• La danseuse

    Un très beau film sur la danse même si on peut regretter certaines longueurs. La révélation, c'est la fille de Vanessa qui a une véritable grâce. Elle est divine et excellente dans ce film.

    scénario: 16/20      acteurs: 17/20   technique: 16/20   note finale: 16/20

    La danseuse

    Loïe Fuller est née dans le grand ouest américain. Rien ne destine cette fille de ferme à devenir la gloire des cabarets parisiens de la Belle Epoque et encore moins à danser à l’Opéra de Paris. Cachée sous des mètres de soie, les bras prolongés de longues baguettes en bois, Loïe réinvente son corps sur scène et émerveille chaque soir un peu plus. Même si les efforts physiques doivent lui briser le dos, même si la puissance des éclairages doit lui brûler les yeux, elle ne cessera de perfectionner sa danse. Mais sa rencontre avec Isadora Duncan, jeune prodige avide de gloire, va précipiter la chute de cette icône du début du 20ème siècle.

    La fascination… C'est le premier mot qui vient en tête quand on pénètre dans cet univers. Stéphanie Di Gisuto, pour son tout premier film, réussit (de main de maîtresse) à faire renaitre l'envoûtement que faisait naître Loïe Fuller lors de ses représentations dans les années 1900. Les critiques de l'époque s'extasiaient à l'unisson : « Du divin qui se matérialise », « C'est une clarté qui marche, qui vit, qui palpite, et la chose véritablement émouvante, c'est que de toutes ces flammes froides […] jaillit entre deux volutes de lumière une tête de femme, au sourire énigmatique… » L'histoire de Loïe, ce n'est pas celle d'une femme à la beauté innée, facile, c'est celle d'une besogneuse qui devra se battre pour exister, faire reconnaître son talent.


    Ça démarre dans l'Illinois, USA. Loïe, jeunette, ressemble plus à une espèce de Calamity Jane qu'à une ballerine, plus habituée à manier un fusil qu'à faire des pointes (d'ailleurs elle n'en fera jamais). Passant ses premières années entourée de péquenauds à grande gueule, on se demandera longtemps comment il est possible qu'elle soit tombée amoureuse des arts au point de vouloir dépasser sa timidité pour monter sur scène. Alors qu'elle y joue le rôle d'une femme sous hypnose, vêtue d'une longue chemise blanche, elle se met à improviser de grands mouvements. Le public s'écrie : « Un papillon ! Une orchidée ! » Cela devient une joyeuse pagaille, sans doute au grand dam du metteur en scène. À compter de ce jour-là, Loïe, obsessionnelle, consacrera sa vie à enrichir son idée de chorégraphie.
    D'instinct elle s'invente un geste et va traverser le monde grâce à lui. D'abord en sculptant son corps inlassablement, en lui imposant des exercices répétitifs, excessifs. Ensuite en améliorant toujours ses accessoires, ses artifices. Le fruit de son succès, elle le réinvestit sans compter dans l'amélioration de ses spectacles. Elle redessine constamment son costume, le rendant plus complexe et vaporeux. Confectionné d'abord dans quelques mètres de simple coton il est fabriqué par la suite dans 350 mètres de soie la plus fine. Un véritable exploit pour lequel Loïe se lance dans de complexes formules mathématiques. Elle s'entoure des meilleurs techniciens de l'époque, invente une nouvelle manière d'éclairer la scène. Elle devient plus qu'une chorégraphe, une experte dans tous les domaines qu'elle aborde : physique, chimie… devenant même copine avec Thomas Edison et d'autres inventeurs de l'époque, allant jusqu'à faire breveter ses idées. Elle bouscule tous les préconçus, les habitudes. Sous ses doigts, dans son cerveau naissent, sans qu'elle le sache, les prémices de la danse contemporaine, on aurait même envie de dire du spectacle multimédia.
    C'est un vrai tourbillon précurseur qui ne se contente pas de ses acquis et remet perpétuellement tout en question. D'abord seule en scène, elle sélectionne une troupe. C'est ainsi qu'elle auditionne une jeune danseuse presque inconnue nommée Isadora Duncan et qu'elle tombe sous le charme de cette antithèse d'elle-même. Pour Isidora tout est naturellement simple. Elle a la beauté bienheureuse, la désinvolture, les facilités de celles qui n'ont pas besoin d'un costume ni de lumières pour être remarquées, admirées, désirées… Une vraie révélation d'une fulgurance dévastatrice, sulfureuse, qui précipitera la chute de Loïe Fuller…

    Quelle destinée à peine croyable que celle qui conduisit cette fille de ferme du Midwest à New-York puis à Paris ! Mais malgré les acclamations, Loïe resta toujours dans sa tête cette bouseuse terne en mal de reconnaissance, obligée de se cacher sous des mètres de soie luminescente pour avoir l'illusion de briller. Désormais Isadora et Loïe reposent en paix à quelques mètres l'une de l'autre, dans le cimetière du Père Lachaise. La tombe de l'une recouverte de fleurs, celle de l'autre tombée dans l'oubli...


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