• Un très joli film sur l'Espagne immédiatement post-franquiste. un policier plein de rebondissements au dénouement imprévu. Très réussi, à tous les niveaux.

    scénario: 16/20    acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    La Isla mínima : Affiche  

    Deux flics que tout oppose, dans l'Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d'Andalousie  pour enquêter sur l'assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu'à l'absurde et où règne la loi du silence,  ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.

    Le générique donne d'emblée le ton : des images aériennes à couper le souffle, aussi belles qu'irréelles, des méandres du delta du fleuve Guadalquivir en Andalousie, lacis d'eau labyrinthique au cœur d'une nature moite et désolée qu'on pourrait tout à fait croire être celle du bayou en Louisiane. La comparaison n'est pas anodine, La isla mínima s'inscrit en effet comme le pendant espagnol des meilleurs polars américains – on pense aussi à des séries, True detective tout particulièrement – , de ceux qui nous plongent dans des contrées reculées, isolées et inquiétantes, où la recherche d'un coupable est bien souvent un prétexte à la description des us et coutumes, souvent peu avenants, des communautés qui y (sur)vivent. Et l'Andalousie rurale respecte à la lettre le cahier des charges : à l'aridité poisseuse de la nature et des conditions de vie répondent les visages durs et fermés des habitants, qui préfèrent se murer dans un silence hostile plutôt que de livrer leurs secrets aux policiers venus fureter dans leur patelin boueux. C'est donc une enquête difficile qui s'annonce pour les deux détectives débarqués de Madrid pendant les fêtes locales, au cours desquelles deux adolescentes viennent de disparaître. Pedro, jeune flic idéaliste sur le point de devenir père, et Juan, vieux routard porté sur la boisson et adepte des méthodes à l'ancienne, s'enfoncent peu à peu dans les marécages andalous, déterrant un à un cadavres et secrets, jusqu'à remettre en question leurs propres croyances et à rendre de plus en plus perméable la frontière entre le légal et l'illicite…

    Si La isla mínima n'a absolument pas à rougir de son influence américaine, à qui le film emprunte autant les codes du thriller que l'élégance de sa mise en scène, il ne peut y être réduit. Alberto Rodriguez a en effet choisi d'en situer l'action à une époque bien particulière de l'histoire espagnole, celle de la transition démocratique des années quatre-vingt. Et dans cette communauté rurale andalouse, autant que dans le comportement des deux flics madrilènes, se débattent les fantômes du passé franquiste encore vivace face aux désirs d'émancipation que fait souffler la démocratie nouvelle. Ainsi, les deux adolescentes disparues, que la communauté jugeait frivoles, avaient peut-être tout simplement envie d'ailleurs et de liberté. Ainsi, leur père mutique semble accepter leur disparition comme une punition du comportement de ses filles, alors que leur mère, à l'insu de son mari, fournit aux policiers des éléments d'explication. Ainsi, les deux policiers ont eux aussi un passé et des secrets qui vont malgré eux refaire surface…

     Réussissant à creuser ces différents sillons sans jamais s'embourber, Alberto Rodriquez suit le courant principal de l'enquête menée par les deux inspecteurs, les indices qu'ils découvrent, les (fausses) pistes qu'ils suivent, les interrogatoires qu'ils mènent… Mais il bifurque en permanence, fouinant dans les hautes herbes et les bâtisses délabrées, sondant le marais et ses habitants, puis prenant à nouveau de la hauteur pour nous dévoiler la mystérieuse beauté de ces paysages immenses avant de nous replonger dans leur moiteur asphyxiante. À travers un thriller diablement efficace, il donne à cette île des airs de cauchemar éveillé à l'atmosphère malsaine, peuplé de personnages fantomatiques hantés par les spectres du passé…


    votre commentaire
  • Un thriller haletant de la première à la dernière seconde. il n'y a pas un seul temps mort. jean Reno et les autres acteurs sont fantastiques! Le scénario est une pure réussite. les dialogues aussi.

    scénario: 16/20   acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    Antigang : Affiche 

    Serge Buren est un flic de légende, entouré d’une bande de jeunes flics aux méthodes peu conventionnelles.

    Qu’importe qu’ils utilisent des battes de baseball ou « oublient » le règlement au cours d’arrestations spectaculaires, les résultats sont au rendez-vous !
    C’est alors qu’un groupe de braqueurs meurtriers entre en scène, dévalisant avec une facilité déconcertante banques et bijouteries de la capitale, à coup d’armes de guerre et de scénarios imparables.
    Face à tant d’ingéniosité et de brutalité, Buren et son unité se retrouvent confrontés à une situation délicate :leurs méthodes expéditives suffiront-elles à arrêter ces criminels autrement plus machiavéliques ?


    votre commentaire
  • J'espère que Jean Rochefort aura un prix pour son interprétation d'un vieillard qui fait semblant de perdre la boule, puis qui la perd. Très beau scénario. Bien joué. Bien filmé.

    scénario: 16/20     technique: 16/20     acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    Floride

    A 80 ans, Claude Lherminier n'a rien perdu de sa prestance. Mais il lui arrive de plus en plus souvent d'avoir des oublis, des accès de confusion. Un état qu'il se refuse obstinément à admettre. Carole, sa fille aînée, mène un combat de tous les instants pour qu'il ne soit pas livré à lui-même. Sur un coup de tête, Claude décide de s'envoler pour la Floride. Qu'y a-t-il derrière ce voyage si soudain ?

    La Floride : ses palmiers, ses flamands roses, son fameux jus d’orange et ses retraités venus trouver le soleil pour l’éternité. Quand il ferme les yeux, pas encore pour toujours – plutôt crever ! – c’est à la Floride qu’il pense, Claude. A sa douceur, à sa chaleur, et surtout à sa fille qui est partie vivre là-bas et qu’il rêve de retrouver. Mais en attendant de s’envoler, de prendre ses clics, ses clacs et ses baskets fluos à scratch (comme les enfants, parce que les lacets, c’est plus de son âge), c’est près du lac d’Annecy qu’il tue le temps. Son temps, étrange paradoxe de la vie quand elle arrive à son dernier acte, est à la fois compté et s’écoule très lentement, grain après grain, matin après matin, jus d’orange made in Florida après jus d’orange made in Florida, le seul bien entendu qui trouve grâce à ses goûts de vieux Monsieur. Claude est vivant et s’il oublie parfois la date, les comprimés, il n’oublie pas ça : que le jour se lève encore pour lui.
    Il n’a plus d’épouse, il n’a plus de boulot depuis un bout de temps, il n’a pas vraiment d’amis, le dernier en date vient de passer l'arme à gauche – cela dit il s’était fâché avec lui depuis quelques décennies… alors qu’est ce qui lui reste pour se sentir vivant ?

    Une employée à domicile dévouée qu’il fait tourner en bourrique et dont il reluque sans fausse pudeur et avec une évidente nostalgie les contours et volumes, une sublime collection de lampes à huile qu’il bichonne amoureusement, une vue imprenable sur les montagnes qui le gonfle prodigieusement et puis une seconde fille aimante et débordée.
    Carole, l'aînée, n’a pas choisi la Floride, elle, restant auprès de son papa parce qu’il le valait bien. Elle gère la papeterie dont son père était jadis le patron, et jongle entre un emploi du temps de ministre, une vie privée quasi inexistante et le casse-tête du recrutement des aides à domiciles que son père use et décourage, il faut bien le dire, assez rapidement.
    Claude a toute sa tête, enfin presque… À quoi bon finalement garder en mémoire toutes ces petites choses insignifiantes qui vous polluent une vie et ne servent au final qu’à entretenir de vaines relations avec les autres qui, la plupart du temps, vous pompent l’air ? Pourquoi garder au fond de son cœur ce qui vous l’a brisé ?
    La fin des emmerdes, c’est bien de ne garder que le meilleur, le sourire espiègle de sa mère quand elle se maquillait, les rires de ses filles, l’odeur du sous-bois et le craquement des brindilles sous ses souliers de môme. Et tant pis si les peurs de l’enfance s’invitent sans avoir été invitées… Une fille, un père. Le temps qui passe et qui inverse les rôles… on a beau le savoir depuis le début de l’histoire et connaître la fin, personne n’est vraiment préparé à cela.

    Tirée d’une pièce de théâtre à succès, Floride est porté par un Jean Rochefort magnifique et bouleversant, dont le regard pétillant et joueur n’a rien perdu de son charme, en dépit des années – et n'oublions surtout pas Sandrine Kiberlain, elle est parfaite ! Réservant son lot de scènes burlesques et de face-à-face souvent très drôles, le film n’est bien évidemment pas qu’une comédie légère : la vieillesse, le temps qui passe ne font pas de cadeau… Mais s’il fallait un épilogue à cette chronique qui sait être aussi cocasse que douloureuse, ce pourrait bien être aussi celui que l’on peut donner à toute vie riche de joies et de tristesses : carpe diem.


    votre commentaire
  • Un joli film sur la fin de l'adolescence. Bien joué, bien filmé.

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20    technique: 16/20     note finale: 16/20

    La fache cachée de Margo

    D’après le best-seller de John Green, La Face Cachée de Margo est l’histoire de Quentin et de Margo, sa voisine énigmatique, qui aimait tant les mystères qu’elle en est devenue un. Après l’avoir entraîné avec elle toute la nuit dans une expédition vengeresse à travers leur ville, Margo disparaît subitement – laissant derrière elle des indices qu’il devra déchiffrer. Sa recherche entraîne Quentin et sa bande de copains dans une aventure exaltante à la fois drôle et émouvante. Pour trouver Margo, Quentin va devoir découvrir le vrai sens de l’amitié… et de l’amour.


    votre commentaire
  •  Un film sensible et plein de tendresse vu en avant première! Le réalisateur est une personne formidable.

    scénario: 17/20        acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 17/20

    Une famille à louer

    Paul-André, la quarantaine, est un homme timide et plutôt introverti. Riche mais seul, il s'ennuie profondément et finit par conclure que ce dont il a besoin, c'est d'une famille ! Violette, quadragénaire pleine de peps, est menacée d'expulsion et a peur de perdre la garde de ses deux enfants. Paul-André propose alors un contrat en tout bien tout honneur pour louer sa famille contre le rachat de ses dettes. Pour le meilleur et pour le pire…

    Dans cette fort aimable comédie sentimentale de Jean-Pierre Améris, on retrouve certains des ingrédients qui avaient fait le succès d’un ses précédents films, Les émotifs anonymes, dont le personnage principal était déjà incarné par Benoît Poelvoorde. On retrouve un personnage gentiment inadapté aux exigences de la vie, qui va rencontrer son alter ego féminin. Mais autant Isabelle Carré était son sosie psychologique dans le film sus-nommé, autant Virginie Efira est ici son parfait opposé.

    Poelvoorde est donc Paul-André, un quadragénaire qui peut légitimement afficher une splendide réussite économique. Mais s’il a fait fortune, cela ne l’empêche nullement de s’emmerder à mourir (il n’est d’ailleurs pas très loin de la tentation suicidaire) dans sa splendide et glaciale villa d’architecte (une Mallet-Stevens, pour les amateurs), en compagnie de son majordome bienveillant, délicieusement campé par François Morel. Alors qu’il touche le fond et qu’il regarde distraitement la télévision, notre richissime dépressif découvre une mère de famille interviewée à la sortie d’un palais de justice. Elle livre un témoignage vibrant pour expliquer son délit : elle a assommé un vigile de supermarché avec le poulet surgelé qu’elle tentait de voler pour nourrir ses enfants. Illumination, Paul-André comprend que ce qui lui manque, c’est une famille ! Difficulté, il n’a jamais expérimenté un semblant de vie en couple, alors la vie familiale, il n’a même pas le début de l’idée de ce que ça peut donner… Qu’à cela ne tienne, il va proposer à la jeune femme endettée, en échange de l’épurement de ses factures, d’intégrer sa petite famille en se faisant passer pour son nouveau fiancé. Évidemment tout oppose le millionnaire maniaque et vieux garçon et la mère de famille laxiste, volage, bordélique, qui partage sa vie entre ses deux mômes qui font un peu ce qu’ils veulent dans la maison en chaos permanent et ses soirées avec des mecs de passage.

    On pourra certes trouver le scénario un peu capillotracté (pour ne pas dire tiré par les cheveux) mais on se laisse volontiers emporter par cette comédie bien plus subtile qu’il n’y paraît, qui pose un regard tendre et malin sur les modèles familiaux souvent atypiques. A 20 000 lieues des clichés lourdingos des poids lourds de la comédie française, Jean-Pierre Améris évoque avec justesse et tendresse, un peu à la manière d’un Frank Capra, la richesse de personnages (un peu) fracassés par la vie : Paul-André bien sûr, enfermé dans le vide de son existence et ses préjugés sociaux, mais surtout la paradoxale Violette, aux yeux de beaucoup fille facile et un peu cruche, que même ses proches raillent régulièrement sous prétexte de plaisanteries, mais qui se bat comme un petit soldat courage pour défendre la survie de sa tribu, cachant un étonnant talent, peut-être dérisoire mais poétique, de sculptrice sur légumes ! C’est d’ailleurs un grand personnage de cinéma qui a inspiré Jean-Pierre Améris pour construire sa Violette : la Cabiria de Fellini, inoubliable Giuletta Masina, prostituée humiliée mais magnifique. Et c’est l’occasion pour une remarquable actrice de se révéler définitivement : Virginie Efira tour à tour un peu cagole mais aussi bluffante d’énergie et de cœur, complexe, contradictoire, et au final formidablement attachante. Avec son extraordinaire comparse et compatriote belge Benoît Poelvoorde, troublant d’authenticité dans son rôle de duduche dépressif revenant à la vie, ils savent donner sens et crédibilité à ce conte a priori improbable, nous faisant passer aisément du rire à l’émotion pure.


    votre commentaire
  • Un très joli film intimiste avec une merveilleuse Isabelle Carré. Un joli film plein de surprises. Le scénario est original, c'est bien filmé et les acteurs sont au top.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20  note finale: 16/20

     

    les chaises musicales

    Perrine est une musicienne presque professionnelle. Elle vit seule et anime des goûters d’anniversaires, ou les gâche, c’est selon. Par accident, elle fait tomber un homme dans la benne d’une déchèterie. L’inconnu est dans le coma, mais Perrine est prête à tout pour qu’il se réveille. Elle s’immisce dans sa vie pour le découvrir, mais profite aussi de l’occasion pour lui emprunter son boulot, son appartement, son chien… Mais surtout, elle tombe amoureuse…


    votre commentaire
  • Un thriller futuriste haletant. On passe d'un rebondissement à l'autre. Et c'est plein de surprises. Excellente réalisation, acteurs parfaits et scénario haletant.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20     technique: 17/20    note finale: 17/20

     Renaissances

    Que feriez-vous si on vous proposait de vivre éternellement ? Damian Hale, un richissime homme d’affaire new yorkais atteint d’une maladie incurable, se voit proposer une opération révolutionnaire par le mystérieux groupe Phénix : transférer son esprit dans un corps de substitution, « une enveloppe vide », un nouveau corps jeune et athlétique pour prolonger sa vie. Comment résister à une telle proposition ? Damian Hale procède au transfert et redécouvre les joies de la jeunesse, du luxe et des femmes dans son nouveau corps. Jusqu’au jour où Damian découvre un terrible secret sur l’opération. Un secret pour lequel Phénix est prêt à tuer.


    votre commentaire
  •  Un joli film israélien d'avant garde. beau scénario, grandes actrices. une réussite.

    scénario: 16/20       technique: 16/20       acteurs: 16/20     note finale: 16/20

    Self made

    Des crabes mélomanes, un casque rose fluo, un drôle de sac, un gâteau d’anniversaire, une biennale d’art contemporain, une ceinture d’explosifs, du rap palestinien, un Skype qui ne marche pas et un lit suédois à assembler mais pas assez de vis, vraiment pas assez de vis. Situations burlesques, coups du sort, deux jeunes femmes – Michal, artiste israélienne et Nadine, ouvrière palestinienne – vivant de chaque côté du mur de séparation, après une confusion à un check-point, se retrouvent à vivre la vie de l’autre.


    votre commentaire
  •  Le sujet, l'émancipation des femmes dans les sociétés traditionnelles, va au delà du film. C'est pourquoi on va lui pardonner bien des choses: la technique par exemple.La caméra qui va dans tous les sens, bof. le jeu pas terrible des acteurs. Mais le sujet méritait dêtre traité. Alors bravo!

    scénario: 14/20   technique: 14/20   acteurs: 14/20   note finale: 16/20

    Difret

    A trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée sur le chemin de l’école: une tradition ancestrale veut que les hommes enlèvent celles qu’ils veulent épouser. Mais Hirut réussit à s’échapper en tuant son agresseur. Accusée de meurtre, elle est défendue par une jeune avocate, pionnière du droit des femmes en Ethiopie. Leur combat pour la justice commence, mais peut-on défier une des plus anciennes traditions ?

    En langue amharique, parlée en Ethiopie, « difret » signigie courage, ou oser. Le titre dit bien ce qu'est le film, son projet, son ambition, à la fois modeste et immense compte tenu du contexte : célébrer le courage d'une jeune fille et d'une femme qui ont osé affronter les règles iniques de la société outrageusement patriarcale dans laquelle elles vivaient. Le scénario est directement inspiré d'une histoire réelle qui s'est déroulée en 1996 et qui a bouleversé le pays, avant d'initier un changement de certaines de ses règles judiciaires.
    Ethiopie 1996, donc. Meaza Ashenafi est une jeune avocate ambitieuse, une mordue de travail, fondatrice d'une organisation qui fournit gratuitement l'aide juridique aux femmes démunies et aux enfants. Comme défenseure inlassable des femmes, elle opère avec l'agrément du gouvernement jusqu'à ce que survienne un cas particulièrement dramatique et explosif, qui bouleverse complètement son travail en même temps qu'il menace la survie même de son organisation.

    À trois heures de route d'Addis Abeba, en pleine campagne, une collégienne de quatorze ans, Hirut, est kidnappée sur le chemin de l'école par un groupe d'hommes, menés par un fermier de vingt-neuf ans qui a jeté son dévolu sur la jeune fille et a décidé d'en faire son épouse. Une tradition ancestrale veut en effet qu'un homme a le droit d'enlever celle qu'il veut épouser, quel que soit son âge, et de lui imposer un rapport sexuel. Hirut résiste, se défend et, à la faveur d'un moment d'inattention de ses ravisseurs, saisit un fusil et tue son kinappeur avant se s'enfuir et de regagner la maison de ses parents, terrorisée.
    Elle est aussitôt arrêtée par la police locale, accusée de meurtre et mise en prison sans délai. Elle risque la peine de mort, alors même qu'il est évident qu'elle a agi en état de légitime défense.
    Son histoire et ses conséquences se répandent dans les médias éthiopiens comme un feu de brousse et Meaza Ashenafi va décider de la représenter devant la justice, quels que soient les risques. Commence la recherche de toutes les voies légales utilisables pour défendre la jeune fille et l'arracher à une exécution qui semble inéluctable.

    Difret est filmé simplement, sobrement, sans chercher les effets spectaculaires, sans en rajouter dans l'émotion. Le film dégage ainsi une force et une efficacité incontestables, qui emportent l'adhésion.
    En 2004, le code pénal éthiopien a été révisé : depuis cette date, les enlèvements et les viols sont passibles de quinze ans d'emprisonnement. Malgré tout, le nombre de jeunes filles enlevées reste encore trop important. Même s'il existe un appareil juridique, l'Éthiopie est une société toujours extrêmement patriarcale, dans laquelle les femmes et les filles ignorent l'existence des lois ou ne savent pas vers qui se tourner en cas de nécessité… D'où le rôle que peut jouer un film comme celui-ci.


    votre commentaire
  • Un très joli film sur l'adolescence. les petits acteurs sont formidables. Audrey Tautou fait une apparition remarquée. Beaucoup plus réussi que "l'écume des jours". Les dialogue et le scénario sont très réussis. C'est bien filmé.

    scénario: 17/20   technique: 17/20   acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Microbe et gasoil

    Les aventures débridées de deux ados un peu à la marge : le petit "Microbe" et l'inventif "Gasoil". Alors que les grandes vacances approchent, les deux amis n'ont aucune envie de passer deux mois avec leur famille. A l'aide d'un moteur de tondeuse et de planches de bois, ils décident donc de fabriquer leur propre "voiture" et de partir à l'aventure sur les routes de France...

    Voilà un film jubilatoire qui arrive à point nommé en ce début d'été, un film à voir tout seul ou à deux ou à plusieurs, à voir en famille, composée, recomposée, décomposée. Un film qui devrait rassembler toutes les générations par sa tendresse, son intelligence, sa fantaisie, sa foldinguerie. Un film qui donnera envie aux ados débutants de profiter des vacances pour s'affranchir un peu de leurs parents et aux parents inquiets de nature de les laisser faire en toute confiance.
    Aux commandes de ce film qui fait du bien, l'imprévisible et follement talentueux Michel Gondry. Il est libre, Michel. Jamais là où on croit pouvoir l'attendre, toujours surprenant, toujours inventif, toujours prêt à se lancer et à nous embarquer avec lui dans la grande ou la petite aventure… Ici c'est celle de deux collégiens, deux titis versaillais formidablement attachants. Microbe a quatorze ans, si on l'appelle comme ça c'est parce qu'il est évidemment plus gringalet que la moyenne, ce qui forcément le rend timide et peu conquérant avec les filles… En plus de ça, il doit se coltiner une maman un poil dépressive, décidément trop gentille et trop affectueuse (l'hilarante Audrey Tautou), adepte de gourous bidon, traînant régulièrement son fiston à des soirées mystiques dont il se passerait bien. Il est aussi affublé d'un frère aîné, punk, qui fait de son univers sonore un enfer sur terre. Microbe tente de tout oublier dans le dessin et la rêvasserie, ce qui n'est guère compatible avec les bons résultats scolaires.

    Et puis un jour débarque dans la classe un nouveau, très vite surnommé Gasoil parce qu'il a souvent les mains dans le cambouis. Avec son père mi antiquaire-mi ferrailleur, sa mère mégère et son blouson sorti tout droit de Thriller de Michael Jackson, il détonne dans le collège propret. Entre les deux garçons pas franchement intégrés, pas franchement populaires pour ne pas dire têtes de Turc, l'amitié va être immédiate, au point d'envisager un rêve fou entre le dessinateur et le bricoleur : construire, avec des matériaux de récup et un moteur de tondeuse, un mini mobil-home pour partir en vacances sur les routes de France… Et ils vont passer à l'acte !

    Inspiré d'un projet d'enfance réel – bien qu'inabouti – de Michel Gondry (qui fut lui-même collégien versaillais fils de parents hippies), le film passe de la chronique familiale et scolaire drôlatique au film d'aventures réjouissant. Microbe et Gasoil est délicieusement atypique et un peu hors du temps, l'exact contraire d'un film « branché ». Les deux ados – qui sont allergiques à la technologie et s'expriment de manière assez châtiée, ce qui crée un décalage assez désopilant – vont croiser lors de leur périple un couple de dentistes possessif en mal d'enfants, une équipe asiatique autant que patibulaire de football américain, des masseuses thaïlandaises qui peuvent être coiffeuses… tout ça jusqu'au Morvan. On passe vraiment un merveilleux moment, vivifiant, rafraichissant, avec ce petit bijou d'invention bricoleuse et d'humour décalé, illuminé par deux jeunes acteurs épatants, Ange Dargent et Théophile Bacquet.


    votre commentaire
  • Le premier fut une heureuse surprise, le second est également très réussi. C'est très amusant. Les acteurs sont excellents et on passe un très bon moment. Même si le scénario aurait pu être un peu plus creusé...

    scénario: 16/20      technique: 16/20  technique: 16/20    note finale: 16/20

    Les profs 2

    Les pires Profs de France débarquent en Angleterre pour une mission ultra-secrète. Avec Boulard, le Roi des cancres, ils sont parachutés dans le meilleur lycée du pays, et ils vont appliquer leurs célèbres méthodes sur la future élite de la nation. L'enjeu est énorme : de leur réussite dépendra l'avenir du Royaume tout entier... Cette année : aux meilleurs élèves, les pires profs quand même !!!


    votre commentaire
  • Un excellent thriller plein de suspens et de surprises qui, hélas, n'a pas su trouver son public. Et ce n'est pas mon genre de film. Les acteurs sont exceptionnels!

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    Gunman

    Ex-agent des forces spéciales, Jim Terrier est devenu tueur à gages. Jusqu’au jour où il décide de tourner la page et de se racheter une conscience en travaillant pour une association humanitaire en Afrique. Mais lorsque son ancien employeur tente de le faire tuer, Jim n’a d’autre choix que de reprendre les armes. Embarqué dans une course contre la montre qui le mène aux quatre coins de l’Europe, il sait qu’il n’a qu’un moyen de s’en sortir indemne : anéantir l’une des organisations les plus puissantes au monde…


    votre commentaire
  • Un très joli film avec des acteurs fantastiques. L'histoire d'une petit peste qui tombe amoureuse du père de sa meilleure amie qui ne sait plus comment s'en dépêtrer. La Corse est bien jolie

    scénario: 17/20      technique: 17/20    acteurs: 17/20     note finale: 17/20

    Un moment d'égarement

    Antoine et Laurent, amis de longue date, passent leurs vacances en Corse avec leurs filles respectives : Louna, 17 ans et Marie, 18 ans.  Un soir sur la plage, Louna séduit Laurent.
    Louna est amoureuse mais pour Laurent ce n'est qu'un moment d'égarement... Sans dévoiler le nom de son amant, Louna se confie à son père qui cherche par tous les moyens à découvrir de qui il s'agit...
    Combien de temps le secret pourra-t-il être gardé ?


    votre commentaire
  • Spy

     J'ai vraiment ri en regardant cette comédie qui se moque des films à la James Bond! Tout est drôle: les dialogues, les scènes improbables, les acteurs qui se moquent d'eux-mêmes etc.... Alors bien sûr c'est inégal et il y a quelques petites imperfections mais globalement c'est une réussite et on passe un excellent moment. Et comme dans James Bond, on voyage à travers l'Europe... Même le générique est parodié!!

    scénario: 17/20    acteurs: 17/20   technique: 17/20    note finale: 17/20

    Spy

    Susan Cooper est une modeste et discrète analyste au siège de la CIA. Héroïne méconnue, elle assiste à distance l’un des meilleurs espions de l’agence, Bradley Fine, dans ses missions les plus périlleuses. Lorsque Fine disparaît et que la couverture d’un autre agent est compromise, Susan se porte volontaire pour infiltrer le redoutable univers des marchands d’armes et tenter d’éviter une attaque nucléaire…


    votre commentaire
  • J'ai beaucoup hésité avant d'aller voir ce film parce que ce n'est pas du tout mon genre. Et puis, c'est la saison des navets. LOL. Et ce fut une heureuse surprise. Il est super! Il est porté par des acteurs au sommet de leur art: l'immense Catherine Deneuve et le jeune acteur qui joue le délinquant sont exceptionnels. A VOIR!

    scénario: 18/20      acteurs: 19/20    technique: 18/20    note finale: 18/20

    La tête haute

    Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.

    « Cette année, on a voulu commencer par un bon film » a déclaré Thierry Frémaux, directeur et sélectionneur en chef, après avoir annoncé que La Tête haute serait projeté en ouverture du Festival de Cannes. Il dit vrai, La Tête haute est un très bon, un très beau film. « C’est un film universel, qui exprime bien les questions qui se posent sur nos modèles de société ; un film qui parle de la jeunesse, de transmission, du rapport entre la justice et la société, des mécanismes sociaux et éducatifs mis en place dans un pays comme la France pour traiter des cas de délinquance… Et c'est un film très émouvant. » Là encore, Thierry Frémaux parle d'or.
    La Tête haute suit le parcours mouvementé d'un jeune garçon de six à dix-huit ans, qu'une juge des enfants et un éducateur tentent de sauver presque malgré lui. Dans le rôle central, Rod Paradot fait sa première apparition à l'écran et on peut déjà parier qu'on reverra ce garçon incroyable, tout à la fois émouvant, effrayant et complexe, rendant à l'écran la fragilité aussi bien que la dureté de cet être en construction.

    D'emblée le rythme est donné. Nous sommes dans l'urgence, l'urgence de sauver un enfant de son destin qui semble déjà tout tracé. Malony est un petit bout de six ans et alors que sa mère vocifère dans le bureau du juge des enfants, on sent dans ses regards, saisis au vol par la caméra, la peur, l'incompréhension de ce petiot qui entend sa mère dire qu'il est un démon comme son père, qu'elle n'en peut plus de lui, avant de claquer la porte et de le laisser planté là. Interprétée par une Sara Forestier volontairement défigurée par un mauvais dentier, elle est la mère qu'on aurait envie de secouer un bon coup si on s'arrêtait à une première impression, mais que la cinéaste rendra au fil du récit plus démunie qu'irresponsable.
    On retrouve Malony dix ans plus tard au volant d'une voiture, qu'il conduit sans permis évidemment, sa mère hilare à l'arrière, lui disant qu'il pilote comme un dieu (sic). Retour chez la juge, mais cette fois les choses ont changé, ce n'est plus une famille d'accueil qu'on lui propose mais le choix entre une mise à l'épreuve et la prison. On comprend bien que les choses n'ont pas évolué dans le bon sens pour l'adolescent. Déjà à la tête d'un casier judiciaire conséquent, Malony, casquette sur la tête ou capuche sur les yeux, semble irrécupérable. Violent avec ses éducateurs, ne supportant aucune frustration, aucun encadrement, immédiatement ressenti comme une atteinte à sa personne et à ses droits… La juge décide de le placer dans un centre éducatif à la campagne. Malony commence alors un nouveau parcours, en rupture avec son environnement habituel…

    Emmanuelle Bercot nous plonge dans les arcanes de l'institution judiciaire chargée de la protection de l'enfance. Un univers qu'elle avait déjà exploré dans le Polisse de Maiwen, qu'elle avait co-écrit et interprété, et dont elle affirme ici encore qu'il est le dernier maillon, l'ultime filet de sécurité pour des milliers d'enfants qui sont les premières victimes d'une société de plus en plus brutale. Son film est juste, intense et souvent bouleversant.


    votre commentaire
  • L'opposé de mon genre de film mais il n'y a rien au cinéma en ce moment alors... On passe un bon moment et les effets spéciaux sont très réussis. Les acteurs jouent bien et c'est bien filmé. On est pris par l'histoire et on ne s'ennuie pas une seule seconde même si le début du film est poussif. Réussi.

    scénario: 16/20    acteurs: 17/20     technique: 18/20    note finale: 16/20 

    Jurassic world

    L'Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création de la scientifique Claire Dearing, sème la terreur dans le fameux parc d'attraction. Les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent alors sur le dresseur de raptors Owen Grady et sa cool attitude.


    votre commentaire
  •  Bien sûr il y a des plans bizarres et le scénario est inégal, mais c'est globalement divinement filmé et les acteurs sont fantastiques. j'ai beaucoup aimé ce film dont je ne peux hélas rien vous dire.

    scénario: 15/20     technique: 16/20   acteurs: 18/20   note finale: 17/20

    Loin de la foule déchaînée

    Dans la campagne anglaise de l’époque victorienne, une jeune héritière, Bathsheba Everdeene doit diriger la ferme léguée par son oncle. Femme belle et libre, elle veut s’assumer seule et sans mari, ce qui n’est pas au goût de tous à commencer par ses ouvriers. Bathsheba ne se mariera qu’une fois amoureuse. Qu’à cela ne tienne, elle se fait courtiser par trois hommes, le berger Gabriel Oake, le riche voisin Mr Boldwood et le Sergent Troy.

    C’est le fruit superbe de la rencontre improbable entre un réalisateur danois touche-à-tout et un romancier anglais naturaliste de la fin du xixe siècle. C’est aussi la preuve vibrante que la littérature traverse les décennies en majesté, sans souffrir ni des modes ni des esprits grincheux. Et c’est pour tout dire assez rassurant de constater qu’il nous est encore possible, dans un monde abasourdi de technologie, esclave du virtuel, d’être touchés droit au cœur par une histoire d’amour épique dont l’intelligence n’a d’égal que le romantisme.
    Tout se passe dans la campagne anglaise. Dans une nature brute et sauvage où les éléments indomptables imposent leurs règles aux humains. Cette terre, Bathsheba Everdene la connaît par cœur et l’aime plus que de raison. Vivant avec sa tante dans une petite ferme isolée, elle s’acharne avec obstination à en tirer le meilleur. Si elle vivait en 2015, on pourrait dire de Bathsheba qu'elle est une sacrée nana ! Une force de caractère, obstinément indépendante, farouchement attachée à sa liberté. Elle ne se sent liée à aucun rang, à aucun fiancé, à aucun mari. Un mari ? Pour quoi faire ?

    Tout à côté de la ferme vit un berger taiseux, Gabriel Oak, qui préfère la compagnie des bêtes à celle des hommes… même si il n’est pas insensible à la beauté rayonnante de Bathseba. Mais le temps est loin d'être venu d'une déclaration d'amour… Imaginez alors qu’un terrible événement va se produire, laissant le berger sur la paille. Et puis imaginez une mort, celle d’un vieil oncle, propriétaire terrien fortuné qui n’a qu’une nièce comme unique héritière… nièce qui n’est autre que Bathsheba.
    Avec son caractère et sa personnalité, la jeune femme va tout naturellement prendre les rênes de la propriété, dirigeant tout son monde avec justesse et fermeté. Mais si elle n’a aucun mal à se faire accepter par les ouvriers agricoles, qui perçoivent bien qu’elle aime le travail de la terre autant qu’eux, c’est une tout autre affaire avec les acheteurs de grain, ces beaux messieurs à chapeaux hauts qui pensent que sa place est à la broderie, au coin du feu. Rusée et déterminée comme jamais, elle va imposer ses règles… bien décidée à garder sa liberté en dépit des avances d’un certain William Boldwood, prospère exploitant d’un âge plus avancé (comprendre la petite cinquantaine) qui va lui faire une cour en bonne et dûe forme. Mais elle a tort de se croire à l’abri des tourments amoureux…
    Quant à Gabriel, il est toujours là, jamais loin… C'est l'ange gardien qui ne dit mot, d’une honnêteté sans faille et d’une fidélité à toute épreuve, autant de discrètes qualités qu’une jeune femme, aussi intelligente soit-elle, ne peut pas voir quand elle est occupée à défendre sa propre fierté.

    Des personnages qui se croisent, des histoires parallèles qui se tissent et forment comme des fleurs en dentelles dans l’intrigue principale, des quiproquos terribles et des non-dits qui n’en finissent pas de trahir les élans du cœur… le récit est d'une foisonnante richesse et se nourrit du climat de tragédie rurale, d’hypocrisie sociale et d’humour cruel propre à la littérature anglaise de cette période. C’est beau comme un tableau de Turner, et remarquablement interprété par une troupe de comédiens sans faille.


    votre commentaire
  • Un très joli film sur la difficile émancipation des filles turques et sur la place des femmes dans ce pays. Les actrices sont fantastiques. Dommage qu'il n'ait pas eu de prix à Cannes.

    scénario: 18/20    acteurs: 18/20    technique: 18/20    note finale: 18/20

    Mustang

    C'est le début de l'été.
    Dans un village reculé de Turquie, Lale et ses quatre sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues.
    La maison familiale se transforme progressivement en prison, les cours de pratiques ménagères remplacent l’école et les mariages commencent à s’arranger.
    Les cinq sœurs, animées par un même désir de liberté, détournent les limites qui leur sont imposées.

    Mustang nous plonge dans une Turquie qui, depuis quelques années, subit une lente mais indéniable refonte sociale qui ne va pas forcément dans le bon sens… Le film traduit la fougue contagieuse d'une jeune réalisatrice qui manifestement ne se reconnait pas dans ces transformations.
    C’est le dernier jour de l’année dans ce collège d’un village de bord de mer. Un moment bien particulier qui draine son lot d’émotions fortes et de sentiments contradictoires. La tristesse de quitter ses camarades de classes, d’en être séparé pour un temps qui parait une éternité, la joie d'être délivré des obligations quotidiennes, de pouvoir vivre les aventures palpitantes des vacances. La tristesse, Lale et ses quatre sœurs la vivent effectivement, serrant bien fort copines et copains dans leurs bras. Lale se montre particulièrement émue par le départ d’une de ses enseignantes pour Istanbul. Après les séparations et les embrassades, place à l’euphorie de ceux qui restent : les cinq sœurs et quelques garçons se dirigent vers une plage magnifique pour se prêter à des batifolages aquatiques gentiment chahuteurs. Mais ces jeux innocents et joyeux ne sont pas du goût de tout le monde et suscitent un scandale aux conséquences inattendues. L’honneur est en jeu, il faut répondre à l’accusation d’une voisine, une de ses gardiennes d’une morale d’un autre temps qui crie à la débauche. La grand-mère se lamente, l’oncle l'accuse de laxisme et promet la remise au pas.

    Mais rien ne semble atteindre cette fratrie unie comme les doigts de la main, ces cinq filles belles comme des cœurs, vives, espiègles, d'une complicité qui crève l’écran. Orphelines depuis dix ans, elles sont élevées par une grand-mère un peu dépassée devant les désirs adolescents qui s’expriment avec un insolent naturel. Malgré la dureté de leur oncle, elles s’arrangent avec les interdits et se créent des espaces de libertés telle Sonay qui n’hésite pas à faire le mur pour rejoindre son amoureux.
    Puis vient la goutte d'eau qui fait déborder le vase du puritanisme familial lorsque elles bravent l’interdiction de se rendre à un match de foot : le pot au rose est découvert au travers d’une scène assez comique. À partir de là, serrage de vis en règle : on les revêt de longues robes « couleur de merde » – dixit Lale – et on les accompagne au village comme pour les exposer. Une vaste entreprise matrimoniale se met branle et dès lors tout sera fait pour pour empêcher les sœurs d’échapper à ce destin contraint : on met sous clef ordinateurs et téléphones, on installe des barreaux aux fenêtres, on rehausse les murs d’enceinte de la maison, qui se transforme en prison. Et commence le défilé ridicule des familles de prétendants. Tout est mis en œuvre pour éduquer ces jeunes femmes à devenir de bonnes épouses, dociles, respectueuses de leur mari, de la tradition, de la religion. A la rentrée, aucune ne retourne à l’école, les cours de pratiques ménagères suffisent ! Mais le désir de liberté et d'accomplissement personnel est toujours là…

    Ne vous y trompez pas, Mustang est bien plus un appel à l'affirmation, et si nécessaire à la révolte des filles et des femmes que le constat fataliste d’une société en régression. À travers cette chronique vivifiante d'adolescence rebelle, la réalisatrice nous dit clairement qu'il faut garder l'espoir, qu'il y a des espaces de liberté à sauvegarder ou à conquérir. Même si le combat quotidien est difficile…
    La Turquie, avec une population à 99% musulmane, a été fondée en 1923 comme république laïque, mais depuis 2002 le gouvernement Erdogan a entamé un retour à la morale religieuse. En 2012, Recep Tayyip Erdogan comparait l'interruption volontaire de grossesse – autorisée depuis 1983 jusqu'à dix semaines de grossesse – à un meurtre et, fin 2014, il atteignait des sommets en affirmant haut et fort, Coran à l'appui, que les femmes ne pouvaient être considérées comme les égales des hommes…


    votre commentaire
  • Un film que j'ai beaucoup aimé. Dommage qu'il n'ait pas trouvé son public. Il retrace la vie d'une femme ordinaire qui aura un destin exceptionnel à force de combativité. Bien joué, bien filmé et plein d'espoir.

    scénario: 16/20    technique: 16/20     acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    Christina Nobel

    Lorsqu’elle arrive au Vietnam - un pays qu’elle n’aurait pas su situer sur une carte  - Christina ignore ce qu'elle vient y chercher. Guidée par une intuition , cette irlandaise de caractère pressent qu'ici sa vie va changer. Sa rencontre avec deux petites orphelines livrées à elles-mêmes va la renvoyer à son propre passé. Celui d'une gamine des quartiers déshérités de Dublin, qui, elle aussi, a connu la pauvreté, la violence, l'abandon... Pas d'hésitation: la main qu'on ne lui a pas tendue à l'époque, elle va la tendre maintenant à ces fillettes et leur rendre leur enfance. Ce qu'elle ignore encore, c'est qu'il y en aura bientôt des milliers. Pour tous ces enfants, Christina va devenir "Mama Tina"...


    votre commentaire
  • Un très joli film sur l'univers impitoyable des échecs. Avec en toile de fonds, la ville de Budapest. c'est très réussi, bien joué, bien filmé.

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Le tournoi

    7 jours de tournoi dans un grand hôtel à Budapest.
    Un favori : Cal Fournier, 22 ans, champion de France d’échecs, génie immature, programmé pour la victoire, combat ses adversaires avec une puissance impressionnante. Déconnecté du monde, Cal se noie dans les jeux et paris permanents avec sa petite amie Lou et ses acolytes Aurélien, Anthony et Mathieu.
    Mais un adversaire pas comme les autres va enrayer cette routine bien huilée…


    1 commentaire
  • Alors même que j'étais septique, je suis allé voir ce film. C'est une totale réussite. C'est original, bien écrit, bien filmé, bien joué etc... Tout est réussi dans ce film. Excellente comédie!

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20     technique: 18/20     note finale: 18/20

    Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir...


    votre commentaire
  • Les décors,  les costumes et l'image sont magnifiques. Les acteurs sont merveilleux. Bien sûr, on peut regretter que le scénario soit un peu fouillis et que certains plans soient approximatifs, mais c'est un beau film.

    scénario: 14/20   technique: 17/20    acteurs: 18/20   note finale: 16/20

    Les jardins du roi

    Artiste aussi douée que volontaire, Sabine De Barra conçoit de merveilleux jardins. En 1682, son talent lui vaut d’être invitée à la cour de Louis XIV, où le célèbre paysagiste du roi, André Le Nôtre, fasciné par l’originalité et l’audace de la jeune femme, la choisit pour réaliser le bosquet des Rocailles. Ce sera une pièce maîtresse des jardins, la salle de bal à ciel ouvert du nouveau palais que le Roi Soleil souhaite créer à Versailles pour éblouir l’Europe. Tout en donnant son maximum et en menant l’incroyable chantier pour terminer à temps, Sabine s’aperçoit vite qu’à la cour, le talent ne suffit pas : il faut aussi maîtriser l’étiquette et savoir naviguer dans les eaux troubles des intrigues. La jeune femme défie les barrières sociales et celles liées à son sexe ; elle noue même une surprenante relation avec le roi et gagne la confiance du frère du souverain, Philippe. Au-delà des interdits et des passions, au coeur d’une cour sur laquelle le monde entier a les yeux rivés, Sabine et Le Nôtre vont tout donner pour porter le rêve de leur vie malgré les obstacles...


    votre commentaire
  •  Du pur Emmanuel Mouret qui évolue vers un cinéma plus réaliste, même si on est encore loin du cinéma réaliste. MDR. leds acteurs sont bien, le scénario est intéressant et très "mouresque" et c'est bien filmé. Toujours plein de hasards et coïncidences...

    scénario: 16/20       scénario: 16/20   technique: 16/20    note finale; 16/20

    Caprice

    Clément, instituteur, est comblé jusqu'à l'étourdissement : Alicia, une actrice célèbre qu'il admire au plus haut point, devient sa compagne. Tout se complique quand il rencontre Caprice, une jeune femme excessive et débordante qui s'éprend de lui. Entretemps son meilleur ami, Thomas, se rapproche d'Alicia...

    En musique, « capriccio » désigne des mouvements enjoués, des formes libres… C'est léger, rapide, charmant, intense, souvent virtuose et parfois romantique : Paganini composa 24 caprices pour violon, Brahms en écrivit plusieurs pour le piano en fin de carrière, ce qui prouve bien que la légèreté de l'expression suppose une virtuosité qui ne s'acquiert pas du jour au lendemain… Et il n'est peut-être pas anodin qu'Emmanuel Mouret ait choisi de donner ce prénom à une de de ses héroïnes qui donne son titre au film : car, à y repenser, il ne fait pas autre chose ici que nous livrer une partition délicieuse, qui brode sur le sentiment amoureux, ses doutes, ses illusions, ses variantes avec vivacité et bonheur. C'est mitonné aux petits oignons, on sent bien que tout est travaillé jusqu'au moindre détail, la moindre virgule, et pourtant on ne sent pas une seconde le tourment du perfectionniste à l'ouvrage qu'est Mouret : le film coule, heureux, drôle et néanmoins troublant car il pose les questions que tout le monde se pose : qu'est ce que l'amour ? Aimons-nous vraiment quand nous croyons aimer, est-ce une illusion, « un honnête mensonge, un heureux malentendu » ?

    Clément – Emmanuel Mouret en personne, parfait dans un rôle très au point de séducteur malgré lui, incertain et maladroit, qui justement plait parce qu'il ne cherche pas à plaire et se contente de laisser entrevoir l'éblouissement qui le saisit quand il se retrouve devant l'objet de ses rêves… Clément, disais-je, est un heureux instituteur sans ambition particulière, adoré par les gamins qui le pratiquent. Notre héros qui n'en est pas un est complètement subjugué par une actrice sublime et adulée dont il retourne voir plusieurs fois les pièces… Hasard curieux, il se retrouve à trois reprises au théâtre à côté d'une jolie fille qui n'a pas sa langue dans sa poche et voit dans cette proximité répétée un signe du destin : c'est Caprice, alias Anaïs Demoustier, dont on soulignera le talent certain pour jouer les perturbatrices patentées et qui illumine un autre film de cette gazette, À trois on y va, autre variation inspirée sur l'amour et ses aléas…
    La belle actrice adulée par Clément, qui a pour prénom Alicia – merveilleuse Virginie Efira –, se sort à peine de déconvenues amoureuses qui l'ont blessée et voit dans ce garçon drôle et touchant une possibilité d'amour sans mensonges, un antidote à une célébrité et un confort social qui lui valent flatteries et courtisans trompeurs. La modestie et la délicatesse de Clément, qui a du mal à croire au conte de fées qui lui tombe du ciel, sont un indéniable atout : il est doux et profond, trop émerveillé de ce qui lui arrive pour être du genre à vouloir faire d'elle un papillon de plus accroché à un quelconque tableau de chasse.
    Un bonheur n'arrivant jamais seul, Caprice ne renonce pas à cet amour désigné par la main du hasard en personne et poursuit Clément de ses assiduités, peu découragée par ses réticences et ses déclarations de fidélité à une autre, lui conseillant même, pragmatique et obstinée, de considérer ces deux amours comme complémentaires : « sois infidèle, ne sois pas égoïste ».

    Aime-ton, ou aime-t-on être aimé ? Aime-t-il Caprice ou est-il seulement flatté, lui, l'obscur maître d'école, par toutes ces manifestations amoureuses qu'il n'est pas sûr de mériter ?… Que ces sentiments sont compliqués à comprendre ! Pour rien au monde, il ne voudrait mentir à Alicia… mais Caprice est une petite perfide, une obstinée qui ne lâche pas le morceau facilement et a plus d'un tour dans son sac. Heureusement le directeur d'école de Clément, qui est aussi son copain, pas désagréable à regarder et à fréquenter par ailleurs, est prêt à le conseiller, voire à l'aider dans la recherche d'un équilibre qui lui permettrait d'aimer qui veut l'aimer sans que la chose ne vire à la catastrophe…


    votre commentaire
  •  J'ai ri, mais j'ai ri. Et en sortant de la salle, ma première pensée fut "elle est folle"... je vais aller le revoir! Un ovni du cinéma et fait en caméra cachée! incroyablement drôle et réussi. Un excellent divertissement!

    scénario: 18/20    technique: 18/20    acteurs: 18/20  note finale: 18/20

    Connasse, princesse des coeurs

    Camilla, 30 ans, Connasse née, se rend compte qu'elle n'a pas la vie qu'elle mérite et décide que le seul destin à sa hauteur est celui d'une altesse royale.


    votre commentaire
  • Un très joli film sur la "difficulté" de tuer des terroristes via les drones, dans la lutte qui oppose les Etats-Unis au reste du monde. Ces militaires sont traumatisés, moins me direz-vous que les personnes qu'ils tuent... Bref, un joli film qui montre la difficulté du "métier"... Bien joué, bien filmé et très intéressant. les acteurs sont remarquables.

    scénario: 16/20     technique: 16/20     acteurs: 17/20     note finale: 16/20

    Good will

    Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.


    votre commentaire
  • Un très joli film sur le difficile sujet des spoliations de guerre. Une fois de plus, ce film nous montre que la réalité est bien plus complexe que ce qu'on pourrait penser. D'excellents acteurs que l'on voit trop rarement! Un bon scénario et c'est bien filmé.

    scénario: 17/20       acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    L'antiquaire

    Esther, jeune femme de 30 ans, part à la recherche de la collection de tableaux volés à sa famille, juive, pendant la guerre. En cours de route, tout en mettant à jour des secrets de famille profondément enfouis, elle redécouvre son père.


    votre commentaire
  • Vous vous souvenez de "paulette" cette grand-mère qui se mettait à vendre du shit pour arrondir sa petite retraite, avec la regrettée Bernadette Lafont? Et bien, le même réalisateur vient de faire "Cerise" etc 'est tout aussi réussi. Le scénario est plein d'humour et de tendresse et c'est une fois encore le choc des cultures entre une ado qui retrouve son père en Ukraine. C'est profond et amusant et j'ai adoré! L'actrice principale est géniale et fera probablement une carrière aussi belle que celle de sa tante, excusez du peu, la grande et sublime Isabelle Adjani qui se fait trop rare

    scénario: 18/20          acteurs: 18/20          technique: 18/20     note finale: 18/20

    Cerise

     

    Cerise a 14 ans, mais elle en paraît 20. Cerise a grandi à côté du périphérique, mais la voilà exilée en Ukraine. Cerise se maquille outrageusement, mais elle a encore des rêves de petite fille. Cerise ne connaît pas son père, pourtant elle doit vivre avec. Cerise ne s’est jamais intéressée qu’à sa petite personne, et la voilà plongée dans une révolution ! Cerise ou les pérégrinations d’une adolescente à la recherche de l’amour absolu… à la recherche d’elle même.


    votre commentaire
  • Un joli film malgré quelques longueurs. Léa Seydoux nous montre une fois de plus toute l'étendue de son talent. Je pense que c'est son meilleur rôle, celui dans lequel elle peut exprimer tout son talent.

    scénario: 16/20        acteurs: 16/20       technique: 16/20    note finale: 16/20

    Journal d'une femme de chambre

    Début du XXème siècle, en province. Très courtisée pour sa beauté, Célestine est une jeune femme de chambre nouvellement arrivée de Paris au service de la famille Lanlaire. Repoussant les avances de Monsieur, Célestine doit également faire face à la très stricte Madame Lanlaire qui régit la maison d’une main de fer. Elle y fait la rencontre de Joseph, l’énigmatique jardinier de la propriété, pour lequel elle éprouve une véritable fascination.

    Le 14 Septembre 1898, Célestine, jeune soubrette au minois charmant, la langue bien pendue et l'esprit vif, arrive dans sa nouvelle place. C'est sa douzième en deux ans ! « Faut-il que les maîtres soient difficiles à servir maintenant… C'est à ne pas croire ! » Elle, la Parisienne jusqu'au bout des bottines, se retrouve au Mesnil-Roy, un bled normand paumé, dans la maison des Lanlaire, un couple de bourgeois racornis, aussi ridicules que leur nom, où elle va devoir supporter la maniaquerie perverse et insultante de Madame Euphrasie – « Euphrasie ! Je vous demande un peu… » – et repousser les avances de Monsieur Isidore, un libidineux frustré qui ne pense qu'à la tripoter dès que sa marâtre a le dos tourné… Tout ça sous le regard impénétrable de Joseph, l'énigmatique jardinier de la propriété, pour qui elle ne va pas tarder à éprouver une véritable fascination…

    Célestine tient scrupuleusement son journal, dans lequel elle note tous les menus événements du quotidien, tous les travers et les turpitudes de ses patrons présents et passés. L'occasion d'une peinture au vitriol de la bourgeoisie française de l'époque, de sa mesquinerie, de son étroitesse d'esprit… Mais pas d'angélisme, pas d'illusion, pas de grand soir à attendre : la domesticité n'a guère plus de morale que ses maîtres, et la mutine Célestine saura se montrer plus calculatrice, plus retorse, plus cruelle que les pathétiques Lanlaire, tralalère… « Un domestique, ce n’est pas un être normal, un être social… C’est quelqu’un de disparate, fabriqué de pièces et de morceaux qui ne peuvent s’ajuster l’un dans l’autre, se juxtaposer l’un à l’autre… C’est quelque chose de pire : un monstrueux hybride humain… Il n’est plus du peuple, d’où il sort ; il n’est pas, non plus, de la bourgeoisie où il vit et où il tend… Du peuple qu’il a renié, il a perdu le sang généreux et la force naïve… De la bourgeoisie, il a gagné les vices honteux, sans avoir pu acquérir les moyens de les satisfaire… et les sentiments vils, les lâches peurs, les criminels appétits, sans le décor, et, par conséquent, sans l’excuse de la richesse… »

    Après Jean Renoir et Luis Buñuel – excusez du peu – Benoît Jacquot s'attaque à l'adaptation du Journal d'une femme de chambre, roman le plus célèbre de l'inclassable furieux qu'était Octave Mirbeau. Il choisit de revenir à la lettre du texte et en restitue toute la violence sociale et culturelle, toute la noirceur. Et il offre un rôle en or à Léa Seydoux, qui confirme son exceptionnel talent, sa capacité à aborder tous les registres, à endosser tous les costumes (rappelez-vous : elle était déjà formidable dans Les Adieux à la reine, du même Jacquot, disponible en Vidéo en Poche). Elle dégage ici une force rageuse que n'atténue pas, bien au contraire, une sensualité, un érotisme plus subi que voulu.


    votre commentaire
  • Un très joli film intimiste. C'est frais, c'est léger. Le scénario est intéressant. Les acteurs sont justes et leur jeu est plein de nuances. Et c'est bien filmé.

    scénario: 16/20       acteurs: 16/20        technique: 16/20     note finale: 16/20

    A trois on y va

    Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s’acheter une maison près de Lille pour y filer le parfait amour. Mais depuis quelques mois, Charlotte trompe Micha avec Mélodie… Sans rien soupçonner, se sentant toutefois un peu délaissé, Micha trompe Charlotte à son tour… mais avec Mélodie aussi ! Pour Mélodie, c’est le vertige. Complice du secret de chacun. Amoureuse des deux en même temps…

    Quoi de neuf ? L'amour ! Jérôme Bonnell prouve qu'on peut encore charmer, émouvoir, surprendre avec une histoire de trio amoureux. Tout comme il nous avait emballés il y a tout juste deux ans avec la rencontre de deux inconnus dans un train : c'était Emmanuelle Devos et Gabriel Byrne, c'était Le Temps de l'aventure. Bonnel a un vrai talent pour saisir les sentiments dans ce qu'ils ont de plus authentique, de plus instinctif, de plus évident. Un vrai talent pour faire vivre des personnages justes, crédibles, attachants jusque dans leurs faiblesses et leur contradictions. Des personnages à qui il donne une vraie liberté de mouvement, une vraie possibilité d'évoluer et de nous surprendre, hors de tout a priori et de tout jugement moral : « Je me fiche du bien et du mal. Surtout dans un film sur le mensonge amoureux. L’essentiel pour moi est d’accepter des personnages tels qu’ils se comportent. De les aimer tout le temps et malgré tout, de ne jamais les abandonner, ni les juger. »

    Charlotte et Micha sont jeunes et amoureux. Ils viennent de s'installer dans une nouvelle maison, dans les faubourgs de Lille – ville extrêmement cinégénique –, et ils s'apprêtent à vivre un bonheur sans nuage, puisqu'ils sont amoureux. Et jeunes. Mélodie est jeune et avocate. Enthousiaste et débordée, sa candeur débutante lui vaut quelques désagréments avec des justiciables somme toute sympathiques mais pas forcément très clairs dans leur rapport à la vérité. Désagréments pour elle, hilarants moments pour nous !
    On découvre assez vite que Charlotte, nonobstant son amour sincère pour Micha, a une laison avec Mélodie. Et on constate presqu'aussi rapidement que Micha est très attiré par Mélodie… et que cette attraction n'est pas à sens unique. Entre marivaudage subtil et burlesque à la presque Feydeau – désopilante séquence qui voit Mélodie se réfugier presque nue sur les toits – se tisse ainsi une comédie de l'amour et du mensonge, double amour et double mensonge, qui évite à merveille le graveleux et le conformisme grâce à sa légereté de ton, à son élégance de facture et à sa liberté de pensée : on sent bien qu'il ne s'agit pas une seconde d'une banale histoire d'adultère ou de jalousie, mais d'une tentative d'envisager les relations amoureuses de manière ouverte et bienveillante, d'une exploration gourmande des chemins buissonniers vers l'épanouissement et l'harmonie : « Cette histoire serait comme un fantasme, puisqu’on y éprouverait la liberté de dépasser tous les maux qui altèrent l’amour : mensonge, trahison, tristesse, jalousie… Faire naître de la paix là où d’ordinaire surgit le conflit. Une sorte de rêve d’amour humaniste… »

    La grande réussite de Jérôme Bonnell, c'est de ne jamais se montrer théorique ou psychologisant, c'est de transmettre ses idées sur l'amour et ses variations à travers des situations de comédie, à travers les actions et les réactions des personnages. Ça donne un film en mouvement, tout de fluidité et de grâce, porté par un trio d'acteurs au diapason : Anaïs Demoustier, Félix Moati et Sophie Verbeeck ont la grâce, eux aussi.


    1 commentaire
  •  C'est certes un peu mou, mais c'est réussi. Un joli film et en plus, on apprend plein de trucs et pour moi, c'est ça le cinéma! Le scénario est intéressant, les décors et les costumes sont magnifiques, les acteurs sont bons.

    scénario: 15/20     acteurs: 16/20    technique/ 16/20   note finale: 16/20

    Anton Tchékhov 1890

    Été 1890. Pour se faire un peu d’argent et nourrir sa famille, Anton Tchekhov, médecin modeste, écrit des nouvelles pour des journaux qu’il signe Antocha Tchékhonté. Des personnages importants, écrivain et éditeur, viennent lui faire prendre conscience de son talent. Sa situation s’améliore et Anton Tchekhov obtient le prix Pouchkine et l’admiration de Tolstoï. Mais lorsque l’un de ses frères meurt de la tuberculose, Anton le vit comme un échec personnel et veut fuir sa notoriété et ses amours. Il se souvient de sa promesse et décide alors d’aller sur l’Ile de Sakhaline, à 10 000 kilomètres de Moscou, à la rencontre des bagnards.

    Quelle intelligence, quelle inspiration, quelle grâce ! René Féret réussit à raconter Tchekhov avec une simplicité, une limpidité qui était chère à ce géant de la littérature qui ne faisait pas une montagne de son art : « je pose la plume sur le papier, quand je la relève, l'histoire est terminée. » Avec un doigté d'orfèvre respectueux de la matière qu'il a entre ses mains, Féret se laisse guider humblement par elle, ses vibrations. Il filme un Tchékhov terriblement vivant, proche, actuel malgré les costumes d'époque… Un ton est donné, juste, qui ne peut qu'échapper aux rides fatales qui rendent certaines œuvres surannées. C'est que l'humanité de l'écrivain fait résonner celle du cinéaste qui s'approprie l'homme jusqu'à nous le rendre intime. Sensible sans sensiblerie. Malicieux sans malice. Sans artifice superfétatoire. Passionnant… Et pourtant le temps que vit et écrit Tchekhov est celui de l'ennui. « Mes personnages vivent dans l’ennui de leur vie, emmenez le spectateur dans cet ennui et, tout à coup, au moment où il s’y attend le moins, pan ! un coup de feu dans la gueule du spectateur… »

    Une société russe lassée d'elle même et qui ne sait pas encore à quoi aspirer. Une société à plusieurs vitesses, secouée par les miasmes de maladies alors incurables, où la progéniture de ses anciens serfs, ses pauvres, se débattent avec les affres de la tuberculose… Ce ne sont pas les patients qui manquent, mais ils ne sont pas riches et la pratique de la médecine ne paie pas. Anton Pavlovitch Tchekhov, Antocha pour ses intimes, est alors un jeune médecin qui publie des nouvelles griffonnées d'un jet au milieu de l'appartement familial surpeuplé pour tenter d'améliorer l'ordinaire de ses frères dévergondés, d'un père dévot plus que sévère, d'une mère culpabilisante et de Macha, sa sœur chérie, petit rai de lumière dans cette sombre réalité. Lectrice attentive, copiste assidue, première admiratrice des écrits de son frère, Macha le soutient, l'encourage mieux qu'une muse. De pseudonyme en pseudonyme, de journaux en journaux, les récits d'Antocha ne vont pas très longtemps le laisser dans l'anonymat.
    1890. On est à ce moment charnière où tout s'enclenche : la maladie de Kolia, son jeune frère préféré, l'aide d'un éditeur prestigieux, la reconnaissance d'autres écrivains de renom – dont le maître Tolstoï, savoureux Frédéric Pierrot – qui vont le pousser à se consacrer d'avantage à l'écriture, à publier des textes plus longs. Et qui sait ? L'amour ? Non ! Surtout pas ! Il balaie la chose d'un revers de pensée. « L'amour ne m'intéresse pas, il vous enferme dans une idée fixe et vous prive de votre énergie, c'est un piège. » Tel un moine soldat, Anton veut y renoncer, pour laisser toute la place possible à son double besoin impérieux d'écrire et de soigner. Le séduisant trentenaire, lucide, refuse avec douceur les frétillants assauts des demoiselles qui le badent. Il faut bien toute l'habileté et l'effronterie de la rousse et pulpeuse Lika pour tenter de franchir la herse de ce cœur imprenable.
    Et le temps coule ainsi parmi les vies trop courtes. Antocha a abandonné tous ses surnoms et publie désormais récits et pièces sous sa véritable et unique identité. La situation de la famille peu à peu s'améliore, laissant apparaître des jours presque meilleurs… Sauf pour Kolia dont le regard plein d'ardeur et de fièvre plait tant aux filles…

    Loin de moi l'idée de tout vous raconter : les acteurs, tous inspirés, émouvants, convaincants, le feront mieux que moi. Vous aussi irez jusque sur l'île de Sakhaline, découvrant avec l'envoyé spécial Anton Tchékhov à la fois sa beauté et sa violence envers les bagnards et leur entourage. Vous ressentirez les pulsations de son œuvre. Avec lui vous compatirez. L'homme qui dépeint devient un homme qui dénonce… qui jamais pourtant ne renoncera à une forme de réserve narquoise pour raconter son époque, pour explorer l'âme humaine.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique