• Edy Lamarr: from extase to wifi

     Un très beau documentaire sur une actrice scientifique autrichienne qui fit carrière à Hollywood. Je ne la connaissais pas.

    scénario: 18/20          technique: 18/20        note finale: 18/20

    Edy Lamarr: from extase to wifi

    Des débuts fulgurants dans Extase aux prémices des nouvelles technologies chères à notre ère digitale, c’est un double portrait de l’autrichienne Hedy Lamarr. L’un, très officiel, est celui d’une actrice qui fascina le monde par sa beauté et sa liberté sexuelle exacerbée. L’autre, plus intime, est celui d’un esprit scientifique insoupçonné. Obsédée par la technologie, Hedy inventa un système de codage des transmissions qui aboutira au GPS et bien plus tard au Wifi. Il s’agit d’une invitation contemporaine à redécouvrir une figure complexe, celle d’une enfant sauvage partie conquérir Hollywood pour fuir son mari pro-Nazi.

    « Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques, aimez les malgré tout. Si vous faites le bien, on vous prêtera des motifs égoïstes et calculateurs, faites le bien malgré tout. Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus mesquins, voyez grand malgré tout. Ce que vous mettez des années à construire peut être détruit en un instant. Construisez malgré tout. Donnez au monde le meilleur de vous-même, et vous risquez d'y laisser des plumes. Donnez au monde le meilleur de vous-même malgré tout. » Hedy Lamarr

    Pour les machos, le monde des femmes remarquables s'est toujours partagé en deux catégories : d'un côté les femmes qu'ils aiment regarder, les femmes qui se distinguent par leur glamour et qu'ils rêvent d'avoir à leurs bras, faisant d'elles de jolies petites choses décoratives ; de l'autre celles qu'ils aiment entendre, les femmes d'esprit, mais qu'ils ne convoiteront jamais parce que pour eux une intellectuelle n'a aucun sex-appeal et arbore forcément grosses lunettes et pull informe. Dans les années 1930 à 1950, le féminisme n'avait pas encore conquis grand monde, et les machos constituaient le gros de la gent masculine, tout particulièrement dans les sphères du pouvoir. Autant dire qu'Hedy Lamarr, actrice hollywoodienne qui fut consacrée « femme la plus belle du monde » mais qui fut aussi une inventeuse de génie, ne collait pas trop au schéma dominant. Et le monde des hommes n'eut de cesse de briser ses désirs de liberté et d'émancipation.

    Ce film documentaire, produit par une actrice de caractère, Susan Sarandon, et narré par une autre actrice libre, Diane Kruger, rend enfin hommage à la complexité de cette personnalité extraordinaire, au plein sens du mot. Jeune fille autrichienne rebelle aux origines juives cachées dans la Vienne des années 30, elle devient la première, dans un film au titre évocateur : Extase, à simuler – semble-t-il malgré elle – un orgasme au cinéma. Mariée plus tard à un industriel de l'armement travaillant avec l'Allemagne nazie, elle s'enfuit vers l'Angleterre, déguisée avec les habits de sa bonne qu'elle avait préalablement endormie à l'aide d'un somnifère. La suite de sa vie ne fut qu'un incroyable roman. Sur le paquebot qui l'emmène vers l'Amérique, elle bluffe Louis B. Mayer (de Metro Goldwin Mayer) par sa beauté irréelle et son culot : il l'embauchera comme l'actrice la plus glamour des années 40. Mais elle s'ennuiera de ses rôles formatés et, fan de sciences, elle inventera à ses heures perdues un système de fréquences radio pour l'armée américaine à l'origine du WIFI ou du GPS. Sexuellement libérée dans une période qui ne l'était pas, mère parfois ingrate, d'une intelligence hors normes, elle avait tout pour faire fantasmer les hommes de son époque, et s'en faire détester. Et c'est pour cela qu'on l'aime.


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