• L'ascension

     Un super film, plein de tendresse et d'espoir. Le scénario est formidable, les acteurs sont géniaux et c'est très bien filmé.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20     technique: 17/20   note finale: 17/20

    L'Ascension : Affiche

    « Pour toi, je pourrais gravir l’Everest !» Samy aurait mieux fait de se taire ce jour-là... D’autant que Nadia ne croit pas beaucoup à ses belles paroles. Et pourtant… Par amour pour elle, Samy quitte sa cité HLM et part gravir les mythiques 8848 mètres qui font de l’Everest le Toit du monde. Un départ qui fait vibrer ses copains, puis tout le 9-3 et c’est bientôt la France entière qui suit avec émotion les exploits de ce jeune mec ordinaire mais amoureux. A la clé, un message d’espoir : à chacun d’inventer son avenir, puisque tout est possible.

    L’Ascension est une comédie sentimentale et d’aventure comme on en passe peu, avec un ressort comique certes balisé : l’histoire d’un mec qui se trouve a priori en décalage avec le milieu où il est parachuté, un peu à l’instar de La Vache, joyeuse comédie agricole que j'avais adorée. Depuis Les Lettres persanes de Montesquieu, ça marche toujours. Et alors ? Et si les adolescents de votre entourage se pressent d’aller voir le film, c’est aussi peut être parce que c’est très chouette. Parce que L’Ascension est avant tout une formidable ode humaniste au « yes we can » version neuf trois, ou comment ceux qui sont nés du mauvais côté du périph peuvent réaliser coûte que coûte, et malgré les handicaps énormes, leurs rêves. Et c’est aussi un bel hommage à la dignité des habitants des quartiers populaires si souvent stigmatisés et dont il est montré ici l’indéfectible énergie et solidarité.

    Samy est un petit gars de la Courneuve, des 4000, une des cités les plus pointées du doigts par les rois de l’audimat à sensation. Un jeune gars éperdument amoureux depuis le lycée de Nadia, une très très jolie employée du supermarché voisin. Sauf que Nadia, fille intelligente et déterminée, n’est pas du genre à se laisser embobiner par le premier beau gosse venu : dans le coin, si les grands causeurs petits faiseurs sont légion, les gars qui assurent sont aussi faciles à trouver que le Saint Graal, un trèfle à quatre feuilles ou un CDI payé plus d’une fois et demie le SMIC. Alors un soir, Samy, un peu désespéré, balance la phrase ultime, celle qu’on regrette d’avoir dit trente secondes plus tard : « Pour toi je gravirai l’Everest ! ». Et c’est là que Samy prouve qu’il n’est pas un garçon ordinaire : loin d’avoir parlé en l’air, il va mener à bien son projet à coups de grosses tchatches et de courage incroyable. Bien qu’aussi formé pour l’alpinisme que moi pour la vie monacale, il va s’inventer quelques ascensions de sommets dont il n’a jamais vu le moindre rocher, et va convaincre une radio locale surmotivée de suivre son périple jour par jour pour financer le voyage vers le Toit du Monde… Et le voilà parti au paradis (ou l’enfer) des trekkers surentraînés. Heureusement, une fois sur place, le guide pas dupe va avoir de la bienveillance, et Samy va croiser le chemin d’un super sherpa affublé de tshirts de Johnny Hallyday…
    Tout cela serait drôle et anecdotique si ça n’était pas librement inspirée d’une histoire vraie. Samy, dans la vraie vie c’est Nadir Dendoune, un journaliste autodidacte génialement frappadingue, 100% originaire du 93, qui avait déjà entrepris le tour de l’Australie à vélo, et qui depuis a, entre autres, fait de manière totalement indépendante une incursion très risquée en Irak, qui lui a valu un petit enlèvement à l’issue heureusement favorable, et a réalisé sans aucun soutien institutionnel deux documentaires sur la Palestine. Bref un vrai Tintin. Tout ce que vous verrez dans le film est donc vrai, à l’histoire romantique près (Nadir est juste parti rejoindre un ami au Népal après son départ d’un journal francilien bien connu) et ça ne fait que renforcer l’intérêt du film.

    On retiendra, au-delà des gags désopilants qui émaillent le film toutes les cinq minutes, le rendu très touchant de la solidarité des alpinistes et des sherpas, qui fait écho à celle des gens des quartiers, familles, amis ou tout simplement simples habitants fiers de l’exploit de Samy. Et c’est cela qui nous emporte au final et nous redonne patate et espoir. Car c’est peut-être bien de ces endroits souvent pointés du doigt par les médias dominants comme des zones de non droit, des territoires perdus… bla bla bla… que se cache l’espoir de notre nation.


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