• Teodora pécheresse

    Un joli documentaire sur la vie d'une jeune fille qui av rentrer dans les ordre en Roumanie. Ce sont ses derniers jours avant de devenir "petite mère", après 11 ans de noviciat!!! Intéressant, même si parfois, c'est un peu ennuyeux.

    scénario: 16/20  technique: 16/20  note finale: 16/20

    Teodora pécheresse

    Téodora est belle et gracieuse. Elle porte les vêtements noirs, rêches et sans forme du monastère de Varatec, au cœur de la Roumanie, telle une princesse du Moyen-Âge. Entourée des "petites mères" du monastère, Téodora prépare l'événement le plus important de sa vie.

    C'est une histoire d'amour, un amour pas comme les autres : au cœur de la Roumanie, 450 femmes vivent en communauté dans le monastère de Varatec. Ce sont les « petites mères », les promises, les fiancées, les mariées du Christ. Tout de noir vêtues, elles ressemblent à des princesses du Moyen âge. Téodora s'apprête à prononcer ses vœux, elle a vingt six ans, elle est belle, gracieuse et n'a aucune timidité devant la caméra, aucune ostentation non plus d'ailleurs, au point qu'on se demande comment, se sachant filmées, toutes ces jeunes ou vieilles religieuses orthodoxes ont pu accepter de s'exposer avec autant de naturel dans leur quotidien : elles sont gaies, moqueuses, binent le jardin, déblaient la neige, travaillent beaucoup, prient… et parlent de leur choix, de la joie éprouvée au moment de l'engagement définitif, de cette exultation de l'âme qu'elles semblent toutes partager : « quand Dieu t'appelle, tu laisses tout ». Téodora n'est pas son nom, mais le deviendra le jour de la cérémonie finale, une façon de signifier sa renonciation définitive au monde. Les sœurs l'entourent, la préparent, coiffent ses longs cheveux qui lui seront coupés ce jour-là, complices, tendres, rieuses. Le jour des vœux, ses amis, sa famille viendront se mêler au rituel et l'embrasser tandis qu'elle se présente à chacun, répétant : je suis Téodora, pécheresse…

    Les chants du rite bysantin accompagnent tout le film. C'est intrigant et beau. On s'étonne de voir un couvent peuplé d'aussi jeunes personnes… En fouillant sur internet on comprend mieux : l'église orthodoxe, en Roumanie comme dans tous les pays de l'Est, a repris du poil de la bête depuis la chute du régime communiste. Dans le film, la mère de Téodora qui est entrée au couvent en même temps que sa fille, raconte que toute jeunette, elle avait fait le choix d'être religieuse, mais les communistes avaient chassé moines et nonettes, fermé les couvents, et son père l'avait mariée contre son gré… Ce n'est donc que bien plus âgée, ses enfants casés et son mari disparu, qu'elle a pu enfin accomplir son rêve de jeune fille. La vitalité de l'église roumaine est énorme : en vingt ans, des églises, des couvents se sont créés un peu partout, quarante séminaires, une douzaine de facultés, et on raconte aux enfants des écoles que Dieu les punira s'ils ne sont pas sages. Les patriarches roumains sont en train de construire la plus grande cathédrale d'Europe, ils ont emprunté 200 millions aux banques pour pouvoir commencer les travaux et comptent avec confiance sur les dons des fidèles pour rembourser. Les offices pourront accueillir 5000 fidèles…

    « Depuis toute petite, je me suis dit que la seule chose qui compte dans la vie, c'est l'Amour », raconte la réalisatrice. Élevée par une famille aimante et très croyante, avec pour les offices dans l'église voisine un pope à grande barbe blanche, doux et gentil. Elle a quitté la Roumanie avec l'homme de sa vie, a commencé à faire des films. « Nous avons eu une vie magnifique, vécu un amour absolu »… et puis cet homme est mort brutalement. « Comment vivre l'amour en l'absence du corps de l'être aimé »… En abordant cette histoire de femmes qui consacrent leur vie à un être invisible, Anca Hirte réalisait qu'elle résonnait comme en écho à sa propre histoire « je donnerais n'importe quoi pour avoir cette certitude, pour croire encore en la présence de mon mari. La force de ces religieuses me fascine. Au fond de moi, je sais que je n'ai plus que les souvenirs pour le faire vivre ». C'est le récit de sa propre histoire qui a probablement incité la mère supérieure à accorder à Anca Hirte l'autorisation de filmer l'intérieur du couvent. Téodora, ayant la bénédiction de sa supérieure, a accepté tout de suite. Dans cette relation confiante, Anca Hirte filme au plus près des regards, des visages, des échanges feutrés, captant ce qu'il y a de mystique et de sensuel à la fois dans l'abandon absolu de cette jeune fille à un Dieu invisible : « rien au monde ne saurait être plus doux que d'être la mariée de Jésus » chante-t-elle.


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