• Le temps des secrets

    Marseille, juillet 1905. Le jeune Marcel Pagnol vient d'achever ses études primaires. Dans trois mois, il entrera au « lycée ». Trois mois... une éternité quand on a cet âge. Car voici le temps des vacances, les vraies, les grandes ! Enfant de la ville, ce retour tant attendu à ses chères collines d'Aubagne et d’Allauch, celles de « La Gloire de mon père » et « Le Château de ma mère » le transporte de bonheur. Il y retrouve la nature, les grands espaces et surtout son ami Lili toujours prêt à partager de nouvelles aventures, à l’âge où le temps de l’insouciance laisse place à celui des secrets.

    Ce film est magnifique à tous les niveaux: Les Souvenirs d’enfance de Marcel Pagnol ont toujours été teintés d’une forme de nostalgie. En optant pour un classicisme absolu dans la réalisation ou dans la musique, Christophe Barratier ne trahit en aucun cas l’esprit de l’auteur.

    Trente-deux ans après le dyptique La Gloire de mon père / Le Château de ma mère signé Yves Robert, Christophe Barratier (Les Choristes) s’est attelé au troisième tome de la saga romanesque à travers laquelle Marcel Pagnol évoque tour à tour son enfance, ses parents, ses souvenirs de lycéen… et sa difficulté à comprendre les filles. On retourne avec grand bonheur dans les collines du Garlaban, en pays d’Aubagne et d’Allauch, dans la bastide familiale des Pagnol où la famille se retrouve tous les ans.

    Cette année est particulière, un cap pour le jeune Marcel, du haut de ses onze ans, qui, en cet été de 1905, finit ses études primaires et va bientôt intégrer le lycée (6e) à Marseille. Mais pour l’heure c’est le temps, enfin, des grandes vacances pour l’enfant de la ville. Trois mois de liberté et d’intenses aventures l’attendent : sillonner les collines, formidable terrain de jeux, d’expériences de chasse et de complicité partagée avec son ami Lili. Mais ce sera aussi l’été des premiers émois amoureux, des jeux de séduction, et de l’apprentissage des différences de classe sociale.
    Cette année, les vacances à La Treille se poursuivent, mais ne se ressemblent plus : Lili doit travailler aux champs avec son père, il est beaucoup moins disponible pour poser des pièges, vadrouiller dans les chemins ou faire des cabanes. Marcel se retrouve plus souvent seul, et fait la rencontre d’Isabelle Cassignol, fille d’un correcteur d’imprimerie qui écrivait des épopées symbolistes sous le nom de Montmajour. Entré dans un univers farfelu et romanesque, Marcel est subjugué, et se laisse embarquer par Isabelle jusque dans des jeux de soumission. Il trahit alors – provisoirement – l’amitié de Lili pour l’illusion de l’amour… À la fin de l’été, il entre dans l’enseignement secondaire au lycée Thiers de Marseille, c’est aussi l’entrée en scène de l’inénarrable Lagneau…

    Christophe Barratier donne une plus grande place aux femmes : Augustine, la mère, est plus présente, plus charismatique que dans le dyptique d’Yves Robert. Il est aussi question dans le récit de Fifi, féministe avant l’heure, et de réunions secrètes entre femmes où on cause droit de vote et juste place auprès des hommes… Mais le film magnifie avant tout les paysages, qui sont bien plus qu’un décor : la garrigue est un personnage à part entière de l’histoire, avec ses couleurs, ses odeurs, ses secrets… Les courses-poursuites dans les collines, sous l’immensité du ciel, font naître chez le spectateur un sentiment d’immersion assez troublant.
    Pagnol a connu un très grand succès avec les deux premiers tomes de ses Souvenirs d’enfance (360 000 exemplaires vendus en 1960), avant de se lancer dans l’écriture (pas forcément prévue) du Temps des secrets. Le temps des secrets, « c’est le moment, dira-t-il, où les petits garçons ne disent pas tout à la maison et commencent à avoir leurs idées personnelles, et leur petite vie secrète. Et naturellement, le premier secret, et le plus grand, c’est quand il tombe amoureux de la fille des voisins. »
    C’est une belle occasion de humer à nouveau les riches senteurs de l’univers de Pagnol, pour un retour en enfance, une bulle d’oxygène, une bourrasque au parfum de farigoule… Un conseil : profitez de cette nouvelle adaptation pour faire découvrir Marcel Pagnol à vos enfants !


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