• Napoléon

    L'image est magnifique, les costumes et les décors sont d'une beauté à couper le souffle! Mais tout cela ne cache pas un scénario indigent et approximatif, un acteur beaucoup trop vieux pour le rôle et un nombre incalculables d'approximations historiques. Quant à faire passer Joséphine pour une pute, bof. Il y a trop de scènes de sexe (pourquoi? ) et beaucoup trop d'hémoglobine.  Bref, bof. Enorme déception.

    Napoléon

    Fresque spectaculaire, Napoléon s'attache à l'ascension et à la chute de l'Empereur Napoléon Bonaparte. Le film retrace la conquête acharnée du pouvoir par Bonaparte à travers le prisme de ses rapports passionnels et tourmentés avec Joséphine, le grand amour de sa vie.

    Que n’aura-t-on pas lu ! Film « anti-français » (pire : réalisé par un Anglais !), « Bérézina », « profanation », « sabotage postmoderne et déconstructionniste » de la légende de l’Empereur – on en passe et des plus salées, critiques et tribunes d’historiens blessés dans leur chair déclinant à l’envi les accusations forcément infamantes de « wokisme » et de « cancel culture ». Mauvais esprits patentés, tant de belles promesses ne pouvaient que nous allécher. Et miracle ! Le résultat est presque à la hauteur de l’attente. Presque, parce qu’au terme des quasi 2h40 de projection, avalées avec une facilité déconcertante, on se dit qu’on en reprendrait bien une louche, qu’il reste en effet dans les ellipses de ce montage « allégé » quelques détails à explorer pour mieux raccorder les épisodes. Mais nom d’un chien ! Ce Napoléon déconcertant, pas séduisant pour un sou, campé par un Joaquim Phœnix taiseux et engoncé dans ses cols amidonnés, exerce une irrépressible fascination. La mise en scène de Sir Ridley Scott alterne avec une même efficacité les reconstitutions de batailles, amples, sanglantes, grandioses effroyables (car oui, la guerre, ce n’est pas le Club Med', même chorégraphié, c’est sale, c’est violent, c’est tragique) et les séquences intimes, d’une troublante, pathétique et finalement belle humanité, entre Bonaparte et Joséphine, l’amour de sa vie.


    Tout cela est-il intégralement conforme à la réalité historique ? Non. Le film n’est-il que la vision fantasmée d’un réalisateur de blockbusters en mal de sujet grandiose à s’approprier ? Non plus. Alors ? Alors, si on est sensible au grand comme au petit spectacle, si on décide de se ficher des incohérences que seuls d’éminents spécialistes sauront dénicher, si pour finir on accepte l’idée qu’un film n’est pas un livre d’Histoire, alors il n’est pas question de bouder son plaisir. Ni à charge, ni hagiographique, le Napoléon de Ridley Scott descend d’une marche Bonaparte de son piédestal héroïque, mais pas comme on voudrait. Il n’est ici ni question de l’esclavage, ni question de la soif de conquêtes du bonhomme – pas plus qu’il n’est rendu justice à son code, à la modernisation de la société qu’il impulsa. Le film se concentre sur le destin hors norme d’un homme sombre, buté, dont les événements vont incidemment porter les ambitions, somme toutes banales : s’élever au-dessus de sa condition, conquérir le pouvoir, obtenir et conserver l’amour d’une femme. Un soldat intuitif, sûr de ses qualités de stratège, et en parallèle un homme simple, volontiers affabulateur. Comme absent à un monde qu’il parvient pourtant, en se glissant dans les failles de l’Histoire, entre la Révolution française et la Restauration, à mettre en coupe réglée. On est particulièrement frappé par la façon dont sont représentés le Directoire, puis le coup d’État du 18 brumaire fomenté par Sieyès, dans lesquels le petit Corse joue en quelque sorte les utilités. Jusqu’à la mise en scène de sa disparition, qui laisse littéralement sans voix.

    Aux irréductibles soupçonneux, aux indéfectibles gardiens du Temple qui craignent qu’on dénature l’objet de leur vénération, ou qui se désintéresseraient des émois impériaux (on adore !), on ne peut que suggérer de forcer un chouïa leur nature. Au-delà des relectures et approximations qu’ils pourront juger hasardeuses, les reconstitutions épiques, tragiques, des batailles d’Austerlitz et de Waterloo ont un souffle et une intensité tels qu’elles méritent à elles seules le déplacement. Amplement.


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