• Rock the Casbah

     Après le même film sorti à 6 mois  d'intervalle (l'attaque de la maison blanche et White house down), voici deux fois le même titre pour deux films complètement différents: rock the casbah! Un film israélien et maintenant un film marocain. Ce film est une totale réussite et j'ai adoré.Le scénario est original, les actrices sont formidables, la réslisation est plein de trouvailles, beaucoup d'émotion, d'amour etc... Une merveille!!

    scénario: 19/20    acteurs: 19/20  technique: 19/20  note finale: 19/20

    Rock the Casbah

    C’est l’été à Tanger. Une famille se réunit sur 3 jours dans la maison familiale suite au décès du père, pour se remémorer les souvenirs et partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les plages, les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, réunir tout le monde et donner à la maison des allures d’enterrement. L’agitation est à son comble d’autant plus que cet homme n’a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l’arrivée de Sofia, la dernière des filles, celle qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n’interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York après plusieurs années d’absence. Son retour va être le moyen de régler ses comptes avec ses sœurs et bouleverser l’ordre établi depuis toujours par ce patriarche. Entre rire et larmes, une hystérie collective va mener chacune de ces femmes à se révéler à elle-même...

    Pas plus de rock'n roll ni de casbah que de beurre en broche dans cette réjouissante comédie marocaine qui nous rappelle le délicieux Caramel libanais sorti il y a quelques années à Utopia…
    Il faut plutôt chercher du côté de la métaphore la signification de ce titre. Rock the casbah, comprendre : bousculer l'édifice, ébranler la forteresse. Et si le film est baigné par la sublime lumière bleue de ce côté méditerranéen du Maroc, il ne sera pas non plus question de l'histoire de Tanger la blanche, ni de plongée au cœur de la médina. Pour la promenade touristique on repassera. La forteresse, c'est celle d'un père établi dans son patriarcat et le rock qui va la malmener c'est celui de ses filles.

    Mais, coup de théâtre, le père meurt. Une mort vite fait bien fait, sans préavis. Le cœur qui lâche, fin de l'histoire. Il laisse un empire, une fortune, une demeure familiale splendide qui surplombe la mer, des employés serviables, dévoués et inconsolables. Mais surtout il laisse des femmes : son épouse et ses trois filles. Le temps du deuil qui, selon la tradition musulmane dure trois jours, sera le temps des larmes et des retrouvailles. Mais ce sera aussi, évidemment, le temps du grand bouleversement. Le diablotin qui était resté tapi bien tranquille pendant des années dans le coin des vies de chacune va se réveiller. Ce diablotin qui attendait son heure pour régler ses comptes avec le passé et ses blessures, en faisant fi des traditions, des coutumes et de la bienséance, pour envoyer chacun(e) face à ses choix, mais surtout à ses non-choix. Le rock sera donc aussi endiablé qu'endeuillé. Mesdames, prenez place sur la piste ! Il y a Aïcha, la veuve inconsolable, elle a l'air d'avoir pris mille ans en un jour, elle qui hier encore embrassait cet homme élégant et charismatique qu'était son époux. Il y a Kenza, la fille ainée, la plus touchée par la mort de ce père qu'elle adulait, restée perdue sur le chemin de l'œdipe. C'est celle qui a tout bien fait comme il fallait pour plaire à papa et si elle est sincèrement bouleversée par cette mort, elle réalise qu'il est peut-être temps de couper le cordon… à quarante ans, il n'est jamais trop tard. Et voilà Myriam qui entre en piste : entre chirurgie esthétique et ennui profond, elle soigne sa déprime à grand coups de bière et d'auto-dépréciation. Quant à Sofia, la petite dernière, la plus frondeuse et la plus occidentalisée, elle est devenue star à Hollywood en ne jouant paradoxalement que des petits rôles de terroriste…

    On se réjouit de voir cette assemblée féminine passer du rire aux larmes, entre prières et blagues salaces… c'est souvent aussi drôle que juste et Leila Marrakchi filme toutes les ambivalences, les contradictions et la complexité de ces femmes plus ou moins jeunes, plus ou moins affranchies du poids de la famille et des traditions. Mais on ne se débarrasse pas facilement des morts, surtout lorsqu'ils sont mâles et marocains et notre pater familias défunt, sous les traits d'un Omar Sharif étonnamment bienveillant, ne manquera pas d'ajouter, de temps en temps, son grain de sel aux engueulades du quatuor infernal.


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