• Une place sur la terre

    Un très beau rôle de dépressif pour Poelvoorde qui peut montrer toute l'étendue de son talent... Mais le problème, c'est justement qu'il joue un dépressif et que c'est chiant. Et quand un dépressif rencontre une suicidaire, cela donne un film énnuyeux et déprimant au possible. On se demande quel est l'intérêt de faire un tel film... un césar pour Poelvoorde? C'est bien filmé. Mais trop tordu pour moi.

    scénario: 5/20     acteurs: 12/20   technique: 16/20  note finale: 5/20

    Une place sur la terre

    Antoine, photographe joyeusement désabusé, a pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste. Un matin, des notes de piano venues de l'immeuble d'en face captent son attention. Antoine ne sait pas encore que celle qui les joue, Elena, étudiante idéaliste et sans concession, va bouleverser sa vie et lui permettre enfin de trouver une place sur la Terre...

    Une place sur la terre. Une place parmi ses semblables. Ou à côté d'eux, au moins. Mais au milieu, c'est quand même mieux. Il n'y a pas si longtemps certains revendiquaient une place au soleil… Mais on n'en demande pas tant, une à l'ombre, ce serait déjà bien. Une petite place. Pour plein de gens – sans doute plus qu'on pourrait le croire – ce n'est pas forcément évident de la trouver. Pas évident de se la faire.

    Antoine par exemple, il rame comme une âme en peine et sa vie est ennuyeuse. Et pourtant…

    Photographe doué – la responsable de l'agence pour qui il travaille aléatoirement le trouve même talentueux, c'est bien pour ça qu'elle supporte son dilettantisme –, doté d'un esprit vif et d'un sens de l'humour qui ne fait pas rire que lui, il a plus de charme, plus d'atouts que beaucoup d'autres, que la majorité des autres. Mais il traîne une mélancolie tenace qu'il dilue, faute de la noyer, dans l'alcool. Seul par manque d'envie des autres, il ne se reconnaît qu'un seul – et par conséquent meilleur – copain : Matéo, dix ans et bouille d'ange, le fils d'une voisine souvent absente à cause de son boulot. C'est uniquement avec ce môme qu'il échange plus de trois mots d'affilée, c'est uniquement avec lui qu'on a l'impression qu'il respire, qu'il vit.

    Jusqu'à ce matin où il entend une mélodie au piano, qui vient de l'immeuble d'en face. Une étude de Chopin jouée comme si sa vie en dépendait par une jeune femme, Elena. Antoine ne peut évidemment pas le savoir, mais ces quelques notes d'abord – c'est par la musique que tout s'enclenche –, celle qui les joue ensuite vont bouleverser sa vie.
    Elena est vivante – elle –, entière, passionnée, en quête d'absolu… et fragile, en équilibre instable et tout à fait suicidaire. Il faut d'ailleurs prendre cette expression au pied de la lettre : un soir Antoine la voit marcher sur le rebord du toit de son immeuble, comme un équilibriste sur son fil. Elle avance, les bras écartés, elle vacille, elle tombe. Antoine se précipite, appelle les secours, lui sauve la vie (on ne saura jamais si Elena voulait se suicider ou si elle jouait simplement à un jeu dangereux). Drôle de manière de faire connaissance.
    Entre ces deux-là va se nouer une relation étrange et forte, faite d'élans presque romantiques et de coups de frein apeurés. Une relation qu'Antoine ne pourra s'empêcher de mettre un peu à distance en prenant des centaines de photos d'Elena, à son insu. Comme s'il ne pouvait pas approcher directement, sans filtre, la possibilité du bonheur, comme s'il en avait peur, de ce « bonheur qu'on reconnaît au bruit qu'il fait quand il s'en va », pour citer Prévert dans le désordre…

    Un film comme celui-ci, est une épreuve que peu pourront supporter. Benoît Pœlvoorde et Ariane Labed, – sans oublier le gamin étonnant, Max Baissette de Malglaive, découvert aux côtés de Guillaume Depardieu dans Versailles, de Pierre Schœller – éssaient de sauver un pauvre scénario qui ne méritait certainement pas plus qu'un téléfilm  et entre eux le courant ne passe hélas pas du tout.


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