• La religieuse

    Je n'ai pas lu le livre et franchement après avoir vu ce film, je n'en ai aucune envie. C'est bien filmé, les acteurs sont géniaux, les décors magnifiques, mais il manque un je ne sais quoi pour que ce film soit totalement réussi. Ca pleurniche beaucoup et il s'en passait des trucs bizarres dans les couvents.

    scénario: 14/20         acteurs: 16/20       technique: 18/20       note finale: 15/20

    La religieuse

    XVIIIe siècle. Suzanne, 16 ans, est contrainte par sa famille à rentrer dans les ordres, alors qu’elle aspire à vivre dans « le monde ». Au couvent, elle est confrontée à l’arbitraire de la hiérarchie ecclésiastique : mères supérieures tour à tour bienveillantes, cruelles ou un peu trop aimantes… La passion et la force qui l’animent lui permettent de résister à la barbarie du couvent, poursuivant son unique but : lutter par tous les moyens pour retrouver sa liberté.

    On pourrait penser que les récits de Diderot sont tout aussi morts que leur auteur et largement enterrés : le xviiie siècle, ça date. On pourrait croire que les seuls à vouloir les déterrer sont quelques professeurs miteux et quelques livres scolaires ennuyeux. On pourrait mais on aurait tort car on risquerait de passer à côté – ce serait dommage – de La Religieuse, film poignant et finalement très moderne, même si le temps où on enfermait les jeunes filles dans les couvents semble un brin révolu.
    Quelle force de caractère et quelle fulgurance se cachent sous les manières policées de la jeune Marie-Suzanne Simonin ! Une volonté forgée dans le désamour de ses parents. À une époque où l'étau des conventions sociales ne laissait guère d'alternative au sexe faible, Diderot fait de son héroïne de seize ans une rebelle, une punkette avant l'heure. C'est du moins le portrait que nous en livre Guillaume Nicloux qui, tout en respectant le texte, en élargit le cadre. Il ne cède pas à un anticléricalisme primaire et en fait une lecture plus universelle, plus contemporaine. La lutte, la recherche de la liberté, le courage de dire « Non » sont plus que jamais d'actualité.

    « Mon père était avocat. Il avait épousé ma mère dans un âge assez avancé ; il en eut trois filles… ». Ainsi démarre le récit de la troisième fille de Monsieur et Madame Simonin, adorable donzelle dont la seule ambition serait de suivre plus tard la voie de ses deux sœurs : se marier, « vivre dans le monde ». Rien de très original ni de très excitant. Rien en tout cas qui paraisse inaccessible pour une petite bourgeoise de l'époque. Plutôt jolie, bien éduquée, elle a bien des atouts de son côté : elle pianote, chante, on la devine de compagnie agréable. Un peu trop peut-être à en croire les œillades que lui jette son futur beau-frère et la jalousie exaspérée que cela suscite chez ses sœurs aînées. Alors quand ses parents décident de la mettre au couvent juste une petite année, cela semble presque une délivrance, une manière de parfaire son éducation avant que sa vie de femme ne démarre vraiment, loin de la famille Simonin…
    La vie chez les sœurs se révèle douce, joyeuse, spirituelle. On la nomme Suzanne et son sens de la répartie, sa belle voix en font vite la coqueluche de mère Moni, la supérieure du couvent qui aime passer des heures à s'entretenir avec elle. Presque comme deux égales malgré les ans qui les séparent. Suzanne admire la vocation de celle qui est la bonté incarnée, l'envierait presque mais prend conscience, peu à peu, qu'elle n'est pas du même bois. Ses aspirations sont tout autres et malgré son amour pour Dieu, elle n'est pas faite pour rester cloitrée sa vie entière.

    C'est pourtant ce que sa famille va exiger d'elle. Usant de chantage, de pressions affectives par la voix de sa mère, de son directeur de conscience, la mettant au pied du mur jusqu'à la pousser contre son gré à devenir religieuse. Jusqu'à ce que Suzanne trouve la force de dire non. Un non qui fait scandale, qui la dépasse, défie sans qu'elle l'aie prémédité tout un ordre établi. Un non courageux, qu'elle maintiendra jusqu'au bout, envers et contre tout, contre tous. Fermeté magnifique qu'on aurait acclamée si elle ne s'était exprimée dans la bouche d'une femme : « les hommes louent beaucoup cette qualité, mais il me semble qu’ils s’en passent volontiers dans celles dont ils se proposent de faire leurs épouses. » C'est bien ce qu'on disait : quelle force de caractère chez cette Marie-Suzanne Simonin !


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