• The Cakemaker

     Voici un très beau film, plein de tendresse et de douceur, un premier film délicat, poétique et sensuel, sur l'amour et la résilience. Le réalisateur évite avec talent les scènes à faire, les clichés. Même la musique de piano de Dominique Charpentier est dans une tonalité parfaite. C'est doux, émouvant, bref, une jolie réussite.

    scénario: 17/20           acteurs: 17/20   technique: 17/20    note finale: 17/20

    The Cakemaker

    Thomas, un jeune pâtissier allemand, a une liaison avec Oren, un homme marié israélien qui voyage régulièrement à Berlin pour affaires. Quand Oren meurt dans un accident de voiture, Thomas se rend à Jérusalem à la recherche de réponses concernant sa mort. Sans révéler qui il est, Thomas se plonge dans la vie d'Anat, la veuve de son amant, qui tient un petit café. Il commence alors à travailler pour elle. 

    Craquant au dessus, mœlleux à l’intérieur, fondant dans la bouche… Ce premier film est un mets de choix, aux saveurs multiples. On en ressort à la fois nourri et affamé. Nourri par une histoire riche et subtile, transgressive… Affamé parce qu’après avoir vu défiler sous nos yeux tant de gâteaux somptueux (forêts noires, biscuits à la cannelle, brioches au chocolat…) on est prêt à foncer dans la meilleure pâtisserie qu’on connait, en suppliant les dieux qu’elle soit ouverte ! Effet pavlovien garanti, même si on préfère le salé !

    Oren est israélien et vit à Jérusalem, Thomas est allemand et vit à Berlin. Le premier est homme d'affaires dans le bâtiment, le second est artisan pâtissier. Pas vraiment de raison qu'ils se rencontrent… Sauf qu'Oren vient régulièrement dans la capitale allemande pour son boulot et qu'il est gourmand comme un chat : si bien que la modeste pâtisserie de Thomas devient vite un lieu de pèlerinage incontournable. Quand, un jour, dans un souffle troublé, il l’avoue au pâtissier en passant commande, c’est une toute autre relation qui se noue entre les deux hommes. Des regards appuyés s'échangent, les sourires timides de l’un répondent aux sourires ravageurs de l’autre… et les voilà engagés dans une histoire torride mais néanmoins tendre, sans lendemains mais toujours renouvelée au gré des déplacements d’Oren. Parfois ce dernier évoque sa vie en Israël, son fils, sa relation avec son épouse, à laquelle il n’oublie jamais de ramener une boîte des sablés qu’elle affectionne tant, sans se douter qu’ils sont fabriqués par l’amant de son mari… Thomas se contente de n’être qu’une parenthèse invisible dans la vie bien rangée de son compagnon intermittent.
    Mais un jour Oren devient injoignable. Thomas discrètement appelle, puis insiste, redoutant de se renseigner par des voies plus officielles au risque d’éveiller les soupçons. Il finira par apprendre l’accident… Ce qui devrait être la fin d’une histoire va en être le commencement véritable.
    Thomas n’est pas tout à fait le gars ordinaire qu'il paraît : au lieu de ressasser son chagrin, écoutant plus son intuition que sa raison, il débarque dans la ville sainte où vit la désormais veuve d’Oren. Dans les rues, il la guette, finit par découvrir qu’Anat, c’est son prénom, a ouvert un humble salon de thé. Il en pousse la porte. Commande une pâtisserie, sympathise… Quelques jours plus tard, il propose à Anat ses services… Comme balayeur, plongeur, garçon à tout faire… Un goy, « un non juif » ne peut aspirer à rien d’autre dans ce quartier religieux. Impossible d’échapper à la vigilance des contrôleurs qui attribuent l’indispensable label kasher. Mais de toute façon Anat ne sait rien de cet inconnu et n’a aucune idée de ses compétences gastronomiques. Entre deux coups de balai zélés, Thomas observe Anat, ses mains qui se plongent sensuellement dans la farine, ses coups de fatigue, cette tristesse soudaine qui submerge ses sourires fragiles. Elle l’émeut. Peut-être celui qui n’a pas la légitimité de pleurer sur le corps du disparu vit-il par procuration le deuil de la compagne officielle ? Peut-être cheminer à ses côtés est-il une manière de prolonger un temps sa relation avec l’homme qu’il a aimé plus qu’on ne l’aurait pensé. Toujours est-il que cet amour mutuel et indicible pour Thomas réunit progressivement et de façon secrète ces deux êtres un brin brisés qui avancent encore titubants sous le choc de la perte mais qui se renforcent mutuellement. Un duo d’âmes partant à la conquête d’un peu de réconfort et de tendresse, à moins que ce soit un trio, tant l’absent reste présent.

    Un film qui fera frissonner cinéphiles et gourmets de bonheur, une surprise simple, généreuse, comme le fut Le Festin de Babette il y a quelques années…


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