• Je pense que le choix de Bill Murray dans le rôle de Roosevelt est peu heureux, mais à part ça, le film est réussi et amusant. On apprend que le président Roosevelt était... polygame!! Les décors et les costumes sont très beaux. C'est magnifiquement filmé. Intéressant

    scénario: 16/20        acteurs: 15/20         technique: 18/20         note finale: 16/20

    Week-end Royal

    Juin 1939, le Président Franklin D. Roosevelt attend la visite du roi George VI et de son épouse Elizabeth, invités à passer le week-end dans sa propriété à la campagne. C’est la première visite d’un monarque britannique aux Etats-Unis. La Grande-Bretagne se prépare à entrer en guerre contre l’Allemagne et espère obtenir l’aide américaine. Les bizarreries et l’étrange mode de vie du président étonnent les souverains. En ce week-end royal, pris entre les feux de sa femme, sa mère et sa secrétaire, les affaires internationales ne sont pas vraiment la priorité de Roosevelt davantage intéressé par sa relation avec sa cousine Daisy.

    Délicat mais avec un petit brin d’irrévérence. Subtil avec quelques éclats bienvenues de loufoquerie. Historique mais avec un petit « h »… Ce film au charme fou, remarquablement écrit et interprété, met en scène l'un d’un des plus grands présidents de l’histoire des Etats-Unis (décidément, après Lincoln…), mais côté privé, côté coulisses…
    En ce printemps 1939, le Président Roosevelt n’a plus grand-chose à prouver à l’Amérique ni au monde. Il est estimé, admiré, aimé du plus grand nombre. Mais l'homme est un peu fatigué et rêve de légèreté, d’insouciance. Il a la santé fragile : des migraines à répétition qui obscurcissent son esprit brillant, et ce handicap qu'il traîne depuis bientôt vingt ans, qui le cloue dans un fauteuil roulant, qu’il aimerait bien abandonner au pied d’un chêne centenaire, histoire de gambader dans les champs.

    C’est précisément en pleine campagne, loin de Washington, dans les prairies verdoyantes de la vallée de l’Hudson, que Roosevelt se ressource, oubliant pendant quelques jours le poids de ce grand corps encombrant en même temps que les contraintes de sa fonction. Il oublie aussi les premiers chants guerriers dont l’écho lui parvient de la lointaine Europe… Pour l’heure Franklin se détend et il a besoin de compagnie. C'est du moins ce que décrète Madame Roosevelt mère qui a encore une influence non négligeable sur son rejeton. Elle a donc l’idée de faire venir dans la résidence familiale une cousine éloignée pour « distraire » son président de fils, en tout bien tout honneur, of course.
    Pourquoi Daisy et pas une autre ? Le hasard sans doute, et une disponibilité bienveillante du moment, de celles qui animent ces êtres discrets et dévoués qui, à force de s’occuper des autres – en l’occurrence une vieille tante malade – en finissent par oublier de vivre leur propre existence. Quand elle arrive à Hyde Park on Hudson, Daisy croit n'y rester qu'un après-midi… Un très très long après-midi de printemps qui se prolongera durant de longues années et verra la naissance d'une douce relation…
    Grand amoureux des femmes, beau parleur et redoutable coureur de jupons, Roosevelt va faire de Daisy sa très fidèle confidente. Et même si la fidélité n’est pas, loin s’en faut, le trait le plus marquant de sa forte personnalité, il va sincèrement s’attacher à elle, personnage discret mais nullement effacé qui lui apporte la douceur d’un foyer qu’il n’a pas réussi à construire, la légèreté d’une valse qu’il ne peut pas danser et la frivolité d’un batifolage dans les champs que son rang de président lui interdit en principe.

    Mais pourquoi le « Royal » du titre, vous questionnerez-vous à juste titre ? Eh bien il se trouve que le temps d’un autre week-end, le Roi d'Angleterre et son épouse vont débarquer à Hyde Park, pour ce qui est la première visite officielle d'un souverain britannique aux Etats-Unis. La mission de George VI, que l’on découvrira ici en monarque sympathique et humain : encourager le Président Roosevelt à engager son pays dans la guerre qui s'annonce. Entre Daisy qu’il va pour le coup un peu délaisser, sa mère pour le moins intrusive, son épouse, la très libre et moderne Eleanor, sa secrétaire Missy avec laquelle il ne partage pas que des mémos et la souveraine britannique quelque peu perturbée par les us et coutumes de ces lointains voisins… Franklin Delano Roosevelt va user de son charisme, de son habileté peu commune et nouer une franche amitié avec Georges VI, ce roi qui, comme lui, souffre d'un handicap (c'est le roi bègue du Discours d'un roi !) et qui, comme lui, croit en la simplicité sincère dans l’exercice du pouvoir.
    La grande histoire comme la petite sont en marche et se nourrissent de petits détails : un pique-nique, quelques cocktails, des timbres de collection et même des hot-dogs !


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  •  Jean Rochefort avait dit qu'il ne tournerait que dans des grands films! il a tenu parole. ce film est un bonheur.

    scénario: 18/20         acteurs: 18/20     technique: 18/20   note finale: 18/20

    L'artiste et son modèle

    Été 1943, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur, vit une retraite paisible avec sa femme Léa, anciennement son modèle. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, il est à la recherche d’une inspiration nouvelle, mais rien ne semble le sortir de la monotonie ambiante.
    En hébergeant Mercé, une jeune espagnole échappée d’un camp de réfugiés, le vieil artiste découvre une nouvelle muse et retrouve le goût du travail. Il démarre alors la sculpture de sa dernière œuvre…


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  • Pas mal mais c'est long, très long. Et surtout le titre est trompeur: il aurait  dû être "Pierre Durand". Mais à part ça, c'est plutôt  bien fait. Même si Pierre Durand passe pour un sale égoïste et un abrutis, il a du apprécier... C'est bien joué et bien filmé.

    scénario: 16/20         acteurs: 17/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Jappeloup

    Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Trop petit, trop caractériel, trop imprévisible, il a de nombreux défauts mais une détente et des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Avec l’aide de Nadia, sa femme, et de Raphaëlle, la groom du cheval, Pierre va regagner la confiance de Jappeloup et construire une relation qui va les mener aux JO de Séoul en 1988.


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  • Miracle! ils ont réussi à faire un très bon film, fidèle à la bd!!! Tout est réussi dans ce film qui plaira aux petits et aux grands. Les acteurs sont formidables. C'est bien filmé, les décors sont très réussis. Et le scénario est plein d'humour.

     scénario: 17/20     technique: 17/20      acteurs: 17/20    note finale: 17/20

    Boule et Bill

    Tout commence à la SPA. Un jeune cocker se morfond dans sa cage. Il ne trouve pas les maîtres de ses rêves. Soudain, apparaît un petit garçon, aussi roux que lui. Qui se ressemble s'assemble : c'est le coup de foudre. Pour Boule et Bill, c'est le début d'une grande amitié. Pour les parents, c'est le début des ennuis… Et c'est parti pour une grande aventure en famille !


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  • Une très jolie comédie qui vous fera rire et sourire. On ne se prend pas la tête et on passe un bon moment. Et félicitations à Virginie Effira pour marcher sur des Louboutin presque tout le film...

    scénario: 16/20    acteurs: 18/20  technique: 16/20 

    20 ans d'écart

    Alice Lantins a 38 ans. Elle est belle, ambitieuse et fait preuve d’une impeccable conscience professionnelle au point d’en oublier sa vie privée. Bref, elle a tout pour devenir la prochaine rédactrice en chef du magazine « Rebelle », tout sauf son image de femme coincée. Mais lorsque le jeune et charmant Balthazar, à peine 20 ans, va croiser le chemin d’Alice, le regard de ses collègues va inexplicablement changer. Réalisant qu'elle détient la clef de sa promotion, Alice va feindre la comédie d’une improbable idylle.


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  • J'ai beaucoup aimé ce thriller même s'il faut reconnaître que le scénario est particulièrement embrouillé et que l'on passe d'une invraisemblance à l'autre. C'est dommage car il y avait tout pour faire un excellent film. On passe tout de même un bon moment, ce film est réussi, mais il aurait pu basculer dans ma catégorie merveille si le scénario n'était pas si abracadabresque. c'est très bien filmé et les acteurs sont excellents.

    scénario: 15/20      acteurs: 17/20   technique: 18/20   note finale: 16/20

     

    Möbius

    Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d’un puissant homme d’affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d’or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré. Naît entre eux une passion impossible qui va inexorablement précipiter leur chute.


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  •  Je m'attendais vraiment à une grosse ineptie, ce fut donc une heureuse surprise. Ce film est une joyeuse comédie portée par des jeunes acteurs formidables plein de talent. Comme le scénario est réussi, cela donne un film diverstissant et amusant.

    scénario: 16/20       technique: 16/20    acteurs: 17/20  note finale: 16/20

    La Vraie vie des profs

    Albert et JM, deux « lascars » de 5ème, sont contraints par le directeur de rejoindre le journal de l’école avec de bons élèves - les « boloss ». C’est l’humiliation suprême !
    Passé le choc des cultures, tous s’accordent sur une « pure idée » qui va faire l’effet d’une bombe : transformer le journal en un site internet consacré à la vie privée de leurs profs, un « Closer » du collège !
    Avide de succès, leur chef de bande Albert est prêt à tout pour percer les secrets des adultes. Et même à fouiller leurs poubelles !
    Avec JM, la jolie Sissi, Juju la fille de prof coincée et le petit Mousse, un génie de l’informatique, ils vont se lancer dans des enquêtes insolites et ébouriffantes, et plonger dans l’intimité de leurs profs !
    L’invraisemblable sera sur leur chemin : bikers poilus, poursuites à vélo, caïds belliqueux, night-club douteux, booty shake et… cactus douloureux. Ils oseront tout ! Cette bande n’a qu’une devise : La vie est trop courte pour être petite !


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  • Une heureuse surprise car je craignais le pire. cette comédie est totalement réussie et les deux acteurs principaux sont formidables en "taboulistanais"apprentis-terroristes. Les dialogues sont géniaux et à MDR. J'ai adoré. Je vous le conseille. Surtout si vous aimez l'humour. C'est aussi un hymne d'amour à la France ce film. l'image est magnifique. 

    scénario: 18/20       technique: 18/20     acteurs: 18/20     note finale: 18/20

    Vive la France

    Muzafar et Feruz sont deux gentils bergers du Taboulistan… tout petit pays d’Asie centrale dont personne ne soupçonne l’existence. Afin de faire connaître son pays sur la scène internationale, le fils du président tabouli décide de se lancer dans le terrorisme «publicitaire» et de confier à nos deux bergers, plus naïfs que méchants, la mission de leur vie : détruire la Tour Eiffel ! Pour atteindre leur objectif, ils devront traverser le milieu le plus hostile qui soit : la France ! Une France, bien loin de l’Occident qu’on leur avait décrit : entre les nationalistes corses, les policiers zélés, les taxis malhonnêtes, les supporters violents, les employés râleurs, les serveurs pas-aimables, les administrations kafkaïennes et les erreurs médicales… rien ne leur sera épargné. Ils rencontreront heureusement Marianne, jeune et jolie journaliste qui, pensant qu’ils sont deux sans-papiers, les aidera à traverser ces épreuves et leur fera découvrir un autre visage de la France… Celui d’une terre d’accueil, magnifique et généreuse, où il fait si bon vivre. Vive la France !


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  •  Le début du film est embrouillé mais la suite est pleine de rebondissements. Pas mal pour les ameteurs du genre, ce n'est pas trop mon genre de films mais il est réussi. Plein de cascades, bien filmé.

    scénario: 15/20    technique: 16/20  acteurs: 16/20   note finale: 16/20

    Die Hard : belle journée pour mourir

    Bruce Willis est de retour dans son rôle le plus mythique : John McClane, le « vrai héros » par excellence, qui a le talent et la trempe de celui qui résiste jusqu’au bout.
    Cette fois-ci, le flic qui ne fait pas dans la demi-mesure, est vraiment au mauvais endroit au mauvais moment après s’être rendu à Moscou pour aider son fils Jack, qu’il avait perdu de vue. Ce qu’il ignore, c’est que Jack est en réalité un agent hautement qualifié de la CIA en mission pour empêcher un vol d’armes nucléaires. Avec la mafia russe à leur poursuite et la menace d’une guerre imminente, les deux McClane vont découvrir que leurs méthodes radicalement différentes vont aussi faire d’eux des héros que rien ne peut arrêter.


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  •  Un très joli film sur la triste conditions des femmes marocaines qui veulent s'émanciper: on les prive de leurs enfants... Ce portrait de femme fatale qui sait ce qu'elle veut rappelle les grands films noirs. Mais en le situant dans la ville de Tanger, cosmopolite, moderne et en même temps enserrée dans son histoire et ses traditions, Nadir Moknèche, cinéaste algérien qui ne parvient plus à tourner dans son pays, interroge la réalité sociale du Maghreb. Corruption, exploitation, soumission des femmes, beaucoup de choses sont évoquées en filigrane d'une histoire proche du polar. La grande actrice Lubna Azabal (Incendies, Exils) apporte étrangeté et force à son personnage.

     scénario: 18/20        acteurs: 18/20       technique: 18/20     note finale: 18/20

    Goodbye Morocco

    Dounia, divorcée, un enfant, vit avec un architecte serbe à Tanger. Une liaison scandaleuse aux yeux de la famille marocaine. Le couple dirige un chantier immobilier où le terrassement met à jour des tombes chrétiennes du IVème siècle, ornées de fresques. Dounia se lance alors dans un trafic lucratif, espérant gagner très vite de quoi quitter le Maroc avec son fils et son amant. Mais un des ouvriers du chantier disparaît…


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  • Ha enfin un dessin animé comme on les aime: pour les petits et les grands  et avec un message mais sans être moralisateur! La rencontre entre un humain qui s'incruste chez des monstres qui font tout pour ne pas voir d'humain. Et quand l'amour s'en mèle... un très joli dessin animé à voir en famille.

    Hôtel Transylvanie

    Bienvenue à l’Hôtel Transylvanie, le somptueux hôtel de Dracula, où les monstres et leurs familles peuvent enfin vivre leur vie, se détendre et faire « monstrueusement » la fête comme ils en ont envie sans être embêtés par les humains.
    Pour l’anniversaire de sa fille, la jeune Mavis, qui fête ses 118 printemps, Dracula invite les plus célèbres monstres du monde – Frankenstein et sa femme, la Momie, l’Homme Invisible, une famille de loups-garous, et bien d’autres encore…
    Tout se passe très bien, jusqu’à ce qu’un humain débarque par hasard à l’hôtel et se lie d’amitié avec Mavis…


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  • Pas la comédie de l'année mais divertissant. Une gentille petite comédie aussi vite regérdée qu'oubliée. On a connu Oteniente plus en forme.

    scénario: 14/20        technique: 16/20     note finale: 16/20

    Turf

    C’est l’histoire de quatre potes, quatre petits Français : le Grec (l’ostéopathe), Fifi (qui vit chez sa mère, concierge), Fortuné (l’Antillais qui travaille à la Cogex), et Freddy (le flambeur). Ils fréquentent assidument un PMU parisien, Le Balto. Fatigués de perdre le peu qu’ils ont, ils veulent arrêter de jouer au Turf… Oui mais, selon la devise bien connue des turfistes : Jour de perte, veille de gain, le destin frappe au carreau ! Un destin qui porte des costumes de grand faiseur, un joueur de légende, connu comme le loup blanc sur tous les hippodromes, de tous les turfistes et… de la Police des Jeux : Monsieur Paul. Ce "gentleman" de retour aux affaires leur propose d’acheter un crack, en réalité une vielle carne : Torpille. Ils sont quatre… et décident d’acheter chacun une patte du canasson ! La bande du Balto entre alors dans le monde des propriétaires, des combines et des milliardaires d’Auteuil à Monte-Carlo.
    Vont-ils triompher ou tout perdre, même leur amitié ? Les chevaux sont sous les ordres !


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  • Ce film est très réussi et très intéressant. Il y a cependant un bémol et il est de taille: le maquillage et les potiches d'Hopkins qui sont complètement ratés. le pauvre, il en est ridicule. Heureusement, tout le reste est parfaitepent réussi. 

    scénario: 17/20      acteurs: 17/20 (sauf Hopkins: 12/20 à cause du maquillage)  technique: 17/20  note finale: 16/20

    HITCHCOCK

    Alfred Hitchcock, réalisateur reconnu et admiré, surnommé « le maître du suspense », est arrivé au sommet de sa carrière. A la recherche d’un nouveau projet risqué et différent, il s’intéresse à l’histoire d’un tueur en série. Mais tous, producteurs, censure, amis, tentent de le décourager. Habituée aux obsessions de son mari et à son goût immodéré pour les actrices blondes, Alma, sa fidèle collaboratrice et épouse, accepte de le soutenir au risque de tout perdre. Ensemble, ils mettent tout en œuvre pour achever le film le plus célèbre et le plus controversé du réalisateur : PSYCHOSE.

    On pouvait craindre un biopic empesé… et on a un formidable hommage à la puissance de création d'un réalisateur hors-norme, et par là même un formidable hommage au cinéma. La très bonne idée a été de prendre un période bien précise, quelques mois dans la vie et la carrière d'Hitchcock qui changèrent radicalement sa filmographie, un épisode de sa vie qui est emblématique de son audace et de sa volonté de toujours se remettre en question. Nous sommes en 1960. Hitchcock est alors le maître incontesté du suspense. Depuis déjà quinze ans, le réalisateur anglais est la coqueluche des studios hollywoodiens à qui il a donné de nombreux films à succès (on ne va pas les énumérer), et à 60 ans il est même désormais une vedette de la télé avec sa célèbre série Alfred Hitchcock présente. Il pourrait jouir de sa superbe villa de Beverly Hills avec son épouse et collaboratrice de toujours, la discrète mais très influente Alma Reville, et continuer à enchaîner les réussites. Mais en 1960, il découvre un peu par hasard un roman de Robert Bloch inspiré par le terrible tueur en série Ed Gein, coupable de meurtres atroces au début des années 50 dans le Wisconsin. Il y voit l'occasion de revenir aux sources d'un cinéma à peu de moyens mais terrifiant et efficace, de ciseler un petit bijou cruel. Mais dans l'Amérique encore pudibonde et soumise à la censure du début des années 60, l'histoire d'un psychopathe qui déterre sa mère et quelques autres pour confectionner des vêtements et objets en peau humaine et qui aime se travestir n'emballe pas, c'est le moins que l'on puisse dire, les pontes des studios. Encore moins quand ils soupçonnent que le maître a l'intention de faire mourir sa belle héroïne 30 minutes après le début du film, et que des scènes partiellement dénudées ne sont pas à exclure. Qu'à cela ne tienne, Hitchcock hypothéquera sa luxueuse maison et financera le film…

    Vous l'aurez compris, le film traite de la production et de la réalisation rocambolesques de Psychose envers et contre tout et tous. Et c'est particulièrement malin de la part de Sacha Gervasi (réalisateur auparavant du génial documentaire Anvil, un de nos chouchous en 2010) d'avoir choisi cet angle car il permet de cerner tout ce qui fait de Hitchcock un personnage passionnant : son caractère de cochon fait de ténacité et d'humour glaçant pour mieux masquer une vraie passion généreuse, son inventivité autant dans la narration que dans la mise en scène (notamment comment il parvint à contourner la censure pour la scène de la douche), sa relation ambiguë et parfois terrifiante avec ses actrices de préférence blondes, le film évoquant la tendre amitié mêlée de fascination entre Hitchcock et la glamour Janet Leigh (remarquable Scarlett Johansson). Mais son rapport aux femmes, sur lequel on a souvent fantasmé, s'incarna essentiellement dans celle qui partagea sa vie et influa sur ses créations, subissant au passage tous ses travers : Alma Reville, interprétée dans toutes ses contradictions (rien n'est censé pousser à l'ombre des grands chênes mais Alma sut rester pourtant elle-même jusqu'à la fin) par la magnifique et trop rare Helen Mirren. Sont aussi évoquées ses zones d'ombres, son engouement pour Psychose n'étant pas totalement étranger à l'éducation cruelle voire sadique que lui infligea sa mère. Il est d'ailleurs amusant – pied de nez du hasard ou choix délibéré du réalisateur ? – qu'Anthony Hopkins, à la limite du mimétisme inquiétant, soit Hitchcock après avoir joué Hannibal Lecter, le tueur en série inspiré lui aussi par Ed Gein, apportant ainsi un peu plus de trouble au rôle d'Alfred.

    En tout cas Hitchcock eut raison de s'obstiner : Psychose, bien que sorti discrètement par son distributeur, devint non seulement un film culte maintes fois copié mais encore le plus gros succès public de son auteur.


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  • Un joli film intimiste sur la fin d'une époque dans une famille. les acteurs sont formidables. Et la Grèce est un personnage à part entière. Et c'est beau la Grèce...

    scénario: 17/20   acteurs: 17/20   technique: 17/20  note finale: 17/20

    Tu honoreras ta mère et ta mère

    Les Dieux n'aiment pas que l'on force le destin.
    Quand Jo débarque en Grèce avec ses fils, alors qu'elle sait que le festival qu'elle a créé est annulé pour cause de crise.
    Quand elle squatte une maison parce qu'on ne la loge plus.
    Quand elle force la main du maire pour faire quand même un "petit" spectacle...
    Les Dieux la punissent : ses fils lui font la gueule, le spectacle dégénère et son petit-fils couche avec une Grecque du village.
    Ils sont tous virés, c'est la fin d'une époque de sa vie.


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  • Une merveille! Ce film dont je n'avais jamais entendu parler et que je suis allé voir par hasard est une totale réussite! Le film est prenant et les acteurs sont formidables. On peut juste regretter que l'image soit "dégueulasse" donnant une fois de plus raison à ma célébre théorie: les films sur les pauvres sont laids et les pauvres sont toujours moches et vulgaires dans les films.

    scénario: 18/20    acteurs: 18/20   technique: 15/20   note finale: 18/20

    Shadow Dancer

    Collette, jeune veuve, est une républicaine, vivant à Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac, un agent secret du MI5, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille. Elle décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…

    Un film soigné, riche de pistes intrigantes, qui offre une plongée complexe dans l’histoire douloureuse des relations Irlande-Angleterre. Collette, une jeune veuve, vit à Belfast, avec sa mère et ses frères, de fervents activistes de l’IRA. Suite à son arrestation après un attentat avorté au cœur de Londres, Mac, un agent secret du MI5 anglais, lui offre le choix : passer 25 années en prison et ainsi perdre ce qu’elle a de plus cher, son fils, ou espionner sa propre famille. Elle décide de faire confiance à Mac, et retourne parmi les siens…
    Shadow dancer s’ouvre sur une séquence d’un classicisme trompeur, une scène traumatisante – et jouée presque entièrement en hors-champ – de mort d’enfant, qui marquera la protagoniste du film à tout jamais. Le mécanisme psychologique de culpabilité et de rejet face à l’injustice qui passe dans l’ellipse de la première à la deuxième scène a tout du « truc » de scénariste ; on s’attend à ce qu’il resurgisse à un moment donné, comme trauma initial mettant le personnage face à ses blocages les plus profonds. Et pourtant, rien de cela. Il ne sera presque jamais plus question, dans le film, de cette mort première, comme si la mort, précisément, ne comptait plus ; à chaque cadavre succède un autre, qu’une nouvelle fois on veille, on pleure et on enterre, dans une accumulation macabre qui ne semble pas devoir connaître de fin.

    La force de Shadow dancer se situe dans cette attention portée à la dimension « locale » du terrorisme – sa répercussion directe sur la vie des familles des auteurs d’attentats, aussi bien que celles de leurs victimes. Sans faire un historique des relations entre le Royaume-Uni et l’Irlande – le niveau de compréhension géopolitique du récit reste au contraire volontairement brouillé, insondable –, l’effet de réalité provoqué par le film est d’une nature autre. La crédibilité du personnage de Collette et de son entourage ne provient pas de la scène initiale – l’explication psychologique ultime ! –, mais de ce qu’ils existent avec force, en dehors de la mécanique narrative du scénario.
    Shadow dancer puise l’essentiel de sa puissance dans un duo, l’association de James Marsh et de la comédienne Andrea Riseborough. Le regard qu’il porte sur son jeu rentré et sa silhouette frêle sous la pluie du Nord en fait un personnage complexe, fascinant à suivre, qu’on comprend tout en ne parvenant pas complètement à épuiser.

    Si la scène d’ouverture présente Shadow dancer comme un « faux » film psychologique, le récit en fait un « faux » film d’espionnage, car le nœud véritable ne réside pas dans le fait de savoir « qui » est derrière l’intrigue, ou « qui » tire les ficelles. C’est lorsqu’il est le plus délié et le plus incertain que le film est au maximum de sa tension, nous faisant douter de situations ou de personnages que nous pensions jusque-là univoques (notamment les très beaux personnages des deux frères de Collette, interprétés par Aidan Gillen et Domnhall Gleeson). Ce que James Marsh filme le mieux – sa formation et sa carrière documentaires ne peuvent que confirmer l’intuition –, ce sont des atmosphères et des sentiments troubles, que la plus forte des logiques narratives ne peut résoudre entièrement. Un sentiment trouble, comme celui que laisse le film, qui sans tenir fermement sur ses deux jambes, est porteur d’une promesse très forte.


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  • Un film très réussi qui nous tient en haleine jusqu'à la fin. Bradley Cooper nous prouve enfin qu'il est un excellent comédien. Il s'est d'ailleurs enlaidi pour ce tournage.

    scénario: 17/20       acteurs: 17/20   technique: 17/20   note finale: 17/20

    La vie réserve parfois quelques surprises…
    Pat Solatano a tout perdu : sa maison, son travail et sa femme. Il se retrouve même dans l’obligation d’emménager chez ses parents.
    Malgré tout, Pat affiche un optimisme à toute épreuve et est déterminé à se reconstruire et à renouer avec son ex-femme.
    Rapidement, il rencontre Tiffany, une jolie jeune femme ayant eu un parcours mouvementé. Tiffany se propose d’aider Pat à reconquérir sa femme, à condition qu’il lui rende un service en retour. Un lien inattendu commence à se former entre eux et, ensemble, ils vont essayer de reprendre en main leurs vies respectives.


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  • Max

    Un super film plein de tendresse, même si on peut regretter qu'il soit parfois un peu long... On s'ennuie un peu mais c'est sympa. Il faut le voir au moins pour la prestation de la petite actrice qui est formidable. Tous les acteurs sont formidables d'ailleurs dans ce film. C'est bien filmé.

    scénario: 14/20         acteurs: 17/20           technique: 16/20            note finale: 16/20

    Max

    Max a 6 ans. Elle vit avec son père Toni, un petit voyou au grand cœur. Pour Noël, Max décide de lui offrir Rose, une fille de joie rencontrée dans la rue et qu’elle a prise en affection. Malgré la situation compliquée, Toni va avoir du mal à refuser le « cadeau » de sa fille et devoir cohabiter avec Rose.

     


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  •  Un très joli film sur les horreurs de la guerre, commises par les allemands à Monte Solé pendant la Seconde Guerre Mondiale. La petite fille qui interprète le rôle principal est formidable.

    scénario: 18/20        acteurs: 18/20      technique: 18/20   note finale: 18/20

    L'homme qui viendra

    Pendant l’hiver de 1943, Martina, fille unique d’une humble famille de paysans, a huit ans et vit sur le flan du Monte Sole. Plusieurs années auparavant, elle a perdu un petit frère, né depuis à peine quelques jours, et depuis, elle est mutique. Sa mère est de nouveau enceinte et Martina vit dans l’attente de l’enfant qui va naître, tandis que la guerre avance et que la vie devient de plus en plus difficile. Dans la nuit du 28 au 29 septembre 1944, l’enfant voit enfin le jour. Au même moment, les SS se livrent dans la région à une descente sans précédent inscrite dans l’histoire comme le massacre de Marzabotto.


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  • Un film très réussi mais pas que quoi casser trois pattes à un canard. C'est divinement filmé et réalisé mais c'est un peu long. Les acteurs sont excellents.

    scénario: 16/20    technique: 19/20     acteurs: 18/20   note finale: 16/20

    Django

    Dans le sud des États-Unis, deux ans avant la guerre de Sécession, le Dr King Schultz, un chasseur de primes allemand, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. Schultz promet à Django de lui rendre sa liberté lorsqu’il aura capturé les Brittle – morts ou vifs.
    Alors que les deux hommes pistent les dangereux criminels, Django n’oublie pas que son seul but est de retrouver Broomhilda, sa femme, dont il fut séparé à cause du commerce des esclaves…
    Lorsque Django et Schultz arrivent dans l’immense plantation du puissant Calvin Candie, ils éveillent les soupçons de Stephen, un esclave qui sert Candie et a toute sa confiance. Le moindre de leurs mouvements est désormais épié par une dangereuse organisation de plus en plus proche… Si Django et Schultz veulent espérer s’enfuir avec Broomhilda, ils vont devoir choisir entre l’indépendance et la solidarité, entre le sacrifice et la survie…

    chasseurs de nazis. Il nous entraîne pour une épopée épique et flamboyante entre la Californie, le Wyoming et la Louisiane, sur les pas d'un dentiste chasseur de primes et d'un esclave fraîchement affranchi.
    Tarantino s'empare du genre comme il l'a fait avec les autres, sans précaution, en se l'appropriant complètement, et nous livre un film inventif, drôle et sauvage. On pourrait accumuler un chapelet de superlatifs mais ce serait inutile, de même qu'il serait stupide de trop vous en raconter et de vous priver ainsi de la découverte et de la surprise.

    On peut juste dire que le film raconte comment King Schultz (Christoph Waltz, l’inoubliable officier nazi de Inglourious basterds), chasseur de primes de son état, libère l’esclave Django (Jamie Foxx) pour qu’il l’aide à capturer deux frères dont la tête est mise à prix. En échange de son aide, Shultz promet à Django de l'affranchir et de lui apprendre les ficelles du métier. Après avoir été initié au maniement des armes, Django devient donc l’associé de Schultz en attendant de retrouver la femme de sa vie, Broomhilda, laquelle est aux mains de Calvin Candie (Leonardo DiCaprio, qui campe là son premier rôle de vrai salopard), riche propriétaire arrogant et sans scrupules d’une plantation du Sud qui adore… les combats à mort entre ses esclaves noirs !
    De la vengeance et des bagarres, de l'amour et de la passion, des salauds, des adeptes du Ku Klux Klan, des champs de coton et des chants d’esclave, quelques scènes de saloon, une bonne dose d’humour noir et de second degré et comme d'habitude une bande-son groovy qui déchire… Tarantino distille avec maestria tous ces ingrédients pour faire de Django unchained un grand moment de cinéma jubilatoire qui rend un hommage vibrant et extraordinairement vivant à un genre que le cinéaste adore et connaît comme sa poche. Et, plus inattendu peut-être, il livre aussi un ardent plaidoyer contre l'esclavage et ses abominations.

    Comme toujours chez Tarantino, les dialogues sont remarquablement écrits et savoureux, servis par des comédiens tous géniaux et parfaitement à leur place dans la mécanique de précision inventée par l'auteur gargantuesque : Jamie Foxx en bras armé de la vengeance, Sigfried des temps moderne s'en allant terrasser le dragon et sauver sa bien aimée Brunhilde ; Christoph Waltz en chasseur de prime germanique et érudit, défenseur pas désintéressé de l'abolition de l'esclavage ; Leonardo DiCaprio, salaud magnifique et francophile aux dents gâtées, conseillé par son vieil esclave Samuel L Jackson, fourbe et tordu juste ce qu'il faut.


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  •  Ce film est génial!!! Les dfialogues sont à MDT yant ils sont excellents, le scénario est intéressant et les actrices sont formidables! J'espère que Bernadtte Lafont aura un prix!

    scénario: 18/20       acteurs: 18/20    technique: 18/20  note finale: 18/20

    Paulette

    Paulette vit seule dans une cité HLM de la banlieue parisienne. Avec sa maigre retraite, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts. Lorsqu’un soir elle assiste à un curieux trafic en bas de son immeuble, Paulette y voit le signe du destin. Elle décide de se lancer dans la vente de cannabis. Après tout, pourquoi pas elle ? Paulette était pâtissière autrefois. Son don pour le commerce et ses talents de cuisinière sont autant d’atouts pour trouver des solutions originales dans l’exercice de sa nouvelle activité. Mais on ne s’improvise pas dealer !

     


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  •  La première fois que j'ai vu Charlotte Le Bon, c'était dans Astérix et je me suis dit qu'ils avaient vraiment trouvé une anglaise avec une vraie tronche d'anglaise, ce qui dans mon esprit veut dire une tête bizarre et moche: les traits grossiers, les dents de travers, et des mauaises proportions dans le visage. Quand j'ai appris qu'elle était considérée comme jolie... les bras m'en sont tombés, ou presque. Bref, elle joue dans ce film et je la trouve toujours aussi laide (mon Dieu, quelle tête...). J'ai hésité à aller voir ce film car je m'attendais vraiment à une grosse daube. Ce n'est pas le cas. Cette comédie est très réussie et c'est particulièrement du au jeu des acteurs:Raphaël Personnaz que je ne me souviens pas avoir vu dans un autre film est FORMIDABLE! Charlotte Le Bon aussi, idem pour le bébé qui est craquant. C'est bien filmé et le scénario est intéressant.

    scénario: 17/20          acteurs: 17/20       technique: 17/20    note finale: 17/20

    La Stratégie de la poussette

    Thomas a laissé partir Marie, à force de ne pas s'engager.
    Un an plus tard, toujours inconsolable, il se retrouve avec un bébé sur les bras.
    Il va se servir de cet enfant pour reconquérir la femme de sa vie...


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  • Une excellente comédie romantique! Ca change des niaiseries américaines. les personnages sont fouillés, évoluent. Dés le début, on connait la fin, mais après tout, n'est ce pas une comédie romantique. Les acteurs ont fantastiques, l'image est d'une beauté à couper le souffle et le scénario  est intéressant.

    scénario: 17/20    acteurs: 17/20   technique: 17/20    note finale: 17/20

    Un Prince (presque) charmant

    Jean-Marc, quadra carriériste et pressé ne cherchant qu’à satisfaire ses intérêts personnels, va croiser malgré lui la route de Marie. Tout oppose cet homme d’affaire et cette jeune femme éprise de liberté et de justice. Ces deux là n’auraient jamais dû se rencontrer et pourtant la vie en a voulu autrement.


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  •  Un très joli film original avec une Jeanne Moreau grandiose qui joue une vieille dame plein de mystères! j'ai beaucoup aimé ce film intimiste, bien filmé, bien joué, avec un scénario génial!

    scénario: 18/20      acteurs: 18/20       technique: 18/20     note finale: 18/20

    Une Estonienne à Paris

    Anne quitte l’Estonie pour venir à Paris s’occuper de Frida, vieille dame estonienne installée en France depuis de nombreuses années. A son arrivée, Anne se rend compte qu’elle n’est pas désirée. Frida tente par tous les moyens de la décourager. Elle n’attend rien d’autre de la vie que l’attention de Stéphane, son jeune amant d’autrefois. Anne résiste à sa manière. A son contact, Frida va retrouver sa fougue d’éternelle séductrice.

    Au départ, il s'agit d'une Estonienne en Estonie. Anne, la cinquantaine avenante mais lasse, un beau regard voilé d'une mélancolie qui s'est installée au fil du temps, vivote sans joie ni espoir aux côtés de son gros nounours de mari, pas méchant mais porté sur la bouteille, pas fiable pour une couronne, et lourdaud au point d'être devenu un vrai boulet qu'elle a de plus en plus de mal à traîner. Infirmière de profession, Anne est au chômage. Ses deux enfants sont partis, font leur vie, et elle se résigne, attend elle ne sait trop quoi. Ou plutôt n'attend plus rien.

    Elle a tort. Un jour, l'agence de placement lui propose un travail à Paris : elle serait la dame de compagnie d'une vieille dame estonienne installée en France depuis de nombreuses années. Anne de prime abord refuse : Paris, c'est l'autre bout du monde, elle ne peut pas tout quitter comme ça, du jour au lendemain, elle n'a plus l'âge de partir à l'aventure. Quitter quoi ? lui demande sa fille qui l'encourage à accepter, qui l'engueule même de songer à ne pas accepter. Quitter un mari qu'elle ne supporte plus ? Un appartement triste ? Une vie morne ? L'ennui des jours qui passent sans but, sans envie, sans rien ? Alors Anne finit par dire oui, elle va faire le grand voyage, elle va tenter sa (dernière ?) chance.
    Heureusement qu'elle n'avait aucune idée de ce qui l'attend à Paris, sinon elle serait sans doute restée dans son bled estonien jusqu'à la fin de ses jours… Parce que Frida, l'exilée dont elle est censée s'occuper, il faut se la fader ! Désagréable, autoritaire, cassante, blessante, elle fait tout tout de suite pour bien faire comprendre à Anne qu'elle ne veut pas d'elle…
    En fait c'est un certain Stéphane qui a eu l'idée de faire venir Anne auprès de Frida. Au début on a du mal à le situer, Stéphane. Patron d'une brasserie dans le quartier chic où vit la vieille femme, il a l'âge d'être son fils mais on voit tout de suite qu'il ne l'est pas. Un neveu, un cousin ? Non, on comprendra vite que c'est un ancien jeune amant, qui s'est évidemment éloigné mais qui garde un attachement indéfectible envers Frida, en même temps sans doute qu'un vague sentiment de culpabilité… Et Stéphane parvient à convaincre Anne de ne pas fuir, de ne pas abandonner le terrain : il a besoin d'elle, Frida ne peut plus vivre seule, il lui faut quelqu'un et elle ne veut personne, alors il faut qu'Anne arrive à se faire accepter, il faut qu'elle trouve le moyen d'approcher la sauvage, d'amadouer l'intraitable, de faire fléchir l'orgueilleuse…
    Et Anne va s'atteler à ce treizième travail d'Hercule, en jouant de toute sa finesse, de toute sa douceur, de toute sa naïveté aussi, qui n'est pas son moindre atout. Et le film sera le récit attentif et subtil de cette tentative de rapprochement entre deux estoniennes à Paris. Avec l'ange gardien Stéphane qui tiendra un rôle évidemment capital dans l'affaire…

    Frida, c'est un rôle en or pour la Moreau, qui trouve là l'occasion de démontrer toute l'étendue de son talent… et de sa garde-robe : elle change de toilette quasiment à chaque scène et elle la porte si bien qu'on se persuade qu'elle est venue sur le tournage avec une partie du contenu de ses armoires.
    La blonde estonienne Laïne Magi et le discret Yves Pineau sont eux aussi parfaits et ce sont bien les sentiments complexes qui circulent entre les trois qui font tout le prix de ce fort joli film.


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  •  Très beau film, très original. La petite actrice est formidable. 

    scénario: 14/20     acteurs: 17/20    technique:17/20   note finale: 16/20

    Les Bêtes du sud sauvage

    Hushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père.
    Brusquement, la nature s'emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d'aurochs.
    Avec la montée des eaux, l'irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.

    Il est rare qu'un film fasse à ce point l'unanimité ! Et nous ne sommes pas les seuls à être enthousiastes, puisque la presse, les jurys et les publics des festivals plébiscitent le film à chaque projection : Les Bêtes du Sud sauvage a d'ailleurs remporté à Cannes la très prestigieuse Caméra d'or, qui récompense la meilleure première œuvre toutes sélections confondues, soit une quarantaine de films en compétition ! Disons d'emblée que le charme envoûtant du film tient pour une bonne part à la formidable, à l'irrésistible Quvenzhané Wallis qui, du haut de ses six ans, nous embarque pour une plongée extraordinaire dans les bayous du Sud-est des États-Unis. C'est à travers ses yeux innocents, c'est au son de sa petite voie fluette que nous découvrons un monde magique, vibrant de mystères. Derrière ce titre aussi beau qu'intrigant se cache une petite merveille qui vous transporte dans un univers féerique tout en restant ancrée dans une réalité âpre et dure. Un conte onirique mais lucide, parfois même un peu amer, qui nous rappelle très justement que nous ne sommes pas grand chose face à la nature pour peu qu'elle se déchaîne. Une fable viscéralement écologique, mystique et poétique, qui vous réchauffera le cœur et vous accompagnera pendant un bon bout de temps !

    Hushpuppy est donc une gamine afro-américaine de six ans, qui vit dans le delta du Mississippi, au sud de la Louisiane, avec son père alcoolique. Leur quotidien est difficile, même si la communauté de marginaux habitant dans les amoncellements de planches de bois et de tôle qui leur tiennent lieu de « maisons », est assez soudée. Dans la tête de la mômette, tout est encore simple et chaque jour est une fête. Dotée d'une imagination débordante, elle voit par exemple une femme allumer le gaz ou faire bouillir de l'eau, sans rien toucher, juste en passant à côté. Mais Hushpuppy est aussi consciente de la dureté du monde qui l'entoure et sait déjà se débrouiller comme une grande, sa force de caractère paraît même inébranlable. À des milliers de kilomètres de là, les glaciers fondent suite à une forte hausse des températures, libérant ainsi une armée d'aurochs… les fameuses bêtes du titre. Avec la montée des eaux, l'irruption des animaux préhistoriques et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue.

    Le jeune réalisateur nous montre avec une force expressive peu commune les États-Unis de l'après ouragan Katerina, qui a sévi en 2005. Des villes dévastées, des milliers de gens à la rue qui survivent et sont installés dans des habitations de fortune ; l'omniprésence de l'eau, qui a recouvert d'immenses étendues de terre, chassant les habitants loin de chez eux. Pour Benh Zeitlin, pas de doute, c'est l'Homme et son monde industriel incontrôlé qui a déchaîné les foudres de la nature. En s'appuyant sur un imaginaire débordant, servi par une musique magnifique, le film nous transporte dans un monde cruel et violent mais en même temps doux, chaleureux et magique. Un film rare et immanquable !


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  • Un très beau film, très original. Les acteurs sont formidables.

    scénario: 17/20          technique: 17/20        acteurs: 18/20    note finale: 17/20

     

    Main dans la main

    Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province.
    Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.

    Valérie Donzelli est incontestablement la reine des pommes (d'amour) et des paris improbables gagnés avec brio. L'an dernier elle avait réussi à nous donner une pêche d'enfer et une foi inébranlable dans la vie avec un film qui racontait le combat d'un couple face à la maladie grave de son enfant. C'était La Guerre est déclarée, on en ressortait tout guilleret, emporté par l'énergie incroyable d'une mise en scène tout en mouvement qui collait parfaitement avec ses personnages irréductiblement vivants.
    Dès le premier plan de Main dans la main, on retrouve ce sens de la vitesse, ce souffle de la vie que l'on respire à plein poumons. On y voit un jeune homme dévaler tout schuss en skate une colline lorraine. Une très belle séquence d'ouverture pour nous présenter Joachim, ouvrier miroitier de Commercy, qui a deux autres passions à part le skateboard : d'une part la danse dite « de salon », qu'il pratique en amateur certes mais avec sérieux, se produisant sur des musiques des années 80, devant un public souvent composé de retraités ou de voisins ; d'autre part sa sœur, Véro (joyeusement incarnée par Valérie Donzelli), avec qui il entretient une relation fusionnelle, et qui est aussi sa partenaire de parquet. Ils comptent bien se présenter à un concours régional et s'entraînent ferme dans cette perspective.

    A 500 km de là, à Paris, vit Hélène, une femme à la fois fragile et autoritaire qui dirige la très prestigieuse école de danse de l'Opéra Garnier. Une femme admirée et courtisée mais dont la vie privée se résume à la cohabitation avec sa meilleure amie Constance, une petite bonne femme dépensière, alcoolique et possessive (géniale Béatrice de Staël, parfaite en bad girl boulotte aux failles bien cachées). Et puis un jour, Joachim est envoyé à Paris par son patron, prendre des mesures pour des miroirs à l'Opéra. Et l'impossible survient. Il tombe sur Hélène, en pleine crise de nerfs. Il bredouille, elle le regarde, un courant passe, ils ne peuvent plus se détacher l'un de l'autre. Et ceci n'est pas une image : désormais une attraction irrésistible les unit au point qu'ils ne peuvent plus faire un pas l'un sans l'autre, Joachim n'a d'autre choix que d'emménager chez Hélène au grand dam de Constance. Vous connaissez l'expression « ils sont à la colle », elle n'a jamais été plus appropriée…
    Dans ce conte burlesque et surréaliste, Valérie Donzelli ose tout, mélange les genres avec une fantaisie rafraichissante : on passe du comique de situation inspiré du cinéma muet, avec ces poursuites insensées dans les méandres de cet endroit magnifique qu'est l'Opéra Garnier, à la comédie existentialiste bercée par la voix langoureuse d'un narrateur qui raconte comme dans les films de la Nouvelle Vague les affres des âmes étrangement réunies. Et puisque la danse est au cœur du film, la mise en scène se fait joyeuse chorégraphie, amenant espièglerie et mouvement à toutes les situations vécues, à tous les espaces traversés.

    Aux côtés d'un Jérémie Elkaïm qu'elle connaît par cœur et qui est de mieux en mieux, Valérie Donzelli a trouvé en Valérie Lemercier l'interprète idéale pour incarner cette fantaisie et ces ruptures de ton : tour à tour sensuelle (magnifique scène où elle se déshabille complètement devant le ministre de la Culture avant de se draper dans un rideau de la République), hilarante ou grave. Et si le film se montre délicieusement léger, sur un fond musical et dansant symbolisé évidemment par le « Main dans la main » d'Elli et Jacno, il n'en est pas moins une belle parabole sur le couple, toutes les formes de couples, sur l'attachement, sur la séparation et les retrouvailles, les soubresauts qui ne font qu'affermir les relations véritables. Et de cette comédie primesautière se dégage une philosophie de vie généreuse et optimiste qui en revigorera plus d'un(e).


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  •  Pas mal. Un policier original et intéressant mais pas le film du siècle non plus.

    scénario: 16/20      acteurs: 16/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    De l'autre côté du périph

    Un matin à l’aube dans une cité de Bobigny, près d’un vieux tripot clandestin, est retrouvé le corps sans vie de Eponine Chaligny, femme du très influent Jean-Éric Chaligny, premier patron de France, au centre d’un climat social extrême qui secoue la France depuis quelques semaines. Ce matin-là deux mondes radicalement opposés vont alors se croiser : Ousmane Diakité, policier de la section financière de Bobigny et François Monge, capitaine de la fameuse police criminelle de Paris. Leur enquête va les emmener d’un côté à Paris et son syndicat patronal, de l’autre en banlieue de Bobigny et ses affaires clandestines. Tour à tour, de l’autre côté du périph.


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  • Voici un joli film intimistes avec de grands acteurs aux sommets de leur talent. le scénario est un petit bijou. On peut regretter la fin un peu abrupte. La maison du vieux couple est une merveille.

    scénario: 16/20   acteurs: 18/20   technique: 16/20       note finale: 16/20

    Mes héros

    Maxime est un chef d’entreprise qui fait des heures supplémentaires pour sauver sa compagnie d’ambulances au risque de sacrifier sa femme et ses enfants. Apprenant que sa mère est en garde à vue, il va la sortir de prison… et se le fait aussitôt reprocher. Olga, sa mère, est en effet une femme de caractère. Il apprend qu’elle s’est à nouveau disputée avec son père et décide de la ramener chez elle. C’est l’occasion pour Maxime de passer un week-end loin de ses responsabilités. Chez ses parents, deux sexagénaires qui, depuis quarante ans, s’aiment autant qu’ils s’engueulent. Cette parenthèse joyeuse dans une vie agitée est l’occasion pour le fils de se rappeler d’où il vient. La vie a beau être éphémère et injuste elle peut aussi être envisagée comme une suite de petits bonheurs.
    D’autant plus qu’ils ont un invité…


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  • Un adorable conte sur la tolérance et la différence qui plaira aux petits et aux grands ayant gardé une âme d'enfants. les jolies aquarelles de cette animation donne un aspect d'antan réjouissant à l'ensemble.

    scénario: 18/20        technique: 18/20      note finale: 18/20

    Ernest et Célestine

    Dans le monde conventionnel des ours, il est mal vu de se lier d’amitié avec une souris. Et pourtant, Ernest, gros ours marginal, clown et musicien, va accueillir chez lui la petite Célestine, une orpheline qui a fui le monde souterrain des rongeurs. Ces deux solitaires vont se soutenir et se réconforter, et bousculer ainsi l’ordre établi.

    C'est du bonheur en branches, un ravissement pour les yeux, l'intelligence, le cœur, les oreilles… Un miracle de l'hiver, un conte qui se raconte au coin d'un feu qui pétille, une histoire pleine de philosophie, de drôlerie, de tendresse et d'humour pour remonter le moral des grands et apprendre aux enfants qu'il est possible d'inventer un monde meilleur pourvu qu'on refuse de se laisser obscurcir la vue par ces sombres préjugés qui entretiennent la haine de l'autre et donc de soi-même. C'est une fable morale qui plaide pour le pas de côté qui peut tout changer… incite à la tolérance sans jamais bêtifier. C'est un moment de grâce qui doit tout au travail de quatre ans d'une équipe formidable qui n'a pas seulement cultivé la splendeur visuelle en rajoutant une dimension fantastique aux albums de Gabrielle Vincent, mais pris un plaisir communicatif à donner du sens au moindre détail.

    Il y a le monde d'en bas, souterrain, et le monde d'en haut, en surface, et chacun s'est construit une culture en opposition à l'autre : on ne se fréquente pas, on ne se connait pas, même si chacun a néanmoins besoin de l'autre. Les souris du monde d'en bas échafaudent, en tremblant de trouille, toutes sortes de stratégies pour piquer à la société des ours du dessus les matièrs premières qui leur sont indispensables pour l'organisation de leur principale industrie : la dent. Les ours prospèrent (en provoquant des caries qu'ils soignent ensuite) dans la méfiance et la peur de ces petites choses qui se faufilent partout et pourraient bien les envahir : « tu en acceptes une et il en vient cent ! ». Mais les trouvent furieusement indispensables dès qu'il s'agit de mettre leur dent de lait sous l'oreiller pour récupérer un gros sou.
    Des deux côtés, on raconte aux enfants des histoires terrifiantes pour entretenir cet antagonisme séculaire qui permet aux chefs de conforter leur pouvoir en soumettant un petit peuple craintif, persuadé d'avoir besoin d'être protégé. Entre les deux peuples, les préjugés sont tenaces et la culture de chacun contribue à maintenir le statu quo.
    Mais une rencontre, une amitié profonde entre un gros ours ronchon et une petite souris de rien du tout va révolutionner les deux camps : cette amitié contre nature va mettre leurs police respectives sur les dents. Les deux copains seront poursuivis, traqués, emprisonnés, jugés dans un procès qu'envierait Capra…

    La petite souris, c'est Célestine, adorable petite orpheline abandonnée de tous, mais qui refuse de rentrer dans le rang : son rêve, c'est de peindre et dessiner et son regard sur la terre entière n'est que bienveillance et curiosité. L'ours, c'est Ernest, qui fait figure de marginal cool et a déçu cruellement son papa qui l'aurait rêvé juge, mais il rejette lui aussi sa destinée tracée d'avance, quoi qu'il lui en coûte, en devenant chanteur, musicien, poète…
    Ces deux « refuzniks » étaient donc fait pour se comprendre… et pour nous faire fondre tout en donnant aux petits enfants une vision très réaliste de leur propre monde, un monde que même une petite souris et un gros ours peuvent contribuer à faire évoluer.


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  • Même si la mise en scène est parfois déroutante puisque parfois on se retrouve sur une scène de théâtre, ce film est une totale réussite. les décors et les costumes sont somptueux. 

    scénario:19/20      acteurs: 16/20    technique: 19/20  note finale: 17/20

    Anna Karenine

    Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d’un grand bal, de l’infatuation réciproque d’Anna et Vronski. Anna, désorientée, rentre à Saint-Pétersbourg, mais Vronski l’y suit. Elle s’évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s’abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l’aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l’hypocrisie d’une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.

    Après Orgueil et préjugés, Jœ Wright adapte à nouveau un roman fleuve. Cette fois il s’agit DU roman fleuve, un des plus importants de la littérature russe, Anna Karenine. Et devant la caméra virtuose du cinéaste Jœ Wright, Léon Tolstoï se paye le luxe d’une renaissance. Faste, outrancier, romantique jusqu’à l’excès, le cinquième film du réalisateur britannique est une nouvelle merveille. Wright aborde l’exercice avec autant de respect que de tentation visionnaire. Il trouve ainsi l’équilibre parfait entre classicisme racé et modernisme, brisant les murs de la réalité avec la même élégance qu’il déplace des pans entiers de décors, touchant au génie dans son mariage entre littérature, théâtre et cinéma.

    Dans ses premiers instants, Anna Karénine par Jœ Wright impose une vision de cinéaste digne des plus grands maîtres. Impossible de ne pas voir dans la précision géométrique de ces cadres, dans la rigueur des perspectives, l’héritage perfectionniste de Stanley Kubrick. Jœ Wright ira même un peu plus tard jusqu’à le citer ouvertement dans des mouvements de travelling avant-arrière lors d’une séquence se déroulant dans un labyrinthe. C’est dire dans quelles sphères évolue aujourd’hui le réalisateur qui compose son film en appliquant les principes des cinéastes fondamentaux, mais également ceux de Tolstoï. Le récit d’Anna Karénine, le roman, n’est pas tant ce qui en fait la puissance. Cette histoire d’amour destructrice, d’adultère et de chute sociale ne serait qu’un simple mélodrame s’il n’y avait pas le style d’un auteur procurant la fièvre du romanesque. Et Jœ Wright l’a bien compris en ne se contentant jamais de raconter une histoire mais en lui insufflant une âme, une fougue, un style sans pareil. Comment faire vibrer un spectateur d’aujourd’hui à travers une histoire située dans l’aristocratie russe d’il y a deux siècles ? Tout simplement en lui apportant un traitement tel que ce récit redevient contemporain et universel. C’est le dramaturge Tom Stoppard, jadis scénariste de Brazil, Empire du soleil ou Despair, qui est sorti d’un silence cinématographique d’une dizaine d’années pour triturer l’œuvre de Tolstoï et donner à Jœ Wright le matériau idéal. Il fallait un homme de théâtre pour revisiter Anna Karenine, et un expérimentateur un peu fou pour le mettre en image. Jœ Wright prouve avec ce film, plus encore que tous ceux qui s’y sont frottés, que filmer une pièce de théâtre peut donner lieu à un morceau de pur cinéma.

    A travers son sens du découpage et de la transition, ses plans séquences majestueux à travers des décors gigantesques et en mouvement, la grandiloquence de la composition de Dario Marianelli, son exploration des coulisses par les acteurs, son goût pour le romanesque, Jœ Wright traite de la manipulation de l’image de façon extrêmement ludique, en n’oubliant jamais qu’il y a des spectateurs de l’autre côté de l’écran venus assister à un mélodrame flamboyant fait de rencontres, de trahisons, de violence, de mort et d’amour. Tout y est exacerbé à l’extrême. Tout est beau, tout est frontal et c’est précisément ce qui donne toute sa force au film. Au milieu de cet opéra dont les mouvements organiques adoptent ceux de la grande comédie musicale pour capter les personnages, une déesse enflamme l’écran. Keira Knightley n’a jamais été aussi belle, aussi présente, aussi rayonnante. Elle irradie Anna Karenine et apporte toute la nuance de son jeu à un personnage riche et tragique, tandis que lui répondent un Aaron Johnson toujours plus à l’aise et un Jude Law à contre-emploi qui trouve peut-être là son plus beau rôle. Ils donnent du corps à ce récit d’une amplitude démesurée et aux intrigues parallèles complexes, à ce film-monstre qui réinvente littéralement un monument classique. Jœ Wright confirme qu’il est l’un des réalisateurs contemporains les plus impressionnants.


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  •  Un film très réussi sur les enfants soldats. Une merveille malgré la dureté su sujet. Les acteurs sont fantastiques.

    scénario: 18/20     technique: 18/20  acteurs: 20/20  note finale: 19/20

    Rebelle

    Komona, jeune fille, raconte à l’enfant qui grandit dans son ventre l’histoire de sa vie quand elle a dû faire la guerre dans l’armée des guerriers rebelles d’un pays d’Afrique Centrale.
    Le seul qui l’aide et l’écoute est Le Magicien, un garçon de 15 ans qui veut l’épouser. Au fil des mois passés ensemble, Komona et Le Magicien tombent amoureux et s’évadent pour vivre leur amour et trouver la voie de la résilience.
    Rebelle est une fable sur l’Afrique subsaharienne du 21ème siècle, une histoire d’amour entre deux jeunes âmes prises au milieu d’un monde de violence, de beauté et de magie.

    Le film Rebelle, à l’affiche à partir du 28 novembre 2012, dénonce l’utilisation des enfants soldats et par corrélation les transferts irresponsables d’armes.

    Kim Nguyen a commencé à écrire Rebelle il y a 10 ans, au moment du tournage de son premier film, Le Marais. Le cinéaste confie à ce sujet : "Au fil des ans, un scénario est né, un scénario qui tenterait de porter hommage aux vrais héros de l’Afrique, ces héros qui ne sont pas toujours des Occidentaux venus "sauver" des victimes sans défense, mais plutôt des hommes, des femmes et des enfants dont la résilience humaine parvient encore et toujours à vaincre les drames de la guerre."

    Le décor, c'est l'Afrique Subsaharienne, splendide : paysages luxuriants, comme on dit, qui semblent ne pouvoir inspirer autre chose que la sérénité et l'abondance. Pourtant le pays – on ne saura pas exactement duquel il s'agit – est déchiré par des guerres fratricides, dont on ne sait même plus les causes tant elles durent et renaissent constamment, même lorsqu'on les croit en voie d'apaisement : questions de territoires, de pouvoir, de richesses à partager, de querelles ancestrales qui se perpétuent…
    Komona vit paisiblement avec ses parents, dans un village de pêcheurs, un début d'adolescence heureuse. Mais un jour une bande d'hommes armés jusqu'aux dents déboule en hurlant et sa vie bascule dans l'horreur. « Il faut d'abord que je t'explique comment je suis devenue soldat. Parce que sinon, quand tu sortiras, je ne sais pas si le bon Dieu va me donner assez de force pour t'aimer »… Komona a quatorze ans quand le film commence sur ses mots et c'est à l'enfant qui grandit dans son ventre qu'elle raconte l'histoire de sa vie et comment elle a été enlevée deux ans plus tôt par les rebelles, comme des milliers d'autres enfants, enrôlés malgré eux pour combattre, après avoir assisté, voire participé de force, au massacre de leur famille, à la destruction de leurs maisons… embarqués dans une spirale d'horreur, manipulés, violés, drogués par des hommes fous de violence et de haine. C'est à se demander comment il est possible que survive encore dans ces gamins, en proie à un décervelage constant, une lueur d'humanité.

    Du fond de l'enfer, Komona est touchée par le comportement d'un jeune albinos de son âge qu'on appelle Le Magicien. Amitié, amour… peu importe, mais dans leur relation ils vont trouver la force de décider de fuir un conflit qui dure depuis des décennies dans un pays où on peut faire la fête au son des rafales des armes, où la vie d'un homme a moins de prix qu'une kalachnikov et où les fantômes ne cessent d'errer parmi les vivants, perdus entre deux mondes. La magie est omniprésente et les silhouettes blafardes des défunts se déplacent sur les zones de combat, à ne plus savoir s'ils sont le produit de l'imagination, l'effet de substances hallucinogènes, ou l'émergence d'un monde parallèle mais bien réel, celui des morts sans sépulture, condamnés à errer sans pouvoir accéder à un apaisement éternel… provoquant un sentiment d'irréalité douce et cauchemardesque à la fois.
    On écoute Komona raconter son histoire comme on dit un conte, et cela donne à la réalité la distance d'une fable lyrique et forte. Le film décrit une apocalypse, mais il est, en dépit de l'horreur, poétique et beau. Outre l'épatante musique qui tout le long l'accompagne, il suggère quelque chose de profondément fascinant qui passe dans la voix de cette jeune fille : rien ni personne ne semble pouvoir réduire son instinct vital, comme si d'avoir rencontré l'amour (de vivants ou de morts) continuait à nourrir son esprit d'une force profonde.

    Le film a été tourné au Congo Kinshasa, où ont été recrutés les comédiens pour la plupart débutants, comme Rachel Mwanza, gamine des rues abandonnée par ses père et mère, jusqu'à ce qu'elle croise, en 2010, un réalisateur qui lui demande de faire figurante dans un documentaire où Kim Nguyen la remarque… C'est ainsi que Rachel est devenue l'héroïne de Rebelle, pour lequel elle a remporté le prix d'interprétation féminine au festival de Berlin. Si ça, c'est pas une belle histoire !


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