• Héritage

    Il est dommage que ce film parte dans tous les sens et qu'il effleure tous les problèmes de la communauté arabe d'Israël sans en aborder aucun.Trop touffu, trop fouillis, trop brouillon. Mais pas inintéressant. bof.

    scénario: 13/20    acteurs: 13/20   technique: 16/20   note finale: 13/20

    Héritage

    Une famille palestinienne se rassemble dans le Nord de la Galilée pour célébrer un mariage, dans un climat de guerre. Lorsque le patriarche tombe dans le coma, les conflits internes font exploser peu à peu l’harmonie familiale, révélant secrets et mensonges jusqu’alors enfouis…

    Le film commence par le plan magnifique, vu du ciel, de montagnes boisées qui semblent former une frontière infranchissable entre deux vallées désertiques. Avec en fond sonore le bruit assourdissant d'avions de combats qui survolent ce territoire millénaire. Cette frontière, c'est celle qui sépare Israël du Liban. On croit avoir tout vu au cinéma de ce conflit : l'arrachement à la terre, les identités explosées, l'oppression coloniale… et pourtant la grande actrice palestinienne Hiam Abbass (révélée par Satin Rouge de Raja Amari, puis splendide dans Les Citronniers de Eran Riklis ou plus récemment dans Une Bouteille à la mer de Thierry Binisti), passée pour la première fois de l'autre côté de la caméra, prend le sujet par un bout de la lorgnette relativement inédit : peut-on, malgré les circonstances mouvementées, tenter de mener une vie « normale » ? En l'occurrence peut-on défier la guerre qui semble vouloir redémarrer et célébrer coûte que coûte un mariage ?

    Nous sommes dans une famille d'un petit village arabe du Nord de la Galilée, dont les habitants subissent la double peine : vivre en tant qu'Arabes d'Israël une citoyenneté de seconde zone et se trouver en permanence, proximité de la frontière oblige, à portée de tir des adversaires d'Israël. La situation ressemble à celle de 2006, quand la guerre a redémarré au Sud Liban, mais Hiam Abbas se refuse à dater précisément l'action de son film, l'essentiel étant l'observation de tout ce qui arrive à cette famille, et qui est aussi tragique, aussi comique, aussi absurde que l'est la situation géopolitique et militaire. Le symbole le plus frappant de cette absurdité est cette photo de mariage que l'on tente de faire alors que les F16 israéliens volent en rase-mottes pour aller bombarder les frères libanais tout proches. Car si le monde explose autour, la famille semble elle aussi au bord de la rupture, tant ses membres sont différents, affichent des positions et des façons de vivre parfois irréconciliables.
    Prenons les trois frères : Majd, l'aîné, entrepreneur raté qui a voulu se lancer dans l'immobilier alors que tout le monde n'aspire qu'à fuir ce village menacé, un homme aveuglé par la fierté qui voudrait tant ressembler à son père ; Ahmad, l'avocat arriviste prêt à tout pour faire une carrière politique, y compris à passer pour un collabo en acceptant l'appui des Israéliens ; enfin, Marwan, le jeune médecin ouvert et tolérant qui a eu le courage de se marier contre l'avis de tous avec une chrétienne…

    Du côté des femmes, elles aussi sont très dissemblables, entre Zeinab, la sœur aînée désabusée, qui s'est toujours sacrifiée pour son père devenu veuf et qui paradoxalement est la plus religieuse mais aussi la plus compréhensive, Samira, la femme cynique et intéressée de Majd qu'incarne magnifiquement Hiam Abbas, et enfin la jeune Hajar, jeune femme libre, amoureuse d'un étranger, partagée entre le désir de vivre pleinement sa vie en partant loin et l'attachement profond à sa famille. Hajar est interprétée avec fougue par Hafsia Herzi, la révélation de La Graine et le mulet, et représente à elle seule toutes ces jeunes femmes qui, de par le monde, ont du choisir entre la tradition, l'attachement familial, et leur liberté. Hajar est sans doute un peu l'alter ego de Hiam Abbas, née à Nazareth et partie s'installer en France dès 1987. A travers cette chronique familiale tour à tour drôle et grave, l'actrice-réalisatrice dresse un portrait vivant et intelligent de cette société complexe, généreuse mais traversée de terribles contradictions qui en font aussi toute la richesse.


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