• Stella, une vie allemande

    Une pure merveille que je vous recommande chaudement.

    Stella, une vie allemande

    Stella, grandit à Berlin sous le régime nazi. Elle rêve d'une carrière de chanteuse de jazz, malgré toutes les mesures répressives. Finalement contrainte de se cacher avec ses parents en 1944, sa vie se transforme en une tragédie coupable.

    Inspiré de la véritable histoire de Stella Goldschlag.

    « Vous n’êtes pas responsables du passé mais vous devez faire en sorte que cela ne se reproduise pas. » Max Mannheimer, survivant du camp de Dachau.

    Stella, jeune femme blonde aux magnifiques yeux bleus, pleine d’assurance et de vie, est en plein essayage d’une robe de soirée. Une certaine faiblesse s’empare cependant d’elle au fur et à mesure qu’elle se scrute dans le miroir apès avoir coloré ses lèvres en rouge. S’ensuit le générique, les lettres pailletées, comme la robe, apparaissent à l’écran et l’on se demande bien où on va mettre les pieds pendant les deux prochaines heures.

    Nous sommes en août 1940 à Berlin. En pleine répétition d’un groupe de jeunes musiciens de jazz emportés par leur musique. Groupe de jeunes gens, on le comprend assez vite, composé uniquement de Juifs. Et à cette période-là, être juif en Allemagne, pas besoin de vous faire un dessin. Maispour Stella, le plus important reste le chant, la musique et son talent, qu’importent les discussions inquiètes de ses parents lors des repas, de savoir s’il faut quitter le pays ou non. Stella veut juste emprunter une robe à sa mère pour le concert qui doit avoir lieu dans quelques soirs. La jeune femme semble si détachée de ce qu’elle entend autour d’elle, au sujet des arrestations arbitraires, des emprisonnements brutaux, des condamnations injustifiées… Elle semble si lointaine de la réalité du nazisme qui assoit son pouvoir de manière drastique depuis 1933, le nazisme qui a édicté les lois pour bannir les Juifs des postes à responsabilité, le nazisme responsable de la tristement fameuse Nuit de Cristal en 1938.
    Mais voilà, envolées les paillettes, le rouleau compresseur détruit tout sur son passage et nous retrouvons Stella en février 1943 dans un triste atelier, étoile jaune cousue sur ses vêtements, à manufacturer des pièces à la chaîne. Privations, fatigue extrême, rumeurs sur des camps dans lesquels on entasserait des Juifs que l’on finirait par exterminer, Stella et ses parents doivent tenir. Ne pas flancher, essayer de se sauver, de se cacher, de ne pas être embarqués dans ces terribles fourgons remplis par les agents de la Gestapo. Suite à une arrestation, Stella va décider de survivre, coûte que coûte, pour ne pas finir à Auschwitz, destination qui remplit alors d’effroi tout un chacun. C’est donc ainsi, de septembre 1943 jusqu’à la fin de la guerre, que Stella devient le « poison blond » en traquant et dénonçant son propre peuple dans les rues de Berlin.
    Rude, l’histoire de Stella Goldschlag l’est comme celle de nombreux Juifs qui, pour survivre durant cette période trouble, ont choisi (mais avaient-ils vraiment le choix ? Là se concentre toute la question) de dénoncer des centaines des leurs avec, pour fragile contrepartie promise par la Gestapo, l’espérance de s’en sortir et de vivre un semblant de vie dans cette Allemagne du Troisième Reich. Douillettement installés dans nos fauteuils, nous sommes partagés par ce personnage trouble pour qui nous ressentons de l’empathie puis une profonde aversion dès la scène suivante. On ne peut s’empêcher de se demander ce que nous aurions bien pu faire à sa place, à leur place, dans ce contexte particulièrement glaçant. Des certitudes sont ébranlées et l’on se rend compte qu’il ne nous appartient pas de juger mais bien de « faire en sorte que cela ne se reproduise pas ».

    Stella Goldschlag fut ainsi à la fois victime et coupable. Au-delà de la question de la responsabilité, elle incarne, dans l’Histoire, une partie d’un peuple devenu criminel pour espérer avoir un avenir.

     


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