• Un amour impossible

     Un très beau film même s'il est horrible dans ce qui arrive à la jeune fille... C'est très triste. Les acteurs sont formidables.

    scénario: 18/20     acteurs: 18/20    technique: 18/20   note finale: 18/20

    Un amour impossible

    À la fin des années 50 à Châteauroux, Rachel, modeste employée de bureau, rencontre Philippe, brillant jeune homme issu d'une famille bourgeoise. De cette liaison passionnelle mais brève naîtra une petite fille, Chantal. Philippe refuse de se marier en dehors de sa classe sociale. Rachel devra élever sa fille seule. Peu importe, pour elle Chantal est son grand bonheur, c'est pourquoi elle se bat pour qu'à défaut de l'élever, Philippe lui donne son nom. Une bataille de plus de dix ans qui finira par briser sa vie et celle de sa fille.

    C’est une chanson qui rôde dans les têtes… « Mon histoire, c’est l’histoire d’un amour… ». Remontent à la surface les souvenirs : « … un amour éternel et banal, qui apporte chaque jour tout le bien tout le mal… Avec les soirées d’angoisse et les matins merveilleux »… Une ritournelle qui guide les pas de Rachel et Philippe sur le parquet de leur premier bal, enlacés et émus, oublieux de la foule, tourbillonnant au gré des caprices d’une « flamme qui enflamme sans brûler ». Comme dans le livre de Christine Angot, c’est la voix neutre de Chantal, l’enfant devenue adulte issue de cette union, qui met en scène leur rencontre « inévitable ». Tout ce qui semble alors simple et limpide ne va cesser de se brouiller et on va être projeté bien au-delà d’une amourette classique. Dans son sillage, c’est l’histoire de toute une époque, d’un climat, de la place des femmes, d’une lutte des classes sourde, peu avouable.


    Quand Rachel croise Philippe pour la première fois, elle travaille déjà depuis des années à la sécurité sociale. Lui est fils de bourgeois. Il occupe un premier emploi de traducteur après des années d’études, mais avance déjà avec l’aisance de ceux qui surplombent le monde. Premiers baisers délicats, ébats passionnés. Très rapidement Philippe énonce les règles. Il n’a pas l’intention de se marier, pas plus que de rester à Châteauroux. Rachel, elle, se gorge de tout ce qu’il lui fait découvrir, curieuse d’une culture à laquelle elle n’avait jamais eu accès. Elle aime jusqu’à oublier de se protéger. « Il était rentré dans sa vie, elle ne le voyait pas en sortir » constate la voix off… On pressent le drame. Pourtant il n’aura pas lieu. Du moins, pas celui-là, pas celui que l’on croit. Il n’y aura ni pleurs, ni cris, ni guerre déclarée, quand Philippe partira. Il ne laissera à Rachel que de bons souvenirs et un ventre qui ne cesse de gonfler. Naîtra Chantal. Chaque jour Rachel cultivera pour elle l’image d’un père merveilleux, aimant. De loin en loin, elle insistera pour que Philippe vienne voir son enfant, pour qu’il en soit le père, même à distance. Et surtout pour qu’il lui donne son nom…

    C’est le portrait avant tout d’une femme surprenante, faussement docile, non violente, aimante, forte sous son éternelle douceur. Un être digne qui avance la tête haute, assumant résolument son statut de fille-mère à une époque où cela était impensable, assumant le fruit d’un amour qu’elle ne reniera jamais. C’est aussi l’histoire d’un jardin d’Eden perdu à jamais, d’une violence faite à une petite fille qui deviendra une écrivaine et fera de ses mots une arme universelle. Il y en eut rarement de plus justes pour parler de la passion fusionnelle qui unit et sépare mères et filles. Car le véritable amour impossible, c’est aussi sans doute celui-là.
    C’est fort, c’est beau, ça nous cueille-là où on ne l’attendait pas. C’est de l’Angot, c’est du Corsini ! C’est puissant comme l’était La Belle saison, le précédent film de la réalisatrice. C’est porté par des acteurs inspirés : Virginie Efira est une Rachel tout bonnement sublime, atemporelle. Les actrices qui donnent chair à Chantal à tous les âges de sa vie (elles sont quatre) sont justes et spécialement l'adolescente Estelle Lescure (une véritable révélation !). Quand à Niels Shneider, il porte dans son jeu la touche assassine, celle qui nous fait frémir et nous tient en haleine tout au long du récit. On a beau percevoir le revers cynique et pervers de son personnage, il n’en reste pas moins attirant, il incarne la séduction absolue, celle contre laquelle ni Rachel, ni Chantal ne sont armées pour lui résister. Le serions-nous nous-mêmes ?


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