• Main dans la main

    Un très beau film, très original. Les acteurs sont formidables.

    scénario: 17/20          technique: 17/20        acteurs: 18/20    note finale: 17/20

     

    Main dans la main

    Quand Hélène Marchal et Joachim Fox se rencontrent, ils ont chacun des vies bien différentes. Hélène dirige la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier, Joachim, lui, est employé d’un miroitier de province.
    Mais une force étrange les unit. Au point que, sans qu’ils puissent comprendre ni comment, ni pourquoi, ils ne peuvent plus se séparer.

    Valérie Donzelli est incontestablement la reine des pommes (d'amour) et des paris improbables gagnés avec brio. L'an dernier elle avait réussi à nous donner une pêche d'enfer et une foi inébranlable dans la vie avec un film qui racontait le combat d'un couple face à la maladie grave de son enfant. C'était La Guerre est déclarée, on en ressortait tout guilleret, emporté par l'énergie incroyable d'une mise en scène tout en mouvement qui collait parfaitement avec ses personnages irréductiblement vivants.
    Dès le premier plan de Main dans la main, on retrouve ce sens de la vitesse, ce souffle de la vie que l'on respire à plein poumons. On y voit un jeune homme dévaler tout schuss en skate une colline lorraine. Une très belle séquence d'ouverture pour nous présenter Joachim, ouvrier miroitier de Commercy, qui a deux autres passions à part le skateboard : d'une part la danse dite « de salon », qu'il pratique en amateur certes mais avec sérieux, se produisant sur des musiques des années 80, devant un public souvent composé de retraités ou de voisins ; d'autre part sa sœur, Véro (joyeusement incarnée par Valérie Donzelli), avec qui il entretient une relation fusionnelle, et qui est aussi sa partenaire de parquet. Ils comptent bien se présenter à un concours régional et s'entraînent ferme dans cette perspective.

    A 500 km de là, à Paris, vit Hélène, une femme à la fois fragile et autoritaire qui dirige la très prestigieuse école de danse de l'Opéra Garnier. Une femme admirée et courtisée mais dont la vie privée se résume à la cohabitation avec sa meilleure amie Constance, une petite bonne femme dépensière, alcoolique et possessive (géniale Béatrice de Staël, parfaite en bad girl boulotte aux failles bien cachées). Et puis un jour, Joachim est envoyé à Paris par son patron, prendre des mesures pour des miroirs à l'Opéra. Et l'impossible survient. Il tombe sur Hélène, en pleine crise de nerfs. Il bredouille, elle le regarde, un courant passe, ils ne peuvent plus se détacher l'un de l'autre. Et ceci n'est pas une image : désormais une attraction irrésistible les unit au point qu'ils ne peuvent plus faire un pas l'un sans l'autre, Joachim n'a d'autre choix que d'emménager chez Hélène au grand dam de Constance. Vous connaissez l'expression « ils sont à la colle », elle n'a jamais été plus appropriée…
    Dans ce conte burlesque et surréaliste, Valérie Donzelli ose tout, mélange les genres avec une fantaisie rafraichissante : on passe du comique de situation inspiré du cinéma muet, avec ces poursuites insensées dans les méandres de cet endroit magnifique qu'est l'Opéra Garnier, à la comédie existentialiste bercée par la voix langoureuse d'un narrateur qui raconte comme dans les films de la Nouvelle Vague les affres des âmes étrangement réunies. Et puisque la danse est au cœur du film, la mise en scène se fait joyeuse chorégraphie, amenant espièglerie et mouvement à toutes les situations vécues, à tous les espaces traversés.

    Aux côtés d'un Jérémie Elkaïm qu'elle connaît par cœur et qui est de mieux en mieux, Valérie Donzelli a trouvé en Valérie Lemercier l'interprète idéale pour incarner cette fantaisie et ces ruptures de ton : tour à tour sensuelle (magnifique scène où elle se déshabille complètement devant le ministre de la Culture avant de se draper dans un rideau de la République), hilarante ou grave. Et si le film se montre délicieusement léger, sur un fond musical et dansant symbolisé évidemment par le « Main dans la main » d'Elli et Jacno, il n'en est pas moins une belle parabole sur le couple, toutes les formes de couples, sur l'attachement, sur la séparation et les retrouvailles, les soubresauts qui ne font qu'affermir les relations véritables. Et de cette comédie primesautière se dégage une philosophie de vie généreuse et optimiste qui en revigorera plus d'un(e).


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