• Rodin

    Voici un biopic très réussi avec une image, une réalisation, et des décors et costumes au top. Lindon habite son  personnage. par contre il est plus difficile de succéder à Isabelle Adjani dans le rôle de Camille Claudel. Une belle réussite malgré tout. Après c'est du Doillon, donc si vous aimez les films d'action, Rodin ne vous plaira pas.

    scénario: 18/20      technique: 19/20    acteurs: 18/20   note finale: 18/20

    Rodin

    À Paris, en 1880, Auguste Rodin reçoit enfin à 40 ans sa première commande de l’Etat : ce sera La Porte de L’Enfer composée de figurines dont certaines feront sa gloire comme le Baiser et le Penseur. Il partage sa vie avec Rose, sa compagne de toujours, lorsqu’il rencontre la jeune Camille Claudel, son élève la plus douée qui devient vite son assistante, puis sa maîtresse. Dix ans de passion, mais également dix ans d’admiration commune et de complicité. Après leur rupture, Rodin poursuit son travail avec acharnement. Il fait face et au refus et à l’enthousiasme que la sensualité de sa sculpture provoque et signe avec son Balzac, rejeté de son vivant, le point de départ incontesté de la sculpture moderne.
    À 60 ans, enfin reconnu, il devient le sculpteur le plus célèbre avec Michel-Ange.

     Rodin, formidable personnage dont Lindon semble être le double, tourmenté, passionné, acharné au travail et amoureux de la glaise qui le rattache à cette terre… matériau que Rodin place avant tous les autres dans sa hiérarchie personnelle, devant le bronze, la pierre, le bois, l'or même. Une glaise qu'il pétrit, caresse, frappe, plie, bat revenant sans cesse sur son ouvrage, des mois, des années, jamais satisfait… à quel moment une œuvre a-t-elle atteint sa plénitude ?


    Paris 1880, quand commence le film, le talent Rodin commence à être remarqué et il reçoit à quarante ans sa première commande de l'État, initialement destinée au Musée des arts décoratifs : la porte de l'Enfer, inspirée par « L'Enfer » de Dante où souffrent pour l'éternité les hommes punis pour avoir cédé à leurs passions, le deuxième cercle étant réservé à ceux qui se sont laissés emporter par leurs désirs charnels, bousculés pour l'éternité par un tourbillon venteux qui semble animer cette œuvre gigantesque de 6 mètres sur 4 qu'il retouchera jusqu'à sa mort et qui ne sera fondue en bronze qu'une dizaine d'années après sa disparition.
    Rodin, le sensuel, l'infidèle, restera toute sa vie avec la même femme, Rose Beuret, rencontrée alors qu'à vingt ans elle était apprentie couturière. Elle devint son modèle, puis leur relation devint plus routinière. Grande fille terrienne à la forte présence, c'est elle qui entretenait l'atelier, préparait à manger pour tous ceux qui venaient travailler avec le Maître et les maternait tous, fidèle à cet homme impossible à combler et qui n'a jamais cessé jusqu'à son dernier souffle d'être amoureux des femmes : quand Camille Claudel vient le voir dans son atelier, elle ne veut rien d'autre que sculpter. Il a 42 ans, elle en a tout juste 19, elle est pleine de vie et sa fantaisie joyeuse, l'intensité de son regard séduisent Rodin autant que son talent. Elle sera sa muse, son apprentie, sa collaboratrice, sa maîtresse… Suivront dix ans de passion partagée, d'admiration réciproque, de complicité auxquels Camille mettra un terme.
    « Je suis venu chez vous, lui dira celui qui fut un temps son secrétaire, Rainer Maria Rilke (qu'on retrouve dans le film Lou Andreas-Salomé dans cette même gazette), pour demander comment il faut vivre. Et vous m'avez répondu : en travaillant ». Une réponse que Doillon reprend à son compte, dans un film exigeant tourné dans les lieux mêmes ou vécut Rodin : sa maison de Meudon. On imagine qu'il n'est pas anodin de se glisser ainsi dans des lieux empreints d'une telle présence : le lit qui trône dans la chambre était celui de Rodin, il mangeait assis à la table de la salle à manger et l'atelier où Lindon s'affronte à la glaise est celui où il travaillait, accueillait ses assistants, ses visiteurs… on imagine qu'il ne pouvait que se produire une forme d'identification qui se ressent à travers des images dont les couleurs ne sont jamais agressives, mais sensuelles, fortes et douces. Troublant voyage dans le temps que la vision de la silhouette de Lindon rend encore plus concret tant il semble « ancré au sol », familier de ce décor.

    Toutes les œuvres du film ne sont pas des originaux, mais des reproductions réalisées par une dizaine de sculpteurs qui restituent les étapes et mécanismes de la création avec toutes les techniques qu'utilisait Rodin : assemblage, fragmentation, agrandissement : ne pas trahir les gestes, donner à sentir l'œuvre de création en train de naître. Le musée Rodin a ouvert son immense documentation, prêté sculptures, outils ou accessoires, ajoutant à la touche poétique et humaine un petit plus d'authenticité.


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