• Pablo Lorrain est partout et semble aimer les biopics. Un film original sur les jours qui ont suivi l'assassinat de Kenndy. Natalie Portman est formidable et devrait recevoir plusieurs prix pour son jeu délicat et ettout en nuances d'une femme qui ne sait plus où elle en est. On peut cependant regretter que cela soit un peu brouillon.

    scénario: 16/20     technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale:16/20

    Jackie : Affiche

     

    22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

    Un mois à peine après le formidable Neruda , un nouveau film de Pablo Larrain, un nouveau regard décalé et passionnant sur un personnage célèbre, une figure cette fois tellement médiatique qu'elle pourrait détourner du film le spectateur légitimement méfiant : il aurait tort, il se priverait d'un grand moment de cinéma brillant et suprêmement intelligent. Jackie nous fait vivre l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas, et les quelques jours qui suivront, du point de vue de la rescapée abasourdie, de la veuve immédiatement transformée en icône planétaire.

    Un dispositif narratif particulièrement ingénieux permet d'appréhender la personnalité complexe de cette femme sous différents aspects et à différents moments. Deux scènes, dont on voit des extraits tout au long du film, sont à cet égard particulièrement éclairantes. D'abord, une émission de télé reconstituée qui montre, en noir et blanc, une Jackie à ses tout débuts de première dame, hésitante et touchante, proposer aux téléspectateurs une visite de la Maison Blanche et annoncer les travaux de restauration qu'elle souhaite mettre en œuvre. Ensuite, le rendez-vous qu'elle donne à un journaliste du magazine Life, quelques jours après l'assassinat de JF Kennedy. Elle en dira beaucoup lors de cet entretien, mais en laissera publier peu car son objectif est de commencer à bâtir la légende de son mari. Pour cela, elle doit rester maîtresse du jeu en donnant sa version des événements.


    Entre ces deux moments, on comprend que la petite débutante a beaucoup appris des règles de la communication moderne et de l'utilisation des médias. Les presque trois années passées à la Maison Blanche avaient en effet aguerri cette femme cultivée, qui parlait couramment l'anglais, le français, l'espagnol et l'italien. Il lui faudra néanmoins une force considérable pour organiser à sa façon, construction de la légende oblige, les funérailles de son mari, contre l'avis du conseiller du nouveau président Lyndon Johnson.
    Natalie Portman, filmée de très près, présente dans toutes les scènes, est Jackie Kennedy. Inutile d'en dire davantage sur cette exceptionnelle performance. Les acteurs autour d'elle sont parfaits, de Peter Sarsgaard (Robert Kennedy) à Greta Gerwig, avec une mention spéciale pour John Hurt que l'on découvre en prêtre catholique dans une scène qui nous permet, au-delà des apparences exigées par la fonction de première dame, d'aller au plus profond de la personnalité de Jackie et de constater toute la lucidité qu'elle conserve sur son mariage, sur la personnalité de son mari et ce que signifiait d'entrer dans le clan Kennedy.

    Un soin extraordinaire a été apporté à la reconstitution, décors, voitures, vêtements… Ce qui ne nous étonne pas d'un film tourné aux USA avec des moyens importants. Ce qui surprend davantage, c'est la qualité de la musique qui, au lieu de peser comme souvent, accompagne et souligne intelligemment.
    On ne doute pas qu'un bon réalisateur américain aurait pu faire de cette histoire un bon film. Mais on ne doute pas non plus que nous n'aurions pas échappé à de pénibles couplets patriotiques. Ce n'est pas faire injure au pur talent de Pablo Larrain de prétendre qu'un Chilien, ne se faisant aucune illusion sur la politique américaine, était particulièrement bien placé pour que Jackie soit, non pas un film de plus sur un moment de l'histoire des États Unis, mais tout simplement un grand film.


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  •  Excellent! Le scénario est un merveille, c'est très bien joué, plein d'humour et de poésie. Le cinéma chilien est toujours intéressant.

    scénario: 18/20   acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20   note finale: 18/20

    Néruda

    1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.

    Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire

    Neruda est à la hauteur de Neruda. Neruda le film est à la (dé)mesure de Neruda le poète, le militant, l’homme politique, figure emblématique d’un Chili pensant, créant, résistant. Soyons clair : ceux qui espèrent un biopic classique retraçant la vie et la carrière du grand écrivain, compagnon de Garcia Lorca et de Picasso au moment de la Guerre d’Espagne, Prix Nobel de littérature en 1971, mort dans des circonstances suspectes peu de temps après le coup d’état de Pinochet… ceux-là resteront sur leur faim. Mais tous ceux qui sont sensibles à l’imagination, à l’invention, au romanesque, à la poésie – tous qualificatifs évidemment adaptés à l’œuvre de Pablo Neruda – seront autant que nous enthousiasmés par ce film magistral du très remarquable Pablo Larrain qui s’est imposé, en quelques films essentiels et radicaux, comme un observateur incisif de l’histoire troublée de son pays (Tony Manero sur l’ambiance de plomb à l’époque du régime de Pinochet sous protection américaine, Santiago 73 , autour du coup d’Etat, No, sur la fin surprise du régime Pinochet, El Club, sur les sordides reliquats aujourd’hui du régime dictatorial).

    Loin donc de toute tentative ampoulée de biographie plus ou moins exhaustive, le film s’attache à un épisode bien précis de la vie de Neruda quand, au lendemain de l’élection en 1946 du président Gabriel Gonzalez Videla, il devient, après l’avoir soutenu en tant que sénateur communiste, l’un de ses plus farouches opposants, suite au ralliement du dirigeant au camp américain dans la Guerre Froide naissante. Neruda, malgré un important soutien populaire et un parti communiste au sommet de sa puissance, va devoir fuir puisque le PC est bientôt interdit par le gouvernement et ses militants pourchassés.
    L’anti-biopic de Larrain bouscule l’icône Neruda, décrivant, sans jamais oublier le génie littéraire ni la figure politique de premier plan, son égoïsme, sa mégalomanie, son goût du luxe et des fêtes dispendieuses contrastant avec la défense affichée de la classe ouvrière ainsi que le goût pour les prostituées malgré l’amour d’une épouse qui aura tout sacrifié pour lui. Le réalisateur et son scénariste ont de manière jubilatoire transformé cet épisode historique en un récit policier et d’aventures aux quatre coins du Chili. On suit un Neruda (Luis Gnecco) qui, avant de partir à l’étranger, fuit ses poursuivants à travers tout le pays, des maisons bourgeoises de Santiago jusqu’aux frimas de la Patagonie et aux bordels de Valparaiso en passant par les hauteurs enneigées des Andes. À ses trousses, un personnage de roman noir, l’inspecteur Peluchonneau (Gael Garcia Bernal), policier obsessionnel, habité par la légende d’un ancêtre qui aurait créé la police chilienne, tout aussi fasciné par sa proie que déterminé à la capturer. Un personnage résolument romanesque dont la voix off accompagne le récit (le texte écrit par le scénariste Guillermo Calderon est magnifique) et qui devient, en une mise en abyme vertigineuse, une sorte de création littéraire de Neruda lui-même.

    Au fil d’un récit trépidant, porté par une mise en scène virtuose et des images d’une beauté souvent renversante, secoué par un humour irrévérencieux, habité par deux acteurs géniaux, Neruda est certes iconoclaste envers le héros national mais il est aussi et surtout un magnifique hommage à son génie poétique – la poésie est omniprésente tout au long du film, irriguant le texte en voix off déjà cité, transcendant des dialogues, des situations, des rebondissements d’une invention éblouissante. Et à travers l’histoire picaresque de la fuite de Neruda traqué par le policier Peluchonneau, Larrain préfigure la triste suite de l’histoire chilienne à laquelle il a consacré jusqu’ici son œuvre, le sinistre Augusto Pinochet apparaissant brièvement en jeune officier au regard bleu glacial, garde-chiourme en chef d’un camp d’internement.


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  •  Un film très réussi sur les débuts de l'aventure MacDonalds. Il est si bien fait qu'en sortant, j'ai failli aller manger chez eux malgré toutes les réserves que j'aie sur leur système.

    scénario: 16/20        acteurs: 16/20       technique: 16/20    note finale: 16/20

    Le fondateur

    Dans les années 50, Ray Kroc rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s'en emparer pour bâtir l'empire que l'on connaît aujourd'hui.


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  • Une très bonne comédie avec des acteurs qui donnent tout.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20    note finale: 16/20

    Mes trésors

    Carole est une informaticienne introvertie qui vit encore chez sa mère.
    Caroline est une pickpocket rebelle qui écume les grands hôtels de la côte d'Azur.
    Les deux jeunes femmes ne se connaissent pas et n'ont rien en commun. Rien, sinon leur père, envolé avant leur naissance et qu'elles n'ont jamais vu.
    Jusqu'au jour où… Patrick ressurgit !

    Ce voleur international recherché par toutes les polices a frôlé la mort, et décide de rattraper le temps perdu en réunissant ses deux filles autour d'un but commun : le casse d'un Stradivarius à 15 millions d'euros…
    Entre les bourdes, l’amateurisme et les chamailleries de ses deux filles, Patrick comprend vite que ce braquage ne va pas être une promenade de santé…


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  •  Un excellent film tunisien qui dépeint bien les problèmes de la jeunesse tunisienne, confronté à un désir d'émancipation et des  traditions très rigoureuses.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Hedi, un vent de liberté

    Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe.
    Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial.
    Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients.
    Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit.
    Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.

    Un adorable garçon en vérité, ce Hedi, un prénom béni des dieux qui signifie d'ailleurs en arabe « calme » ou « serein ». Tout un programme à ne promettre en apparence que du bonheur. Sauf que nous sommes à Kairouan en Tunisie, au lendemain du printemps arabe. Les violences, les manifestations… pas trop le genre d'un bonhomme qui profite de l'honnête aisance que lui confère sa position de cadre moyen chez Peugeot. Côté famille, ce fils à sa maman fait la fierté d'une génitrice toute à la stricte observance de la tradition. Un bidule étrange, cette tradition : une machine à générer des angoisses et des conflits qui, vue de ce côté à nous de la Méditerranée, épouse en pire les effets d'une terrible bombe asphyxiante. C'est une chose qui saute en effet moins aux yeux de tout un chacun, mais les hommes dans ce petit pays, aussi bien que dans les pays arabes en général, sont eux aussi soumis au régime d'un matriarcat très contraignant qui, non content d'encadrer strictement le comportement des femmes programmées depuis la naissance pour atteindre les objectifs de base que sont le mariage et la fondation d'une famille, ne manque pas d'entraver dans le même élan, mais plus subtilement, la liberté des hommes qui se voient embarqués dans la triste comédie des mariages arrangés pour le meilleur et souvent pour le pire.

    C'est ce que nous raconte Hedi le film, en s'attachant à Hedi le personnage qui, avec sa bonne tête de gendre idéal, se retrouve promis par une de ces mères qui font la loi des ménages à une gentille fille du quartier, par ailleurs mignonne comme un cœur, qu'il se voit autorisé depuis trois ans à rencontrer dans sa voiture un quart d'heure par semaine sous la vigilante surveillance d'une armada de chaperons du quartier, planqués derrière leurs rideaux.
    Mais à quelque chose crise économique est bonne. Notre Hedi, si gentil et si obéissant, jusqu'alors confiné qu'il était dans son bureau, va se voir propulsé dans le vaste monde tunisien par sa direction pour tenter d'arracher sur le terrain des ventes de bagnoles en chute vertigineuse. C'est alors l'occasion pour nous de découvrir qu'au-delà de la tradition qui empoisonne de manière folklorique la vie de nos malheureux semblables tunisiens, se dessine silencieusement un terrible Armageddon économique qui pourrait bien un jour, emporter la jeune démocratie tunisienne dans les ténèbres.

    En effet, c'est à un véritable crève-cœur que nous conduit chaque étape du chemin de croix prospectif de notre représentant de commerce à travers le défilé d'immenses hôtels de luxe désespérément vides pour cause de danger terroriste, lesquels sont prêts à accueillir pour une bouchée de pain notre ami Hedi. C'est pourtant lors d'une ces tristes escales que notre homme va rencontrer Rym, gentille animatrice dans une chaîne d'hôtels franco tunisienne, femme indépendante dont la liberté le séduit. Alors que sa mère omniprésente prépare activement son mariage, Hedi, pour la première fois, sera alors tenté de prendre sa vie en main, pour rejoindre Rym à Montpellier. Y parviendra-t-il, malgré le poids immense de sa culpabilité ? Mais ceci, comme dirait Kipling, est une autre histoire.


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  •  une comédie très réussie avec beaucoup d'humour dans les dialogues. Bien filmé, bien joué, on passe un excellent moment.

    scénario:16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Père fils thérapie

    Ils sont père et fils. Ils ne se supportent pas. Leurs entourages leur ont lancé un ultimatum : participer à un stage de réconciliation « Aventures Père Fils » dans les gorges du Verdon où ils devront tenter un ultime rapprochement. Entre mauvaise foi et coups bas, pas évident qu’ils arrivent à se réconcilier.


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  •  Une très jolie comédie sur quatre femmes et l'amour. j'ai beaucoup aimé. Jenifer est non seulement une grande chanteuse mais également une excellente actrice!!

    scénario: 17/20   acteurs: 18/20   technique: 18/20    note finale: 17/20

    Faut pas lui dire

    Laura, Eve, Anouch et Yaël sont quatre cousines, très différentes et très attachantes, qui ont un point commun : elles mentent, mais toujours par amour ! Quand les trois premières découvrent quelques semaines avant le mariage de leur petite cousine que son fiancé parfait la trompe, elles votent à l’unisson « Faut pas lui dire » !

     


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  • Mais comment fait-il? Comment fait Clint Eastwood pour nous réjouir à chacun de ses films? Quoiqu'il filme, quelque soit le sujet traité, il réussit à nous intéresser. Le scénario, les acteurs et la technique sont formidables. et pourtant le sujet de base ne l'était pas a priori...

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20       technique: 17/20      note finale: 17/20

    Sully

    L’histoire vraie du pilote d’US Airways qui sauva ses passagers en amerrissant sur l’Hudson en 2009. 
    Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au "miracle sur l'Hudson" accompli par le commandant "Sully" Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.

    Clint Eastwood est une énigme. Logiquement, considérant ses déclarations largement relayées par les médias au moment des élections américaines, son soutien régulièrement ré-affirmé au candidat puis au sinistre Président Trump, sa propension à militer pour la défense d'un pur patriotisme va-t-en guerre qui ferait passer le défunt Charlton Heston pour un apôtre de la non-violence façon Ghandi, nous devrions avoir au minimum quelques réticences sinon des difficultés à rentrer dans ses films – sensés, d'une façon ou d'une autre, illustrer un certaine vision du monde. Et, on ne va pas se mentir, ces dernières années, ça a parfois été le cas. Autant dire qu'on n'attendait pas grand chose de ce Sully qui, sur le papier, portait en germe, justement, tous les ingrédients de la fable édifiante propre à célébrer l'Amérique éternelle, l'Américain béni de(s) dieu(x), l'héroïsme individuel, tout ça… et patatras ! En plus d'avoir réalisé un film vertigineux et captivant, un magnifique huis-clos désabusé déguisé en film-catastrophe, on voit Eastwood détricoter consciencieusement le mythe à mesure que la machine médiatique le construit. Revenir au simple, au concret, au palpable.


    Qui se souvient du « miracle de l’Hudson » ? De ce côté de l’Atlantique, pas grand monde. Pourtant aux États-Unis en 2009, quand un A320 de l’US Airways réussit un amerrissage en catastrophe sur le fleuve Hudson, l’exploit des pilotes prend rapidement une dimension psychologique inattendue sur un peuple encore traumatisé par les attentats du 11 Septembre et se remettant à peine du choc de la crise financière de 2008.
    Qui se souvient de Chesley Sullenberger dit Sully, le commandant de bord de l’avion qui, en trois minutes et une poignée de secondes, a décidé de la vie de cent cinquante quatre personnes en prenant la décision de se poser sur le fleuve plutôt que de faire demi-tour pour atterrir sur les pistes de l'aéroport de La Guardia tout proche ? Sully immédiatement porté aux nues et élevé au rang de héros de la nation par l'opinion publique et les médias ? Pas grand monde. Ce que l’on sait encore moins, c’est que les autorités aéronautiques – et surtout les assurances des compagnies aériennes, peu enclines à payer – ont auditionné à charge les deux pilotes, remettant en cause leurs décisions et menaçant ainsi leur carrière et leur réputation. Ce que l'on reproche à Sully, c'est de ne pas avoir suivi la procédure et d'avoir perdu un avion. D'après les conclusions des simulateurs de vols, il aurait dû se poser sur une des nombreuses pistes des aéroports voisins et ainsi ne pas mettre en danger la vie de ses passagers ni celle des habitants de Manhattan. Mais les simulateurs calculent a posteriori, et ne sont pas dans l'obligation de faire des choix dans l'urgence… Et ce qui entre en jeu dans ce récit, c'est aussi les rapports de plus en plus déshumanisés qui régissent la vie de nombre d'entreprises. C'est la place faite aux machines, aux ordinateurs au détriment de celle de l'humain.

    C’est cette histoire sans le moindre suspense mais avec un tension dramatique qui vous scotche littéralement à votre fauteuil pendant une petite heure et demie qui passe comme dans un rêve, que ce satané Clint Eastwood se propose de nous raconter. Avec une habileté consommée, il mêle les codes du film catastrophe (où rarement l'angoisse des passagers au moment de l'accident aura été montrée avec autant de pudeur et d'efficacité) et le portrait intime d'un homme ordinaire, devenu héros d'une Amérique en mal de figure positive. Qui mieux que Tom Hanks pour incarner cet homme intègre et droit ? Il confère à ce personnage en proie aux doutes la fragilité aussi bien que la force de caractère qui siéent à un pilote de ligne en fin de carrière. Sully, le film, a une classe imparable et une générosité qui mettent à bas – et c'est tant mieux – l'image qu'on se faisait cet été d'un Clint Eastwood de plus en plus réac en vieillissant. Chic !


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  •  Un très beau film avec des décors époustouflants. Les acteurs sont bien mais on ne comprend pas un mot de ce que dit Brad Pitt quand il parle français... Fin imprévue

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20    note finale: 16/20

    Alliés

    Casablanca 1942.  Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.


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  •  Un très beau film sur l'amour "paternel". un film plein de rebondissement à la fin imprévue.

    scénario: 16/20   acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    Demain tout commence

    Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…


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  • Un très beau film sur la façon dont les islamistes embrigadent les jeunes filles un peu paumées. très réussi.

    scénario: 17/20         acteurs: 17/20    technique: 17/20    note finale: 17/20

    Le ciel attendra

    Sonia, 17 ans, a failli commettre l'irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie, 16 ans, vit avec sa mère, aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d'un "prince" sur internet. Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l'embrigadement… Pourraient-elles en revenir?


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  •  Tim Burton est un génie!!! Il nous le montre une fois de plus. Tout est réussi dans ce flm: la réalisation, les décors, les costumes etc... Les acteurs sont géniaux. Burton réussi une fois de plus à nous faire croire aux histoires les plus improbables. Eva Green est merveilleuse!

    scénario: 17/20     acteurs: 18/20    technique: 18/20    note finale: 18/20

    Miss Peregrine et les enfants particuliers

    À la mort de son grand-père, Jacob découvre les indices et l’existence d’un monde mystérieux qui le mène dans un lieu magique : la Maison de Miss Peregrine pour Enfants Particuliers. Mais le mystère et le danger s’amplifient quand il apprend à connaître les résidents, leurs étranges pouvoirs …  et leurs puissants ennemis. Finalement, Jacob découvre que seule sa propre "particularité" peut sauver ses nouveaux amis.


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  • Un troisième opus très réussi: on rit beaucoup. Les dialogues sont plein d'humour. C'est également un film contre la chirurgie esthétique: quand on voit les ravages sur le visage de cette pauvre Renée Zellweger...

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20    technique: 16/20   note finale: 17/20

    Bridget Jones baby

    Après avoir rompu avec Mark Darcy, Bridget se retrouve de nouveau célibataire, 40 ans passés, plus concentrée sur sa carrière et ses amis que sur sa vie amoureuse. Pour une fois, tout est sous contrôle ! Jusqu’à ce que Bridget fasse la rencontre de Jack… Puis retrouve Darcy… Puis découvre qu’elle est enceinte… Mais de qui ???


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  • Un beau film sur Bergolio avant qu'il ne devienne le pape François. on peut cependant regretter le côté brouillon du début du film. Bien joué, bien filmé.

    scénario: 16/20   acteurs: 17/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    Le pape françois

    Qui se cache derrière le Pape François ?
    Ana, jeune journaliste espagnole, est envoyée au Vatican pour couvrir le conclave de 2005. Elle fait alors la connaissance du Cardinal Jorge Mario Bergoglio, évêque de Buenos Aires, méconnu du grand public et outsider de l’élection. Se liant d’amitié, elle apprend à mieux connaitre la vie d’un homme humble et atypique qui a voué sa vie aux luttes contre la dictature, la pauvreté, la drogue, l’esclavagisme moderne. Elle découvre petit à petit le parcours incroyable, depuis son enfance jusqu’à son élection de 2013, de celui qu’on appelle désormais le Pape François.


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  • Un biopic du commandant Cousteau très réussi. Les acteurs sont formidables. Le scénario est très réussi. On nous montre bien les ombres et les lumières du Commandant.

    scénario: 17/20     acteurs: 18/20   technique: 17/20   note finale: 17/20

    L'Odyssée

    1948. Jacques-Yves Cousteau, sa femme et ses deux fils, vivent au paradis, dans une jolie maison surplombant la mer Méditerranée. Mais Cousteau ne rêve que d’aventure. Grâce à son invention, un scaphandre autonome qui permet de respirer sous l’eau, il a découvert un nouveau monde. Désormais, ce monde, il veut l’explorer. Et pour ça, il est prêt à tout sacrifier.


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  •  Un très beau film sur l'univers carcéral servi par des acteurs formidables. Sophie Marceau a un très beau rôle et est parfaite dans ce rôle de taularde qui se pose beaucoup de questions.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20    technique: 17/20    note finale: 17/20

    La taularde

    Pour sauver l’homme qu’elle aime de la prison, Mathilde prend sa place en lui permettant de s’évader. Alors que sa survie en milieu carcéral ne dépend que de lui, Mathilde n’en reçoit plus aucune nouvelle. Isolée, soutenue uniquement par son fils, elle répond désormais au numéro d’écrou 383205-B. Mathilde deviendra-t-elle une taularde comme une autre ?


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  • Une comédie noire pleine d'humour. C'est très réussi et on rit de bon coeur même s'il s'agit de la vie d'un tueur.

    scénario: 18/20    technique: 16/20   acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Un petit boulot

    Jacques habite une petite ville dont tous les habitants ont été mis sur la paille suite à un licenciement boursier. L'usine a fermé, sa copine est partie et les dettes s’accumulent. Alors quand le bookmaker mafieux du coin, lui propose de tuer sa femme, Jacques accepte volontiers... 

    C'est une réjouissante comédie noire et grinçante, d'autant plus savoureuse qu'on en voit peu de cet acabit dans le cinéma français. La tradition dans le genre est plutôt anglo-saxonne (le scénario est d'ailleurs adapté d'un roman de l'américain d'origine écossaise Iain Levison) ou belge. Ou alors il faut remonter aux polars parodiques et anars des années soixante, dont les plus réussis étaients souvent dialogués par Michel Audiard.
    Iain Levison situait son intrigue dans une petite ville industrielle de l'Amérique profonde dévastée par le transfert au Mexique de l'entreprise locale. Ici on est en France, dans une bourgade dont la brique rouge et les cités ouvrières rappellent le Nord des dures années de désindustrialisation et de misère sociale. L'usine du coin, qui fournissait l'essentiel du travail, a fermé, pas assez rentable, et les salariés sont restés sur le carreau. Jacques (qui a le charme gouailleur de Romain Duris) fait partie de ces victimes collatérales. Fuyant la débine, sa copine l'a plaqué, le vent peut parcourir son frigo entre les quelques bières restantes. Pas folichon tout ça. Heureusement il a quelques potes pour lui remonter le moral, comme Tom (formidable Gustav Kervern), à peine mieux loti après avoir accepté d'être surexploité comme gérant d'une station service.


    Dans ces conditions, difficile de refuser un petit boulot, surtout quand il peut vous rapporter près vingt mille euros en une journée. À ce tarif, inutile de vous dire que ce n'est pas n'importe quel petit boulot : Gardot, le bookmaker-mafieux local demande à Jacques de tuer sa femme adultère. Il lui fait sa proposition dans une scène aux dialogues savoureux : « Pourquoi tu me demandes ça à moi ? — Parce que tu es un ami » répond Gardot. D'ailleurs l'humour noir et très efficace du film réside essentiellement dans ce personnage de Gardot, un truand à l'ancienne, capable de buter son homme de main sur un simple soupçon, mais aussi de s'inquiéter de tous ses amis et de se montrer affable, avec un air débonnaire de bon bourgeois affublé de petits chiens ridicules. Un rôle savoureux que le scénariste-dialoguiste Michel Blanc a mitonné aux petits oignons pour Michel Blanc l'excellent acteur. Romain Duris, qui se bonifie comme un vieil Armagnac, lui donne parfaitement la réplique dans le rôle de l'ouvrier bon gars qui se laisse embarquer par nécessité dans une spirale meurtrière. Parce que c'est bien connu : quand on a tué une fois, on peut remettre ça plus facilement. Et tant mieux si ça permet de se débarrasser du cadre sadique (savoureusement incarné par Alex Lutz) envoyé par la compagnie pétrolière pour chercher des poux dans la tête de son ami Tom !

    Au fil d'un scénario qui dit plein de choses sans en avoir l'air, Pascal Chaumeil livre un polar acide qu'on suit avec plaisir au premier degré sans jamais oublier l'arrière plan bien présent : les ravages du capitalisme sauvage face auxquels l'ouvrier floué pourrait être tenté de réagir en sortant le calibre (la présence de Gustave Kervern aidant, on pense évidemment au bien aimé Louise-Michel de lui-même et Benoît Delépine)…


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  • Le dernier film du talentueux Xavier Nolan est une réussite. Tous les acteurs de ce casting de rêve sont géniaux et Nathalie Baye mérite un prix d'interprétation. Marion Cotillard ne sert à rien. Cela commence un peu lentement mais après le film prend toute sa dimension. C'est un peu bavard. Mais les secrets de cette famille sont intéressants. Réussi.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20     note finale: 18/20

    Juste la fin du monde

    Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine.
    Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancoeurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.

    Adapté de la pièce de Jean-Luc Lagarce, écrite en 1990 alors qu’il se savait atteint du sida, ce sixième long-métrage de Xavier Dolan (vingt-sept ans cette année !) est son plus abouti, son plus fort à ce jour. Il saisit Louis, alter ego de l’auteur interprété par Gaspard Ulliel, dans un avion, tandis qu’en « off », la voix de l’acteur annonce le programme : revenir sur ses pas, retrouver sa famille, leur annoncer sa mort « prochaine et irrémédiable ». « En être l’unique messager… Me donner, et donner aux autres, une dernière fois, l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. »
    Ce prologue funèbre diffuse sa terrible gravité dans la course folle qui suit, un voyage en taxi recomposé comme un flip book d’images filantes au son, poussé à plein volume, d’une musique conquérante, qui propulse le film sur sa rampe de lancement. Et nous voilà chez Martine (Nathalie Baye, impayable sous sa perruque noir corbeau), où tout le monde attend le retour du fils prodigue. Ce qui va se jouer dans ce huis clos grotesque et désespéré est une tragédie de l’intime, de la solitude radicale de l’homme, où l’âme se voit littéralement mise à nu. La rencontre de ce personnage qui vient pour annoncer sa mort et de ceux à qui il vient l’annoncer, qui attendent de sa part la promesse d’un avenir partagé, ne peut provoquer qu’un hurlement muet. On est par-delà l’incommunicable, dans la zone irréparable du déjà trop tard.


    Douze ans que Louis n’a pas vu sa mère, ni son frère, ni sa sœur. Avec ces gens mal dégrossis, incapables de communiquer autrement que par l’invective ou l’insulte, l’homosexuel sophistiqué qu’il est, intellectuel brillant, doux et posé dans son rapport aux autres, ne partage rien. « J’ai peur d’eux », dit-il à un ami, au téléphone. Comment trouver non seulement la force, mais aussi, simplement, un moment pour prendre la parole dans ce climat délétère, très Dolan première époque, où personne n’écoute personne et où tout le monde se coupe en vociférant ? Ce régime d’hystérie à haute intensité n’a pas eu l’heur de plaire à tout le monde lors du Festival de Cannes…
    C’est dommage, car malgré le poids de la situation qui vous cloue littéralement au fond de votre siège, c’est souvent drôle. Dans son rôle de « connard ascendant violent », Vincent Cassel, notamment, est dément. Dolan, en outre, a l’élégance d’offrir à ses spectateurs des échappées fantasques comme cette chorégraphie (très mal) improvisée par Léa Seydoux et Nathalie Baye au son d’un vieux tube d’O-Zone. Ou cette réminiscence lumineuse, provoquée par la découverte, dans la remise, du vieux matelas qui accueillit jadis les amours de Louis et de Pierre, dit Joli-Cœur.

    Dans la gabegie qui masque mal le champ de ruines de cette famille rongée par la souffrance, la honte et le ressentiment qu’a nourris le vide laissé par un dieu vivant qui fut un jour des leurs, la mise en scène baroque de Dolan travaille les creux ; réveillant, ici, dans un échange de regards furtif, la mémoire d’une complicité ; révélant, là, l’indicible à la surface d’une alternance hallucinée de gros plans de visages. Elle exprime ce que les personnages sont incapables de dire eux-mêmes. Elle raconte en silence que Catherine (inutile Marion Cotillard qui joue vraiment mal dans ce film dont elle est l'erreur de casting) – épouse hypersensible et souffre-douleur d’Antoine que tout le monde prend pour une idiote – a compris la raison de la visite de Louis, que les autres, murés dans leurs névroses, ne s’expliqueront jamais.


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  • Un thriller psychologique superbement réussi; Le scénario est plein de suspens et la fin pleine de surprises... les actrices sont sublimes. Tout est réussi. Bravo!

    scénario: 17/20       acteurs: 18/20     technique: 15/20    note finale: 16/20

    Moka

    Munie de quelques affaires, d’un peu d’argent et d’une arme, Diane Kramer part à Evian. Elle n’a qu’une obsession : retrouver le conducteur de la Mercedes couleur moka qui a renversé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à une autre femme, attachante et mystérieuse…

    Elle a quelque chose d'un héros de western, ou de polar… enfin, un truc dans lequel on imagine mal habituellement une femme. Une femme, c'est doux, ça pleure, ça souffre, ça peut aimer, être terrible… mais ça va rarement acheter un gun et se mettre en quête de résoudre le problème qui lui pourrit la vie, en poursuivant de façon solitaire, obsessionnelle, obstinée, calculée… un projet de vengeance. On n'est pas dans un polar, on n'est pas dans un western, il y a un peu de ça mais ici les choses sont plus subtiles. On est entre la Suisse et la France, entre Evian et Lausanne, on reste autour du Lac Léman, qui est assez peu rassurant, malgré son aspect lisse : plutôt étrange, et finalement inquiétant peut-être… on sent qu'on n'est pas à l'abri de surprises.
    Notre héroïne n'est pas simple à saisir. Au départ, on peut la trouver bizarre, voire un peu folle, d'ailleurs elle s'échappe d'une clinique où elle semble soigner les suites d'un drame non résolu… Ça n'a pas l'air d'aller fort, mais il émane d'elle une sorte de tension froide et silencieuse, une sorte de violence rentrée, elle apparaît fichtrement résolue avec sa parka qui la banalise, ses basket qui ne font pas de bruit. Et puis bon sang ! Elle a la tête d'Emmanuelle Devos, qui a une façon d'être à l'image qui accroche l'intérêt, séduit, intrigue.


    On ne vous racontera pas l'histoire… c'est sans doute mieux parce que ce serait vous priver de cette curiosité qui grandit peu à peu et ne s'arrête pas à l'énoncé de ce qui pourrait avoir l'air à première vue d'un fait divers. Cette belle femme qui largue les amarres, qui semble avoir vacillé un moment sous l'effet d'une grande douleur, tangue comme une équilibriste entre l'appel du vide et un profond appétit de vie. Peu à peu son besoin viscéral de vérité va la propulser du côté moins sombre des choses, au cours de méticuleuses recherches qui la conduiront à résoudre cette affaire qui la concerne au plus profond d'elle même et à laquelle les flics du coin s'intéressent assez peu.
    Se faire justice… Au bout de son enquête, elle trouve une femme, et la rencontre ne sera pas banale. Sous l'évidence apparente des faits pourrait bien se cacher une erreur judiciaire. La vie adore les stratégies alambiquées. Diane aurait pu conclure un peu trop vite, en se contentant de la découverte de la propriétaire de la voiture couleur moka qui désigne Marlène comme responsable de son malheur… mais si elle n'est pas pressée, c'est qu'elle ne veut pas seulement savoir, elle veut aussi comprendre.

    On croit être prêt à haïr. Mais il suffit qu'on s'approche de plus près, qu'on plonge dans une vie, ce qu'on en découvre change fatalement le regard : celui que l'on abordait en ennemi cesse alors d'être anonyme. Écouter, c'est chercher à comprendre, c'est perdre la distance qui permet la froideur… Comprendre c'est déjà excuser disait l'autre. Ici cette belle femme qui fait face à Diane, fragile et forte à la fois, a elle-même une histoire compliquée. Au delà des apparences il y a la profondeur abyssale de l'humain écartelé entre ses forces et ses faiblesses, fichtrement touchant et attachant (particulièrement quand il a la subtilité et la capacité naturelle de séduction de Nathalie Baye).
    Passant à deux doigts d'un nouveau drame, Diane va découvrir en Marlène un autre prototype d'humanité tout aussi fascinant et complexe qu'elle l'est elle-même. En démêlant l'écheveau de cette tragédie qui la touche, elle va se révéler infiniment proche d'elle, rencontre improbable et superbe de deux femmes qui commence par un désir de vengeance et évolue vers une réconciliation avec soi-même donc avec les autres.


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  • Un très beau film sur la triste condition de la femme en Inde: humiliée, interdite d'étudier et battue. Les hommes de ce film sont présentés comme des abrutis. Magnifique!

    scénario: 17/20   technique: 17/20    acteurs: 17/20  note finale: 17/20

    La saison des femmes

    Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.

    Quel film réjouissant, avec un ton qui oscille constamment entre Bollywood chatoyant et séduisant pamphlet féminin, pour ne pas dire féministe ! Un cri de guerre joyeux au service des femmes mais aussi des hommes, tout autant prisonniers qu'elles des règles de convenance imposées par leur société patriarcale. Cet effeuillage candide nous livre les dessous d'une Inde contemporaine très éloignée de nos images d'Épinal occidentales.
    Non content de nous faire passer un agréable moment, La Saison des femmes remet les pendules à l'heure efficacement. Trop ? Le comité de censure indien va-t-il accepter sa diffusion dans son pays ? C'est déjà un petit miracle que le film ait vu le jour : entre les producteurs qui refusaient de le soutenir, les villages qui ne voulaient pas accueillir un tournage dirigé par une femme plus adepte du port des pantalons que du voile… Mais Leena Yadav n'a jamais baissé les bras, comme ses personnages, ces terribles drôlesses qui vous feront tourner la tête.


    Il y a Rani, la toujours sage, celle qui s'étiole dans une morne tenue de jeune veuve et peine à élever seule son insupportable fiston. Il y a Bijli, la délurée, celle dont le métier est de se trémousser, d'émoustiller ces messieurs, voire un peu plus à la demande de son patron. Entre les deux femmes : un monde ! Et pourtant Rani refuse, malgré l'opprobre de son entourage, de renier cette amitié « contre nature », construite dans les ferments de l'enfance. Cette façon de résister, de tenir tête, c'est peut-être un de leurs points communs les plus forts. Chacune a réussi à s'émanciper de la gouvernance d'un homme : l'une en n'en ayant aucun, l'autre en les ayant tous. Pourtant, sous leurs carapaces d'amazones indomptables, toutes deux partagent ce désir inavoué de l'autre, la même sensualité, une soif inextinguible de romantisme. Les hormones qui les titillent, torrides, poussent leurs corps à exulter. Oser rêver de s'échouer sur des rivages voluptueux d'un monde de jouissances et de libertés inaccessibles aux femmes ? C'est déjà franchir bon nombre d'interdits.
    Bijli et Rani représentent tout un pan de la population féminine de leur pays, mais le tableau resterait incomplet sans Lajjo, la femme maltraitée par un mari qui lui reproche sa stérilité ; et sans la toute jeune Lehar Khan, qui incarne a elle seule le cercle vicieux que chaque génération a tendance à reproduire…

    Pourtant la bande des quatre (Rani, Bijli, Lajjo et Lehar) va s'enhardir peu à peu et devenir un quatuor explosif, vibrant, exalté. Si elles n'ont pas encore les mots pour la décrire, sourd une saine révolte grisante, radieuse. Sentir le vent dans ses cheveux, déposer son voile, mettre les voiles… Tant de choses à expérimenter, à inventer. Certes, en face ils ont la puissance pour les rappeler à l'ordre, mais qu'est-ce que la puissance face à la force que donne le sentiment de n'avoir rien à perdre ?


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  • Un très beau film, réussi à tous les niveaux. L'image est d'une beauté à couper le souffle, les acteurs sont excellents, le scénario est très réussi, c'est bien filmé et on apprends des choses. Un cinéma comme je l'aime!

    scénario: 18/20   acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Stefan Zweig, adieu l'Europe

    En 1936, Stefan Zweig décide de quitter définitivement l'Europe. Le film raconte son exil, de Rio de Janeiro à Buenos Aires, de New York à Petrópolis.

    « Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. » (Stefan Zweig, Petropolis, 22 février 1942)
    Quand il écrit ces derniers mots, sous le soleil radieux du Brésil dont la lumière et la chaleur n’atteignent pourtant plus ni son esprit si son cœur, Stefan Zweig ne sait encore rien de cette longue nuit d’horreur et de chaos dans laquelle est plongée, et pour plusieurs années encore, sa « chère vieille Europe ». Tout au plus a t-il déjà pu constater, avec l’amertume et la culpabilité de ceux qui ont fui avant qu’il ne soit trop tard, la fin d’une époque : celle qu’il décrit si magnifiquement dans son livre-testament Le monde d’hier, souvenirs d’un Européen.
    Sans pouvoir rien présager encore de l’effroi qui suivra, Stefan Zweig, penseur libre et humaniste ayant en horreur tous les nationalismes, sait déjà que ce qui se trame en 1934, lorsqu’il quitte l’Autriche alors que les pages d'Amok – un de ses chefs d'œuvre – se consument sur les places des villages, n’est que le début d’une longue descente aux enfers pour cette Europe qu’il rêvait libre, ouverte, unie…


    Stefan Zweig, Adieu l’Europe est un film historique passionnant et le récit brillant de la fin de vie en exil de l’un des plus grands écrivains du xxe siècle. Mais en 2016, à l’heure où des bateaux de fortune recrachent sur les plages des portes de l’Europe des femmes et des hommes épris de liberté et fuyant l’horreur et le chaos, c’est un film qui résonnera peut-être aussi comme un signal d’alarme, un film qui convoque l’histoire au chevet d’une société à la mémoire courte, toujours prête semble-t-il à pencher vers le pire, à choisir les peurs et les frontières au détriment d’un possible vivre ensemble. En cela, outre sa réussite artistique incontestable, c’est un film qui vous tire vers le haut, au fil d'une pensée pénétrante, humaniste et généreuse. Et qui évidemment vous donne furieusement envie de lire ou relire tout Zweig. On applaudit des deux mains !
    Choix audacieux qui rend le récit d'autant plus original et captivant, le film est construit en six chapitres indépendants qui racontent, chacun à sa manière, dans son unité de lieu et de temps, un événement dans la vie d’exil de Zweig. Cette exploration dans les moindres détails de temps forts, publics ou intimes, de l’écrivain errant, du Brésil en Argentine en passant par les Etats-Unis, permet de donner un rythme particulier à la narration, au plus près des préoccupations, des doutes et de la pensée toujours en action de ce créateur qui sera jusqu’à la fin traversé par des courants contraires : le bonheur d’être libre et l’horreur de voir se déchirer non seulement son Allemagne natale, terre de ses attaches, de sa formation spirituelle et culturelle, mais l’humanité tout entière.

    Sans jamais la montrer, sans presque jamais la nommer, la guerre est pourtant omniprésente et hante le film, imposant en hors champ le poids de toutes les souffrances, de toutes les séparations et de toutes les horreurs contre lesquelles viennent s’entrechoquer les couleurs, les parfums et la beauté apaisante et sereine des paysages d’exils. Mais nul tableau enchanté, nul battement d’ailes, nul chant indigène ne feront oublier à Zweig le poids de cette Europe agonisante au loin…
    « Maintenant que le monde de mon langage a disparu pour moi et que ma patrie spirituelle, l’Europe, s’est détruite elle-même. » (Stefan Zweig, Petropolis, 22 Février 1942, le jour de son suicide)


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  •  Un bon film d'espionnage même si on peut regretter la subtilité du premier. Vikander est décevante et on n'y croit pas une seconde. Matt Damon est égal à lui-même. Beaucoup de suspens. Réussi. Et puis on voyage...

    scénario: 16/20        acteurs: 14/20     technique: 16/20

    Jason Bourne

    La traque de Jason Bourne par les services secrets américains se poursuit. Des îles Canaries à Londres en passant par Las Vegas...


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  • Un joli film romantique avec lequel on passe un bon moment même si la fin n'est pas celle espérée... La petite actrice est formidable et pleine d'énergie.

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20    technique: 16/20    note finale: 16/20

    Une charmante petite ville de l'Angleterre rurale. Si elle est originale et artiste dans l'âme, Louisa "Lou" Clark, 26 ans, n'a aucune ambition particulière. Elle se contente d'enchaîner les boulots pour permettre à ses proches de joindre les deux bouts.
    Jeune et riche banquier, Will Traynor était un garçon plein d'audace et d'optimisme jusqu'à ce qu'il se retrouve paralysé, suite à un accident survenu deux ans plus tôt. Devenu cynique, il a renoncé à tout et n'est plus que l'ombre de lui-même.
    Autant dire que ces deux-là auraient pu ne jamais se rencontrer. Mais lorsque Lou accepte de travailler comme aide-soignante auprès de Will, elle est bien décidée à lui redonner goût à la vie. Et peu à peu, les deux jeunes gens s'éprennent passionnément l'un de l'autre. La force de leur amour pourra-t-elle survivre à leur destin qui semble inexorable ?


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  •  Mais où a été tourné ce film? Les paysages sont d'une beauté à couper le souffle. L'histoire de cet homme qui quitte tout pour aller vivre en Sibérie est portée par un Raphael Personnaz au sommet de son art. Une année hors du temps. par contre, pour les fans de Sylvain Tesson, rien à voir avec le livre.

    scénario: 17/20    acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 17/20

    Dans les forêts de Sibérie

    Pour assouvir un besoin de liberté, Teddy décide de partir loin du bruit du monde, et s’installe seul dans une cabane, sur les rives gelées du lac Baïkal.
    Une nuit, perdu dans le blizzard, il est secouru par Aleksei, un Russe en cavale qui vit caché dans la forêt sibérienne depuis des années.
    Entre ces deux hommes que tout oppose, l’amitié va naître aussi soudaine qu’essentielle.

    Certes il y a un réalisateur aux commandes, mais à lire le dossier presse, on comprend bien l'intensité de la réflexion collective et du partage qui ont présidé à la fabrication du film. Cela en fait le fruit d'une belle aventure humaine, une passionnante collaboration à tous les niveaux. L'écrivain, les scénaristes, le cinéaste, le directeur de la photographie, les acteurs, le compositeur… fédérés et solidaires afin de raconter et partager quelque chose à la fois de très universel et de très intime, presque indicible…
    Pour ne rien vous cacher, au tout début du film, on se demande un peu où on est tombé. Rien ne permet au spectateur de se raccrocher à des éléments familiers. On s'embarque en terre inconnue en même temps que le protagoniste, Teddy, parti très loin pour fuir le brouhaha parisien, les sollicitations de son monde, goûter une nouvelle forme de liberté. Nous voilà ensemble coupés de nos repères et on ne sait pas où l'aventure va nous mener. Le périple débute dans une modeste bicoque, où nous sommes simplement accueillis par une femme russe dont le chant ruisselle du lait de la tendresse humaine. On s'immerge dans l'ambiance, les gestes, les sons des autochtones : les mots que l'on ne comprend pas, dont on devine la signification. Ça, c'est ce qu'on vit un peu dès qu'on est touriste quelque part. Mais peut-être le tourisme est-il le meilleur moyen trouvé par l'homme pour ne pas voyager et se fuir lui-même, fuir sa réalité ? Teddy, lui, fait le chemin inverse. Il part vers le dépouillement, l'isolement, la solitude et son voyage commence quand il se retrouve minuscule face à l'infini de la neige. Un voyage qu'on va vivre par procuration, sans geler nos petites fesses, mais en se laissant transporter… 


    Nous voici un peu perdus au fin fond de la forêt sibérienne, époustouflés par la beauté des paysages, par des silences ou par une musique qui vous vrille les sens et le cœur (Ibrahim Maalouf, faut-il le répéter ?). Uniquement reliés au monde (en tout cas au monde organisé, socialisé) par un lac gelé… à condition que les glaces ne décident pas de fondre. Teddy est enfin seul dans la petite cabane de bois qu'il a achetée. Seul avec lui-même, ses pensées, ses joies enfantines… loin du brouhaha parisien… Seul ? Pas si sûr… Il y a une ou des présences qu'il ressent ou qu'il devine, même s'il ne sait pas décrypter les traces, les murmures, les frôlements de la nature. Végétal ? Animal ? Humain ? Les récits que lui ont fait ceux qui l'ont accueilli deviennent plus présents : il y a longtemps un meurtrier serait venu se réfugier ici pour fuir le châtiment des hommes…
    Mort, vivant ? Nul ne le sait. Puis ce sont des pièges posés pour se nourrir qu'il découvre par hasard… Bientôt il n'y aura plus de doute… Ce sera une magnifique rencontre entre deux solitaires, entre deux solitudes. Dense, intense, magnifiquement filmée. Et on n'aura plus de doute sur le chemin parcouru, ni sur le bonheur d'avoir cheminé à leurs côtés.


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  • Une histoire tarabiscotée mais intéressante. Le casting est magnifiquement distribué.

    scénario: 16/20       technique: 16/20     acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    Nora Sator, jeune trentenaire dynamique, commence sa carrière dans la haute finance.
    Quand elle apprend que son patron et sa femme ont fréquenté son père dans leur jeunesse, elle découvre qu’une mystérieuse rivalité les oppose encore.
    Ambitieuse, Nora gagne vite la confiance de ses supérieurs mais entretient des rapports compliqués avec son collègue Xavier, contrairement à sa sœur Maya qui succombe rapidement à ses charmes…
    Entre histoires de famille, de cœur et intrigues professionnelles, les destins s’entremêlent et les masques tombent.

    C'est une fille bien d'aujourd'hui… Et ce n'est pas ça qui va nous rassurer sur l'état de notre présent ! Le prototype parfait de la gonzesse performante, ambitieuse aux canines acérées, à l'esprit aussi coupant et vif que son physique est superbe et glacé, sortie brillamment diplômée des plus grandes écoles, époustouflante d'efficacité dès qu'il s'agit de jouer sur l'échiquier de la finance internationale… Trentenaire au top, réactive comme la bourse : il faut du résultat et du gain TDSM (Tout De Suite Maintenant) comme on dit dans ces milieux-là qui sont le cœur agité et stressé de l'air du temps où on n'a plus le temps de le prendre, le temps, où tout doit filer à la vitesse d'un tweet… Plus le temps de divaguer, d'hésiter, de rêver, d'avoir des états d'âme… la productivité de chaque seconde compte, même en amour, même quand on est tout seul…


    Sauf que les humains ça peut aussi les déglinguer grave, ce nouveau moule dans lequel ils se contraignent à se couler… (Voyez le superbe La Nouvelle vie de Paul Sneijder, contrepoint parfait au film de Bonitzer)
    Le jour où elle débarque, pimpante, dans des bureaux qui sont des personnages à part entière du film tant ils sont à l'image de ces entreprises branchées sur le monde entier, Nora Sator affiche une assurance qui la met très vite dans le sillage de ceux qui détiennent le pouvoir. Il ne faudra pas trois jours pour que son PDG pousse le pion précédent, un charmant jeune homme pourtant brillant et séduisant, pour l'installer à sa place. Echec et mat ! Pas grand chose à changer, juste son ordinateur à poser sur un autre bureau à l'endroit de l'ordinateur enlevé aussi vite par celui dont elle a pris la place… Cruauté d'un monde de la consommation rapide des salariés comme du reste.

    Mais elle s'aperçoit vite qu'il y a quelque chose de bizarre dans cet univers trop clean, trop bien huilé et ce quelque chose tient à son père : quels étaient jadis les liens entre lui et son nouveau et arrogant PDG, avec lequel il semble avoir partagé beaucoup de choses avant de se replier dans son petit appartement en solitaire.
    Son PDG l'invite à venir exécuter un travail urgent dans sa villa, moderne et ostensible signe extérieur de richesse, où elle croise son épouse diaphane qui tangue entre deux whiskies… Que s'est-il passé entre son père et cette femme, quel rapport avec l'associé de son PDG qui semble lui-même touché sur le point de couler dans un double jeu cruel plein de mensonges et de pièges ?

    Nora est une jeune femme qui a tout pour « réussir » et la vie devant elle, mais ce qui s'est passé avant elle la rattrape au tournant. C'est que sous ses airs de joli robot, fabriqué pour la performance, il lui reste un large fond d'humanité sensible qu'elle n'a pas complètement évacué, entretenu sans doute par ses liens de complicité avec une sœur qui est son exact contraire, brune fantaisiste débordante de sensualité. Il y a aussi les liens qui subsistent avec ce père amer qu'elle aimerait comprendre, comme s'il lui était insupportable de caler devant une équation non résolue qui la concerne d'aussi près… Et puis il y a ce collègue de son âge qui n'est peut-être pas aussi prêt qu'elle à tout miser sur son seul projet de carrière, il y a cette femme que son père a connu, si classe, si belle et percluse de désenchantement…
    Autant de choses qui la poussent à réagir, à chercher à comprendre le pourquoi du comment, à s'interroger sur la réalité de son envie de faire partie de ce monde-là…
    Le film est remarquablement écrit, superbement interprété. Tranchant. Pas confortable, pas gentil, tranchant.


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  •  Un très joli film avec Thierry Lhermitte. Le Québec est très bien filmé.

    scénario: 17/20         acteurs: 17/20      technique: 17/20    note finale: 17/20

     La nouvelle vie de Paul Sneijder

    Suite à un rarissime accident, Paul Sneijder ouvre les yeux sur la réalité de sa vie de « cadre supérieur » à Montréal : son travail ne l’intéresse plus, sa femme l’agace et le trompe, ses deux fils le méprisent…

    Comment continuer à vivre dans ces conditions ? En commençant par changer de métier : promeneur de chiens par exemple ! 

    Ses proches accepteront-ils ce changement qui le transformera en homme libre ?

    C’est un homme en mille morceaux que l’on découvre dans la première séquence. Un homme à la démarche fragile qui ne tient debout que par ce qu’il lui reste de volonté et l’aide d’une canne qui est tout sauf un effet de style. Même la météo, au diapason de cet humain brisé, est triste comme la pierre. Paul Sneijder pourrait mourir, là, sur le champ que cela lui serait bien égal, peut-être même que ce serait préférable tant le battement de son propre cœur résonne comme la mélodie ironique et terrible de son sort.
    Avant Paul avait une vie. Une vie d'homme divorcé puis remarié. Une vie d'homme qui a réussi sa vie mais qui l’a refaite ailleurs, loin de la France, au Québec. Paul Sneijder est un homme en morceaux car sa grande fille, celle qu’il avait laissée en France et qui a grandi sans lui, vient de mourir. Un accident. Absurde, impensable, un accident défiant toutes les lois des statistiques et des probabilités. Un accident auquel il a lui-même survécu par miracle – pourquoi moi, pourquoi pas elle ? –, qui le laisse bancal sur ses deux jambes et bancal dans son existence, dans un entre deux déroutant, à mi chemin entre la stupeur et le deuil, entre l’envie de sombrer et celle de s’accrocher.


    S’accrocher d’accord, mais à qui ? À quoi ? On ne peut pas vraiment dire que sa femme, celle avec qui il a refait sa vie au Canada, lui soit d’un grand secours. La période de tendresse compatissante est de courte durée et elle est déjà dans l’instant d’après. L’instant d’après, selon Ana Sneijder, c’est celui du procès, qui les mettra à l’abri de tout souci financier et offrira à leurs deux garçons la chance d’intégrer les meilleures Business, Managment and Marketing and Financial Schools des States. Car la réussite parle forcément anglais et se pense très tôt plan de carrière chez Ana Sneijder… On comprend bien qu’elle a quelques revanches à prendre sur la vie.
    Mais l’accident a provoqué chez Paul comme un éclat magique de lucidité sur sa vie et il veut prendre son temps, le temps du doute et de l’errance, le temps du chagrin. Il veut écouter la petite voix qui lui murmure l’évidente absurdité de tout cela… C’est peut-être la voix de la raison, à moins que ce ne soit celle de sa fille disparue, et si c’était la même chose ? Et si tout cela au fond n’avait aucun sens ? La belle maison, la réussite sociale, les conseils juridiques, les grandes écoles, les relations qui peuvent être utiles, le procès ?
    La nouvelle vie de Paul Sneijder, c’est celle qu’il va oser choisir sans l'avoir préméditée : quitter son boulot de cadre supérieur et promener des chiens dans un Montréal majestueux et blanc de neige. Une longue promenade existentielle comme les prémisses de sa guérison, de ses retrouvailles avec le sel de la vie. Les gens qu’il croisera sur sa route, par leur bienveillance ou leur humanité ou leur ridicule, l’aideront à avancer mieux que la canne qu’il finira par lâcher.

    Bien plus qu’un film sur le deuil, c’est une réflexion profonde et originale sur le sens de la norme sociale, sur les carcans qui enferment les hommes, les femmes et les familles dans cette soif absolue de réussite, de performance, d’efficacité, de rentabilité appliquée à tous les champs de l’existence : études, travail, carrière et même la mort… au risque de passer à côté de l’essentiel, au risque de devenir plus glacial que l’hiver canadien et un tableau excel réunis.
    On n'a jamais vu Thierry Lhermitte dans si beau rôle, il est grandiose en homme cassé, tout en distance amusée, tout en nuances, avec cette noblesse un peu fanée. A ses côtés, Géraldine Pheillas parvient à éviter la caricature et les excès d’un personnage peu sympathique dont on devine pourtant les multiples blessures. Le Québec enneigé offre un écrin dépaysant au récit qui n’est jamais plombant ou sinistre et sait faire preuve d'un humour aussi fin qu'efficace. Car la nouvelle vie de Paul va aussi lui faire retrouver cela qui n'est pas rien : le goût et l’envie de rire.


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  • Un petit bijou de fraternité. La difficile intégration d'un médecin noir dans un petit village. L'histoire du chanteur Kamini. Bien joué, bien filmé.

    scénario: 18/20       acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Bienvenue à Marly Gaumont

    En 1975, Seyolo Zantoko, médecin fraichement diplômé originaire de Kinshasa, saisit l’opportunité d’un poste de médecin de campagne dans un petit village français.
    Arrivés à Marly-Gomont, Seyolo et sa famille déchantent. Les habitants ont peur, ils n’ont jamais vu de noirs de leur vie. Mais Seyolo est bien décidé à réussir son pari et va tout mettre en œuvre pour gagner la confiance des villageois...


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  • Patrick Chirac confronté à la modernité et à la jeunesse. Assez réussi mais Mathilde Seigner manque cruellement à ce troisième opus.

    scénario: 14/20     technique: 16/20    acteurs: 16/20    note finale: 16/20

    Comme chaque été, au Camping des Flots Bleus se retrouvent pour leurs vacances nos amis, Les Pic, Jacky et Laurette, Gatineau, tout juste divorcé de Sophie, le 37, et Patrick Chirac fidèle à ses habitudes.
    Cette année, Patrick a décidé de tester le co-voiturage... Pensant traverser la France avec Vanessa, il se retrouve avec trois jeunes dijonnais : Robert le charmeur, Benji le beau gosse et José la grande gueule.
    Bien évidemment, après le co-voiturage, Patrick se voit contraint de tester le co-couchage…


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  • Voici une comédie romantique très originale et loin des clichés. Très réussi.

    scénario: 16/20   acteurs: 16/20  technique: 16/20    note finale: 16/20

    l'effet aquatique

    Samir, la quarantaine dégingandée, grutier à Montreuil, tombe raide dingue d’Agathe. Comme elle est maître-nageuse à la piscine Maurice Thorez, il décide, pour s’en approcher, de prendre des leçons de natation avec elle, alors qu’il sait parfaitement nager. Mais son mensonge ne tient pas trois leçons - or Agathe déteste les menteurs! Choisie pour représenter la Seine-Saint-Denis, Agathe s’envole pour l’Islande où se tient le 10ème Congrès International des Maîtres-Nageurs. Morsure d’amour oblige, Samir n’a d’autre choix que de s’envoler à son tour...

    Plus jamais, après avoir découvert cette comédie romantique burlesque et désopilante, vous ne direz avec désinvolture « Désolé, j'ai piscine » pour échapper à une invitation non désirée. Vous emploierez encore moins l'expression « zizi de piscine » (qui désigne le rétrécissement en principe inexorable de l'instrument masculin plongé dans l'eau froide et chlorée) car, vous allez le voir, la piscine ça peut être sacrément bandant !
    Croyez en l'expérience de Samir, un quadragénaire plus habitué à l'air qu'à l'eau puisque grutier de son état, qui va trouver l'amour à la piscine Maurice Thorez de Montreuil, en la personne d'Agathe, maître nageuse, pourtant revêche et mal embouchée de prime abord. Passons sur le fait qu'il est peut-être incongru que Maurice Thorez, leader communiste historique, ait donné son nom à un établissement nautique, mais bon en même temps, on peut se dire qu'il n'y a pas mieux pour abolir la différence de classe que la piscine : une fois tout le monde moulé dans son petit slip de bain, plus de patrons ni d'ouvriers, tout le monde à égalité dans le grand ou le petit bain.

    Mais revenons à Samir et Agathe. Samir sait parfaitement nager, mais comme il ne sait comment aborder Agathe, il va s'inscrire aux cours de natation, en prenant soin de trafiquer les plannings pour être sûr de se retrouver avec elle et non avec sa collègue délurée, qui lui fout un peu les jetons. Et si faire semblant d'être un barboteur débutant ne suffit pas, il est prêt à suivre sa naïade jusqu'en Islande, où elle est envoyée pour un congrès de maîtres-nageurs, ce qui va lui permettre de retrouver sa copine Didda, élue municipale un jour sur deux, ce qui lui laisse l'autre pour laisser libre cour à son inspiration de poétesse punk. Une fois sur place, notre Samir va être amené à se faire passer pour le représentant israélien, en charge d'un projet d'une « piscine de la paix » ! Et tout finira probablement dans un lagon de carte postale chauffé par l'énergie volcanique. Tout cela est de la plus haute et de la plus réjouissante fantaisie !
    L'Effet aquatique est le troisième volet de la trilogie franco-islandaise de notre chère Solveig Anspach (dont nous avons programmé tous les films, le dernier en date : Lulu femme nue) disparue prématurément avant la fin du montage. Back soon se déroulait intégralement au pays des trolls et de Björk, Queen of Montreuil était situé tout entier en Seine Saint-Denis. Et on découvrait dans ces deux premiers volets les personnages de Didda, d'Agathe, de Samir. Avec L'Effet aquatique la boucle est bouclée, qui emmène tout son petit monde de Montreuil jusqu'en Islande. Mais sachez bien qu'il n'est pas du tout indispensable d'avoir vu les deux premiers films pour prendre un plaisir fou à celui-ci !

    Solveig Anspach et son complice Jean-Luc Gaget usent à merveille du comique de l'absurde, avec des personnages secondaires savoureux (Philippe Rebbot, hilarant en directeur de piscine et dragueur foireux), et d'une poésie qu'on imagine très scandinave : douce, décalée, romantique. Une belle histoire d'amour funambule, qui nous transporte d'un monde aquatique domestique à un monde aquatique sauvage et grandiose, en jouant subtilement du côté érotique des lieux et des situations (Solveig Anspach dit avoir été très marquée par le troublant Deep end réalisé par Jerzy Skolimowski en 1970, éducation sensuelle d'un adolescent dans une piscine londonienne), en exaltant surtout la liberté et la générosité de personnages formidablement attachants. Un testament joyeux et frais que nous laisse la réalisatrice… et on espère que de là où elle est, elle nous verra rire et applaudir.

     


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  • Une très jolie comédie familiale avec une Josiane Balasko au sommet de son art. On rit. Le scénario est très amusant.

    scénario: 16/20       acteurs: 16/20      technique: 16/20  note finale: 16/20

    Retour chez ma mère

    Aimeriez-vous retourner vivre chez vos parents ? À 40 ans, Stéphanie est contrainte de retourner vivre chez sa mère. Elle est accueillie les bras ouverts : à elle les joies de l'appartement surchauffé, de Francis Cabrel en boucle, des parties de Scrabble endiablées et des précieux conseils maternels sur la façon de se tenir à table et de mener sa vie… Chacune va devoir faire preuve d’une infinie patience pour supporter cette nouvelle vie à deux. Et lorsque le reste de la fratrie débarque pour un dîner, règlements de compte et secrets de famille vont se déchaîner de la façon la plus jubilatoire. Mais il est des explosions salutaires. Bienvenue dans un univers à haut risque : la famille !


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