• Nul à tous les niveaux. Mais qu'est allé faire Scarlett Johanson dans cette galère? Elle a besoin d'argent à ce point? quelqu'un la fait chanter?? On reste consterné par l'histoire, l'absence de scénario, le jeu improbable des acteurs et les cascades qui se succèdent sans queue ni tête. A éviter.

    scénario: 1/20      technique: 2/20    acteurs: 2/20   note finale: 2/20

    Ghost in the shell

    Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre. Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.


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  •  Un super film. L'actrice qui joue le rôle principal est appelée à une grande carrière.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    The young lady

    1865, Angleterre rurale. Katherine mène une vie malheureuse d’un mariage sans amour avec un Lord qui a deux fois son âge. Un jour, elle tombe amoureuse d’un jeune palefrenier qui travaille sur les terres de son époux et découvre la passion. Habitée par ce puissant sentiment, Katherine est prête aux plus hautes trahisons pour vivre son amour impossible.

    Il y a comme une chronologie secrète autour de The young lady, une macération du temps qui déboucherait à aujourd’hui et à ce film. De fait, tout commencerait vers 1600 quand Shakespeare écrivit Macbeth, et de ce drame sombre comme un puits en enfer, on retiendra surtout le personnage de Lady Macbeth, femme fatale et reine manipulatrice. Plus tard en 1847, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë exaltera, au milieu de la lande écossaise, l’amour fou de Catherine Earnshaw pour Heathcliff. Plus tard encore, en 1857, Madame Bovary de Gustave Flaubert fera de son Emma une femme malheureuse enfermée dans les conventions (et qui en mourra). Enfin en 1865, Lady Macbeth du district de Mtsensk de Nikolaï Leskov, dont The young lady est une libre adaptation, semble compiler naturellement ces trois-là et inspirera même un opéra en quatre actes de Dmitri Chostakovitch. On pourrait, pourquoi pas, continuer jusqu’en 1928 avec L’Amant de Lady Chatterley de D. H. Lawrence où une femme, Constance, redécouvre l’amour et le bonheur avec un garde-chasse, un homme extérieur à son milieu...

    The young lady paraît ainsi se nourrir, se gorger de ces femmes tragiquement amoureuses, de cette littérature romantique et noire pour façonner son héroïne, une héroïne nouvelle, inédite : Katherine (comme chez Brontë, tiens donc). Dans le fond et dans sa forme, le film reprend plusieurs points, quelques particularités de chaque roman pour en faire, là aussi, une sorte de mélange, un al- liage parfait : l’amour interdit, la manipulation, le meurtre, le désespoir, la mort, la différence de classe, et la lande tout autour... Nous voyons donc une jeune femme asservie par un patriarcat brutal s’enfoncer de plus en plus dans les ténèbres, non plus par amour et par passion (même si ça pourrait être le cas au début), mais presque par vengeance de ce qu’elle a subit : mariée de force, cloîtrée dans le manoir familial, délaissée par monsieur et réduite au rôle d’épouse obéissante.

    Ses actes sont comme une rébellion nécessaire pour s’affirmer, tenter d’exister face à un mari et un beau-père détestables, rébellion qui deviendra plus radicale, jusqu’à l’impensable. À la fois victime et bourreau, Katherine incarne cette forme d’innocence réduite en morceaux par une société toujours plus oppressive, apte à engendrer ses propres monstres – dont elle sera l’un des spécimens les plus brillants. William Oldroyd (metteur en scène) et Alice Birch (scénariste), tous deux venus du théâtre londonien, se sont habilement emparés du roman de Leskov en décidant de le transposer dans l’Angleterre victorienne. Au cœur d’une nature farouche et d’intérieurs stricts, étouffants malgré leur dépouillement, Oldroyd en magnifie la noirceur, le fiel et la modernité avec une douceur étonnante, sans excès, mais toujours avec piquant. Il révèle également l’étonnante Florence Pugh dont l’intensité et la présence habitent à merveille ce rôle de jeune femme sur le point de s’affranchir de tout, quitte à embrasser le Mal.


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  •  L’auteur des "Bienveillantes" consacre un documentaire vertigineux aux enfants-soldats d’Ouganda. Un très beau documentaire malgré certaines longueurs.

    scénario: 18/20     technique: 18/20     note finale: 16/20

    Wrong elements

    Ouganda 1989. Un jeune insurgé acholi guidé par des esprits, Joseph Kony, forme un nouveau mouvement rebelle contre le pouvoir central, la LRA, « l’Armée de Résistance du Seigneur ». Une armée qui se développe au fil des années par des enlèvements d’adolescents – plus de 60 000 en 25 ans – dont moins de la moitié sont ressortis vivants du « bush ». Geofrey, Nighty et Mike, un groupe d’amis, ainsi que Lapisa, font partie de ces adolescents, enlevés à l’âge de 12 ou 13 ans. Aujourd’hui ils tentent de se reconstruire, de retrouver une vie normale, et reviennent sur les lieux qui ont marqué leur enfance volée. À la fois victimes et bourreaux, témoins et acteurs d’exactions qui les dépassent, ils sont toujours les “Wrong Elements” que la société a du mal à accepter. Pendant ce temps, l’armée ougandaise traque, dans l’immense forêt centrafricaine, les derniers rebelles LRA dispersés. Mais Joseph Kony, lui, court toujours.

    Dans son roman Les Bienveillantes, Jonathan Littell interrogeait la responsabilité individuelle face au mal à travers le portrait d'un officier nazi. La question hante également le premier documentaire de l'écrivain-journaliste, mais avec une acuité plus terrible encore. Car les « bourreaux » de Wrong elements ont commis leurs exactions quand ils étaient adolescents…
    A partir de 1989, dans l'Ouganda ravagé par la guerre civile, le mouvement rebelle Lord's Resistance Army (l'Armée de la résistance du Seigneur ou LRA) a enlevé plus de 60 000 jeunes pour les transformer en soldats. Dès l'âge de treize ans, Geofrey et Mike ont ainsi reçu l'ordre de piller, de torturer, de tuer. Nighty, elle, a été esclave sexuelle pour les cadres de l'organisation. Après des années de cauchemar, ils ont réussi à fuir et à bénéficier de l'amnistie accordée aux « repentis ».

    Face à la caméra toujours à bonne distance, ils racontent leur tentative de retour à une vie normale : difficile de se réinsérer dans une société dont on a longtemps été l'ennemi, où les familles des morts réclament vengeance… Le réalisateur chronique les retrouvailles des trois amis sur les lieux mêmes de leur passé sanglant. Les herbes hautes ont effacé les traces du quartier général de la LRA, mais Geofrey, Mike et Nighty se souviennent de tout. Alternent les récits terribles et les blagues. Rejouent la guerre dont ils furent les acteurs autant que les victimes. Et redeviennent des enfants…
    Leurs rires, leur appétit de vivre contrastent avec la solitude de Lapisa, une autre « épouse de guerre », aujourd'hui aux portes de la folie. Et avec l'incompréhension de Dominic Ongwen, l'officier supérieur de la LRA dont Littell a pu filmer la reddition, en Janvier 2015. Lui aussi a rendu les armes dans l'espoir d'être amnistié. Mais l'ampleur de ses crimes l'interdit : il est réclamé par le Tribunal Pénal International. Pour Geofrey, le sort réservé à son ancien chef est injuste, car lui aussi a été recruté par la LRA sous la contrainte quand il était gamin…

    Jonathan Littell raconte cette page d'histoire complexe en journaliste, avec des cartons explicatifs pour préciser la chronologie, et quelques images d'archives saisissantes. Mais aussi, et surtout, en cinéaste aux partis pris esthétiques assumés. Les longs plans de la jungle luxuriante sont mis en scène comme des tableaux. La beauté des images, magnifiée par l'utilisation de la musique classique, n'est pas gratuite : elle offre une distance salutaire pour dépasser le simple récit des événements. Et pour prendre conscience de la dimension universelle de la tragédie des enfants-soldats.


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  •  Un documentaire intéressant mais que le montage est laborieux... Le réalisateur va dans tous les sens et on le sent vraiment dépassé par son sujet. Dommage. Intéressant mais 30 minutes de trop.

    scénario: 12/20   technique: 12/20   note finale: 12/20

    l'opéra

    Une saison dans les coulisses de L’Opéra de Paris. Passant de la danse à la musique, tour à tour ironique, léger et cruel, l’Opéra met en scène des passions humaines, et raconte des tranches de vie, au coeur d’une des plus prestigieuses institutions lyriques du monde.

    Scène d’ouverture splendide sur le toit de l’opéra Bastille. On surplombe Paris sous les pâles rayons du soleil qui s’éveille : océan d’immeubles et de monuments encore grisés par la nuit qui s’achève, ciel aux bleus hésitants, volutes de nuages teintés de blancs et de gris luminescents. Deux pompiers, rendus minuscules par ce décor grandiose, s’activent sur une musique magistrale, de toute beauté. L’instant d’après, plongée directe dans un bureau cossu où l’on va assister à un conseil d’administration digne d’un scénario d’opéra bouffe. Pris avec distanciation, les non dits, les manœuvres diplomatiques… deviennent autant de petits clins d’œils comiques et parfois cyniques qui donneront complexité et relief à la suite du récit.


    La tension dramaturgique qui s’ensuit n’a rien à envier à une tragédie grecque ! Mais où sont donc cachés ceux qui vivent d’amour et d’eau fraîche, de passion musicale dans cette honorable maison ? Où sont passés les cantatrices (chauves ou pas), les grands musiciens, les petits rats de l’opéra et leurs entrechats ? Ne vous inquiétez pas : eux aussi sont-là ! Ainsi qu’un Benjamin Millepied et mille autres petites voix… Seulement Jean-Stéphane Bron ne limite pas le champ de sa caméra à un cadre conventionnel. Son documentaire n’est pas le fruit d’un regard spécialisé dans les arts lyriques mais celui d’un curieux amusé, lucide et gourmand. Il croque sur le vif un tableau surprenant, inattendu et accessible même aux plus profanes d’entre nous. Il filme avec autant de bonheur et d’intensité les personnes qui effectuent les tâches ingrates (mais ô combien essentielles) que celles qui tiennent le haut du plateau. Il se faufile dans les coulisses, s’intéresse tout aussi bien à ceux qui tiennent une serpillière qu’à ceux qui tiennent les cordons de la bourse. Et surtout il n’aborde pas la vieille dame tricentenaire religieusement, avec des pincettes. Loin de limiter son investigation au seul paraître, il survole vite fait ses fards et ses paillettes pour aller mieux farfouiller sous ses jupons (le petit fripon !). On ne s’extasie peut-être pas des heures sur la beauté d’une œuvre mais on n’en ressort pas moins nourris, touchés par la douleur d’une danseuse après sa prestation, réjouis par le bonheur communicatif d’un jeune baryton qui réussit son audition, oppressés par le trac des vedettes ou par la tension qui règne autour du plateau…

    Pom pom pom pom ! Voilà l’orchestre qui arrive au grand complet. Puis les chœurs de chanteurs qui vocalisent ou de syndicalistes qui revendiquent, tandis qu’au dehors, dans la rue, gronde la colère des intermittents. L’opéra de Paris c’est comme le condensé d’une planète mystérieuse, si lointaine et si proche de la nôtre, peuplée par le ballet incessant de petites mains humbles qui s’affairent sous le regard indifférent des puissants de notre monde. Ici la classe ouvrière côtoie de si près les classes dirigeantes, l’oligarchie, que ça donne le tournis quand on y songe. Ces techniciens, ces balayeurs, ces coiffeuses, ces costumières, ces régisseuses… virtuoses de l’ombre, peu reconnus, mais souvent tout aussi impliqués et passionnés que les artistes eux-mêmes. On les découvre attentifs, stressés, dévoués, émouvants, drôles, parcourus par des rires nerveux… Personnages hauts en couleurs, arrogants ou effacés, généreux ou mesquins, subtils ou caricaturaux… multiples. Ici le beau côtoie le laid, le grotesque flirte avec la délicatesse, la mesquinerie avec la générosité… Mais tous finissent par œuvrer à l’unisson dans un même élan pour atteindre la perfection à chaque levée du rideau.

    Si le film reste de bout en bout envoûtant, une de ses plus belles scènes le film est peut-être celle où la caméra saisit au vol le regard d’une femme de ménage noire dont les pas croisent ceux d’un groupe de très jeunes musiciens, tout aussi noirs qu’elle. Un regard complexe, magnifique qui dit tout : l’étonnement, la fierté, l’espoir que les temps changent enfin ! Au final le rideau se referme sur un très bel hymne à l’humanité, aux petits, aux obscurs, aux sans-grades dont on ressort envoûté.


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  •  La révélation de ce film c'est Ary Abittan qui donne toute la mesure de ce talent dans ce rôle de Rom squateur. C'est très amusant et on rit beaucoup. ce film se moque aussi du cynisme des politiques. Un film d'actualité!

    A bras ouverts

    Figure de la scène littéraire et médiatique française, Jean-Etienne Fougerole est un intellectuel humaniste marié à une riche héritière déconnectée des réalités. Alors que Fougerole fait la promotion dans un débat télévisé de son nouveau roman « A bras ouverts », invitant les plus aisés à accueillir chez eux les personnes dans le besoin, son opposant le met au défi d'appliquer ce qu'il préconise dans son ouvrage. Coincé et piqué au vif, Fougerole prend au mot son adversaire et accepte le challenge pour ne pas perdre la face. Mais dès le soir-même, on sonne à la porte de sa somptueuse maison de Marnes-la-coquette… Les convictions des Fougerole vont être mises à rude épreuve !


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  • Ce film captivant évoque le destin singulier de Seretse Khama et Ruth Williams, dont l’union mixte mit en émoi l’Empire britannique avant de donner naissance au Botswana. C'est une totale réussite. Le cinéma comme je l'aime: un bon scénario, des acteurs magnifiques, bien filmé et on apprend des trucs.

    scénario: 19/20      acteurs: 19/20     technique: 19/20    note finale: 19/20

    A United Kingdom

    En 1947, Seretse Khama, jeune Roi du Botswana et Ruth Williams, une londonienne de 24 ans, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Tout s’oppose à leur union : leurs différences, leur famille et les lois anglaises et sud-africaines. Mais Seretse et Ruth vont défier les ditkats de l’apartheid. En surmontant tous les obstacles, leur amour a changé leur pays et inspiré le monde.

    Voilà une page d’histoire dont le récit, édifiant, méritait bien qu’on y consacre un film. On doit cet accomplissement à la Britannique Amma Asante, qui avait déjà signé A Way of Life en 2004 et Belle en 2013. Son nouveau long métrage, A United Kingdom (littéralement« Un Royaume-Uni »), évoque l’histoire vraie de Seretse Khama et Ruth Williams.

    Un prince noir et une secrétaire blanche

    Le premier était noir, prince héritier d’un territoire situé au nord de l’Afrique du Sud, le Bechuanaland, placé sous protectorat britannique depuis 1885, et qui deviendrait en 1966 le Botswana indépendant. La seconde était blanche, fille d’un couple de la classe moyenne londonienne et jeune secrétaire juridique.

    Elle allait devenir l’épouse du futur roi, envers et contre tous : ses parents, la famille de son mari, l’époque. Et surtout les services diplomatiques de l’Empire britannique, qui n’entendaient pas fâcher l’Afrique du Sud voisine, en pleine instauration de l’apartheid mais dont les ressources en uranium s’avéraient précieuses au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.

    Un couple singulier qui tint bon contre l’Empire britannique

    La réalisatrice s’empare de cet épisode singulier – qui fit les beaux jours de la presse britannique –, en dosant subtilement les ingrédients du mélodrame et du drame historique, sur fond de domination coloniale et de lutte politique. Le résultat est aussi séduisant que captivant, tant ce couple courageux eut d’embûches placées sur sa route.

    Jeune homme brillant envoyé en Grande-Bretagne par son oncle régent, afin d’y recevoir la meilleure éducation, Seretse Khama fut sommé de choisir entre cette femme blanche et son royaume. Ils tinrent bon, essuyant haine et humiliation, manœuvres et trahisons, avant que leur détermination et leur droiture imposent leur force. Le futur roi fut banni de son pays tandis que son épouse y donnait naissance à leur premier enfant. Après lui avoir promis le rétablissement de ses droits, Winston Churchill tenta de l’exclure définitivement du jeu.

    Rien n’y fit. Leader charismatique et intelligent, Seretse Khama prit l’Empire à son propre jeu, renonça à son statut de monarque pour mieux faire de son pays une démocratie, dont il devint le premier président élu et dont il géra, pour le bien commun, les ressources issues des mines de diamant. À tel point que le Botswana fut surnommé la Suisse de l’Afrique. Et que le grand Nelson Mandela se référait encore à son leader, en 2000, vingt ans après sa mort.


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  •  Une merveille! Bien sûr, on peut regretter quelques facilités de mise en  scène (la mourrante quis e souvient n'est pas à la hauteur du reste du film. C'est tellement vu) mais les acteurs sont au sommet de leur art. J'espère que Marina Vacth aura un prix.

    scénario: 18/20      technique: 18/20    acteurs: 18/20     note finale: 17/20

    La confession

    Sous l’Occupation allemande, dans une petite ville française, l’arrivée d’un nouveau prêtre suscite l’intérêt de toutes les femmes... Barny, jeune femme communiste et athée, ne saurait cependant être plus indifférente. Poussée par la curiosité, la jeune sceptique se rend à l’église dans le but de défier cet abbé : Léon Morin. Habituellement si sûre d’elle, Barny va pourtant être déstabilisée par ce jeune prêtre, aussi séduisant qu’intelligent. Intriguée, elle se prend au jeu de leurs échanges, au point de remettre en question ses certitudes les plus profondes. Barny ne succomberait-elle pas au charme du jeune prêtre ?

    « S'il me manque l'amour, je ne suis rien », dit Léon Morin du haut de sa chaire… et le film parle de l'appel à la transcendance certes, mais aussi de cette force invisible qui attire deux êtres l'un vers l'autre. Une force d'autant plus puissante qu'ici les interdits liés à un idéal fort obligent chacun à résister à une attraction qui se trouve ainsi portée à un niveau d'incandescence qui les marquera à jamais.
    Dans ce petit village de la province française sous occupation allemande, les hommes sont prisonniers ou ont pris le maquis et les femmes se retrouvent entre elles et continuent à vivre, remplaçant les hommes partout où ils s'activaient : les commerces, les bureaux, les champs… Dans le microcosme de la poste, se retrouvent chaque jour une brochette de filles sous la houlette d'une chef sévère mais sympa. Il y a de la chaleur dans leurs relations formidablement humaines, mélange d'affect, de jalousie, de solidarité : les unes flirtent avec l'occupant, apportent des gourmandises au bureau, les autres soutiennent les résistants, retiennent certaines lettres méchantes… Collées les unes aux autres, elles percutent les moindres états d'âme à demi mot, n'ignorent rien des positions de chacune. Parmi elles Barny fait figure d'idéaliste intransigeante. Fille superbe au regard intense, profondément accrochée à un idéal communiste pur jus, elle vit seule avec sa fille, espérant le retour de son homme.


    Quand un nouveau prêtre déboule dans le village, toutes ces femmes privées de leur époux, leur amant, sont en émoi. C'est qu'il est beau, Léon Morin, et d'autant plus troublant que son rôle le rend inaccessible. Il est habité par une foi sincère mais aussi par un profond humanisme qui l'ouvre aux autres. Sa religion n'est ni étriquée ni sectaire, il écoute et comprend, trouvant toujours le petit trait d'humour, le mot qui fait mouche. D'une solide culture, il donne à toutes ces dames des lectures qui les font cogiter et dont elles parlent constamment au boulot.
    De quoi agacer Barny qui est la seule à se déclarer athée, qui ne comprend pas cet engouement, irritée par ce prêtre qui ne se démonte jamais et trouve toujours la faille, la phrase juste énoncée d'une voix chaude. Celui qui croyait en Dieu, celle qui n'y croyait pas… Barny va provoquer la rencontre, ou plutôt la confrontation : tous deux sont habités par cette forme de lumière qui caractérise ceux qui se projettent dans une transcendance. Elle est intelligente, passionnée et belle, elle va chercher à comprendre, il va lui donner les arguments de son engagement et sa vision de la vie et des êtres. L'échange est profond, troublant : s'interdisant la fusion des corps, c'est celle des esprits qui ne cesse de croître, laissant dans les cœurs une empreinte indélébile et magnifiée.

    On se souvient que Léon Morin prêtre a d'abord été un roman superbe qui a reçu le prix Goncourt en 1952, on se souvient du film de Melville avec Belmondo et Emmanuelle Riva qui vient de disparaître, il y a eu d'autres adaptations… Nicolas Boukhrief en fait une interprétation libre, personnelle et moderne qui rentre fortement en résonance avec l'air du temps et questionne la nature humaine, le désir et le manque, le besoin d'idéal, les frémissements de l'âme, la perspective du néant… le tout dans un contexte exceptionnel de guerre qui bouscule les lignes, force les êtres et les révèle, intensifie leur vie en les confrontant à la mort, à ce désir qui leur donne raison d'exister.
    Romain Duris semble l'incarnation même de Léon Morin et sa relation avec Marine Vacth (découverte dans Jeune et jolie d'Ozon) est riche et intense… mais autour de ces deux premiers rôles magnifiques, il y a toute la bande de la poste (Anne le Ny en tête) qui contribue à enrichir constamment le film de récits croisés, de caractères forts, d'échanges passionnants et subtils, et puis il y a l'humour, celui de Léon Morin qui permet la distance : « Parce que la spiritualité rend joyeux. La vraie croyance, l'humanisme, rend heureux. Regardez les moines bouddhistes !… C'est le doute qui rend sombre » dit Nicolas Boukhrief.


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  •  Un super film porté par deux actrices formidables. Plein de tendresse et d'humanité. A voir;

    scénario: 18/20       acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Sage femme

    Claire est la droiture même. Sage-femme, elle a voué sa vie aux autres. Déjà préoccupée par la fermeture prochaine de sa maternité, elle voit sa vie bouleversée par le retour de Béatrice, ancienne maîtresse de son père disparu, femme fantasque et égoïste, son exacte opposée.

    C'est un film ample et magique qui orchestre la rencontre à l'écran de deux fabuleuses actrices. Frot et Deneuve, les deux grandes Catherine, dont les carrières semblaient ne jamais vouloir se croiser. Leur duo dans Sage femme irradie d'une complicité contagieuse, à la fois subtile et intense. Émouvantes sans pathos, comiques sans surjouer, on se délecte de les voir glisser, telles des funambules virtuoses, sur un fil ténu qui oscille au dessus du grotesque ou du drame, sans jamais sombrer dans l'un ni dans l'autre. Quant à Olivier Gourmet, en camionneur solide, sorte d'ange gardien païen, humble et perspicace, il est tout simplement divin !
    Avoir réuni tout ce petit monde à l'écran, savoir lui donner vie, n'est pas le moindre talent de Martin Provost (le réalisateur de Séraphine). L'intrigue est là, prenante. Elle brode en filigrane un pamphlet percutant pour une société plus juste où la finance ne prendrait pas le pas sur l'humain. C'est d'une beauté simple et saisissante comme tous ces petits riens de l'existence qu'on oublie trop souvent d'admirer et qui s'accumulent pêle-mêle devant nos sens engourdis.


    Les reflets sur l'asphalte mouillée après la pluie, les murmures de la nature, la sensualité d'une main qui s'avance, timide, la patience des graines, le premier frisson d'un nourrisson : son premier cri, sa première larme, son premier sourire. De tout cela, sans bêtifier, Claire (Catherine Frot), sage-femme de son état, ne se lasse pas. Pourtant, il y aurait de quoi ! Oh ! combien de vagins, combien de fontanelles elle aura vu passer entre ses mains expertes en trente ans de carrière ! Des bébés de toutes les couleurs, des pour lesquels tout paraît d'emblée facile, d'autres dont la première bouffée d'air semble moins insouciante, plus amère. Des mères parfois battantes, radieuses, parfois effrayées… Même rituels toujours renouvelés… Pourtant aucune lassitude dans les gestes précis de Claire et de ses consœurs, leurs expressions sont plus éloquentes qu'un long discours. Malgré les gémissements, la sueur et le sang, chaque nouvelle mise au monde reste aussi grisante et précieuse que la toute première fois.
    Et c'est vidée de toute énergie, après ses heures de garde, que notre sage-femme s'en retourne vers sa cage d'immeuble en banlieue pour s'endormir, alors qu'au loin, Paris s'éveille. Une vie de célibataire réduite à peu de choses à côté d'un métier si prenant. Cultiver son jardin (un petit lopin ouvrier), regarder les salades et son grand fils (étudiant en médecine) pousser… Et surtout respirer, pédaler au grand air, se ressourcer pour pouvoir encore donner le meilleur aux prochaines parturientes qui ne manqueront pas de venir frapper à la porte du service public.
    C'est un coup de téléphone qui va venir briser l'apparente quiétude de Claire, une voix surgie de son adolescence, et qui la propulse des décennies en arrière. Cette voix au bout du fil, celle de Béatrice (Catherine Deneuve), l'ancienne amante de son père défunt, est comme une claque qui résonne, synonyme d'un impossible pardon… Claire raccroche aussi sec. Mais Béatrice insiste…

    L'espace d'un premier rendez-vous, voilà deux antithèses réunies : l'une, telle la fourmi, sérieuse, méticuleuse, responsable ; l'autre, telle la cigale, hâbleuse, joueuse, rêveuse. L'une s'oubliant pour les autres, l'autre ne vivant que pour attirer leurs regards, surtout celui des hommes… Entre l'une et l'autre, des choix de vie irréconciliables. Entrevue tendue et explosive entre deux aimants à la polarité opposée.
    Claire, pour oublier l'interlude, se réfugie derechef dans ses plantations, essayant de retrouver le calme… Mais un malheur n'arrivant jamais seul, voilà que le fils d'un vieux voisin malade vient troubler sa solitude… Elle prend des airs renfrognés pour dissuader l'intrus (Olivier Gourmet)…
    Car Claire est bien décidée à ne laisser ni le passé ni le monde extérieur pénétrer dans son intimité. Ce cocon intérieur dans lequel elle se protège, depuis des années, mais où elle oublie peut-être un peu de vivre, il va bien falloir qu'elle en brise un peu la carapace…


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  • Un très beau film sur l'univers impitoyable des grandes entreprises et surtout sur les manipulations dont font l'objet les salariés. Céline Sallette est formidable!!

    scénario: 17/20       acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 17/20

    Corporate

    Emilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante responsable des Ressources Humaines, une « killeuse ». Suite à un drame dans son entreprise, une enquête est ouverte. Elle se retrouve en première ligne. Elle doit faire face à la pression de l’inspectrice du travail, mais aussi à sa hiérarchie qui menace de se retourner contre elle. Emilie est bien décidée à sauver sa peau. Jusqu’où restera-t-elle corporate ?

    Elle est grande, élancée, élégante avec ses costards, ses talons, ses jolis chemisiers blancs dont elle n'arrête pas de changer, asséchant ses aisselles pour être toujours impeccable, chassant cette horrible odeur humaine qui pourrait altérer l'image qu'elle se donne de dure performante. Émilie est prête à tout pour grimper les échelons des responsabilités dans une entreprise qu'elle a dans la peau, ambitieuse et sans faille. Elle a un regard magnifique, qu'elle a réussi à dompter, ne laissant rien paraître de ses émotions, battante, terrible, glacée. C'est que, parmi les rouages qui activent cette grosse boite anonyme semblable à plein d'autres, où les dirigeants ne communiquent avec leurs cadres que par Skype, elle occupe un rôle prééminent d'encadrement du personnel, sous la houlette d'un DRH charmeur (Lambert Wilson) qui lui confie les missions délicates, flatte son côté « killeuse » de choc, lui jurant qu'elle est la meilleure, lui demandant toujours davantage.


    Surtout pas de licenciement ! C'est la consigne : ici, on pousse celle ou celui dont on veut se débarrasser au découragement, on lui impose des mutations impossibles à accepter, des objectifs impossibles à atteindre, des consignes contradictoires. Connaître les points faibles, le détail de la vie privée qui permet de manœuvrer jusqu'à ce que la personne harcelée jette l'éponge et parte d'elle-même… Dans des espaces déshumanisés de bureaux vitrés et d'open spaces clean résolument modernes, les salariés sont sur la défensive : être le meilleur, être au top, guetter l'intention cachée, deviner d'où vient le vent… Même les relations qui se tissent autour des espaces de pause ne parviennent pas à dissimuler l'angoisse chronique qui pousse chacun à surveiller l'autre de peur qu'il grignote votre place.
    Le DRH à la voix chaude pilote l'équipe d'encadrement, met la pression, laisse le sale boulot aux autres… et quand se profile une enquête suite au suicide d'un employé poussé à bout, Émilie réalise vite qu'elle risque de passer du rôle de première de la classe à celui de fusible, et que la direction et ses représentants n'auront aucun état d'âme à lui faire porter la responsabilité du problème pour éviter que l'entreprise ne soit éclaboussée, sans qu'aucun des salariés ne viennent à son aide tant elle s'est isolée… Dès lors, il n'y aura pas d'autre solution pour elle : si elle veut sauver sa peau, il va falloir qu'elle y mette les moyens, quitte à jouer sa « carrière », quitte à se montrer plus cynique que les cyniques qui l'ont mise dans cette impasse.

    C'est mené comme un polar, une histoire pleine de suspense qui n'est pas sans faire penser à la série de suicides qui avait frappé France Télécom. « J'avais été particulièrement choqué par le cynisme du PDG d'alors, déclarant qu'il fallait mettre un terme à cette “mode de suicides”… comme si c'étaient ceux qui souffrent qui étaient responsables » dit Nicolas Silhol. La personnalité de l'inspectrice du travail qui mène son enquête, mélange de dureté et d'empathie, colle bien avec son rôle et si elle est inflexible quant à l'application de la règle, elle est pour Émilie la perspective d'un autre choix possible, l'occasion de casser l'armure comme on dit. Si la ligne d'horizon d'Émilie est son intérêt personnel avant tout, sa rage d'être lâchée par ses supérieurs va lui donner l'énergie de renverser la vapeur avec la même détermination qu'elle mettait à accomplir son rôle de tueuse… Rien n'est si simple ici, et c'est bien pour cela que le film passionne : suspense pour suspense, la fiction est d'autant plus prenante qu'elle est solidement ancrée dans la réalité.


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  • Je l'ai enfin vu!! Pas mal, une comédie pas très intello avec laquelle on rit bien. Du Philippe Lachau quoi!

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20     note finale: 16/20

     

    alibi.com

    Greg a fondé une entreprise nommée Alibi.com qui crée tout type d'alibi. Avec Augustin son associé, et Medhi son nouvel employé, ils élaborent des stratagèmes et mises en scène imparables pour couvrir leurs clients. Mais la rencontre de Flo, une jolie blonde qui déteste les hommes qui mentent, va compliquer la vie de Greg, qui commence par lui cacher la vraie nature de son activité. Lors de la présentation aux parents, Greg comprend que Gérard, le père de Flo, est aussi un de leurs clients...


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  • Un super film avec des acteurs au sommet de leur art. Un jeu pervers très réussi.

    scénario: 17/20        acteurs: 18/20       technique: 16/20    note finale: 17/20

    Elle

    Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu. Inébranlable, Michèle se met à le traquer en retour. Un jeu étrange s'installe alors entre eux. Un jeu qui, à tout instant, peut dégénérer.

    Isabelle Huppert n'a pas remporté le Prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes 2016. Il n'y a qu'une explication possible à cette absence au palmarès, c'est qu'elle était hors concours ! Elle livre dans Elle une performance proprement hallucinante, qui est une sorte d'apothéose de tout ce qu'elle a pu jouer au cinéma dans le registre de la femme forte et borderline à la fois. On pense à son rôle dans La Pianiste bien sûr, mais la palette ici est plus large, la précision, la complexité, la virtuosité plus impressionnantes encore. Rien que pour voir Huppert à l'œuvre, il faut absolument voir le film de Verhoeven.
    Huppert est Michèle, dirigeante – regina imperatrix – d'une société de création de jeux vidéo qui a tout réussi, même son divorce… Belle maison de meulière dans la chic banlieue ouest de Paris, fils bordélique mais aimant, meilleure amie qui est aussi son associée, ex-mari largué mais resté complice. Rien ne semble pouvoir obscurcir sa vie de femme épanouie et indépendante. Jusqu'au jour où, brisant le calme paisible de sa demeure, surgit un agresseur masqué, et la brutalité du viol est d'autant plus terrifiante qu'elle surprend totalement : et pour cause, c'est la scène d'ouverture !


    Une fois le choc passé, le plus troublant est peut-être la réaction de Michèle : au lieu d'appeler médecins, policiers… elle va prendre un bain, panser ses plaies, prétendre auprès de son fils et de ses amis une chute de vélo, et continuer de vaquer à ses occupations personnelles et professionnelles habituelles. Elle va juste se contenter de demander à faire changer ses serrures… Et puis, sentant au fond d'elle même que son agresseur masqué ne lui est peut-être pas inconnu, elle va mener l'enquête, chasser le prédateur… Est ce l'un des brillants et inquiétants créateurs de jeux pour adolescents, un peu trop accros à l'adrénaline et aux plaisirs violents ? Ou quelqu'un d'encore plus proche ?
    Elle est un thriller psychologique haletant, volontiers malaisant comme disent encore nos cousins québecois, que n'aurait pas renié le grand Alfred. Un thriller qui plonge aux tréfonds des recoins les plus sombres de l'âme humaine : autant celle de l'agresseur présumé, dont le spectateur doute jusqu'au bout de l'identité, que de sa victime, dont la psychologie est parfois tout aussi inquiétante. Et le film pose la question intime de la réaction à une agression aussi terrible qu'un viol, quand on est en l'occurrence une femme indépendante qui a toujours géré sa vie sentimentale, sexuelle et professionnelle d'une main de fer, en l'occurrence encore quand on a vécu une enfance marquée par le tragique et la violence.

    On ne s'étonnera pas que Paul Verhoeven – que certains journalistes facétieux ont affublé du sobriquet de « hollandais violent » – se soit intéressé à cette intrigue plus que troublante imaginée par Philippe Djian dans son roman Oh. Verhoeven, qui a débuté dans les années 70 aux Pays Bas avec des films qui plongeaient dans les rapports ambigus entre le sexe, le plaisir et la violence (il faut découvrir d'urgence le génial Turkisch delices avec Rutger Hauer), s'est ensuite illustré avec des films hollywoodiens qui ont toujours combiné le spectacle, le divertissement et une vision extrêmement dérangeante de l'humanité et des systèmes sociaux dont elle s'est dotée (La Chair et le sang, Robocop, Total Recall, Starship Troopers…).
    Aujourd'hui, à bientôt 80 ans, Paul Verhoeven n'abandonne rien de ses thématiques inconfortables ni de ses obsessions périlleuses. Il a par contre acquis une maîtrise de son art du récit et de la mise en scène qui en favorisent une expression sans doute plus forte, en tout cas plus subtile.


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  •  Une pure merveille! Les acteurs sont grandioses: les deux petits acteurs sont fantastiques et ont beaucoup de talent. c'est bien filmé, le scénario est très intéressant et les dialogues sont réussis.

    scénario: 18/20        acteurs: 18/20     technique: 18/20     note finale: 18/20

    Un sac de billes : Affiche

    Dans la France occupée, Maurice et Joseph, deux jeunes frères juifs livrés à eux-mêmes, font preuve d’une incroyable dose de malice, de courage et d’ingéniosité pour échapper à l’invasion ennemie et tenter de réunir leur famille à nouveau.

    La fiction est parfois bien utile aux parents quand la réalité, celle de l’histoire ou du temps présent, peut sembler difficile à expliquer aux plus jeunes. Comment trouver les mots justes qui racontent sans effrayer ? Comment donner un sens à des évènements qui en sont totalement dénués ? Comment transmettre sans pour autant plomber les ailes des nouvelles générations ?

    Tiré de l’œuvre autobiographique de Jospeh Joffo, étudiée dans les classes depuis des décennies, Un sac de billes permet tout cela à la fois. D’une forme très classique et volontairement pédagogique, l’histoire est racontée à hauteur de ces deux héros, un enfant et son grand frère adolescent fuyant la terreur nazie, et aborde les sujets les plus douloureux de la seconde guerre mondiale sans angélisme ni pathos exacerbé. L’exil, la douloureuse séparation des familles, la déportation, la France occupée, la résistance, mais aussi les collabos et la haine ordinaire, banalisée et portée par le gouvernement de Vichy. Grave par son sujet, le film réussit toutefois à imposer à la narration quelques temps de respiration nécessaires comme ces instants fugaces de bonheur arrachés à la peur ambiante ; il dit aussi la fraternité et la solidarité de quelques-uns… Un message qui résonne de manière toute particulière en 2017.

    Toujours vif, infatigable témoin de cette page de l’histoire qu’il est plus que jamais urgent de rappeler, Joseph Joffo fut le précieux conseiller de ce film indispensable « À l’heure actuelle, l’histoire que j’ai vécue résonne de manière particulièrement forte. À cause du terrorisme, des enfants sont contraints eux aussi de fuir. Comme nous il y a cinquante ans, ils se retrouvent sur les routes, totalement isolés et livrés à eux-mêmes. J’espère que le film nous incitera à nous interroger sur le destin de ces enfants et de ces familles déchirés ».


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  •  Lucien Jean-Baptiste est un grand réalisateur. Je l'ai déjà dit. Encore un film tout en nuances et en délicatesse. le scénario est très réussi, les acteurs se donnent à fond et c'est bien filmé. A la fois comédie sentimentale, film d'aventure, chronique sociale et voyage initiatique, cette «ascension» qui part du camp de base en béton du 9-3 pour s'achever à la cime enneigée de l'Everest, fait gravir au spectateur une montagne de sensations. D'après une histoire vraie. les images de montagne sont magnifiques.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    Il a déjà tes yeux : Affiche

    Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu'au jour où Sali reçoit l'appel qu'ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d'adoption est approuvé. Il est adorable, il a 6 mois, il s'appelle Benjamin. Il est blond aux yeux bleus et il est blanc. Eux… sont noirs !

    On ne peut que se dire en voyant ce film que ce serait un vrai bonheur de se régaler un soir au coin du feu d'un goûteux colombo de poulet en compagnie de son sympathique auteur, tant l'actualité nous gave aujourd'hui de sales types qui mettent si résolument le cap sur le pire des mondes possibles que c'en est de plus en plus déprimant. Alors bonne nouvelle, chers spectateurs, en voici un enfin de « good guy », qui, dans cet « enfer moderne » comme disait l'autre, parvient avec sa tête d'honnête homme et un film qui lui ressemble à nous rassurer et à nous faire rire intelligemment d'une humanité en danger constant de sortie de route.
    Sa recette ? Car il en faut une, comme dans tout bon colombo : un scénario simple et drôle comme un conte de Noël à l'Estaque, mâtiné d'une indécrottable dose d'optimisme et de bienveillance, façon Maurice Chevalier qui chantait au milieu du siècle dernier « Dans la vie faut pas s'en faire… ces petites misères sont bien passagères… » et de fait, il y a dans Il a déjà tes yeux comme la tranquille affirmation que, dans un monde perçu aujourd'hui comme parfaitement désespérant, poussent déjà les germes du meilleur, malgré les apparences, alors que beaucoup ne jurent que par le pire. C'est le sens que l'on peut donner à l'inénarrable odyssée de Paul et Sali, un gentil couple, heureux et amoureux à qui il va en arriver une bien bonne…


    Dans une vie qu'ils embrassent à plein bras, il ne leur manque qu'un enfant et c'est désormais possible, après des mois d'attente, après que leur dossier d'adoption a enfin été validé. Ils vont devenir parents ! Et parents de Benjamin, c'est le top du top : Benjamin est un adorable bébé blond à la peau claire et aux yeux bleus… sauf que Pierre et Sali sont tout ce qu'il y a de noirs ! D'abord surpris, le couple craque devant la bouille de Benjamin qu'ils accueillent avec joie. Mais Sali sait que la présentation du bébé à ses parents va être un poil compliquée. De plus, cette adoption ne fait pas l'unanimité dans la sphère bureaucratique concernée où certains parlent « d'expérience » : un gros mot chez les fonctionnaires zélés qui doivent contrôler la bonne prise en charge du bambin et qui se méfient de cette adoption inhabituelle…
    L'acteur-réalisateur Lucien Jean-Baptiste préfère une comédie bien menée aux longs discours plombants pour exterminer les préjugés, à croire que la bonne fée Coline Serreau s'est penchée sur le couffin de Benjamin. A un éventail de situations qui trimballent leur lot de blocages et de préjugés, traités avec habileté et finesse, s'ajoute ici une bonne louche de répliques irrésistibles qui font mouche, servies par des acteurs qui fonctionnent en symbiose. Aucune ironie méchante, aucune acrimonie, encore moins de vulgarité.
    Ici, la vérité sort, comme toujours, de la bouche des jeunots : on n'oubliera pas la formidable discussion de la sœur de Sali avec son père qui refuse de reconnaître le bébé parce que ce n'est pas dans « l'ordre des choses » (« tu as quitté ton pays pour venir travailler dans un pays étranger… Était-ce dans l'ordre des choses ? » réplique-t-elle entre autres) et même si la fin relève du feu d'artifice désopilant, cette comédie sociale fait un bien fou.

    Aux côtés de la splendide Aïssa Maïga, Zabou Breitman se régale à jouer les fausses méchantes, puis les vraies gentilles, pendant que Vincent Elbaz, copain rêveur et gaffeur impénitent, réalise une ébouriffante composition. Quand à Benjamin… on l'adopterait !


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  • Si vous résistez aux deux premières heures qui sont très ennuyeuses, vous apprécierez certainement la fin. C'est long, long, long et sans grand intérêt. Une historiette pas très utile qui décevra tous les cinéphiles.

    scénario: 12/20     acteurs: 12/20  technique: 16/20   note finale: 12/20

    La la land

    Au cœur de Los Angeles, une actrice en devenir prénommée Mia sert des cafés entre deux auditions. 
    De son côté, Sebastian, passionné de jazz, joue du piano dans des clubs miteux pour assurer sa subsistance. 
    Tous deux sont bien loin de la vie rêvée à laquelle ils aspirent…
    Le destin va réunir ces doux rêveurs, mais leur coup de foudre résistera-t-il aux tentations, aux déceptions, et à la vie trépidante d’Hollywood ?

    Du haut de 30 ans, Damien Chazelle ne  confirme pas que la réussite de son premier film, le brillant et très remarqué Whiplash, était tout sauf le fruit du hasard. Il a du talent mais il ne le montre pas dans ce film. Il récidive donc avec un projet plus ambitieux, une aventure qui porte un cran plus haut le degré d’exigence et malheureusement le jeune réalisateur n'a vraisemblablement pas été à la hauteur de ses ambitions : il n'arrive ni à croquer à pleines dent dans le mythe, ni à faire trembler ses producteurs dont on imagine qu’ils ont aligné quelques zéros pour être à la hauteur du rêve. Au final : La la land, un titre simple comme les premiers mots d’une chanson fredonnée, un titre qui dit tout sans besoin de traduction et qui laisse deviner avec malice les milles et une couleurs d'un feu d’artifice en cinémascope et en technicolor.
    La la land, c’est la comédie musicale sans saveur et sans odeur. Le film a eu la chance de trouver son public et c'est très bien. Mais cela reste un film long, ennuyeux et sans imagination.

    C’est l’histoire de Mia et de Sebastian… Elle est serveuse dans un café niché au creux d’imposants décors d’un grand studio hollywoodien et court obstinément les castings dans l’attente du grand rôle. Il est pianiste de jazz, fan de Thelonius Monk mais pour l'heure il est surtout fauché et doit cachetonner en attendant d’accomplir son rêve : reprendre une mythique boîte de jazz à son compte et y jouer toute la musique qu’il aime. Entre eux, l'indifférence voire le mépris d'abord… avant les étincelles !
    Embrassant sans imagination tous les clichés, jonglant avec les références les plus prestigieuses – de Chantons sous la pluie à La Fureur de vivre en passant par Un américain à Paris, West Side Story ou les mélos flamboyants à la Douglas Sirk, sans oublier quelques clins d'œil admiratifs autant qu'affectueux à Jacques Demy – La la land ne parvient pourtant pas à tout réinventer. Les codes, dont il se moque avec tendresse, les chansons, traditionnelles mais souvent détournées avec humour, les décors, pas toujours réussis dans leur écrin de carton pâte mais et qui font toujours font toc, et les deux protagonistes, clichés sur pattes (la jeune serveuse qui veut percer à Hollywood, le musicien idéaliste et un peu dédaigneux qui se veut l’héritier des plus grands) mais terriblement humains. Même le récit, dont la trame est classique, ne parvient à nous surprendre grâce à une construction singulière (la toute dernière partie du film est cependant une belle trouvaille).

    Il s’agit plus d’un hommage raté que d’une véritable révolution cinématographique, La la land n'est pas la bouffée de bonheur, colorée, enjouée, rythmée, que l'on nous promettait...


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  •  Déception. Voici une comédie bien poussive avec un premier rôle faminin très décevant. Sur un scénario non dépourvu de vertus comiques, Dany Boon s’en tient un peu paresseusement à l’exploitation de situations attendues, et son idée de laisser le premier plan à une Alice Pol qui en fait des tonnes n’est pas faite pour arranger les choses. Une comédie plus raide que dingue.

    scénario: 12/20          acteurs: 12/20      technique: 16/20   note finale: 13/20

    RAID Dingue : Affiche

    Johanna Pasquali est une fliquette pas comme les autres. Distraite, rêveuse et maladroite, elle est d'un point de vue purement policier sympathique mais totalement nulle. Dotée pourtant de réelles compétences, sa maladresse fait d'elle une menace pour les criminels, le grand public et ses collègues.
    Assignée à des missions aussi dangereuses que des voitures mal garées ou des vols à l'étalage, elle s'entraîne sans relâche pendant son temps libre pour réaliser son rêve : être la première femme à intégrer le groupe d'élite du RAID.
    Acceptée au centre de formation du RAID pour des raisons obscures et politiques, elle se retrouve alors dans les pattes de l'agent Eugène Froissard (dit Poissard), le plus misogyne des agents du RAID. Ce duo improbable se voit chargé d'arrêter le redoutable Gang des Léopards, responsable de gros braquages dans les rues de la capitale.
    Mais avant de pouvoir les arrêter, il faudrait déjà qu"ils parviennent à travailler en binôme sans s'entretuer au cours des entraînements ou des missions de terrain plus rocambolesques les unes que les autres.


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  •  Un super film, plein de tendresse et d'espoir. Le scénario est formidable, les acteurs sont géniaux et c'est très bien filmé.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    L'Ascension : Affiche

    « Pour toi, je pourrais gravir l’Everest !» Samy aurait mieux fait de se taire ce jour-là... D’autant que Nadia ne croit pas beaucoup à ses belles paroles. Et pourtant… Par amour pour elle, Samy quitte sa cité HLM et part gravir les mythiques 8848 mètres qui font de l’Everest le Toit du monde. Un départ qui fait vibrer ses copains, puis tout le 9-3 et c’est bientôt la France entière qui suit avec émotion les exploits de ce jeune mec ordinaire mais amoureux. A la clé, un message d’espoir : à chacun d’inventer son avenir, puisque tout est possible.

    L’Ascension est une comédie sentimentale et d’aventure comme on en passe peu, avec un ressort comique certes balisé : l’histoire d’un mec qui se trouve a priori en décalage avec le milieu où il est parachuté, un peu à l’instar de La Vache, joyeuse comédie agricole que j'avais adorée. Depuis Les Lettres persanes de Montesquieu, ça marche toujours. Et alors ? Et si les adolescents de votre entourage se pressent d’aller voir le film, c’est aussi peut être parce que c’est très chouette. Parce que L’Ascension est avant tout une formidable ode humaniste au « yes we can » version neuf trois, ou comment ceux qui sont nés du mauvais côté du périph peuvent réaliser coûte que coûte, et malgré les handicaps énormes, leurs rêves. Et c’est aussi un bel hommage à la dignité des habitants des quartiers populaires si souvent stigmatisés et dont il est montré ici l’indéfectible énergie et solidarité.

    Samy est un petit gars de la Courneuve, des 4000, une des cités les plus pointées du doigts par les rois de l’audimat à sensation. Un jeune gars éperdument amoureux depuis le lycée de Nadia, une très très jolie employée du supermarché voisin. Sauf que Nadia, fille intelligente et déterminée, n’est pas du genre à se laisser embobiner par le premier beau gosse venu : dans le coin, si les grands causeurs petits faiseurs sont légion, les gars qui assurent sont aussi faciles à trouver que le Saint Graal, un trèfle à quatre feuilles ou un CDI payé plus d’une fois et demie le SMIC. Alors un soir, Samy, un peu désespéré, balance la phrase ultime, celle qu’on regrette d’avoir dit trente secondes plus tard : « Pour toi je gravirai l’Everest ! ». Et c’est là que Samy prouve qu’il n’est pas un garçon ordinaire : loin d’avoir parlé en l’air, il va mener à bien son projet à coups de grosses tchatches et de courage incroyable. Bien qu’aussi formé pour l’alpinisme que moi pour la vie monacale, il va s’inventer quelques ascensions de sommets dont il n’a jamais vu le moindre rocher, et va convaincre une radio locale surmotivée de suivre son périple jour par jour pour financer le voyage vers le Toit du Monde… Et le voilà parti au paradis (ou l’enfer) des trekkers surentraînés. Heureusement, une fois sur place, le guide pas dupe va avoir de la bienveillance, et Samy va croiser le chemin d’un super sherpa affublé de tshirts de Johnny Hallyday…
    Tout cela serait drôle et anecdotique si ça n’était pas librement inspirée d’une histoire vraie. Samy, dans la vraie vie c’est Nadir Dendoune, un journaliste autodidacte génialement frappadingue, 100% originaire du 93, qui avait déjà entrepris le tour de l’Australie à vélo, et qui depuis a, entre autres, fait de manière totalement indépendante une incursion très risquée en Irak, qui lui a valu un petit enlèvement à l’issue heureusement favorable, et a réalisé sans aucun soutien institutionnel deux documentaires sur la Palestine. Bref un vrai Tintin. Tout ce que vous verrez dans le film est donc vrai, à l’histoire romantique près (Nadir est juste parti rejoindre un ami au Népal après son départ d’un journal francilien bien connu) et ça ne fait que renforcer l’intérêt du film.

    On retiendra, au-delà des gags désopilants qui émaillent le film toutes les cinq minutes, le rendu très touchant de la solidarité des alpinistes et des sherpas, qui fait écho à celle des gens des quartiers, familles, amis ou tout simplement simples habitants fiers de l’exploit de Samy. Et c’est cela qui nous emporte au final et nous redonne patate et espoir. Car c’est peut-être bien de ces endroits souvent pointés du doigt par les médias dominants comme des zones de non droit, des territoires perdus… bla bla bla… que se cache l’espoir de notre nation.


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  • Pablo Lorrain est partout et semble aimer les biopics. Un film original sur les jours qui ont suivi l'assassinat de Kenndy. Natalie Portman est formidable et devrait recevoir plusieurs prix pour son jeu délicat et ettout en nuances d'une femme qui ne sait plus où elle en est. On peut cependant regretter que cela soit un peu brouillon.

    scénario: 16/20     technique: 16/20    acteurs: 16/20   note finale:16/20

    Jackie : Affiche

     

    22 Novembre 1963 : John F. Kennedy, 35ème président des États-Unis, vient d’être assassiné à Dallas. Confrontée à la violence de son deuil, sa veuve, Jacqueline Bouvier Kennedy, First Lady admirée pour son élégance et sa culture, tente d’en surmonter le traumatisme, décidée à mettre en lumière l’héritage politique du président et à célébrer l’homme qu’il fut.

    Un mois à peine après le formidable Neruda , un nouveau film de Pablo Larrain, un nouveau regard décalé et passionnant sur un personnage célèbre, une figure cette fois tellement médiatique qu'elle pourrait détourner du film le spectateur légitimement méfiant : il aurait tort, il se priverait d'un grand moment de cinéma brillant et suprêmement intelligent. Jackie nous fait vivre l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas, et les quelques jours qui suivront, du point de vue de la rescapée abasourdie, de la veuve immédiatement transformée en icône planétaire.

    Un dispositif narratif particulièrement ingénieux permet d'appréhender la personnalité complexe de cette femme sous différents aspects et à différents moments. Deux scènes, dont on voit des extraits tout au long du film, sont à cet égard particulièrement éclairantes. D'abord, une émission de télé reconstituée qui montre, en noir et blanc, une Jackie à ses tout débuts de première dame, hésitante et touchante, proposer aux téléspectateurs une visite de la Maison Blanche et annoncer les travaux de restauration qu'elle souhaite mettre en œuvre. Ensuite, le rendez-vous qu'elle donne à un journaliste du magazine Life, quelques jours après l'assassinat de JF Kennedy. Elle en dira beaucoup lors de cet entretien, mais en laissera publier peu car son objectif est de commencer à bâtir la légende de son mari. Pour cela, elle doit rester maîtresse du jeu en donnant sa version des événements.


    Entre ces deux moments, on comprend que la petite débutante a beaucoup appris des règles de la communication moderne et de l'utilisation des médias. Les presque trois années passées à la Maison Blanche avaient en effet aguerri cette femme cultivée, qui parlait couramment l'anglais, le français, l'espagnol et l'italien. Il lui faudra néanmoins une force considérable pour organiser à sa façon, construction de la légende oblige, les funérailles de son mari, contre l'avis du conseiller du nouveau président Lyndon Johnson.
    Natalie Portman, filmée de très près, présente dans toutes les scènes, est Jackie Kennedy. Inutile d'en dire davantage sur cette exceptionnelle performance. Les acteurs autour d'elle sont parfaits, de Peter Sarsgaard (Robert Kennedy) à Greta Gerwig, avec une mention spéciale pour John Hurt que l'on découvre en prêtre catholique dans une scène qui nous permet, au-delà des apparences exigées par la fonction de première dame, d'aller au plus profond de la personnalité de Jackie et de constater toute la lucidité qu'elle conserve sur son mariage, sur la personnalité de son mari et ce que signifiait d'entrer dans le clan Kennedy.

    Un soin extraordinaire a été apporté à la reconstitution, décors, voitures, vêtements… Ce qui ne nous étonne pas d'un film tourné aux USA avec des moyens importants. Ce qui surprend davantage, c'est la qualité de la musique qui, au lieu de peser comme souvent, accompagne et souligne intelligemment.
    On ne doute pas qu'un bon réalisateur américain aurait pu faire de cette histoire un bon film. Mais on ne doute pas non plus que nous n'aurions pas échappé à de pénibles couplets patriotiques. Ce n'est pas faire injure au pur talent de Pablo Larrain de prétendre qu'un Chilien, ne se faisant aucune illusion sur la politique américaine, était particulièrement bien placé pour que Jackie soit, non pas un film de plus sur un moment de l'histoire des États Unis, mais tout simplement un grand film.


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  •  Excellent! Le scénario est un merveille, c'est très bien joué, plein d'humour et de poésie. Le cinéma chilien est toujours intéressant.

    scénario: 18/20   acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20   note finale: 18/20

    Néruda

    1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète.

    Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire

    Neruda est à la hauteur de Neruda. Neruda le film est à la (dé)mesure de Neruda le poète, le militant, l’homme politique, figure emblématique d’un Chili pensant, créant, résistant. Soyons clair : ceux qui espèrent un biopic classique retraçant la vie et la carrière du grand écrivain, compagnon de Garcia Lorca et de Picasso au moment de la Guerre d’Espagne, Prix Nobel de littérature en 1971, mort dans des circonstances suspectes peu de temps après le coup d’état de Pinochet… ceux-là resteront sur leur faim. Mais tous ceux qui sont sensibles à l’imagination, à l’invention, au romanesque, à la poésie – tous qualificatifs évidemment adaptés à l’œuvre de Pablo Neruda – seront autant que nous enthousiasmés par ce film magistral du très remarquable Pablo Larrain qui s’est imposé, en quelques films essentiels et radicaux, comme un observateur incisif de l’histoire troublée de son pays (Tony Manero sur l’ambiance de plomb à l’époque du régime de Pinochet sous protection américaine, Santiago 73 , autour du coup d’Etat, No, sur la fin surprise du régime Pinochet, El Club, sur les sordides reliquats aujourd’hui du régime dictatorial).

    Loin donc de toute tentative ampoulée de biographie plus ou moins exhaustive, le film s’attache à un épisode bien précis de la vie de Neruda quand, au lendemain de l’élection en 1946 du président Gabriel Gonzalez Videla, il devient, après l’avoir soutenu en tant que sénateur communiste, l’un de ses plus farouches opposants, suite au ralliement du dirigeant au camp américain dans la Guerre Froide naissante. Neruda, malgré un important soutien populaire et un parti communiste au sommet de sa puissance, va devoir fuir puisque le PC est bientôt interdit par le gouvernement et ses militants pourchassés.
    L’anti-biopic de Larrain bouscule l’icône Neruda, décrivant, sans jamais oublier le génie littéraire ni la figure politique de premier plan, son égoïsme, sa mégalomanie, son goût du luxe et des fêtes dispendieuses contrastant avec la défense affichée de la classe ouvrière ainsi que le goût pour les prostituées malgré l’amour d’une épouse qui aura tout sacrifié pour lui. Le réalisateur et son scénariste ont de manière jubilatoire transformé cet épisode historique en un récit policier et d’aventures aux quatre coins du Chili. On suit un Neruda (Luis Gnecco) qui, avant de partir à l’étranger, fuit ses poursuivants à travers tout le pays, des maisons bourgeoises de Santiago jusqu’aux frimas de la Patagonie et aux bordels de Valparaiso en passant par les hauteurs enneigées des Andes. À ses trousses, un personnage de roman noir, l’inspecteur Peluchonneau (Gael Garcia Bernal), policier obsessionnel, habité par la légende d’un ancêtre qui aurait créé la police chilienne, tout aussi fasciné par sa proie que déterminé à la capturer. Un personnage résolument romanesque dont la voix off accompagne le récit (le texte écrit par le scénariste Guillermo Calderon est magnifique) et qui devient, en une mise en abyme vertigineuse, une sorte de création littéraire de Neruda lui-même.

    Au fil d’un récit trépidant, porté par une mise en scène virtuose et des images d’une beauté souvent renversante, secoué par un humour irrévérencieux, habité par deux acteurs géniaux, Neruda est certes iconoclaste envers le héros national mais il est aussi et surtout un magnifique hommage à son génie poétique – la poésie est omniprésente tout au long du film, irriguant le texte en voix off déjà cité, transcendant des dialogues, des situations, des rebondissements d’une invention éblouissante. Et à travers l’histoire picaresque de la fuite de Neruda traqué par le policier Peluchonneau, Larrain préfigure la triste suite de l’histoire chilienne à laquelle il a consacré jusqu’ici son œuvre, le sinistre Augusto Pinochet apparaissant brièvement en jeune officier au regard bleu glacial, garde-chiourme en chef d’un camp d’internement.


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  •  Un film très réussi sur les débuts de l'aventure MacDonalds. Il est si bien fait qu'en sortant, j'ai failli aller manger chez eux malgré toutes les réserves que j'aie sur leur système.

    scénario: 16/20        acteurs: 16/20       technique: 16/20    note finale: 16/20

    Le fondateur

    Dans les années 50, Ray Kroc rencontre les frères McDonald qui tiennent un restaurant de burgers en Californie. Bluffé par leur concept, Ray leur propose de franchiser la marque et va s'en emparer pour bâtir l'empire que l'on connaît aujourd'hui.


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  • Une très bonne comédie avec des acteurs qui donnent tout.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20     technique: 16/20    note finale: 16/20

    Mes trésors

    Carole est une informaticienne introvertie qui vit encore chez sa mère.
    Caroline est une pickpocket rebelle qui écume les grands hôtels de la côte d'Azur.
    Les deux jeunes femmes ne se connaissent pas et n'ont rien en commun. Rien, sinon leur père, envolé avant leur naissance et qu'elles n'ont jamais vu.
    Jusqu'au jour où… Patrick ressurgit !

    Ce voleur international recherché par toutes les polices a frôlé la mort, et décide de rattraper le temps perdu en réunissant ses deux filles autour d'un but commun : le casse d'un Stradivarius à 15 millions d'euros…
    Entre les bourdes, l’amateurisme et les chamailleries de ses deux filles, Patrick comprend vite que ce braquage ne va pas être une promenade de santé…


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  •  Très bon dessin animé. On se laisse prendre par cette histoire de jeune fille qui n'en fait qu'à sa tête et qui veut sauver son peuple.

    scénario: 17/20   technique: 16/20   note finale: 17/20

    Vaiana, la légende du bout du monde

    Il y a 3 000 ans, les plus grands marins du monde voyagèrent dans le vaste océan Pacifique, à la découverte des innombrables îles de l'Océanie. Mais pendant le millénaire qui suivit, ils cessèrent de voyager. Et personne ne sait pourquoi...
    Vaiana, la légende du bout du monde raconte l'aventure d'une jeune fille téméraire qui se lance dans un voyage audacieux pour accomplir la quête inachevée de ses ancêtres et sauver son peuple. Au cours de sa traversée du vaste océan, Vaiana va rencontrer Maui, un demi-dieu. Ensemble, ils vont accomplir un voyage épique riche d'action, de rencontres et d'épreuves... En accomplissant la quête inaboutie de ses ancêtres, Vaiana va découvrir la seule chose qu'elle a toujours cherchée : elle-même.


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  •  Un excellent film tunisien qui dépeint bien les problèmes de la jeunesse tunisienne, confronté à un désir d'émancipation et des  traditions très rigoureuses.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20   technique: 18/20   note finale: 18/20

    Hedi, un vent de liberté

    Kairouan en Tunisie, peu après le printemps arabe.
    Hedi est un jeune homme sage et réservé. Passionné de dessin, il travaille sans enthousiasme comme commercial.
    Bien que son pays soit en pleine mutation, il reste soumis aux conventions sociales et laisse sa famille prendre les décisions à sa place. Alors que sa mère prépare activement son mariage, son patron l’envoie à Mahdia à la recherche de nouveaux clients.
    Hedi y rencontre Rim, animatrice dans un hôtel local, femme indépendante dont la liberté le séduit.
    Pour la première fois, il est tenté de prendre sa vie en main.

    Un adorable garçon en vérité, ce Hedi, un prénom béni des dieux qui signifie d'ailleurs en arabe « calme » ou « serein ». Tout un programme à ne promettre en apparence que du bonheur. Sauf que nous sommes à Kairouan en Tunisie, au lendemain du printemps arabe. Les violences, les manifestations… pas trop le genre d'un bonhomme qui profite de l'honnête aisance que lui confère sa position de cadre moyen chez Peugeot. Côté famille, ce fils à sa maman fait la fierté d'une génitrice toute à la stricte observance de la tradition. Un bidule étrange, cette tradition : une machine à générer des angoisses et des conflits qui, vue de ce côté à nous de la Méditerranée, épouse en pire les effets d'une terrible bombe asphyxiante. C'est une chose qui saute en effet moins aux yeux de tout un chacun, mais les hommes dans ce petit pays, aussi bien que dans les pays arabes en général, sont eux aussi soumis au régime d'un matriarcat très contraignant qui, non content d'encadrer strictement le comportement des femmes programmées depuis la naissance pour atteindre les objectifs de base que sont le mariage et la fondation d'une famille, ne manque pas d'entraver dans le même élan, mais plus subtilement, la liberté des hommes qui se voient embarqués dans la triste comédie des mariages arrangés pour le meilleur et souvent pour le pire.

    C'est ce que nous raconte Hedi le film, en s'attachant à Hedi le personnage qui, avec sa bonne tête de gendre idéal, se retrouve promis par une de ces mères qui font la loi des ménages à une gentille fille du quartier, par ailleurs mignonne comme un cœur, qu'il se voit autorisé depuis trois ans à rencontrer dans sa voiture un quart d'heure par semaine sous la vigilante surveillance d'une armada de chaperons du quartier, planqués derrière leurs rideaux.
    Mais à quelque chose crise économique est bonne. Notre Hedi, si gentil et si obéissant, jusqu'alors confiné qu'il était dans son bureau, va se voir propulsé dans le vaste monde tunisien par sa direction pour tenter d'arracher sur le terrain des ventes de bagnoles en chute vertigineuse. C'est alors l'occasion pour nous de découvrir qu'au-delà de la tradition qui empoisonne de manière folklorique la vie de nos malheureux semblables tunisiens, se dessine silencieusement un terrible Armageddon économique qui pourrait bien un jour, emporter la jeune démocratie tunisienne dans les ténèbres.

    En effet, c'est à un véritable crève-cœur que nous conduit chaque étape du chemin de croix prospectif de notre représentant de commerce à travers le défilé d'immenses hôtels de luxe désespérément vides pour cause de danger terroriste, lesquels sont prêts à accueillir pour une bouchée de pain notre ami Hedi. C'est pourtant lors d'une ces tristes escales que notre homme va rencontrer Rym, gentille animatrice dans une chaîne d'hôtels franco tunisienne, femme indépendante dont la liberté le séduit. Alors que sa mère omniprésente prépare activement son mariage, Hedi, pour la première fois, sera alors tenté de prendre sa vie en main, pour rejoindre Rym à Montpellier. Y parviendra-t-il, malgré le poids immense de sa culpabilité ? Mais ceci, comme dirait Kipling, est une autre histoire.


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  •  une comédie très réussie avec beaucoup d'humour dans les dialogues. Bien filmé, bien joué, on passe un excellent moment.

    scénario:16/20      acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Père fils thérapie

    Ils sont père et fils. Ils ne se supportent pas. Leurs entourages leur ont lancé un ultimatum : participer à un stage de réconciliation « Aventures Père Fils » dans les gorges du Verdon où ils devront tenter un ultime rapprochement. Entre mauvaise foi et coups bas, pas évident qu’ils arrivent à se réconcilier.


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  •  Une très jolie comédie sur quatre femmes et l'amour. j'ai beaucoup aimé. Jenifer est non seulement une grande chanteuse mais également une excellente actrice!!

    scénario: 17/20   acteurs: 18/20   technique: 18/20    note finale: 17/20

    Faut pas lui dire

    Laura, Eve, Anouch et Yaël sont quatre cousines, très différentes et très attachantes, qui ont un point commun : elles mentent, mais toujours par amour ! Quand les trois premières découvrent quelques semaines avant le mariage de leur petite cousine que son fiancé parfait la trompe, elles votent à l’unisson « Faut pas lui dire » !

     


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  • Un excellent documentaire sur un problème méconnu de la guerre d'Algérie. Bien filmé, très intéressant, je recommande.

    scénario: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    Algérie si possible

    En rencontrant ses anciens compagnons de combat, le film suit le parcours d’Yves Mathieu, anticolonialiste en Afrique Noire puis avocat du FLN. À l’indépendance de l’Algérie, il rédige les Décrets de Mars sur les biens vacants et l’autogestion, promulgués en 1963 par Ahmed Ben Bella. La vie d’Yves Mathieu est rythmée par ses engagements dans une Algérie qu’on appelait alors « Le Phare du Tiers Monde ». La réalisatrice, qui est sa fille, revient sur les conditions de son décès en 1966.

    C'est un film passionnant, un document rare et précieux sur une période pas vraiment connue de notre histoire récente, saisie dans sa dimension personnelle, locale et néanmoins universelle. À travers le destin d'un homme engagé, ce sont les destins des peuples qui se dessinent, se confrontent, et interrogent notre propre actualité.
    Viviane Candas part ici à la recherche de ceux qui étaient les compagnons de son père, tué un matin de 1966 sur une route d'Algérie par un camion militaire, et réussit au fil de ce parcours personnel à nous questionner sur des sujets aussi forts que la pureté en politique, les difficultés à ancrer une belle idée révolutionnaire dans la durée alors que, l'individualisme des uns, la soif de pouvoir des autres, la bureaucratie et l'immaturité politique du plus grand nombre la menacent autant que les interférences des pays « partenaires ». Ici, le récit factuel ne se dissocie jamais de ce qu'il y a de plus fondamental : le sens des choses, le sens de l'engagement, la difficulté d'agir dans un contexte où s'exercent des forces contradictoires. Pour autant qu'il y ait un lien affectif profond, en suivant les fils de vie qui la relie à l'histoire de son père, jamais Viviane Candas ne cède à la facilité et tisse un portrait intense et superbe, à la hauteur d'un homme exceptionnel et modeste, porté par un idéal immense et dont les valeurs survivent malgré le temps et sa disparition précoce.

    Yves Mathieu est né en Algérie. Avocat, militant anticolonialiste, engagé très tôt dans les réseaux de la résistance française, il devient un des avocats du FLN et continue après l'indépendance à travailler avec acharnement pour donner autonomie et force à cette Algérie qui lui est chevillée à l'âme. Son épouse aussi est avocate et ils participent ensemble à l'alphabétisation des populations, au reboisement des zones brûlées au napalm par l'armée française, à la mise en place d'un système de santé… Il est un des acteurs du projet d'autogestion des domaines agricoles, rédigeant les décrets de Mars 1963 sur les biens vacants, il participe aux comités de gestion qui dessinent les contours de la démarche révolutionnaire qu'engage Ben Bella dès 1963… L'Algérie devient alors « le phare du tiers-monde », le point de convergence de tous ceux qui luttent un peu partout dans le monde pour construire des sociétés plus justes… Che Guevara y tiendra son dernier discours public (en français).
    Puis Houari Boumédiène, à la suite d'un coup d'état, prendra le pouvoir et Ben Bella sera mis en résidence surveillée… La lumière n'a jamais été faite sur les conditions de l'accident qui a coûté la vie à Yves Mathieu ce matin là. Il se savait surveillé et les réactions de certains proches du pouvoir d'alors laissent entendre qu'ils s'attendaient à une issue de ce genre.

    Viviane Candas, en sus d'être la fille d'Yves Mathieu, est comédienne, scénariste, romancière, réalisatrice (Suzanne, qu'on avait beaucoup aimé il y a déjà dix ans). Son film est riche de rencontres exceptionnelles, d'informations multiples. Au-delà du portrait d'un homme, elle dessine celui d'un pays à un moment précis, donne à méditer sur son évolution, sur le rôle que la France a pu y jouer… « Pour que la jeunesse élargisse le champ des possibles et n'aie pas peur de faire de grandes expériences, il faut que la mémoire des expériences précédentes lui soit transmise. Elle trouvera comment s'en servir. » Viviane Candas


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  • Un film égyptien, touffu, improbable et bordélique. Mais assez intéressant.

    scénario: 14/20       technique: 16/20      acteurs: 16/20     note finale: 14/20

    Le ruisseau, le pré vert et le doux ruisseau

    Yehia est chef cuisinier. Avec son fils Refaat, passionné de recettes et de saveurs, et son cadet Galal, coureur de jupons, ils préparent des banquets pour des cérémonies de fête. 
    Lors d’un mariage paysan orchestré par Yehia et ses fils, au cours duquel se dévoileront des amours secrètes, un homme d'affaires de la région et sa riche épouse proposent de racheter leur commerce. ‎Devant le refus de Yehia, la proposition tourne à la menace...

    « L’air du temps est sinistre. Je vois autour de moi une agressivité, une violence terribles, dans la vie comme au cinéma. Je comprends qu’il faille secouer les gens, les pousser à se réveiller et à agir. Mais alors qu’on subit cette avalanche de mauvaises nouvelles permanentes, de gens qui nous répètent que les temps sont durs, comme si on ne le savait pas, j’ai pensé que c’était le moment de faire un film pour dire ce que j’aime dans la vie. En l’occurrence, des choses de base, celles-là mêmes qui ont poussé les Égyptiens à sortir dans la rue en Janvier 2011 : le pain, la dignité et la liberté. Le film part de cet élan-là, comme quand, en pleine épidémie de peste, circulaient les histoires du Décameron. Il y a des moments où les gens doivent se raconter des histoires pour se souvenir de la vie, et résister à la mort. » Yousry Nasrallah

    Le précédent film de Yousry Nasrallah, Après la bataille (2012), était une fiction presque improvisée dans l'Égypte au lendemain de la chute de Moubarak, avec histoire d'amour sur fond de manifestations sanglantes.
    Le cinéaste change de ton avec ce nouvel opus au titre sybillin, qui évoque les trois éléments définissant le paradis dans la poésie arabe. Paradis perdu, puisque le pays s'enfonce chaque jour un peu plus dans la sinistrose. Du coup, Nasrallah a eu envie de ressusciter l'opulence des fêtes populaires d'avant la crise économique : on entre dans les préparatifs d'un grand mariage derrière une famille de cuisiniers qui s'affairent entre les tables dressées en plein air et les abris où ils sont installés.
    Plus de la moitié du film n'est qu'un tourbillon de personnages sur fond de couleurs éclatantes, clin d'œil évident aux productions de Bollywood. Femmes en tenues extravagantes, hommes en habit, serveurs circulant dans une effervescence constante. Dire que l'on suit parfaitement le méli-mélo des intrigues amoureuses (entre les fils du cuisinier, une cousine, une nièce et un ex grand amour) serait exagéré… mais qu'importe ! Ce qui compte, c'est la célébration de la vie, que Nasrallah a voulue « renoirienne », voire paillarde (avec danses sensuelles, couplets coquins chantés, qui plus est, par des femmes).
    Vers la fin, la gravité pointe, un crime est commis. En témoin engagé depuis toujours, Nasrallah tient à évoquer la violence de l'Égypte actuelle, dénoncer les crimes commis par un magouilleur corrompu, valet du pouvoir…
    Un film touffu, épuisant par moments, mais un hymne courageux et généreux au plaisir, à la liberté et au droit à la dignité.


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  • Si comme moi, vous vous attendez à voir un film sur Saint François d'Assise, ce film n'est pas pour vous. C'est un film un peu bizarre, qui tourne à vide et au scénario incertain. C'est magnifiquement filmé, les images sont sublimes mais on aurait aimé un peu plus de profondeur.

    scénario: 12/20     technique: 18/20    acteurs: 16/20   note finale: 14/20

    L'ami, François d'Assise et ses frères

    À l’aube du XIIIème siècle en Italie, la vie simple et fraternelle de François d’Assise auprès des plus démunis fascine et dérange la puissante Église. Entouré de ses frères, porté par une foi intense, il lutte pour faire reconnaître sa vision d’un monde de paix et d’égalité.

    Une première approche superficielle du film pourrait déclencher des réactions décontenancées, voire déçues : où est le François que nous connaissons ? Car il ne faut pas venir voir L’Ami, François d’Assise et ses frères dans l’idée d’y trouver une nouvelle Vie du Poverello.
    Nous découvrons d’abord une Fraternité partageant étroitement la vie des plus démunis. Une Fraternité qui puise dans la prière son unité et son amour du Christ pauvre. Au cœur de cette Fraternité, François est comme brûlé par le feu de l’Évangile. Vivre l’Évangile, la mettre en pratique de manière radicale au milieu des plus petits, des parias de notre société, voilà sa vie et sa Règle. François qui se fait saltimbanque, héraut de l’Évangile, au risque de rencontrer incompréhension et hostilité.

    Mais le cœur de l’intrigue est ailleurs. Le film choisit de mettre en lumière la relation entre deux hommes : François et Élie. Élie de Cortone, un de ses premiers disciples, est profondément attaché à François. Il veut l’aider à « réussir » son utopie fraternelle ; mais pour cela, il pense qu'il faut un minimum d’organisation afin de gagner en « efficacité », afin d'institutionnaliser ce style de vie. Elie veut le bien de François, même contre son propre gré. Il veut assurer le succès de l’ordre et du coup ne pas refuser, a priori, le rapport avec les hiérarchies ecclésiastiques, les compromis, les arrangements. Alors que François ne pense pas à l'après, Elie est habité par l'idée que les Franciscains doivent durer dans le temps.

    Pourquoi cette ambition à première vue généreuse se heurte-t-elle au refus de François et à l’incompréhension des frères ? Qu’est-ce qu’Elie n’a donc pas compris de l’idéal évangélique de François ? De ces visions opposées naît un affrontement qui impliquera aussi leurs camarades. Le film laisse au spectateur le choix de sa propre position, en suggérant l’intemporalité d’un tel dilemme, par ailleurs plus que jamais d’actualité.

    (Frère Nicolas Morin, ordre des Franciscains – Chiara Frugoni, historienne)


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  • Mais comment fait-il? Comment fait Clint Eastwood pour nous réjouir à chacun de ses films? Quoiqu'il filme, quelque soit le sujet traité, il réussit à nous intéresser. Le scénario, les acteurs et la technique sont formidables. et pourtant le sujet de base ne l'était pas a priori...

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20       technique: 17/20      note finale: 17/20

    Sully

    L’histoire vraie du pilote d’US Airways qui sauva ses passagers en amerrissant sur l’Hudson en 2009. 
    Le 15 janvier 2009, le monde a assisté au "miracle sur l'Hudson" accompli par le commandant "Sully" Sullenberger : en effet, celui-ci a réussi à poser son appareil sur les eaux glacées du fleuve Hudson, sauvant ainsi la vie des 155 passagers à bord. Cependant, alors que Sully était salué par l'opinion publique et les médias pour son exploit inédit dans l'histoire de l'aviation, une enquête a été ouverte, menaçant de détruire sa réputation et sa carrière.

    Clint Eastwood est une énigme. Logiquement, considérant ses déclarations largement relayées par les médias au moment des élections américaines, son soutien régulièrement ré-affirmé au candidat puis au sinistre Président Trump, sa propension à militer pour la défense d'un pur patriotisme va-t-en guerre qui ferait passer le défunt Charlton Heston pour un apôtre de la non-violence façon Ghandi, nous devrions avoir au minimum quelques réticences sinon des difficultés à rentrer dans ses films – sensés, d'une façon ou d'une autre, illustrer un certaine vision du monde. Et, on ne va pas se mentir, ces dernières années, ça a parfois été le cas. Autant dire qu'on n'attendait pas grand chose de ce Sully qui, sur le papier, portait en germe, justement, tous les ingrédients de la fable édifiante propre à célébrer l'Amérique éternelle, l'Américain béni de(s) dieu(x), l'héroïsme individuel, tout ça… et patatras ! En plus d'avoir réalisé un film vertigineux et captivant, un magnifique huis-clos désabusé déguisé en film-catastrophe, on voit Eastwood détricoter consciencieusement le mythe à mesure que la machine médiatique le construit. Revenir au simple, au concret, au palpable.


    Qui se souvient du « miracle de l’Hudson » ? De ce côté de l’Atlantique, pas grand monde. Pourtant aux États-Unis en 2009, quand un A320 de l’US Airways réussit un amerrissage en catastrophe sur le fleuve Hudson, l’exploit des pilotes prend rapidement une dimension psychologique inattendue sur un peuple encore traumatisé par les attentats du 11 Septembre et se remettant à peine du choc de la crise financière de 2008.
    Qui se souvient de Chesley Sullenberger dit Sully, le commandant de bord de l’avion qui, en trois minutes et une poignée de secondes, a décidé de la vie de cent cinquante quatre personnes en prenant la décision de se poser sur le fleuve plutôt que de faire demi-tour pour atterrir sur les pistes de l'aéroport de La Guardia tout proche ? Sully immédiatement porté aux nues et élevé au rang de héros de la nation par l'opinion publique et les médias ? Pas grand monde. Ce que l’on sait encore moins, c’est que les autorités aéronautiques – et surtout les assurances des compagnies aériennes, peu enclines à payer – ont auditionné à charge les deux pilotes, remettant en cause leurs décisions et menaçant ainsi leur carrière et leur réputation. Ce que l'on reproche à Sully, c'est de ne pas avoir suivi la procédure et d'avoir perdu un avion. D'après les conclusions des simulateurs de vols, il aurait dû se poser sur une des nombreuses pistes des aéroports voisins et ainsi ne pas mettre en danger la vie de ses passagers ni celle des habitants de Manhattan. Mais les simulateurs calculent a posteriori, et ne sont pas dans l'obligation de faire des choix dans l'urgence… Et ce qui entre en jeu dans ce récit, c'est aussi les rapports de plus en plus déshumanisés qui régissent la vie de nombre d'entreprises. C'est la place faite aux machines, aux ordinateurs au détriment de celle de l'humain.

    C’est cette histoire sans le moindre suspense mais avec un tension dramatique qui vous scotche littéralement à votre fauteuil pendant une petite heure et demie qui passe comme dans un rêve, que ce satané Clint Eastwood se propose de nous raconter. Avec une habileté consommée, il mêle les codes du film catastrophe (où rarement l'angoisse des passagers au moment de l'accident aura été montrée avec autant de pudeur et d'efficacité) et le portrait intime d'un homme ordinaire, devenu héros d'une Amérique en mal de figure positive. Qui mieux que Tom Hanks pour incarner cet homme intègre et droit ? Il confère à ce personnage en proie aux doutes la fragilité aussi bien que la force de caractère qui siéent à un pilote de ligne en fin de carrière. Sully, le film, a une classe imparable et une générosité qui mettent à bas – et c'est tant mieux – l'image qu'on se faisait cet été d'un Clint Eastwood de plus en plus réac en vieillissant. Chic !


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  •  Un joli dessin animé mais pas à partir de trois comme indiqué dans les pubs. Les petits sont trop sensibles pour ce dessin animé. A partir de 7 ans. Pas avant.

    scénario: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Ballerina

    Félicie est une jeune orpheline bretonne qui n’a qu’une passion : la danse. Avec son meilleur ami Victor qui aimerait devenir un grand inventeur, ils mettent au point un plan rocambolesque pour s’échapper de l’orphelinat, direction Paris, ville lumière et sa Tour Eiffel en construction ! Félicie devra se battre comme jamais, se dépasser et apprendre de ses erreurs pour réaliser son rêve le plus fou : devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris…


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  • Un très beau documentaire sur Jerôme Bosch et son célèbre tableau "le jardin des délices" en particulier. Très réussi et passionnant.

    scénario: 16/20     technique: 16/20      note finale: 16/20

    Le mystère Jerôme Bosch

    500 ans après sa disparition, Jérôme Bosch, l’un des plus grands peintres flamands, continue à intriguer avec une œuvre aussi fascinante qu’énigmatique, aux interprétations multiples. À travers « Le Jardin des Délices », historiens de l’art, philosophes, psychanalystes en cherchent le sens et rendent un hommage vibrant à un artiste qui défie le temps.

    Savez-vous quel est le point commun entre Deep Purple, le groupe précurseur du heavy metal, et Michael Jackson, le King de la Pop ? La réponse, pour le moins étonnante, est : Jérôme Bosch et plus précisément son célébrissime Le Jardin des Délices. Fascinés par le peintre flamand, les uns et l'autre ont utilisé un détail de ce tableau mythique pour illustrer une de leurs pochettes, celle de l'album éponyme Deep Purple de 1969 et, pour le roi du moon walk, celle de son album Dangerous, en 1991…
    C'était une amusante petite anecdote pour montrer à quel point ce peintre et tout spécialement son Jardin des Délices, exposé depuis 1936 au Musée madrilène du Prado, ont marqué des générations d'artistes de tout poil, autres peintres comme Dali et plus largement les surréalistes, mais aussi artistes de BD, philosophes et évidemment historiens d'art. Le documentariste José Luis López-Linares, qui connait chacun des recoins du Prado, a eu tout le loisir de voir et revoir Le Jardin des Délices et de se laisser subjuguer par sa beauté vénéneuse et son vertigineux mystère. Il a ressenti l'impérieux besoin de confronter cette œuvre non seulement au regard des visiteurs – frappés parfois du célèbre syndrome de Stendhal –, mais à celui de prestigieux intervenants de tous horizons qui nous font partager leur passion pour Bosch et leur ressenti face à une œuvre dont l'interprétation prête encore, cinq siècles après sa création, à controverses.


    Car ce qui se dévoile au fil du film et des entretiens, c'est que Jérôme Bosch, né au milieu du xve siècle dans un honnête bourg du Brabant septentrional (l'actuel nord des Pays Bas, alors sous domination du duc de Bourgogne avant son annexion quelques années plus tard à l'Empire des Habsbourg) est lui-même un mystère. Ce qui surprend, c'est le contraste entre ce qu'on connaît du parcours de l'homme, très conservateur, fils d'une famille de peintres installés, membre honorable de la très pieuse confrérie Notre Dame (une assemblée de notables très catholiques, qui vouaient un culte à la Vierge) et sa folie picturale absolument singulière et même inacceptable pour son époque, au point qu'il fut boudé pendant quatre siècles avant d'être redécouvert entre autres par les surréalistes. Cette folie créatrice est peut être à son apogée dans ce Jardin des Délices tryptique probablement commandé par le prince de Nassau dont la cour était alors à Bruxelles. Un tryptique à vocation morale, avec sur le panneau gauche une évocation supposée de la Genèse et du Jardin d'Eden. Au centre une description hallucinante, à base d'innombrables micro saynètes, d'un eden voué aux excès et à la luxure. Et enfin à droite une description méticuleuse des affres de l'enfer. Face à ce tableau fourmillant de détails géniaux et grotesques – fruits géants que des personnages minuscules dévorent, animaux fantastiques symboles du péché pour la plupart, scènes orgiaques à peine déguisées, tortures que même le plus sadique des bourreaux chinois impériaux n'auraient pas imaginées – on a toujours cherché comprendre si Bosch était un moraliste rigoriste voulant montrer le pire pour inciter à la vertu, ou un génie provocateur se vouant à la description du vice avec gourmandise.

    Le film voyage au cœur d'une œuvre qui mériterait des heures de contemplation et permet de confronter les réflexions de grands noms de la littérature, de la philosophie, de l'histoire de l'art, des arts plastiques contemporains pour tenter de décrypter – peut-être en vain – un mystère qui se voulait dès le départ insoluble. Mais même si aucune réponse définitive n'est donnée, l'enquête est passionnante et excitante.


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