• Une année polaire

    Un très beau film qui montre des paysages magnifiques et un peuple attachant qui essaie de maintenir ses traditions.

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20    technique: 18/20     note finale: 18/20

    Une année polaire

    Pour son premier poste d’instituteur, Anders choisit l’aventure et les grands espaces: il part enseigner au Groenland, à Tiniteqilaaq, un hameau inuit de 80 habitants. Dans ce village isolé du reste du monde, la vie est rude, plus rude que ce qu’Anders imaginait. Pour s’intégrer, loin des repères de son Danemark natal, il va devoir apprendre à connaître cette communauté et ses coutumes.

    Quel sublime voyage à peu de frais ! On en ressort ébloui, avec l’envie de foncer à l’autre bout du globe, emporté par le dépaysement total que nous offre le film. Franchement : allez-y les yeux fermés, ou plutôt grands ouverts ! Laissez-vous bercer par la luminosité ouatée du Groenland, glissez sur ses étendues immaculées en espérant l’apparition des aurores boréales, heureux de rencontrer au détour d’une dune enneigée ses ourses, ses phoques, ses gens…

    Samuel Collardey aime les oubliés des livres d’Histoire, les héros ordinaires, artisans discrets, tout comme lui, d’une humanité chaleureuse (souvenez-vous de son magnifique Tempête). Anders, son personnage principal, est de ceux-là. Même s’il ne le sait pas. De sa carrure de viking, de son regard insaisissable émanent tout à la fois une forme de douceur timide et une détermination inflexible. C’est un trentenaire solide comme un roc, sur lequel on sait pouvoir s’appuyer. C’est sans doute cela qui fait basculer la décision de la rectrice qui le reçoit en entretien. Laisser partir un instituteur inexpérimenté exercer sa première mission au Groenland, coupé pendant des mois de toute forme de confort moderne, de toute possibilité de revenir en arrière… lourde responsabilité. Mais comment résister au calme d’Anders qui persiste, tenace, allant jusqu’à choisir une école solitaire dans un hameau particulièrement reculé ? Sa supérieure lui accorde finalement le poste, en ne lésinant pas sur les mises en garde et les pieux conseils. Ne pas se mêler à la population (dévastée par l’alcoolisme), ne pas apprendre la langue de cette ancienne colonie danoise : un enseignant danois se doit de professer en danois, de ne jurer que par le danois et de n’apprendre rien d’autre à ses élèves que le danois, la langue des gens civilisés, la seule qui leur permettra de sortir de leur condition. Quelques adieux plus tard, ceux à ses copains impressionnés, ceux à son père agriculteur qui tire la gueule de voir partir son meilleur travailleur, voilà Anders embarqué vers ces inlandsis qui le font tant rêver.

    À son arrivée, l’accueil des villageois de Tiniteqilaaq est plus froid que la calotte polaire. Anders tente de rester confiant ; s’il s’attendait à être accueilli en bienfaiteur, il en est pour ses frais mais n’en laisse rien paraître. Le voilà confiné dans cette contrée hostile, là où d’autres plus aguerris que lui n’ont pas résisté une seule année. Les premières journées d’école s’avèrent horribles, les mômes avides de grand air ne tiennent pas en place face à ce trouble-fête qui leur parle une langue qu’ils ne comprennent pas. Tout grand et fort qu’il est, Anders n’en impressionne aucun et nul n’hésite à le faire tourner en bourrique. En particulier Asser, avec ses airs espiègles, qui le nargue en explosant de rire à la barbe de ce nouvel instit si maladroit. Quant aux filles à la langue bien pendue, elles ne sont pas en reste. Le seul qui accepte de communiquer en danois avec Anders est encore Julius, l’employé municipal, mais n’est-ce pas uniquement par devoir ? Autant dire qu’on ne donne pas cher de ce novice pataud qui met les pieds dans le plat, véhiculant les préjugés de sa patrie natale triomphante… Et pourtant il s’accroche, refusant de faire machine arrière, bien que la tentation soit grande… Et peu à peu, les langues se délient, les cœurs aussi…

    Cette Année polaire empreinte de puissance et de délicatesse est d’une beauté saisissante ! Sans parler des prises de vues, sublimes de bout en bout. Ne loupez pas le générique, de début comme de fin !


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