• Mon crime

    Isabelle Huppert est formidable!!! les autres acteurs aussi. Voici un film très agréable à regarder.

    Mon crime

    Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

    « À vos filles, à vos mères, à vos épouses, à vos sœurs, je veux leur dire qu’à travers mon crime, j’ai défendu sans le vouloir notre cause à nous, celle des femmes !… Jamais je n’aurais pensé devoir tuer pour me défendre, jusqu’au jour où par malheur j’ai croisé un homme, qui a voulu abuser de moi, faire de moi son objet de plaisir. Alors oui, je suis une actrice, dépendante des regards, des désirs, du bon vouloir et du pouvoir des hommes, mais n’est-il pas possible en 1935 de mener sa carrière, sa vie de femme, sans contrainte, en toute liberté, en toute égalité ? » Madeleine, lors de son procès dans Mon crime

    Ça vous a comme ça, au premier abord, des airs de comédie légère, un peu fofolle, un peu artificielle, un peu futile – un archétype de pièce de boulevard écrite au cordeau, bourrée de mots d’auteurs, de répliques qui font mouche, où comédiennes et comédiens cabotinent avec un plaisir communicatif pour donner corps à une succession de situations plus ou moins équivoques, nourries de dialogues à double sens…

    Jeunes, belles et pétillantes, Pauline et Madeleine partagent au cœur de la capitale la même chambre de bonne dont elles peinent à payer le loyer, se désespérant de réussir, l’une comme avocate sans clients, l’autre comme comédienne sans rôle. De retour d’une énième audition avec un grand producteur parisien qui n’avait en définitive d’autre projet pour elle que d’en faire séance tenante sa maîtresse, apprenant de Pauline que leur propriétaire s’apprête à les faire jeter à la rue, Madeleine est sur le point d’abandonner ses ambitions théâtrales lorsqu’un inspecteur de police fait irruption dans l’appartement. Il leur révèle que le producteur avec qui Madeleine avait rendez-vous a été retrouvé assassiné, qu’on lui a dérobé son portefeuille – et que la jeune femme est bien évidemment la principale suspecte du crime. Madeleine proclame d’abord son innocence. Mais au début des années 30, les procès de meurtrières ont la cote, et les deux amies comprennent rapidement qu’elles tiennent là l’occasion inespérée d’enfin percer. Elles vont donc faire du procès une tribune pour que Madeleine, coupable de meurtre mais d’abord victime du lubrique producteur et de la société patriarcale, soit acquittée et voie sa carrière s’envoler…

    Il ne manquerait à cette comédie trépidante et grinçante, révélatrice, comme on dit, des mœurs de son temps, que son lot de cocus pathétiques et d’amants placardisés pour qu’on se croie tout à fait revenus à la glorieuse époque de « Au théâtre ce soir », dont le film épouse malicieusement l’esthétique rétro. Or non. Ni cocus, ni amants, Mon crime est résolument un film de 2023, qui pervertit subrepticement le propos misogyne d’une comédie boulevardière au charme suranné. Dépoussiérée, revigorée, sans se départir d’un humour ravageur, François Ozon en fait un pamphlet narquois, qui résonne fortement avec la révolution sociale portée par les mouvements #metoo et #balancetonporc. La distribution est en tous points épatante. Les comédiennes s’en donnent à cœur joie dans un jeu de massacre jubilatoire – Isabelle Huppert, vive, impériale, époustouflante, s’y taillant la part de la lionne aux côtés de Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. Mais au fait, « son » crime… saura-t-on seulement, en fin de compte, si l’assassinat qui a opportunément lancé sa carrière d’actrice, a bien été perpétré par la donzelle qui le revendique ? Malin, espiègle, touchant, tout le plaisir du film repose sur cette délicieuse ambiguïté. Non que la réponse y soit nécessairement donnée, on vous recommande chaudement de rester profiter de l’épatant générique de fin, qui n’en finit pas, justement, de prolonger le jeu. Jouissif.

     


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