• Neuilly sa mère, sa mère

    Le premier opus était plus réussi. L'attrait de la nouveauté peut-être? Mais celui-ci  n'est pas sans intérêt et se regarde avec plaisir. Si cette suite, un peu trop caricaturale, n'est pas à la hauteur du premier opus, on se réjouit de retrouver toute la famille dix ans plus tard.  Cette suite très réussie tire vers la satire politique avec l'élection de 2017 pour référence. C'est un peu surchargé en péripéties, mais la comédie tire assez plaisamment le fil satirique du carriérisme politique. Il y a des situations cocasses et de bonnes trouvailles dans les dialogues. Et surtout, la comédie est enlevée par des acteurs réjouissants, Podalydès en tête, sans oublier les apparitions de Valérie Lemercier.

    scénario: 15/20   acteurs: 16/20    technique: 16/20   note finale: 16/20

    Neuilly sa mère, sa mère

    En 2008, Sami Benboudaoud découvrait l’enfer de Neuilly-sur-seine !
    Dix ans plus tard, alors que tout va pour le mieux pour Sami qui termine brillamment ses études de sciences politiques, plus rien ne va pour son cousin Charles de Chazelle. Depuis la défaite de son idole Sarkozy aux présidentielles, il a sombré dans une profonde dépression quand sa famille perd toute sa fortune et doit quitter Neuilly. Rejetés de tous, les Chazelle trouvent refuge chez Sami, cité Picasso, à Nanterre !
    Dès lors, pour Sami et les habitants de sa cité, la vie ne sera plus jamais un long fleuve tranquille.

    Parfois, histoire de reposer notre cerveau trop sollicité par des films d’auteur complexes, nous nous rendons dans des conventions de gros distributeurs plus destinées aux programmateurs d’usines à pop corn qu’à ceux de vos salles chéries et singulières. Et parfois, entre un film d’action et une comédie familiale aux gags éculés, paf ! Une pépite nous explose aux mirettes et réveille nos synapses endormis alors qu’on ne s’y attendait plus. Derrière une comédie populaire a priori calibrée pour le succès peut se cacher un film d’une intelligence et d’une causticité politiques rarement vues dans les films d’auteurs auxquels nous sommes habitués. Alors tentez de vous rappeler : il y a dix ans Neuilly sa mère ! narrait les malheurs du jeune Sami Bendouaoud, arraché à sa banlieue provinciale pour vivre avec sa tante Djamila à… Neuilly ! Neuilly et son taux de logement social quasi nul et son ancien maire devenu hyper-président de la République. Sami devait se coltiner son cousin Charles de Chazelle, bourré de préjugés racistes et sociaux, qui ne jurait que par Saint Nicolas et espérait lui même une carrière à son image…

    Dix ans ont passé, Nicolas a été délaissé par les Français et Charles a fait une dépression. Mais pire, son père (le toujours excellent Denis Podalydès) a été frappé par les déboires : son entreprise agroalimentaire est accusée de maltraitance animale grave, il est soupçonné d’avoir planqué des liasses dans un paradis fiscal et se retrouve poursuivi par une terrible juge rouge (incarnée par Charline Vanœnacker, belge humoriste pourfendeuse de pontifiants croutons sur France Inter). Toute la famille, horreur, est obligée de se réfugier chez le cousin à Nanterre : Sami donc, devenu brillant étudiant en sciences politiques alors que Charles, hirsute et déphasé, végète. Jusqu’au jour où l’ex-fan de Sarkozy a la révélation : il doit se lancer à la conquête politique de Nanterre ! Mais pour quel parti, vu l’horizon électoral bouché ? Comment plaire à toutes les communautés de Nanterre qui font la diversité de la ville ?

    À partir du récit drolatique de la renaissance de Charles de Chazelle et des déboires de sa famille, Neuilly sa mère, sa mère ! est une satire – digne de la comédie italienne des années 60 – du monde politique et de l’absurdité du jeu électoral dans une ville de banlieue. Tout y est passé à la mitraillette : la démagogie clientéliste vis à vis des communautés, le double discours de l’extrême droite, le mépris social des macronistes et leur novlangue débile, l’impasse totale des partis traditionnels. Le plus savoureux étant la galerie de personnages dont certains jouent des rôles proches de ce qu’ils sont : Arnaud Montebourg en prof frimeur de sciences politiques qui a monté une start-up de miel bio, Eric Dupont-Moretti en star du barreau avide d’honoraires, Julien Dray en socialiste en disgrâce, paumé dans sa petite section misérable de Nanterre… Tout est désopilant pour qui s’intéresse un minimum à la politique. Le film devrait d’ailleurs être prescrit d’office par les enseignants à tous les lycéens pour nourrir une discussion.

     


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