• Thérèse Desqueyroux

     Si l'idée du réalisateur c'était de nous faire ressentir l'ennui de Thérèse, c'est complètement réussi. malgré une image magnifique, des décors et des costumes magnifiques, on s'ennuie ferme. Je n'ai pas lu le livre mais s'il est aussi chiant que le film...

    scénario: 15/20     technique: 20/20    acteurs: 18/20  note finale: 14/20

    Thérèse Desqueyroux

    Dans les Landes, on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Thérèse Larroque devient Madame Desqueyroux ; mais cette jeune femme aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions ancrées dans la région. Pour se libérer du destin qu’on lui impose, elle tentera tout pour vivre pleinement sa vie…

    C’est l’ultime film de Claude Miller, emporté par un cancer en avril dernier. Faut-il pour autant y déceler une gravité supplémentaire, une dimension « testamentaire » comme on peut souvent le lire lorsque les cinéastes ont disparu alors que leur œuvres sont livrées au public : non. C’est un film qui trouve tout naturellement sa place dans la filmographie du réalisateur de L’effrontée ou de La classe de neige et l’on y rencontre cette tonalité si particulière propre à la plupart de ses films, sans doute ici exacerbée car reposant sur le très beau texte de François Mauriac : une ambiance un peu étouffante, des personnages complexes qui semblent ne jamais se résoudre à épouser la typologie dans laquelle on voudrait les enfermer. Thérèse Desqueyroux n’est pas tout à fait la jeune femme avant-gardiste que l’on imagine et Bernard, son époux, n’est pas uniquement le grand propriétaire terrien un peu bêta que l’on pourrait croire. Les choses sont plus compliquées qu’elles n’en ont l’air et tout le récit se construira autour de ce précepte, distillant par ailleurs un venin pernicieux : mensonges et faux semblants règnent en maître, s’attachant à sauver les apparences d’un petit milieu bourgeois provincial encore convaincu de sa supériorité.

    Ici dans les Landes, au cœur d’un paysage splendide entre océan et forêt, on arrange les mariages pour réunir les terres et allier les familles. Cette pratique ancestrale permet de bâtir des empires sur lesquels s’érigent des fortunes familiales, commerçant là le vin, ici le bois. Thérèse Laroque va ainsi épouser le fils Desqueyroux : une alliance prometteuse qui viendra asseoir l’hégémonie du clan sur la région. L’amour n’a pas vraiment sa place dans cette transaction, l’amour viendra sans doute à l’usage, à force d’habitude, ou bien il ne viendra pas et on fera comme si. Quand elle épouse Bernard, Thérèse a des idées plein la tête, des idées qui ne semblent pas devoir s’accorder avec le monde qui l’entoure, des idées bouillonnantes qui la troublent, l’émeuvent, la distraient… Homme radical et avant-gardiste, son père y est sans doute pour quelque chose, et ce n’est sans doute pas non plus un hasard si le nouveau fiancé est son exact opposé.
    Refouler ses idées folles, ses rêves d’envol, enfouir ses désirs et ses curiosités sous le sable étouffant des conventions et espérer que tout disparaisse à jamais : voilà l’objectif qu’elle se fixe, comme un défi personnel, à la veille des noces. Mais le mariage ne sied pas vraiment à Thérèse et l’homme dont elle partage l’existence et les hectares de pins est un individu étriqué, aux préoccupations basiques, un homme qui ne lui inspire ni désir, ni exaltation, ni attirance sensuelle, tout au plus une vague affection, celle que l’on peut avoir pour un chien fidèle et dévoué.
    Il va suffir de trois fois rien pour que la flamme en elle se rallume. Non pas la flamme du sentiment, celle qui fait battre le cœur de son amie d’enfance Anne pour le beau Jean Azevado, révélant cruellement à ses yeux l’existence de la passion amoureuse, mais la flamme intérieure qui ronge et fait des ravages. Celle du regret et des frustrations, celle des rêves qui ne se réaliseront pas, celle de cette vie exaltante qu’elle ne connaîtra jamais.

    Personnage souvent sombre et cruel, Thérèse Desqueyroux est une héroïne moderne : maîtresse de ses actes, y compris les plus répréhensibles, elle est pourtant l’éternelle victime d’un monde dans lequel elle ne trouve pas sa place, un monde d’hier dont la première guerre mondiale sonnera bientôt le début de la fin. Contrairement à Lady Chatterley ou à Emma Bovary, Thérèse Desqueyroux n’ira jamais au bout de son cheminement intérieur, en cela, elle demeure un personnage fascinant et inaccessible dont on ne parvient jamais à percer l’intime secret.


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