée par la pétulante, drôle, sensuelle Vimala Pons (la serveuse qui enflamme Bruno Podalydès dans Comme un avion) est une jolie trentenaire pas forcément raccord ni avec l’idée qu’on peut se faire de ses origines ni avec son métier. Hanna est d’origine algérienne par son père (formidable Ramzy), « épicier social » de quartier (il se met en quatre pour satisfaire ses clients capricieux mais fauchés) mais malgré les quolibets et les sifflets, elle s’habille de manière très affriolante et vit une sexualité sans entrave.
    Elle est Directrice des Ressources Humaines chez un grossiste en vins mais ne supporte pas de virer quelqu’un – elle a hérité de son père la névrose de la gentillesse – si bien qu’elle couche avec les licenciés pour les consoler ! Ce qui donne quantité de quiproquos rocambolesques, surtout quand un jeune médecin désemparé par la mort de sa mère croit reconnaître en elle un amour de lycée et qu’elle n’ose le contredire, allant jusqu’à l’accompagner jusqu’à la chambre mortuaire. Il faut dire qu’entre un père qui s’en veut à mort de ne pas avoir réussi à trouver un fruit du jacquier pour une cliente chinoise, une mère psy bénévole pour les chômeurs de la cité (Agnès Jaoui, impeccable), une grand mère arnaqueuse et adepte du chichon (géniale Anémone) et un frère de plus en plus barbu et de plus en plus obtus sur les préceptes religieux au point de vouloir repartir en Algérie… Hanna de quoi être un chouia déboussolée.

    Je suis à vous tout de suite aurait pu être une simple comédie efficace avec des personnages typés et hauts en couleurs, mais Baya Kasmi va au-delà. On comprend peu à peu qu’un événement du passé a éloigné le frère et la sœur puis un autre survient, quelque peu dramatique, qui va les réunir et qui permet de faire basculer le film dans quelque chose de bien plus malin et subtil que la première demi-heure pouvait le laisser paraître. Sans stigmatisation ni angélisme, Je suis à vous tout de suite est, sur un registre volontairement comique, un des films les plus intelligents que l’on ait vus sur les questions d’identité pour cette deuxième génération d’immigrés. Comment parvient-on à se construire entre une partie de son cœur de l’autre côté de la Méditerranée et sa volonté de s’intégrer dans la société française qui vous montre des signes de rejets ?
    Hanna et son frère ont des réactions opposées, mais Baya Kasmi se moque gentiment des deux avec tendresse, comme dans cette scène hilarante où les cousins algériens demandent au frère d’Hanna s’il revient d’Afghanistan vu son accoutrement. Ni le frère pourtant islamiste gratiné, ni la belle sœur voilée mais libre, intelligente et parfois guide pour son mari, ni Hannah avec tous ces excès et sa trop grande générosité sexuelle ne sont vus avec un jugement moral. Chacun a ses faiblesses, ses défauts, ses barrières mentales qui ne sont pas infranchissables et chacun fait comme il peut avec son identité, son passé et chacun finit par aller vers l’autre quand cela devient impérieux. Et c’est une belle et drôle leçon de tolérance et de vivre ensemble.


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  •  Une heureuse surprise pour ce film que je ne voulais pas aller voir parce que les échecs, bof. mais c'est une totale réussite. me réalisateur et le scénariste réussissent à nous intéresser avec un sujet ardu. Excellente interprétation.

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 17/20

    Le prodige

    L’histoire de Bobby Fischer, le prodige américain des échecs, qui à l’apogée de la guerre froide se retrouve pris entre le feu des deux superpuissances en défiant l’Empire Soviétique lors du match du siècle contre Boris Spassky. Son obsession de vaincre les Russes va peu à peu se transformer en une terrifiante lutte entre le génie et la folie de cet homme complexe qui n’a jamais cessé de fasciner le monde.


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  •  Encore un film qui réussit à nous intéresser à un sujet complètement inintéressant: le dopage des coureurs cyclistes! Bien joué, et bon scénario!

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20      technique: 16/20   note finale: 16/20

    The programm

    Découvrez toute la vérité sur le plus grand scandale de l’Histoire du sport : le démantèlement du programme de dopage qui a fait de Lance Armstrong une légende. De la gloire à l'humiliation, The Program retrace le parcours de la star du Tour de France. Véritable thriller, le film nous plonge au cœur de la folle enquête qui a conduit à sa chute.


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  •  Un sous James bond! Le scénario aurait mérité d'être plus travaillé. Par exemple, à aucun moment, il n'est expliqué pourquoi les deux doivent travailler ensemble. Mais les décors et les reconstitutions sont magnifiques. Les acteurs aussi

    scénario: 12/20      acteurs: 16/20    technique: 18/20   note finale: 16/20

    Agents très spéciaux- Code U.N.C.L.E.

    Au début des années 60, en pleine guerre froide, Agents très spéciaux - Code U.N.C.L.E. retrace l'histoire de l'agent de la CIA Solo et de l'agent du KGB Kuryakin. Contraints de laisser de côté leur antagonisme ancestral, les deux hommes s'engagent dans une mission conjointe : mettre hors d'état de nuire une organisation criminelle internationale déterminée à ébranler le fragile équilibre mondial, en favorisant la prolifération des armes et de la technologie nucléaires. Pour l'heure, Solo et Kuryakin n'ont qu'une piste : le contact de la fille d'un scientifique allemand porté disparu, le seul à même d'infiltrer l'organisation criminelle. Ils se lancent dans une course contre la montre pour retrouver sa trace et empêcher un cataclysme planétaire.


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  •  Un belle histoire sur un secret de famille plein de rebondissement. C'est bien joué, bien réalisé et le scénario est intéressant.

    scénario: 16/20          acteurs: 16/20        technique: 16/20      note finale: 16/20

    Boomerang

    Boomerang : nom masculin, arme de jet capable en tournant sur elle-même de revenir à son point de départ… En revenant avec sa sœur Agathe sur l’île de Noirmoutier, berceau de leur enfance, Antoine ne soupçonnait pas combien le passé, tel un boomerang, se rappellerait à son souvenir. Secrets, non-dits, mensonges : et si toute l’histoire de cette famille était en fait à réécrire ? Face à la disparition mystérieuse de sa mère, un père adepte du silence et une sœur qui ne veut rien voir, une inconnue séduisante va heureusement bousculer la vie d’Antoine…


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  •  Un film génial, très intéressant et très réussi. Gérard Lanvin est génial. Il joue d'ailleurs toujours dans des films super (sauf dans le pathétique et complètement raté "Angélique" où il était plus que ridicule).

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20     technique: 18/20   note finale: 18/20

    Premiers crus

    Fils de viticulteur, Charlie Maréchal a quitté la Bourgogne pour devenir un œnologue parisien réputé, auteur d’un guide à succès dont les notes font chaque année trembler tous les vignobles.
    Mais en Côte-d’Or, son père a perdu le goût du vin et ses errements précipitent l’exploitation viticole familiale vers la faillite.
    D’abord réticent, Charlie revient en Bourgogne. Il doit rechausser ses bottes et remonter ses manches, devenir viticulteur et se confronter à un métier qu’il ne connait pas, sous le regard dubitatif de son père.
    Entre une météo capricieuse et un cépage délicat, Charlie va devoir prouver à son père qu’il est digne de ce terroir transmis de génération en génération dans leur famille.
    Il est facile de noter un vin, mais comment fait-on un grand vin ?


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  • Un bon thriller qui commence lentement mais qui ensuite prend toute sa mesure. Anthony Hopkins est comme toujours fabuleux.

    scénario: 15/20     acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    Prémonitions

    Un tueur en série énigmatique sévit à Atlanta, laissant le FBI totalement désemparé. Quoi qu’ils fassent, les enquêteurs ont toujours un coup de retard, comme si le tueur pouvait anticiper leurs mouvements à l’avance ! En désespoir de cause, ils se tournent vers le docteur John Clancy (Anthony Hopkins), un médium retraité dont les visions les ont aidés dans le passé.En étudiant le dossier, Clancy devine rapidement la raison pour laquelle le FBI est incapable de coincer le tueur : ce dernier possède le même don divinatoire que lui. Comment dès lors arrêter un tueur capable de prévoir l’avenir ? Commence alors une partie d’échecs impitoyable.


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  • Un très joli film sur les banlieues. Les deux jeunes acteurs, Balamine Guirassy et Ali Bidanessy, sont épatants ! Un petit bijou.

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20     technique: 17/20    note finale: 17/20

    La vie en grand

    Adama est un adolescent de 14 ans. Il vit avec sa mère dans un petit deux-pièces en banlieue parisienne. Il est en échec scolaire même si c’est un élève prometteur. Avec Mamadou, plus jeune que lui, ils vont inverser le cours de leurs vies.

    C'est un beau conte social et ludique que les bonnes fées Eric Toledano et Olivier Nakache ont décidé d'accompagner sur le chemin des écrans. Oui, le duo Toledano/Nakache, auteurs du triomphal Intouchables et du trop sous estimé Samba, ont produit ce premier film de Mathieu Vadepied, qui avait été leur talentueux chef opérateur. Mathieu Vadepied était un relatif inconnu qui vouait une passion à l'Afrique et aux Africain(e)s, qui s'intéressait de près aux gamins de banlieue, à leurs qualités, leurs défauts, leurs paradoxes, à la manière aussi dont ils sont trop souvent stigmatisés. Et quand il a décidé de mettre tout ça dans un film, les deux réalisateurs/producteurs ont dit banco ! Pas vraiment étonnant parce qu'on retrouve dans La Vie en grand les qualités qui ont fait la force d'Intouchables : une vision lucide d'une société clivée se combinant avec un optimisme jubilatoire, une confiance volontariste dans tous les possibles qui permettent de surmonter les obstacles.

    Le héros de La Vie en grand a quatorze ans et s'appelle Adama, il vit depuis toujours à Stains. Plutôt finaud, il n'en est pas moins considéré comme un cancre : il n'a pas su vraiment s'adapter à l'école ou c'est l'école qui n'a pas su s'adapter à lui… Sa situation familiale n'est pas folichonne : sa mère, obligée de se séparer de son père à cause de la loi sur la polygamie, se débrouille comme elle peut. Mais les petites tracasseries du quotidien – la machine à laver qui tombe en panne, qu'on ne peut pas réparer, qu'on ne peut même pas envisager de remplacer – empoisonnent la vie. Alors, quand son copain Mamadou, onze ans, tombe par hasard sur un savon de shit tombé lors de la cavalcade d'un dealer, la perspective de l'argent facile semble vouloir illuminer le quotidien. D'autant que les deux garçons, repérés par un grand frère qui ne leur veut pas que du bien, vont se lancer un peu forcés dans un trafic de plus en plus pharaonique en direction des lycées des beaux quartiers voisins…
    La Vie en grand retrouve la veine de la comédie sociale italienne des années 60 ou celle des premiers films de Robert Guédiguian, quand il tournait des contes réjouissants où les petits voleurs gagnaient à la fin comme dans L'Argent fait le bonheur. Bien loin des clichés réducteurs, moralisateurs et plombants sur la banlieue, La Vie en grand ne tombe pas pour autant dans l'angélisme mais désamorce les situations graves par l'humour, comme dans cette scène très drôle où les deux amis, qui tentent d'être insoupçonnables auprès de l'équipe enseignante, découpent et pèsent les barrettes tout en apprenant les répliques de Marivaux afin de réciter parfaitement leur leçon le lendemain. Car malgré les petites magouilles de la cité, l'école est bien présente, à travers une CPE bienveillante qui impose à Adama un contrat de bonne conduite ou un professeur d'EPS (formidable Guillaume Gouix) qui croit dur comme fer en l'intelligence du môme. Et là encore contrairement aux clichés, c'est bien grâce à un dialogue avec l'école que les deux comparses vont savoir trouver leur voie, par forcément dans les clous rigoureux de la légalité, mais en composant avec elle, et sans que le réalisateur ne porte un jugement.

    Pour tout ça, La Vie en grand devrait être proposé fissa aux collégiens et lycéens par tous les enseignants désireux d'ouvrir le débat. Car La Vie en grand propose, intelligemment et sans se prendre au sérieux, quelques clés pour réussir le vivre ensemble.


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  • Un très beau film! Catherine Frot est fantastique et j'espère qu'elle aura un prix d'interprétation.

    scénario: 18/20    technique: 18/20    acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Marguerite

    Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

    Florence Foster Jenkins était une richissime américaine qui se rêvait diva. Persuadée d'être une grande soprano, elle fut beaucoup moquée, mais termina son étonnante carrière sur un concert mémorable à Carnegie Hall (les billets s'arrachèrent des semaines à l'avance, on refusa un monde fou). La particularité de cette grande originale était de ne pas s'entendre chanter, et donc d'être parfaitement inconsciente de la fausseté de sa voix. Loin de briser sa carrière dans l'œuf, ce petit inconvénient ne l'a pas empêchée de laisser une trace indélébile dans l'histoire du chant lyrique : Orson Welles s'en est d'ailleurs inspiré pour créer le personnage de l'épouse de son Citizen Kane, et on dit même que Hergé s'en est nourri pour créer la Castafiore que croise Tintin dans une de ses aventures les plus célèbres. Mais si son histoire a été le point de départ du film, Xavier Giannoli en fait une évocation toute personnelle et superbe, fatalement cocasse mais aussi pleine d'ambigüité, de beauté, d'émotions contradictoires, d'humanité, de poésie…
    Il baptise sa diva Marguerite et la fait vivre en France dans les années vingt, période foisonnante aussi bien dans l'évolution des mœurs que dans celle des arts, l'entoure de personnages qui contribuent à donner au film un intérêt et une profondeur bien au-delà du simple récit d'un destin surprenant. Et il a l'idée imparable de confier ce rôle périlleux à une Catherine Frot baroque et bouleversante : des atouts qui devraient bien lui valoir quelque prix à la Mostra de Venise pour laquelle il a été sélectionné.

    Marguerite vit dans un décor de rêve : château cossu, lourdes tentures, lumière veloutée, personnel dévoué, mari séduisant dont elle est profondément amoureuse. La mode de l'époque, épatante d'élégance et de sensualité, lui donne belle allure et sa fortune lui vaut la bienveillance ostentatoire d'une petite cour qui se presse dans ses salons pour participer aux soirées musicales qu'elle organise avec un sens du détail où se manifeste sa nature généreuse. Pas de doute, Marguerite sait recevoir et elle a les moyens de ne pas lésiner. Elle est la bienfaitrice d'un groupe de musique qui lui doit son existence, et si des artistes de talent se produisent lors de ses petits concerts privés, elle en est la vedette obligée. Marguerite a pour passion la musique et particulièrement l'opéra. Une passion qui l'absorbe tout entière, la dévore, fait exulter sa vie : elle aime chanter, elle veut chanter et travaille comme une forcenée à exercer sa voix, n'hésite pas à aborder les morceaux les plus ardus qu'elle écorche avec une obstination qui force l'admiration. Pas un de ses prétendus admirateurs n'ose lui dire qu'elle chante horriblement faux, « sublimement faux, divinement faux, sauvagement faux » s'extasie un petit journaliste qui ne va surtout pas le lui répéter mais qui va la convaincre au contraire de se produire devant un vrai public.
    Chacun l'encourage : par hypocrisie, par intérêt financier, par lâcheté ou encore parce qu'elle est confondante de gentillesse et que cette passion pour le chant lui est tellement essentielle qu'on imagine qu'elle s'écroulerait si on l'en privait… Chanter est pour elle à la fois souffrance et bonheur, un remède à sa profonde solitude, une tentative désespérée de gagner le cœur d'un mari qui ne sait pas toujours s'il a envie de fuir ou de la protéger, une nécessité pour se sentir vivre, pour ne pas sombrer… Il y a quelque chose de grandiose, de drôle et de tragique dans cette obstination à ne pas voir, à ne pas comprendre les réactions d'un entourage où toutes et tous sont complices du mensonge ambiant.

    Catherine Frot impose comme une évidence une Marguerite merveilleuse de candeur, touchante de sincérité parmi une société de profiteurs et de cyniques où chacun triche, trompe, trahit… Fatalement le film est ponctué de quelques grands airs, parmi les plus audacieux du répertoire classique, et si on est d'abord ahuri par cette voix qui déraille, on en arrive à écouter avec curiosité puis on finit par se laisser convaincre et profondément émouvoir par l'expression de cette passion qui autorise toutes les audaces.


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  • Un très beau thriller avec une Nathalie Baye formidable! Bien joué, bien filmé et bon scénario. On peut cependant regretter quelques scènes bien sanglantes qui auraient gagné à être suggérées.

    scénario: 16/20    acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    La volante

     

    Alors qu’il emmène sa femme à la maternité pour accoucher, Thomas percute et tue un jeune homme sur la route. Marie-France, la mère de ce dernier, ne parvient pas à se remettre du drame. Neuf ans plus tard, Marie-France devient la secrétaire de Thomas sans qu’il sache qui elle est. Peu à peu, elle s’immisce dangereusement dans sa vie et sa famille jusqu’à lui devenir indispensable.


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  • Un très joli film, avec une gouvernante complexe. Je ne peux pas en dire plus car je ne veux pas dévoiler cette belle histoire. remarquables interprétations.  

    scénario: 18/20    acteurs: 18/20   teechnique: 18/20   note finale: 18/20

    Une seconde mère : Affiche 

    Depuis plusieurs années, Val travaille avec dévouement pour une famille aisée de Sao Paulo, devenant une seconde mère pour le fils. L’irruption de Jessica, sa fille qu’elle n’a pas pu élever, va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée…

    Si on devait parier sur film de cette gazette qui pourrait remporter le prix du public, ce serait sans doute celui-ci qu'on choisirait ! Ce formidablement attachant, terriblement humain Une seconde mère, avec son style fluide, léger, enjoué, brut de décoffrage.
    Au bord d'une piscine bien proprette semble cheminer une caravane de jouets luxueux. Un bébé chien pataud gambade au milieu. Une femme à la peau mate s'occupe d'un môme aux cheveux sombres. Elle le regarde avec toute l'attention, toute la tendresse d'une mère qu'elle n'est pourtant pas. On le devine à sa façon un peu gauche de refuser de venir nager avec l'enfant, à sa tenue vestimentaire qui ne cadre pas avec le standing de la propriété, à sa manière de rester « à sa place »… Autant de signes qui trahissent sa condition de domestique interchangeable, hormis, peut-être, dans le regard du garçonnet qui la considère comme une seconde mère. Celle constamment présente à ses côtés alors que ses parents officiels sont accaparés par leur vie trépidante. Rapidement, au détour d'un coup de fil, on comprend que cette dame a dû laisser sa propre fille au loin afin d'obtenir cette place. Ironie d'une société brésilienne où personne, par contrecoup, ne semble pouvoir élever son propre mioche, comme par un effet de perpétuel ricochet.

    C'est ainsi que démarre l'histoire de Val et du petit Fabinho. Bienvenue dans la haute bourgeoisie de Sao Paulo !
    Scène suivante, Val descend les escaliers pour commencer son service et réveiller la maisonnée. Toujours aussi brune, toujours aussi joviale et généreuse. Ses épaules se sont voutées sous le poids des années, son pas est devenu plus lourd : quelle merveilleuse actrice que Regina Casé ! Elle incarne Val au plus profond de sa chair. Ellipse d'une dizaine d'années donc : le chiot est devenu un robuste labrador, Fabinho a grandi, en même temps que sa complicité avec l'employée de maison. C'est à Val qu'il confie ses secrets, ses amours, ses angoisses. Elle qui le réconforte, le dorlote toujours comme un gros bébé qu'il est sous sa carapace de beau jeune homme nubile qui se désespère d'être encore puceau. Pour ses employeurs, Carlos et Barbara, Val fait presque partie de la famille. Mais c'est ce « presque » qui marque toute la différence. C'est comme un venin subtil qui s'insinue dans les mots policés, un agacement qui pointe sous les sourcils épilés de madame Barbara. Les dominants n'ont pas besoin de faire montre de force quand les dominés ont la servilité atavique. Val, corvéable à merci, anticipe chaque désir, avale sans même les nommer les humiliations ordinaires. Elle accepte tout de ceux qui sont devenus sont seul repère puisque, depuis longtemps, sa propre fille, Jessica, lassée d'attendre le retour d'une daronne fantôme, a cessé de répondre à ses appels…

    Et puis c'est un véritable coup de théâtre intime qui se produit : Jessica téléphone à Val et lui demande de l'accueillir quelques temps ! Val frémit de joie et exulte quand ses patrons, avec la libéralité qui sied à leur rang, lui octroient la faveur d'héberger sa progéniture dans sa chambre de bonne.
    C'est une jeune fille pleine d'assurance qui débarque parmi eux, avec sa soif d'ascension sociale. Jessica, après avoir visité la maison cossue, la piscine tentatrice, est choquée par l'exiguité de la pièce où loge celle qu'elle ne parvient pas à appeler « maman ». Loin de se comporter comme une subalterne, comme « une citoyenne de seconde classe », sous l'œil médusé de sa mère, elle s'acclimate au foyer comme si les barrières sociales n'existaient pas. Les garçons de la maison en sont tout émoustillés, tandis qu'on sent la jalousie de Barbara croître ainsi que la pétoche et la honte de Val, de plus en plus déconcertée par la belle effrontée que rien ne semble impressionner. Comment pourrait-elle se douter que toute la détermination de Jessica repose sur un pesant secret ?


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  •  Au delà du scénario vite bâclé, on peut se laisser prendre à cette histoire futuriste. les acteurs sont bons et il y a un maximum de tueries...

    scénario: 14/20   technique: 16/20   acteurs: 16/20    note finale: 16/20

    Hitman: Agent 47 : Affiche 

    L’histoire d’un assassin génétiquement modifié pour être la parfaite machine à tuer. Sa dernière cible est une multinationale dont l’objectif est d’obtenir le secret du passé d’Agent 47 pour créer une armée de tueurs dont les pouvoirs surpasseront même les siens. Faisant équipe avec une jeune femme qui détient peut-être un secret permettant d’affronter leurs puissants ennemis clandestins, 47 fait face à des révélations étonnantes concernant ses origines et se prépare à se battre avec son adversaire le plus redoutable.


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  • Un film belge que j'ai apprécié mais qui pourrait dérouter ceux qui ne sont pas habitués au cinéma belge qui a une tendance déjantée. Benoit Poolvoerde joue parfaitement un Dieu alcoolique, et méchant. Mais Madame Dieu aura le dernier mot... Jubilatoire et à MDR.

    scénario: 16/20   acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    Le Tout Nouveau Testament : Affiche 

     

    Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils, mais très peu de sa fille. Sa fille c’est moi. Je m’appelle Ea et j’ai dix ans. Pour me venger j’ai balancé par SMS les dates de décès de tout le monde…


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