• Madame Hyde

     Pas mal, mais je m'attendais à mieux. Le scénario est un peu léger et l'histoire tourne un peu à vide mais Isabelle Huppert est merveilleuse, comme toujours.

    scénario: 14/20        technique: 16/20      acteurs: 16/20     note finale: 13/20

    Madame Hyde

    Une timide professeure de physique dans un lycée de banlieue est méprisée par ses élèves. Un jour, elle est foudroyée pendant une expérience dans son laboratoire et sent en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse...

    Après le déjà azimuté Tip Top, voici Madame Hyde, nouveau film de Serge Bozon, le grand inventeur de révoltes logiques. Ce qu’il présente lui-même comme un « film sur l'éducation » reprend ses grandes lignes au célèbre Dr Jekyll et Mr Hyde de Stevenson, en racontant l’histoire de Madame Géquil (Isabelle Huppert), une très maladroite professeure de physique, enseignant dans un lycée de banlieue. La mauvaise prof y affronte un mauvais élève, l’insolent Malik (Adda Senani), qui marche avec l’aide d’un déambulateur.
    Le film raconte leur rencontre, le cheminement de leur changement mutuel, le périple d’un apprentissage en commun. Cela passe par un événement qui semble pourtant purement extérieur, objectif : une nuit, Madame Géquil prend la foudre dans son laboratoire, et la voici muée en Madame Hyde, « femme de feu » qui hante les cités la nuit sur les traces de Malik, et trouve pour son enseignement diurne une énergie soudaine et profitable. Or, contrairement au Docteur Jerry et Mister Love de et avec Jerry Lewis (1963), qui adaptait déjà le conte de Stevenson en milieu scolaire, ce n’est pas la transformation qui intéresse Bozon, mais la transmission. Là où Lewis était prof de chimie, Huppert est prof de physique, qui ne croit qu’aux « lois de la nature », accessibles par la réflexion et non par l’expérience.
    Le trajet moral des deux personnages forme un chiasme : le handicapé physique, assoiffé d’expérience, fait le pur chemin vers la logique, quand la handicapée morale, férue de raisonnement, fait le trajet inverse vers l’expérience physique. Au point de croisement entre les deux corps, un coup de foudre, des étincelles, un incendie qui redistribue et interchange la matière. La transmission ne laisse pas les corps indemnes, mais fait passer sans retour ses éléments de l’un à l’autre, et de l’autre à l’un : c’est la pédagogie bozonienne, son naturalisme géométrique, où chacun devra vivre le drame physique de l’autre pour le comprendre. « Un bon prof ne doit pas être aimé, il doit être compris ! », dit Géquil, et cela vaut sans doute pour les bons films. Ils se laissent pourtant aimer, comme malgré eux, quand le film va plus vite que la pensée et que l’incompréhension libère sa charge érotique de 100 000 volts.


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