• On est vivants

     Un documentaire sur ceux qui disent non. C'est un peu fouillis, ça part dans tous les sens et le montage n'est pas terrible.

    scénario: 12/20    technique: 12/20    note finale: 12/20

    On est vivants

    De quoi est fait l'engagement politique aujourd'hui ?
    Est-il encore possible d'infléchir le cours fatal du monde ?
    C'est avec ces questions, dans un dialogue à la fois intime et politique avec son ami Daniel Bensaïd, philosophe et militant récemment disparu, que Carmen Castillo entreprend un voyage qui la mène vers ceux qui ont décidé de ne plus accepter le monde qu'on leur propose. Des sans domiciles de Paris aux sans terres brésiliens, des zapatistes mexicains aux quartiers nord de Marseille, des geurriers de l'eau boliviens aux syndicalistes de Saint Nazaire, les visages rencontrés dans ce chemin dessinent ensemble un portrait de l'engagement aujourd'hui, fait d'espoirs partagés, de rêves intimes, mais aussi de découragements et de défaites. Comme Daniel, ils disent: "L'histoire n'est pas écrite d'avance, c'est nous qui la faisons".

    « Le vieux a du mal à mourir, le neuf tarde à naître. » Antonio Gramsci - « Il n' y a de combats perdus que ceux que l'on a pas menés. » Oscar Oliveira, syndicaliste bolivien

    Comment, après des années de défaites sociales et syndicales , de renoncements idéologiques d'une partie de ceux qui avaient porté l'espoir d'un progrès social, de montées de peurs xénophobes que l'on croyait remisées aux sombres caves de l'Histoire, comment après tout ça trouver encore l'énergie de l'engagement, la force de lutter, l'espoir encore d'un monde meilleur ? Le nouveau film de la franco-chilienne Carmen Castillo, dont le titre sonne comme un rappel salvateur, est le parfait antidote au défaitisme, au fatalisme politique, à la rengaine « tous pourris » ou au refrain « il n'y a pas d'alternative ».

    La vie de Carmen Castillo n'a pourtant pas été pavée que de bonheurs et de victoires. Compagne de route de l'expérience Allende, elle a vu les mille jours de progrès social s'achever dans le sang avec le coup d'État de Pinochet – qu'elle a vécu dans sa chair avec la mort de son compagnon et l'exil forcé. Puis, après les années de soutien et de luttes en France, ce sera parfois le doute et le découragement. Parmi les compagnons indéfectibles toujours confiants et jamais abattus, il y avait le philosophe marxiste Daniel Bensaïd, cofondateur avec Alain Krivine de la Ligue Communiste Révolutionnaire. Daniel Bensaïd, penseur brillant et truculent, toujours lucide mais jamais pessimiste, que nous avons reçu pour une rencontre stimulante et bouleversante peu avant que la longue maladie finisse par avoir raison de lui en 2010.

    Carmen Castillo, portée par les textes splendides de son ami disparu, est allée à la rencontre de ceux pour qui l'engagement et la lutte se déclinent au quotidien : Oscar Oliveira, un des pionniers de la lutte pour l'eau à Cochabamba en Bolivie, qui refusa des fonctions ministérielles dans le gouvernement Morales pour rester au plus près des gens ; les sans terre brésiliens qui ont amené le Parti des Travailleurs à penser « l'éco-socialisme » ; les militants du DAL en France qui ont montré l'iniquité de la non-politique du logement par leurs actions d'occupation de batiments inoccupés ; des femmes des quartiers Nord de Marseille qui rendent leur dignité aux habitants de ces endroits stigmatisés par les médias ; ou encore des syndicalistes de la raffinerie de Donges, dont le leader, en pleurs au moment de la fin de la grève contre la réforme des retraites, rappelle que l'émotion fait aussi partie de la lutte et que bien au-dessus des partis-pris idéologiques, la lutte de tous ces gens est une lutte avant tout pour la vie et pour le progrès. Et surtout on réalise que, à l'instar de ce jeune homme en galère qui a vu sa vie transformée par l'engagement aux côtés du DAL, la lutte et l'engagement peuvent devenir le tuteur autour duquel on érige une vie et qui donne un sens. On ressort rasséréné du film de Carmen Castillo, plein de cette énergie que l'on ressent dans les grands moments historiques mais qui souvent disparaît trop vite et qui là s'installe durablement.


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