• Michael Kohlhaas

    L'image est d'une beauté à couper le souffleet les décors et paysages sont magnifiques. j'ai adoré ce magnifique film! les acteurs sont formidables. Le scénario est très intéressant. Et Bravo encore une fois au chef opérateur, j'espère qu'il aura un prix.

    scénario: 17/20    acteurs: 17/20   technique: 19/20  note finale: 17/20

    Michael Kohlhaas

    Au XVIème siècle dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie familiale prospère et heureuse. Victime de l'injustice d'un seigneur, cet homme pieux et intègre lève une armée et met le pays à feu et à sang pour rétablir son droit.

    À l'origine de ce film aussi exigeant qu'exaltant, aussi épuré que somptueux, il y a un court roman écrit en 1808 par Heinrich Von Kleist, inspiré de l’histoire vraie d’un marchand qui, victime de l’injustice d’un seigneur, mit une province d’Allemagne à feu et à sang pour obtenir réparation. Michael Kohlhaas raconte l’histoire d’un homme seul qui s’oppose à la société toute entière, préfigurant en cela tout un pan de notre littérature moderne. Franz Kafka, dont c’était le livre préféré, disait que la lecture de Michael Kohlhaas avait été pour lui à l’origine de son désir d’écrire !
    Après avoir porté ce projet d'adaptation pendant vingt ans, après s'être affranchi de références trop lourdes à porter – Les 7 Samouraïs de Kurosawa, Aguirre, la colère de Dieu d'Herzog, entre autres –, Arnaud des Pallières nous donne un film beau comme un paysage cévenol battu par le vent, un film hypnotique et tourmenté, dur comme la roche, poignant et magnifique comme le visage de son extraordinaire interprète, Mads Mikkelsen.

    Comme dans l'œuvre de Kleist, nous sommes au xvie siècle. Dans les Cévennes, le marchand de chevaux Michael Kohlhaas mène une vie raisonnablement prospère et heureuse. Père aimant, bon mari, lecteur de la bible dont il tire sa propre morale, homme intègre et négociant honnête, il va être victime de l'injustice d'un jeune seigneur, qui retient deux de ses chevaux en gage avant de les épuiser à la tâche et de prétendre les lui rendre dans un état lamentable. Kohlhaas refuse de les reprendre. « Je vous ai laissé deux bêtes magnifiques, vous devez me les restituer telles qu'elles étaient. J'irai en justice, seigneur ». Devant le mépris arrogant du petit baron, il ira en justice, en vain. Il ira bien au-delà, lèvera une armée, se battra, risquera la mort – la sienne et celle de ses proches et de ses soldats plus ou moins de fortune – pour faire reconnaître son droit. Il ira jusqu'au bout, non par appât du gain, non par soif de gloire, non par héroïsme, par principe.
    Pour mettre en scène cette histoire plus grande que nature, Arnaud des Pallières fait preuve d'une économie de moyens tout à fait remarquable, d'une rigueur, d'une retenue qui font ressentir la dimension épique du projet bien plus que toute surenchère spectaculaire. Avec la précision d'un architecte, il construit son récit pierre après pierre, cherche la justesse – comme son héros la justice – dans chaque plan. Comme l'écrit Frank Nouchi dans Le Monde, « La force peu commune qui se dégage de ce film aussi âpre que radical provient pour l'essentiel d'une étrange alchimie entre l'image (signée Jeanne Lapoirie), le son (hyper travaillé) et la musique (entêtante) de Martin Wheeler. Tandis que d'immenses panoramiques célèbrent la nature, des gros plans saisissants rendent compte de l'intensité des conflits humains. »

    La réussite de Michael Kohlhaas tient aussi beaucoup à la rencontre assez improbable entre ce réalisateur français atypique et un comédien danois qui ne l'est pas moins. Mads Mikkelsen, que l'on ne présente plus et qu'on n'en finit plus d'admirer après La Chasse ou Royal Affair – pour ne citer que ses rôles les plus récents –, irradie le film de son invraisemblable charisme. Dès sa première scène, il est Michael Kholhaas, il a toujours été Michael Kohlhaas, c'est une évidence. Il a toujours été cet honnête éleveur bafoué, il a toujours chevauché dans la lande cévenole du xvie siècle, il a toujours été cet homme d'autant plus déterminé qu'il est capable de douter. Un grand acteur. Un grand réalisateur. Un grand film.


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