• Le temps d'aimer

     Le film serait réussi s'il n'y avait pas ces scènes qui relèvent plus d'un film pornographique que d'un film grand public. Très gênant; il aurait fallu suggérer plus que montrer aussi crument.

    Le temps d'aimer

    1947. Sur une plage, Madeleine, serveuse dans un hôtel-restaurant, mère d’un petit garçon, fait la connaissance de François, étudiant riche et cultivé. Entre eux, c’est comme une évidence. La providence. Si l’on sait ce qu’elle veut laisser derrière elle en suivant ce jeune homme, on découvre avec le temps ce que François tente de fuir en mêlant le destin de Madeleine au sien...

    Le Temps d’aimer est le quatrième film de  Katell Quillévéré, Un bouleversant film romanesque-pornographique, avec Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste en amants qui vont tenter de se réparer l’un l’autre.
    Anaïs Demoustier y tient le rôle d’une femme qui a été tondue après la Seconde Guerre mondiale pour avoir vécu une aventure avec un soldat allemand dont elle a eu un bébé. Une blessure indélébile, une honte au fer rouge que la rencontre avec son (futur) mari parviendra sinon à atténuer, du moins à mettre en sourdine. Ce dernier, interprété par Vincent Lacoste, porte en lui-même une autre honte, un secret que le film révélera de manière graduelle.

    Ces deux-là vont s’aimer durant une vingtaine d’années, prenant conscience de la nature complexe qui les unit. Complexité que les deux acteurs servent avec raffinement et grande délicatesse. Au même titre que la réalisatrice qui, sans la négliger, tient à bonne distance la dimension mélodramatique de son histoire – elle est inspirée de celle de sa grand-mère. Grâce, en partie, au dynamisme de la mise en scène, un art maîtrisé de l’ellipse et un traitement subtil, quasi impressionniste, des époques traversées. c'est bien filmé.

    D’abord, en noir et blanc, des images d’archives : la France en ruine, l’arrivée des Américains dans les villes et villages, les femmes traînées sur les places publiques pour être tondues et marquées sur le front, à la peinture noire, d’une croix gammée.
    Pour Madeleine, ce sera sur son ventre rond. Deux ans plus tard, on la retrouve loin de la maison familiale, en Bretagne, où elle est serveuse dans un hôtel-restaurant et mère d’un petit garçon qu’elle élève seule et pour lequel elle éprouve peu d’affection.
    C’est là qu’un été elle fait la rencontre de François, issu d’une famille nantie, étudiant en archéologie, cultivé, claudiquant en raison d’une poliomyélite contractée à l’adolescence, d’un charme fou. Elle lui confie son passé. Sur le sien, il consent tout juste à avouer une récente rupture. Chacun acceptant les zones d’ombre de l’autre se laisse embarquer par cet amour inespéré, promesse d’un nouvel horizon. Ils se marient, poursuivent leur route, qui va les mener d’abord à Châteauroux, où est installée une base de GI. Soit l’assurance d’une indéfectible et festive clientèle pour le club que Madeleine et François ont décidé de prendre en gérance. Puis, à Paris, où la vie s’embourgeoisera, lui est devenu professeur, elle occupée à rien.

    Sur cette trame romanesque, Katell Quillévéré construit un drame intime dont la densité grandissante vient assombrir le récit. Sans jamais parvenir cependant à séparer les deux amants… Tous les deux, exclus d’une société les condamnant chacun – lui à cause du secret qu’on évoquait plus haut –, consolideront à travers leur fragilité et leurs failles communes des liens qui donneront un sens profond à leur histoire.
    À travers ces deux personnages dont elle suit les pas avec la minutie d’une portraitiste, la cinéaste trouve un ancrage à la question que pose son film. Qu’est-ce qui initie, fabrique et fait perdurer un couple ? Dans Le Temps d’aimer, Madeleine et François se réparent l’un l’autre, chacun trouvant dans leur union une respectabilité que la société leur interdit. Le propos s’échafaude ainsi par petites touches, au fil d’épisodes contrastés qui tissent une toile romanesque à laquelle Katell Quillévéré adjoint une modernité stimulante. Et, dans tous les sens du terme, bouleversante. Dommage pour les scènes pornographique. sans elles, le film aurait été une totale réussite.


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