• Lady bird

    Un très joli film sur l'adolescence. Tout y est réussi: la petite actrice qui joue l'héroïne est vraiment formidable!

    scénario: 16/20          acteurs: 16/20         technique: 16/20          note finale: 16/20

    Lady bird

    Christine « Lady Bird » McPherson se bat désespérément pour ne pas ressembler à sa mère, aimante mais butée et au fort caractère, qui travaille sans relâche en tant qu’infirmière pour garder sa famille à flot après que le père de Lady Bird a perdu son emploi. 

    Actrice, danseuse, scénariste, Greta Gerwig dévoile progressivement ses multiples talents et réalise un formidable premier film qui va casser la baraque. Les critiques américaines sont enthousiastes, les récompenses pleuvent, les premiers spectateurs outre-Atlantique sont emballés, le bouche à oreille est en marche… On vous attend !
    Quand votre mère vous gonfle, ressasse toujours les mêmes rengaines, quoi faire d’autre que de sauter de la voiture en marche pour ne plus l’entendre ? C’est en tout cas ce que fait Christine ! Un brin radicale, la drôlesse (Saoirse Ronan, sincère, espiègle, bouleversante) et pourtant si touchante. À 17 ans, elle a l’âge de toutes les rêveries, de toutes les angoisses aussi. La peur de n’être rien, de ne rien devenir. Elle a aussi l’âge d’enquiquiner son monde, de vouloir le fuir, d’en avoir honte. Surtout ne pas se laisser emprisonner dans ses comportements petit-bourgeois, dans ses murs étroits, ceux de Sacramento que Christine rêve de quitter tout comme une bête à bon Dieu abandonne derrière elle sa chrysalide. Lady Bird (ladybird = coccinelle en anglais), c’est d’ailleurs le surnom qu’elle se donne, faisant table rase du passé et de son nom de baptême pour se sentir prête à s’envoler loin de son enfance corsetée par la religion.


    Alors que sa daronne la verrait bien continuer ses études dans la lénifiante filière catholique qu'elle lui a imposée, Lady Bird, elle, rêve de grande ville, de grande université foisonnante, faisant fi des menaces qui planent, les ailes du récent 11 septembre notamment, qui viennent d’engloutir leur part du rêve américain : nous sommes en 2002. Les angoisses de cette société désemparée qui tentent de la clouer au sol, l’adolescente en fleur ne veut pas les entendre, se raccrochant sans faillir à cette belle insouciance qu’on lui demande d’abdiquer. Cheveux rouges, langue bien pendue, faute de savoir briller dans l’univers trop propret de son bahut, elle est bien partie pour faire tourner en bourrique les bonnes sœurs, les curés, les saintes nitouches qui ont la beauté facile de celles qui ont été langées dans la soie. Avec sa grande amie Julie, elles ne ratent jamais une occasion de se goinfrer d’hosties comme d’autres boulotent des chips, tout en se racontant leurs caresses intimes. Cette année charnière du baccalauréat, traversée de questions existentielles qui filent les chocottes, est aussi celle de l’expérimentation. Se marrer, mater les garçons, rêver de baisers et de grands soirs décoiffants : ce sont des petits riens qui peuplent une vie, la rendent plus acceptable, la remplissent d’un bonheur qu’on ne sait pas toujours reconnaître.
    Petit à petit, on réalise que les choses que Lady Bird affirme détester sont peut-être celles auxquelles elle tient le plus et qu’elle a peur de perdre. À commencer par la relation avec sa flippante maman Marion. Il est clair que ces deux-là s'aiment d'un amour presque fusionnel, sinon elles ne s'engueuleraient pas autant ! Tandis que mère et fille s’affrontent inlassablement pour se réconcilier la minute suivante, Larry, qui porte la double casquette de père et époux, observe leurs scènes avec le regard bienveillant d’un sage un peu usé face à ces tensions qui le dépassent. Il est à l’image de cette société en perte de repères, laminée par le chômage et un brin dépressive, même si elle ne veut pas le montrer. Larry est ce confident à l’humour apaisant, cet allié secret dont Lady Bird a tant besoin pour s’évader… 

    C'est un film d’une bien belle intensité dans sa capacité à retranscrire, sans pathos, la complexité des rapports familiaux et le passage à l’âge adulte. Rien n’est lourdement appuyé dans la construction du récit. La réalisatrice, à l’instar de son héroïne, fait ces pas de côté malicieux qui surprennent, rendent le moindre instant unique, essentiel. Elle donne de l’étoffe à chaque personnage, le rend attachant, crédible avec toute la panoplie de ses contradictions. Tout est légèreté, composition enjouée, duveteuse, qui volète sur le temps qui passe. À peine a-t-on pensé qu’on traversait un moment charnière qu’il a déjà filé. L’étape est franchie sans qu’on ait vu le gué qu’on imaginait infranchissable.


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