• Rebelle

     Un film très réussi sur les enfants soldats. Une merveille malgré la dureté su sujet. Les acteurs sont fantastiques.

    scénario: 18/20     technique: 18/20  acteurs: 20/20  note finale: 19/20

    Rebelle

    Komona, jeune fille, raconte à l’enfant qui grandit dans son ventre l’histoire de sa vie quand elle a dû faire la guerre dans l’armée des guerriers rebelles d’un pays d’Afrique Centrale.
    Le seul qui l’aide et l’écoute est Le Magicien, un garçon de 15 ans qui veut l’épouser. Au fil des mois passés ensemble, Komona et Le Magicien tombent amoureux et s’évadent pour vivre leur amour et trouver la voie de la résilience.
    Rebelle est une fable sur l’Afrique subsaharienne du 21ème siècle, une histoire d’amour entre deux jeunes âmes prises au milieu d’un monde de violence, de beauté et de magie.

    Le film Rebelle, à l’affiche à partir du 28 novembre 2012, dénonce l’utilisation des enfants soldats et par corrélation les transferts irresponsables d’armes.

    Kim Nguyen a commencé à écrire Rebelle il y a 10 ans, au moment du tournage de son premier film, Le Marais. Le cinéaste confie à ce sujet : "Au fil des ans, un scénario est né, un scénario qui tenterait de porter hommage aux vrais héros de l’Afrique, ces héros qui ne sont pas toujours des Occidentaux venus "sauver" des victimes sans défense, mais plutôt des hommes, des femmes et des enfants dont la résilience humaine parvient encore et toujours à vaincre les drames de la guerre."

    Le décor, c'est l'Afrique Subsaharienne, splendide : paysages luxuriants, comme on dit, qui semblent ne pouvoir inspirer autre chose que la sérénité et l'abondance. Pourtant le pays – on ne saura pas exactement duquel il s'agit – est déchiré par des guerres fratricides, dont on ne sait même plus les causes tant elles durent et renaissent constamment, même lorsqu'on les croit en voie d'apaisement : questions de territoires, de pouvoir, de richesses à partager, de querelles ancestrales qui se perpétuent…
    Komona vit paisiblement avec ses parents, dans un village de pêcheurs, un début d'adolescence heureuse. Mais un jour une bande d'hommes armés jusqu'aux dents déboule en hurlant et sa vie bascule dans l'horreur. « Il faut d'abord que je t'explique comment je suis devenue soldat. Parce que sinon, quand tu sortiras, je ne sais pas si le bon Dieu va me donner assez de force pour t'aimer »… Komona a quatorze ans quand le film commence sur ses mots et c'est à l'enfant qui grandit dans son ventre qu'elle raconte l'histoire de sa vie et comment elle a été enlevée deux ans plus tôt par les rebelles, comme des milliers d'autres enfants, enrôlés malgré eux pour combattre, après avoir assisté, voire participé de force, au massacre de leur famille, à la destruction de leurs maisons… embarqués dans une spirale d'horreur, manipulés, violés, drogués par des hommes fous de violence et de haine. C'est à se demander comment il est possible que survive encore dans ces gamins, en proie à un décervelage constant, une lueur d'humanité.

    Du fond de l'enfer, Komona est touchée par le comportement d'un jeune albinos de son âge qu'on appelle Le Magicien. Amitié, amour… peu importe, mais dans leur relation ils vont trouver la force de décider de fuir un conflit qui dure depuis des décennies dans un pays où on peut faire la fête au son des rafales des armes, où la vie d'un homme a moins de prix qu'une kalachnikov et où les fantômes ne cessent d'errer parmi les vivants, perdus entre deux mondes. La magie est omniprésente et les silhouettes blafardes des défunts se déplacent sur les zones de combat, à ne plus savoir s'ils sont le produit de l'imagination, l'effet de substances hallucinogènes, ou l'émergence d'un monde parallèle mais bien réel, celui des morts sans sépulture, condamnés à errer sans pouvoir accéder à un apaisement éternel… provoquant un sentiment d'irréalité douce et cauchemardesque à la fois.
    On écoute Komona raconter son histoire comme on dit un conte, et cela donne à la réalité la distance d'une fable lyrique et forte. Le film décrit une apocalypse, mais il est, en dépit de l'horreur, poétique et beau. Outre l'épatante musique qui tout le long l'accompagne, il suggère quelque chose de profondément fascinant qui passe dans la voix de cette jeune fille : rien ni personne ne semble pouvoir réduire son instinct vital, comme si d'avoir rencontré l'amour (de vivants ou de morts) continuait à nourrir son esprit d'une force profonde.

    Le film a été tourné au Congo Kinshasa, où ont été recrutés les comédiens pour la plupart débutants, comme Rachel Mwanza, gamine des rues abandonnée par ses père et mère, jusqu'à ce qu'elle croise, en 2010, un réalisateur qui lui demande de faire figurante dans un documentaire où Kim Nguyen la remarque… C'est ainsi que Rachel est devenue l'héroïne de Rebelle, pour lequel elle a remporté le prix d'interprétation féminine au festival de Berlin. Si ça, c'est pas une belle histoire !


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