• Un métier sérieux

     Encore un films sur les profs dont on aurait pu se passer. L'image est dégueulasse  comme s'est souvent le cas lorsque le film se passe chez les pauvres. Un scénario sans intérêt et des acteurs qui ne croient pas une seconde à ce qu'ils jouent donnent un film bien ennuyeux qui ne sert à rien. 

    Un métier sérieux

    C’est la rentrée. Une nouvelle année scolaire au collège qui voit se retrouver Pierre, Meriem, Fouad, Sophie, Sandrine, Alix et Sofiane, un groupe d’enseignants engagés et soudés. Ils sont rejoints par Benjamin, jeune professeur remplaçant sans expérience et rapidement confronté aux affres du métier. A leur contact, il va découvrir combien la passion de l’enseignement demeure vivante au sein d’une institution pourtant fragilisée.

    Thomas Lilti le dit bien : « mon métier de médecin a influencé mon regard sur les choses. Il a développé un sens de l’observation particulier. Je crois sincèrement que je filme comme un médecin. J’observe, je m’arrête sur les détails, j’analyse, je diagnostique… Mes personnages sont devenus mes patients ». C’est vraiment cette patte singulière, mélange d’empathie, d’humour, de gravité et de tendresse pour ses sujets et ses personnages qui ont fait le succès des films de ce réalisateur singulier depuis Hippocrate. Si les soignants ont été au cœur de son travail depuis plus de dix ans, il change ici de paysage, plongeant dans un autre corps social, lui aui passablement malmené, chahuté et interrogé sous toutes ses facettes : le corps enseignant. Sans angélisme ni admiration béate, sans méchanceté ni cynisme, sans idéologie ni jugement de valeurs, il embrasse son sujet tel un entomologiste, observant à la loupe les comportements de cette micro-société qui est le miroir de la nôtre : un peu essoufflée, un peu en manque de repères, un peu désillusionnée. Un métier sérieux raconte la vie telle qu’elle file durant une année scolaire, dans un collège comme il y en a tant. Un collègue lambda, avec ses petits miracles et ses grandes joies, avec ses coups de blues et ses conseils de discipline, ses frites au menu et ses enseignants confirmés, titulaires ou… débutants.

    Comme dans Hippocrate, c’est par son double de cinéma, Vincent Lacoste alias Benjamin, que Thomas Lilti nous introduit dans l’arène. Elle est bruyante, joyeuse, animée, survoltée, c’est celle d’un jour de rentrée et c’est une première pour Benjamin qui a plutôt des allures de pion. Il arrive carrément en stress car prof, ce n’était pas franchement son rêve, ni sa vocation. Mais le manque d’enseignants dans sa matière (les maths), la nécessité de sortir un peu le nez d’une thèse qu’il n’en finit pas de terminer et puis le loyer à payer ont eu raison de ses raisons de ne pas mettre le pied dans l’Éducation nationale. Il fait la connaissance des collègues… Il y a la passionnée qui parvient à imposer naturellement son autorité tout en restant à l’écoute de ses élèves, qui l’adorent. Il y a le vieux briscard un peu usé qui se demande s’il est encore à la page pour intéresser cette génération « zapping ». Il y a celui qui prend tout à la légère et joue la proximité avec les élèves, et puis celle qui s’applique à tout bien faire, mais à qui il manque ce petit truc qui fait que ça fonctionne avec les ados. Benjamin fait comme il peut, du mieux qu’il peut et c’est franchement déjà beaucoup. Mais prof est un métier d’aventure et chaque cours peut réserver son lot d’imprévus… Un métier sérieux montre ainsi la grande solitude de l’enseignant et la manière dont les attaques, directes ou pas, peuvent à n’importe quel moment le faire vaciller et douter.

    Comment trouver du sens dans l’exercice d’une profession de plus en plus décriée, paupérisée, déclassée ? Où les profs puisent-ils leur motivation à enseigner dans cette adversité, au sein d’une institution fragilisée ? Quels élèves ont-ils été ? Quels parents sont-ils ? Toutes ces questions traversent le film, sans que Lilti cherche forcément à y répondre et c’est tant mieux.
    Fils de prof lui-même, le réalisateur dit aussi avoir pris un malin plaisir à se glisser dans les coulisses, comme un gamin qui se serait planqué dans le placard. Il y a quelque chose d’assez joyeux dans ce film et une réelle complicité entre les comédiens qui n’est sans doute pas si éloignée de celle qui peut exister dans une salle des profs !


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