• le capital

    Un très joli film qui dénonce avec tout le talent de Costa Gavras l'impitoyable monde de la finance. On peut regretter quelques mouvements de camera malheureux.

    scénario: 17/20   acteurs: 17/20  technique: 15/20  note finale: 17/20

    le capital

    La résistible ascension d'un valet de banque dans le monde féroce du Capital.

    Jubilatoire. En pleine crise économique et sur fond de réforme bancaire (il est question de séparer les activités bancaires dites « spéculatives » ou encore « de marché » des activités de dépôt et de crédit), il était bon, même si les sabots sont ici ou là un peu lourds (mais le sujet s’y prête très bien), de nous rappeler – voire nous informer – ce qui continue de se tramer au-dessus de nos têtes, en dehors des urnes, et de la justice, en toute impunité ou presque, dans l’univers impitoyable de la haute finance. Et la bonne idée de Costa-Gavras, c’est de le faire de l’intérieur, à travers le parcours, l’ascension d’un quadragénaire, Marc Tourneuil (Gad Elmaleh), polytechnicien zélé mais sans charisme particulier, propulsé par ses pairs, à la suite d’une crise cardiaque du directeur en place (Daniel Mesguich, napoléonien), à la direction d’une des plus grandes banques européennes, Phénix. En fait le Conseil d’Administration de la banque, qui l’imagine manipulable parce que sans expérience, ne voit en lui qu’un intérimaire, en attendant que l’ancien directeur recouvre la santé ou le temps de trouver une « pointure » indiscutable. Mais Tourneuil va se révéler redoutable… car cet univers, il le connaît comme sa poche, qu’il a béante… Toute cette histoire nous fait bien sûr penser à Goldman Sachs, « la banque qui dirige le monde ».

    Personnages et spectateurs sont emportés dans le tourbillon infernal de la haute finance, ses coups tordus, et tous les bonus qui vont avec (signes extérieurs de richesses et reflets d’un narcissisme hors normes) : sexe facile, belles gonzesses, costumes sur mesure, décors luxueux, voyages en jet privé USA-France, rendez-vous sur un superbe yacht avec des Américains représentant un fonds d’investissement spéculatif (Gabriel Byrne en chef requin), dîners intimes dans des restos gastro avec des hommes de l’ombre appartenant au gouvernement, ou avec des dictateurs de pays pétroliers, ou riches en uranium, soirées mondaines dans des musées privatisés pour l’occasion avec journalistes, politiques, grands chefs d’entreprises… À propos de dîner, on pense bien sûr au Dîner du siècle, ou au groupe Bilderberg, ces attroupements de gens dit « influents » qui parlent et décident en secret de la destinée économique du monde. Des attroupements qu’on ne disperse jamais et qui pourtant troublent l’ordre public, et pas qu’un peu !
    Tout ce petit monde avide de pouvoir et d’argent vit sur une autre planète, la finance est un jeu de dupes : qui gagne un jour en bourse détient le pouvoir, qui perd le lendemain en est dépossédé. Objectif unique : se battre sans cesse pour ne pas se laisser dominer à son tour, tout faire pour s’élever au-dessus des marchés, assurer l’approvisionnement en pognon, satisfaire toujours plus les actionnaires et augmenter les rémunérations des dirigeants. Pour y arriver : inventer, grâce au boulot d’une kyrielle de mathématiciens et de logiciels, toujours plus de produits financiers (subprimes, hedge funds, stock options, rachat de banques aux actifs pourris…), de combines, manipuler les employés pour mieux licencier, au besoin avec l’aide des méthodes de Mao et des techniques de communication de Bill Gates (ce qui nous vaut une scène spectaculaire).

    On est loin de la fable philosophique de Cronenberg, Cosmopolis (que j'vais trouvée nullissime!), plus proche de Margin call. Dans leur souci pédagogique, Costa-Gavras et ses scénaristes simplifient un peu trop ici, alourdissent le trait là (les scènes imaginées par Tourneuil, la voix off un peu insistante…). Mais malgré ses imperfections, le film est efficace et bienvenu en cette période où les rappels à la mémoire et les éclaircissements sont plus que jamais nécessaires.


  • Commentaires

    1
    alexia 38
    Samedi 10 Novembre 2012 à 18:17

    je vais partir le voir

    2
    Louise..
    Lundi 12 Novembre 2012 à 19:23

    Costa Gavras a beaucoup de talent, moi aussi je vais aller le voir

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