• Un très beau documentaire sur un moine birman bizarre qui prône la haine et la mort des musulmans de son pays. Intéressant et effrayant.

    scénario: 18/20          technique: 18/20    note finale: 18/20

    Le vénérable W

    En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au cœur du racisme quotidien, et observer comment l'islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population est bouddhiste, religion fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

    « La haine est certainement le plus durable des plaisirs… » (Lord Byron)

    Dans sa robe couleur safran, ce moine à l'air poupon, humblement assis face à la caméra, provoque d'emblée un élan d'empathie. D'autant qu'une religion qui ne s'embarrasse ni de dieux ni de maîtres pourrait a priori sembler constituer un bon rempart contre tous les intégristes monothéistes prêts à en découdre pour prouver que le seul bon dieu est le leur. Et si le bouddhisme, qui prône un amour sans limite envers tous les êtres, était la solution aux désordres du monde, du moins de ceux du Myanmar (ou Birmanie) ? On se laisse bercer par les paroles apaisantes qu'Ashin Wirathu prononce, son calme charismatique… On écoute sans déplaisir le récit vite brossé de son enfance, son arrivée dans un premier monastère… On verrait presque en lui une victime, un opprimé, devenu un cador de la méditation grâce à neuf ans dans les geôles de la junte militaire. Presque un héros non violent façon Gandhi en quelque sorte… À l'écouter… Puis une petite phrase dérape… Quelques mots mis bout-à-bout qui véhiculent une idéologie si diamétralement opposée aux mantras bienveillants qu'on se pincerait presque en se demandant si on a bien entendu. D'ailleurs le discours repart de plus belle sur les bienfaits de la bonté, de la compassion… C'est alors que notre bon bonze revient à la charge en accusant les Musulmans de « s'entredévorer comme des poissons ».


    Ces dangereux adorateurs d'Allah seraient également devenus aussi véloces que des lapins dans l'art de se reproduire. C'est « la stratégie du sexe » : violer et engrosser autant de femmes que possible pour multiplier leur sale engeance. Une manière imparable de conquérir le monde ! Dans la bouche d'un individu lambda ce serait juste détestable, grotesque… Dans la bouche de ce religieux révéré, ça glace les sangs ! Plus nul doute ne plane : nous voilà plongés dans la fange du racisme ordinaire. L'ennemi à abattre est désormais clairement désigné par Wirathu : c'est la part musulmane du peuple birman (4%), dont la petite minorité des Rohingyas venus jadis du Bengladesh… Méthodiquement, systématiquement, l'inénarrable bien plus que vénérable W. jalonne ses sermons d'invectives venimeuses qui insidieusement s'infiltrent dans les veines d'une société encore convalescente après tant d'années de dictature. Ainsi attise-t-il les braises d'une colère larvée, qui ne demande qu'à s'embraser au moindre incident. Et c'est ce qui ne tardera pas à se produire, comme on le sait… D'autant que Wirathu a créé autour de lui une organisation qui vise à être aussi performante que « la CIA, le Mossad »… Viennent alors les questionnements sur ceux qui avancent à couvert derrière ces illuminés… La place des autorités dans tout cela, celle du prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi, celle des contrées occidentales ? À qui profitent ces crimes ?

    C'est un film extrêmement dérangeant, faussement neutre. Barbet Schroeder nous dispense de discours moralisateurs qui enfonceraient des portes ouvertes. Grâce à un montage méthodique, sans effet superfétatoire, où sont savamment agencées les interviews actuelles, les images d'archives, les vidéos d'amateurs, il anéantit nos repères, nous amène à analyser. Inutile de se fier à nos premières impressions, à nos sentiments qui nous tromperont plus d'une fois au fur et à mesure que le récit avance. C'est une spirale vertigineuse qui nous engloutit, presque physiquement. Fascinés, paralysés comme autant de petites souris apeurées devant l'énorme serpent. On a beau essayer de décortiquer l'incompréhensible, peut-être ne le comprendra-t-on jamais. Après tout l'inhumanité est aussi une composante de l'humanité.
    Le Vénérable W. vient achever brillamment ce que Barbet Schroeder appelle sa « Trilogie du mal » : le premier volet était en 1974 Général Idi Amin Dada : Autoportrait, le deuxième L’Avocat de la terreur, sur Jacques Vergès, en 2007.


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  •  Un très beau film sur l'assassinat d'Heydrich, même si on peut regretter certaines scènes inutiles.

    scénario: 15/20      technique: 16/20      acteurs: 17/20    note finale: 16/20

    HHHH

    L’ascension fulgurante de Reinhard Heydrich, militaire déchu, entraîné vers l’idéologie nazie par sa femme Lina. Bras droit d’Himmler et chef de la Gestapo, Heydrich devient l’un des hommes les plus dangereux du régime. Hitler le nomme à Prague pour prendre le commandement de la Bohême-Moravie et lui confie le soin d’imaginer un plan d’extermination définitif. Il est l’architecte de la Solution Finale.

    Face à lui, deux jeunes soldats, Jan Kubis et Jozef Gabcik. L’un est tchèque, l’autre slovaque. Tous deux se sont engagés aux côtés de la Résistance, pour libérer leur pays de l’occupation allemande. Ils ont suivi un entraînement à Londres et se sont portés volontaires pour accomplir l’une des missions secrètes les plus importantes, et l’une des plus risquées aussi : éliminer Heydrich.

    Au cours de l’infiltration, Jan rencontre Anna Novak, tentant d’endiguer les sentiments qui montent en lui. Car les résistants le savent tous : leur cause passe avant leur vie. Le 27 mai 1942, les destins d’Heydrich, Jan et Jozef basculent, renversant le cours de l’Histoire.


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  • Réussi. Le film est long mais on ne voit pas le temps passer. Le scénario est réussi, les acteurs sont bons et c'est bien filmé.

    scénario: 16/20       technique: 16/20    acteurs: 16/20    note finale: 16/20

    Wonder woman

    C'était avant qu'elle ne devienne Wonder Woman, à l'époque où elle était encore Diana, princesse des Amazones et combattante invincible. Un jour, un pilote américain s'écrase sur l'île paradisiaque où elle vit, à l'abri des fracas du monde. Lorsqu'il lui raconte qu'une guerre terrible fait rage à l'autre bout de la planète, Diana quitte son havre de paix, convaincue qu'elle doit enrayer la menace. En s'alliant aux hommes dans un combat destiné à mettre fin à la guerre, Diana découvrira toute l'étendue de ses pouvoirs… et son véritable destin.


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  • Un joli film chorale réussi. Les dialogues sont plein d'humour. Les acteurs s'amusent autant que nous.

    scénario: 16/20    technique: 16/20   acteurs:16/20    note finale: 16/20

    Les ex

    Si Paris est la ville des amoureux, elle est aussi celle… des ex ! Antoine n’ose plus s’engager, Didier regrette son ex-femme, le père Laurent doit célébrer le mariage de son ex, Julie, Serge est harcelé par Lise, l’ex de sa petite amie du moment, tandis que Greg se console avec le chien… de son ex ! Autant de personnages dont les vies vont se télescoper dans un joyeux désordre et qui pourraient bien retomber amoureux ! Mais de qui ? Qu’ils nous obsèdent ou que l’on adore les détester, au fond, il est difficile d’oublier ses ex !


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  •  Sa vie était ennuyeuse et le film est ennuyeux: de ce point de vue, le film est une totale réussite. Le spectateur s'ennuie ferme aussi. Il aurait tout de même fallu dynamiser un peu tout cela. Je sais bien que la vie des femmes de l'époque était ennuyeuse, mais tout de même.

    scénario: 5/20             acteurs: 16/20        technique: 16/20  note finale: 5/20 (trop ennuyeux)

    Emily Dickinson, a quiet passion

    Nouvelle-Angleterre, XIXème siècle. Dans son pensionnat de jeunes filles de bonne famille, la jeune Emily Dickinson ne cesse de se rebeller contre les discours évangéliques qui y sont professés. Son père se voit contraint de la ramener au domicile familial, pour le plus grand bonheur de sa soeur Vinnie et de son frère Austin. Passionnée de poésie, Emily écrit nuit et jour dans l’espoir d’être publiée.
    Les années passent, Emily poursuit sa recherche de la quintessence poétique. La rencontre avec une jeune mondaine indépendante et réfractaire aux conventions sociales ravive sa rébellion. Dès lors, elle n’hésite plus à s’opposer à quiconque voudrait lui dicter sa conduite.
    Personnage mystérieux devenu mythique, Emily Dickinson est considérée comme l’un des plus grands poètes américains. Il est des films, trop rares, qui vous retournent l'âme dès le premier plan et ne vous la rendent que lorsque la lumière se rallume, vous laissant hébété, avec l'impression d'avoir vécu une expérience artistique bouleversante. Emily Dickinson, a quiet passion est de ceux-là. Il est des portraits filmés d'artistes qui parviennent à approcher, à travers leur réalisation même, le génie de l'auteur évoqué. Emily Dickinson, a quiet passion est de ceux-là. Tout le monde ne sera pas d'accord, mais j'assume !

    Revenons à cette première séquence qui fait tout décoller : un pensionnat de jeunes filles dans la Nouvelle Angleterre puritaine du milieu du xixe siècle. C'est sans doute la fin de l'année, à l'heure des choix, et la directrice demande solennellement aux jeunes filles de réaffirmer leur foi. Toutes les pensionnaires s'exécutent, sauf une : elle proclame son droit de ne pas savoir, de douter. Un face-à-face s'engage qui se conclut par : « Mademoiselle Dickinson vous serez seule dans votre rébellion ! » Cette scène résume le destin de celle qui sera reconnue – seulement à titre posthume – comme une des plus grandes poétesses américaines. Emily Dickinson restera jusqu'au bout un esprit libre, refusant de se conformer aux injonctions de la religiosité ambiante, pleinement consciente de la condition sociale inférieure qui lui est faite en tant que femme. Mais elle passera le plus clair de sa vie au près de sa famille et gardera sa révolte pour elle, sans la transmettre au monde si ce n'est par ses poèmes. De là la réputation un peu absurde qui lui fut accolée de poétesse dépressive, voire dérangée – étiquette régulièrement collée au front des grandes artistes femmes. Elle vivra de plus en plus recluse, ne s'adressant même aux étrangers, à la fin de sa vie, qu'à travers l’entrebâillement des portes.
    Terence Davies restitue à Emily Dickinson toute sa complexité et fait même d'elle, du moins dans la première partie de sa vie, un être doté d'un humour redoutable, capable avec sa sœur et meilleure amie, suffragette particulièrement impertinente et cynique, de balancer des vannes vachardes et autres répliques assassines. Donc, aussi étonnant que cela puisse paraître, le film de Terence Davies est aussi un film drôle, aux dialogues délicieusement ciselés et incisifs, par exemple quand les deux sœurs remettent à leur place leur tante idiote et bigote.

    Le grand talent du réalisateur britannique est d'avoir réussi à intégrer à son récit les poèmes d'Emily Dickinson, faisant du film lui-même une œuvre poétique. Dès sa jeunesse, à peine le séminaire abandonné, Emily se levait chaque nuit pour écrire, avec l'espoir secret d'être un jour publiée. Ses interrogations bouleversantes, de plus en plus graves alors que l'âge avance, alors que la vie se fait cruelle, que ses proches disparaissent ou s'éloignent, rythment le récit. Et la mise en scène superbe de précision traduit bien le monde qui s'assombrit autour de la poétesse, avec cette scène inoubliable où l'on voit vieillir les protagonistes, ou ces inserts pour évoquer la guerre de Sécession, grande rupture dans la vie d'Emily Dickinson.
    À travers les couleurs, la lumière, la musique, le film suit les états d'âme et de création de l'artiste : lumière douce pour toute la première partie, la jeune femme semble être un modèle de Vermeer ; couleurs sombres pour la fin du film, contrastant avec les robes blanches que l'héroïne choisit de porter à la mort de sa mère…

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  •  Un thriller réussi avec plein de rebondissements mais à quoi bon? Un film inutile, qui ne sert à rien

    scénario: 16/20     acteurs: 16/20     technique: 16/20   note finale: 16/20

    Conspiracy

    Ex-interrogatrice de la CIA, Alice Racine est rappelée par son ancien directeur, Bob Hunter, pour déjouer une attaque imminente sur Londres. Face à un adversaire brutal et tentaculaire, Alice reçoit l’aide providentielle de son ancien mentor, Eric Lasch et d’un membre des forces spéciales, Jack Alcott. Mais elle réalise rapidement que l’agence a été infiltrée. Trahie et manipulée, elle va devoir inventer de nouvelles règles pour faire face à cette conspiration.


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  • J'aime le cinéma quand on apprend quelque chose, quand le scénario est intéressant et que c'est bien filmé. C'est exactement le cas de ce film. L'histoire de Lou Andréas Salomé est passionnante et la réalisatrice parvient à nous faire entrer dans son univers.

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20     technique: 17/20    note finale: 17/20

    Lou Andreas Salomé

    Lou Andreas-Salomé, égérie intellectuelle, romancière et psychanalyste, décide d’écrire ses mémoires…
    Elle retrace sa jeunesse parmi la communauté allemande de Saint-Pétersbourg, marquée par le vœu de poursuivre une vie intellectuelle et la certitude que le sexe, donc le mariage, place les femmes dans un rôle subordonné. Elle évoque ses relations mouvementées avec Nietzsche et Freud et la passion qui l’a unie à Rilke. Tous ses souvenirs révèlent une vie marquée par le conflit entre autonomie et intimité, et le désir de vivre sa liberté au lieu de seulement la prêcher comme ses confrères…

    « Je ne puis vivre selon un idéal, mais je puis vivre certainement ma propre vie. En agissant ainsi, je ne représente aucun principe mais […] quelque chose qui est tout chaud de vie et plein d’allégresse. » Une bouffée de liberté traverse l’écran, une présence magnifique habite le film, un esprit vif argent, une vie captivante. Force et beauté. Et une liberté pure, brute, que Lou von Salomé taille comme un diamant tout au long de sa vie avec comme seuls outils une intelligence prodigieuse, au service d’une soif insatiable de connaissance, et une énergie digne de l’ensemble des volcans japonais. Une séquence marquante du film nous plonge dans le regard de l’actrice incarnant Lou au moment où, alpaguée par le nazisme montant, cloîtrée dans sa demeure, elle décide d’écrire, avec l'appui d'un jeune éditeur, ses mémoires. On voit valser dans ses yeux la vitalité, l’énergie sereine d’une vie qui a été portée avec conviction, joie et liberté.
     
    Projet de longue date de Cordula Kablitz-Post, ce premier film entend mieux cerner cette femme que l’on connaît souvent uniquement à travers les hommes dont elle a croisé le chemin. Lou von Salomé est allemande d'origine russe, née en 1861 à Saint-Petersbourg, benjamine et seule fille d’une fratrie de 6 enfants. Elle étudie la théologie et la philosophie, parle plusieurs langues, devient essayiste, romancière, psychanalyste… Le film restitue cet étonnant parcours entre classicisme et stylisation – les transitions de la vie de Lou se figent sur fond de cartes postales – pour traduire au mieux à l'écran cette personnalité foisonnante, complexe, influente, souvent conflictuelle.

    On a rarement vu une vie jalonnée de relations aussi riches. Lou fut la partenaire intellectuelle, d'égale à égal, de Nietzsche, Rilke, Freud ! Mais aussi de l'orientaliste Friedrich Carl Andreas (de quinze ans son aîné, dont elle accepta de devenir l'épouse à la seule condition que ce mariage ne soit pas consommé…), de Rée, Wedekind, Schnitzler, Hofmannsthal…

    Tous ces hommes brillants, elle les a inspirés, envoûtés, éveillés et rendus à euxmêmes. L’œuvre qu’elle laisse fait le récit de ces relations (Journal, Mémoires, récits, nouvelles, articles de presse, « Lettre ouverte à Freud », contributions à la psychanalyse naissante, un essai sur Nietzsche). Elle avait des amis partout dans le monde, grande voyageuse, randonneuse acharnée malgré sa santé chancelante. Âme forte à la gaieté étonnante. On imagine cette défricheuse d'idées discuter philosophie dix heures par jour avec Nietzsche. Arpenter la poésie de Rilke, qui fut son amant. On la suit, lisant ses œuvres dans les salons littéraires, portée par une activité intellectuelle frénétique. Introduite dans le cercle d’intellectuels brillants, d’artistes et d’écrivains tenu par Malwida von Meysenbug, une des organisatrices du mouvement féministe.

    Cette intelligence dangereuse (comme Freud la qualifia) est pourtant fort peu connue hors du milieu psychanalytique. Ce film nous donne l’occasion d’approcher la vie et les idées d’une femme extrêmement en avance sur son temps. Une femme qui rompt avec le mythe de la femme muse inspiratrice, qui conquiert une autonomie et une indépendance totales, une émancipation de la domination masculine autant sur le plan sexuel que psychologique. « Le monde ne te fera pas de cadeau. Crois-moi. Si tu veux avoir une vie, vole-la. »


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  •  Encore un film réussi sur trois jeunes arabes qui vivent en Israël et qui essaient de trouver leur voie en amour.

    scénario: 17/20     technique: 17/20     acteurs: 17/20    note finale: 17/20

    Je danserai si je veux

    Layla, Salma et Nour, 3 jeunes femmes palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin du carcan de leurs villes d'origine et à l'abri des regards réprobateurs. Mais le chemin vers la liberté est jalonné d'épreuves…

    C’est un trio improbable, né de l’urgence sociale, bricolé d’abord par la nécessité et puis auquel viennent s’ajouter la tendresse, l’amitié, la fraternité, la solidarité. Trois jeunes nanas aux histoires et aux parcours différents, aux aspirations diamétralement opposées, aux origines sociales ou religieuses éloignées, mais réunies par un désir vital de liberté.
    Laila et Salma, deux jeunes Palestiniennes, partagent un appartement à Tel Aviv, loin de leur village natal et de ses carcans. Elles sont jeunes, elles sont libres et profitent des plaisirs nocturnes de la ville sans tabou ni entrave, symbole percutant et joyeux de cette jeunesse polyglotte, ouverte et désireuse de changer la société. C’est la jeunesse des printemps arabes, qui prône les échanges, le partage, l’ouverture, la jouissance et plus important encore : la liberté.

    Suite au mariage d’une troisième colocataire, Nour, étudiante en informatique, débarque un matin dans l’appartement pour occuper la place vacante. Discrète et studieuse, pudique et voilée, Nour ne souhaite qu’une chose : pouvoir étudier en toute tranquillité et recevoir de temps en temps, en toute chasteté, son fiancé. Nour va bientôt se marier mais pour l’heure, elle est surtout concentrée sur ses examens. Chacune vit sa vie sans porter de jugement sur celle des autres, elles se croisent parfois, au petit matin, autour d’un café, parfois elles se parlent et parfois pas, elles ont appris à respecter leurs choix, leurs rythmes de vie autant que leurs envies.
    Laila est sans doute la plus libre. Elle est avocate et traite aussi bien ses affaires en arabe qu'en hébreu, elle fait exactement ce qu’elle veut, s’habille comme bon lui semble en maitrisant d’une poigne de velours sa destinée. Elle est belle, sexy, sensuelle, insoumise, volontaire, rebelle et si elle aime, c’est selon ses règles. Salma est DJ amateur et vivote de petits boulots en petits boulots : cuistot, barmaid, elle a trouvé à Tel Aviv le bouillonnement culturel et musical qui correspond à sa curiosité, à ses élans. Mais quand elle retourne dans son village, elle redevient la petite fille bien docile qu’elle était, écoutant sans broncher le discours de ses parents qui veulent la marier très vite et n’ont de cesse de lui présenter des garçons bien sous tous rapports. Mais les apparences sont souvent trompeuses…
    Nour quant à elle se pose bien des questions. Ses études sont un moyen pour elle de s’affranchir du système patriarcal dans lequel elle a toujours évolué mais elle pressent bien que son futur mari préfèrerait la voir derrières ses fourneaux plutôt que dans un bureau. Si elle pouvait être docile, aimante et silencieuse, ce serait la femme idéale… Mais la femme idéale, c’est peut-être celle qui a décidé de danser, ou pas. Suite à une rencontre, un événement qui sera peut-être doux comme un baiser ou violent comme une claque, elles vont chacune être rattrapée par la terrible réalité d’une société pleine de conservatismes et de tabous.

    C’est cette société que Maysaloun Hamoud tente de secouer et de faire évoluer à travers ce film lumineux, éminemment féministe et engagé. Membre de « Palestinema », un groupe de jeunes cinéastes dont le but est de faire connaître la culture arabe dans une société où elle est très minoritaire, son engagement artistique n’est pas sans rappeler celui de Ronit Elkabetz, voir même de Nabil Ayouch dont les héroïnes de Much Loved pourraient être les cousines de cœur de Laila, Selma et Nour. Et pour ne rien gâcher, la bande son, issue de la scène underground palestinienne, est particulièrement soignée… et vous donne une furieuse envie de bouger.


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  • Un très beau film plein d'espoir. Les acteurs ont  été très bien choisis et jouent à merveille. Une belle réussite.

    scénario: 18/20        technique: 18/20      acteurs:18/20     note finale: 18/20

    le chanteur de gaza

    Un jeune Palestinien prend son destin en main pour réaliser son plus grand rêve : chanter.

    L'histoire – bien réelle – que raconte Le Chanteur de Gaza est un de ces contes trop rares qui réchauffent le cœur des peuples en souffrance. Mohammed Assaf est un enfant de Gaza, un gamin ordinaire dans ce micro-territoire le plus densément peuplé au monde. Né en Lybie en exil (le village de ses ancêtres est un de ceux qui furent détruits par les Israéliens lors de la Nakba en 1948) mais grandi dans le camp de réfugiés de Khan Younis. Enfant heureux, de parents aimants appartenant à la classe moyenne (sa mère est professeur de mathématiques), qui gagne un peu d'argent de poche en chantant de temps en temps avec sa sœur et quelques copains, dans la rue puis dans des mariage. Et qui se débat avec son petit groupe pour trouver de quoi se payer un peu de matériel de musique. Une enfance un peu tumultueuse mais somme toute heureuse jusqu'à ce qu'un drame vienne endeuiller la famille… Toute la première partie du film décrit de manière à la fois joyeuse et réaliste le quotidien de ces enfants palestiniens qui pourraient être les alter ego d'un Antoine Doinel dans Les 400 Coups.

    La deuxième partie suit Mohamed désormais adulte et devenu chauffeur de taxi, qui a fait un trait sur la plupart de ses rêves d'enfant. Mais les circonstances qui dirigent la vie des hommes vont le pousser à reprendre le micro, avec la seule ambition de se produire sur des scènes locales. Mais le succès dépasse ses espérances et avec les encouragements de tous ses amis va naître un rêve fou : concourir pour l'émission « Arab Idol », l'équivalent moyen oriental de nos télé-crochets à succès « The Voice » ou « Nouvelle Star ». Autant dire que ce ne sera pas facile : tout est plus compliqué quand on est un jeune Gazaoui sans le sou. Les liaisons internet pour les présélections en visioconférence sont aléatoires et peuvent dépendre d'un groupe électrogène au fonctionnement chaotique, même quand on veut communiquer avec la Cisjordanie si proche. Se rendre en Égypte pour la sélection est une expérience longue et pleine de dangers : le passage des checkpoints, la corruption obligatoire des officiels… Et quand on arrive enfin à l'hôtel cairote qui accueille la compétition, comment réussir à faire partie des sélectionnés quand une foule de candidats potentiels fait la queue depuis des jours ?

    On suit donc Mohammed qui franchit les différentes étapes de la compétition (que les allergiques aux télés-crochets se rassurent, là n'est quand même pas le nœud du film) et ce qui est formidable, c'est l'engouement que va créer son parcours dans tout le peuple palestinien, même à Gaza où en théorie le Hamas condamne la futilité de ce genre de compétitions musicales : on verra pourtant des cadres du très sérieux mouvement islamiste se débrouiller pour ne louper aucune des émissions au cours desquelles Mohammed Assaf se produit. Car Mohammed n'est pas juste un crooner de charme, il n'hésite pas à venir sur les télés arabes chanter la résistance de son peuple et ainsi galvaniser tous les téléspectateurs autour de la cause gazaouie. Et Le Chanteur de Gaza, très chouette film palestinien pour une fois visible par tous, toutes générations confondues, s'avère un joyeux chant de résistance, hommage à la liberté, à la vitalité, à la détermination de la jeunesse palestinienne.


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  • Une comédie très réussie de Reem Kherici. On rit, on s'amuse et on passe un bon moment même si ça ne vole pas très haut.

    scénario: 17/20    technique: 17/20     acteurs: 17/20   note finale: 17/20

    Jour J

    Mathias et Alexia sont en couple depuis des années, et pour la première fois, il la trompe avec Juliette, une wedding planer... Quand Alexia découvre la carte de visite de Juliette dans la poche de Mathias, il perd ses moyens, il bafouille... Elle comprend tout de suite : Juliette est une organisatrice de mariage, il veut donc l'épouser ! Elle dit "OUI". Sans le vouloir, Mathias va se retrouver au milieu de sa "femme" et de sa "maîtresse", contraint d'organiser son mariage imprévu !


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  •  Ouai, bof. Je n'aime pas les histoires de cinglés. Donc je n'aime pas ce film qui est trop bizarre à mon goût. Un scénario alambiqué n'est que le prétexte à des scènes pornos pas vraiment justifiées. on peut s'en passer.

    scénario: 5/20   acteurs: 10/20    technique: 16/20  note finale: 7/20

    L'amant double

    Chloé, une jeune femme fragile, tombe amoureuse de son psychothérapeute, Paul. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.

    Comment se réinventer à chaque film ? Quelques mois seulement après la sortie de son précédent opus, François Ozon remet du gaz dans ses turbines à fiction, pousse le manche à fond et le curseur dans le noir foncé… Lointainement inspiré d’un obscur roman policier de Joyce Carol Oates (publié sous le pseudo de Rosamond Smith), L’Amant double décrit à sa manière les paradoxes d'Ozon, sa gémellité avec un autre lui-même, tordu et alambiqué, quand son apparence tenterait de nous vendre un premier de la classe, gendre idéal et auteur mainstream divertissant. Après l’œuvre romanesque à laquelle se prêtait un fiévreux Pierre Niney dans Frantz, voici une histoire qui invite à des lectures superposées du réel et s’amuse à nous embrumer de ses fausses pistes.
    Une jeune femme, Chloé, en proie à d’importantes poussées dépressives, débute une psychothérapie. Proie idéale d’un bon vieux transfert, elle tombe raide dingue de Paul, son psy, et s’installe bientôt avec lui. Mais, intriguée par plusieurs incohérences biographiques de son amant, elle en vient à s’interroger sur une possible double vie de celui-ci. Réalité ou fantasme ?

    Ce n’est pas tant, dans L’Amant double, les ressorts de l’intrigue qui nous accaparent que la savante horlogerie scénaristique qui va faire basculer ce thriller érotique en une fable tordue sur les pouvoirs de l’imaginaire et la transcendance dans la névrose. Orchestré comme une véritable enquête policière (mais une enquête intime où le corps serait autant l’objet du crime que son arme fatale), le film déroule son programme de révélations avec une science toute chirurgicale. Aux images rassurantes du petit couple modèle (la belle jeune fille idéaliste et le psy attentif) succèdent peu à peu les séquences enfonçant l’intrigue dans un trouble de plus en plus intense et volontiers malsain… Que veut exactement Paul ? Quel est le sens de ce passé qu’il tenterait, selon Chloé, de cacher ? Où se situe la ligne de démarcation entre le réel et le fantasme ?
    Comme toujours chez Ozon, l’image est belle et l’auteur applique ce bon vieux précepte : plus l’histoire s’enfoncera dans le malsain et l’inquiétude, plus l’esthétique générale devra être léchée et rassurante. Lignes claires, symétries harmonieuses et torsions mentales meurtrières… Et, comme souvent chez l’auteur, les références cinéphiliques deviennent vite un moteur créatif : Hitchcock pour la précision mécanique, Polanski pour le désordre domestique et Cronenberg pour tout ce qui pourrait relever du spoiling si nous allions plus loin… Disons juste que, en cette affaire, rien ne pourra nous rassurer dans ce que nous avions envisagé et que le tandem Marine Vacth/Jérémie Rénier s’amusera à nous laisser croire à ce que la bande-annonce avait tenté de nous vendre…

    Film raté qui invite l’inconscient au banquet des amours frustrées, poème tordu pointant les bases cliniques de la passion, fable sexuelle qui joue des faillites du désir et des charmes menteurs de la possession, L’Amant double est sans doute le plus ozonien des films de son auteur. Peut-être même un film sur le rapport à son œuvre et à la lecture contradictoire qui en est faite par le public, la critique et son auteur. Et il assène cette vérité aussi fascinante que dérangeante, l’une des multiples définitions du cinéma : un plaisir solitaire vécu en groupe où l’on croit regarder les plaies du héros quand ce sont ces mêmes plaies qui nous regardent…


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  • Voici un biopic très réussi avec une image, une réalisation, et des décors et costumes au top. Lindon habite son  personnage. par contre il est plus difficile de succéder à Isabelle Adjani dans le rôle de Camille Claudel. Une belle réussite malgré tout. Après c'est du Doillon, donc si vous aimez les films d'action, Rodin ne vous plaira pas.

    scénario: 18/20      technique: 19/20    acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Rodin

    À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.
    À 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

     Rodin, formidable personnage dont Lindon semble être le double, tourmenté, passionné, acharné au travail et amoureux de la glaise qui le rattache à cette terre… matériau que Rodin place avant tous les autres dans sa hiérarchie personnelle, devant le bronze, la pierre, le bois, l'or même. Une glaise qu'il pétrit, caresse, frappe, plie, bat revenant sans cesse sur son ouvrage, des mois, des années, jamais satisfait… à quel moment une œuvre a-t-elle atteint sa plénitude ?


    Paris 1880, quand commence le film, le talent Rodin commence à être remarqué et il reçoit à quarante ans sa première commande de l'État, initialement destinée au Musée des arts décoratifs : la porte de l'Enfer, inspirée par « L'Enfer » de Dante où souffrent pour l'éternité les hommes punis pour avoir cédé à leurs passions, le deuxième cercle étant réservé à ceux qui se sont laissés emporter par leurs désirs charnels, bousculés pour l'éternité par un tourbillon venteux qui semble animer cette œuvre gigantesque de 6 mètres sur 4 qu'il retouchera jusqu'à sa mort et qui ne sera fondue en bronze qu'une dizaine d'années après sa disparition.
    Rodin, le sensuel, l'infidèle, restera toute sa vie avec la même femme, Rose Beuret, rencontrée alors qu'à vingt ans elle était apprentie couturière. Elle devint son modèle, puis leur relation devint plus routinière. Grande fille terrienne à la forte présence, c'est elle qui entretenait l'atelier, préparait à manger pour tous ceux qui venaient travailler avec le Maître et les maternait tous, fidèle à cet homme impossible à combler et qui n'a jamais cessé jusqu'à son dernier souffle d'être amoureux des femmes : quand Camille Claudel vient le voir dans son atelier, elle ne veut rien d'autre que sculpter. Il a 42 ans, elle en a tout juste 19, elle est pleine de vie et sa fantaisie joyeuse, l'intensité de son regard séduisent Rodin autant que son talent. Elle sera sa muse, son apprentie, sa collaboratrice, sa maîtresse… Suivront dix ans de passion partagée, d'admiration réciproque, de complicité auxquels Camille mettra un terme.
    « Je suis venu chez vous, lui dira celui qui fut un temps son secrétaire, Rainer Maria Rilke (qu'on retrouve dans le film Lou Andreas-Salomé dans cette même gazette), pour demander comment il faut vivre. Et vous m'avez répondu : en travaillant ». Une réponse que Doillon reprend à son compte, dans un film exigeant tourné dans les lieux mêmes ou vécut Rodin : sa maison de Meudon. On imagine qu'il n'est pas anodin de se glisser ainsi dans des lieux empreints d'une telle présence : le lit qui trône dans la chambre était celui de Rodin, il mangeait assis à la table de la salle à manger et l'atelier où Lindon s'affronte à la glaise est celui où il travaillait, accueillait ses assistants, ses visiteurs… on imagine qu'il ne pouvait que se produire une forme d'identification qui se ressent à travers des images dont les couleurs ne sont jamais agressives, mais sensuelles, fortes et douces. Troublant voyage dans le temps que la vision de la silhouette de Lindon rend encore plus concret tant il semble « ancré au sol », familier de ce décor.

    Toutes les œuvres du film ne sont pas des originaux, mais des reproductions réalisées par une dizaine de sculpteurs qui restituent les étapes et mécanismes de la création avec toutes les techniques qu'utilisait Rodin : assemblage, fragmentation, agrandissement : ne pas trahir les gestes, donner à sentir l'œuvre de création en train de naître. Le musée Rodin a ouvert son immense documentation, prêté sculptures, outils ou accessoires, ajoutant à la touche poétique et humaine un petit plus d'authenticité.


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  •  La Valérie Lemercier que nous aimons est de retour!! Une comédie très réussie!

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20    technique: 17/20     note finale: 17/20

    Marie-Francine

    Trop vieille pour son mari, de trop dans son boulot, Marie-Francine doit retourner vivre chez ses parents... ... à 50 ans ! Infantilisée par eux, c'est pourtant dans la petite boutique de cigarettes électroniques qu'ils vont lui faire tenir, qu'elle va enfin rencontrer Miguel. Miguel, sans oser le lui avouer, est exactement dans la même situation qu'elle. Comment vont faire ces deux-là pour abriter leur nouvel amour sans maison, là est la question...

    Valérie Lemercier est épatante dans la peau de Marie-Francine, grande fille un peu lunaire, décalée et attachante, désespérément incapable d'avoir l'air d'avoir la maturité qui sied habituellement aux femmes de son âge. Le nez rivé à son microscope, à observer des microbes s'agiter, elle n'a pas vu filer le temps, prenant la vie comme elle venait sans compter les heures ni les ans, satisfaite de son petit bout de bonheur, sans désir d'un ailleurs…
    Mais il y a des jours où tout se met de traviole, les catastrophe s'enchaînent, tout se déglingue sans qu'on ait anticipé une seule seconde : ravie de voir son mari chéri venir la chercher au boulot, elle tombe sur ses jolies fesses quand il lui annonce qu'il prend la tangente pour une minette de 32 ans qu'elle n'avait même pas remarquée. Elle n'a pas encore séché la grosse larme qui lui brouille le microscope que, dans la foulée, son patron la vire sans ménagement !

    Notre Marie-Francine se retrouve donc, presque du jour au lendemain, en quête d'un toit et d'un nouveau job pour son cinquantième anniversaire… Une aventure que beaucoup connaissent par les temps qui courent puisqu'il est devenu banal que les grands enfants, rendus au chômage et au célibat, retournent chez leurs vieux parents… même qu'une sociologue canadienne les a baptisés « la génération boomerang » : en 2013, sur 4,5 millions de majeurs vivant chez leurs géniteurs, plus d'un million avaient vécu seuls avant de revenir aux sources pour une durée indéterminée… et le nombre ne cesse depuis de croître.
    A-t-on idée de s'appeler Marie-Francine ! On se doute qu'avec un nom pareil, elle a les parents assortis : une mère déjantée ravie de reprendre du service et de ressortir les vieilles gâteries infantilisantes comme si la puberté de fifille avait commencé hier, tandis que pépère grogne en permanence, vu que son train-train s'en trouve perturbé. Pas question d'ailleurs de changer leurs habitudes et de rendre sa chambre de jeune fille à Marie Francine, vu que maman y a pris ses quartiers, loin des ronflements d'un mari accro à la télé, pas fâchée d'une indépendance dont elle use avec ravissement… Et les deux s'accordent pour tenter de recaser au plus vite l'esseulée avec un gentil mari qui la prendrait en charge, organisant des rencontres qui énervent beaucoup Marie-Francine ramenée au rôle d'adolescente attardée.
    Faute de trouver du boulot, elle finit tout de même par accepter de prendre du service dans la boutique de cigarettes électroniques dont ses parents lui jurent que c'est un métier d'avenir. De fait c'est là qu'elle va rencontrer Miguel, un gentil type, pas crétin du tout qui, comme elle, perdant sa copine et son boulot, est retourné vivre chez ses parents, adorable couple de travailleurs portugais à la retraite. Il n'ose pas trop lui parler de ce retour obligé au bercail, pas plus qu'elle ne l'avoue… et il n'a rien du gendre idéal dont les parents de Marie-Francine rêvaient.

    C'est fendard, mais c'est aussi touchant et juste, et Valérie Lemercier réussit là un joli film dans l'air du temps, un film « à la fois personnel et populaire, Lemercier soigne les détails de sa mise en scène comme on polirait un bijou fantaisie… ». C'est le Monde qui l'écrit et on ne saurait mieux dire, on ajoutera simplement que les parents – Hélène Vincent et Philippe Laudenbach – sont formidables et drôles, et Timsit tout à fait convaincant dans un rôle de garçon qui n'a pas les caractéristique du prince charmant, mais ferait craquer la plus pimbêche des filles… avec une sorte de présence qui s'impose en douceur et en bienveillance. Quant à Valérie… on l'adore, juste, émouvante, même quand elle nous fait rire.


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