• Du vent dans mes mollets

    Un très joli film sur l'enfance. Les acteurs sont fantastiques. C'est très bien filmé. J'avais déjà beaucoup aimé le premier film de la réalisatrice "la tête de maman" qui était très réussi.

    scénario: 17/20     acteurs: 17/20    technique: 17/20   note finale: 17/20

    Du vent dans mes mollets

    Prise en sandwich entre des parents qui la gavent d'amour et de boulettes, Rachel, 9 ans, compte les minutes qui la séparent de la liberté. Jusqu'au jour où son chemin croise celui de l’intrépide Valérie.

    Pour sûr, ce n’est pas tout à fait l’image de la famille idéale telle que la montrent ces réclames qui sentent bon la cuisine équipée et l’ami du petit déjeuner. Chez les Gladstein, les portes des placards menacent à tout instant de provoquer un traumatisme crânien et il faut se contenter de la traditionnelle confiture d’oranges amères (« à mères » !) en place de cette délicieuse pâte à tartiner à la noisette qui fait certes de petits bourrelets, mais aussi tellement de bien au moral. Et Rachel, du haut de ses 9 ans, elle l’a un peu au ras des chaussettes, le moral. Ce n’est pas que ses parents ne sont pas aimants, bien au contraire : elle est chérie, adorée, chouchouté, dorlotée, bisoutée tout comme il faut, surtout par maman qui la gave d’attentions autant que de boulettes de viande. Quant à son père, installateur de cuisine de son état, il a est plutôt du genre rigolard, tendance optimiste.

    Mais il plane sur la maisonnée comme une ambiance plombée, il y flotte comme un parfum de mélancolie, le petit air de rien d’un quotidien tristounet qui fait que Rachel n’est pas la plus expansive, la plus joyeuse, la plus souriantes des petites filles. La faute peut-être au passé qui plane comme un mauvais souvenir sur cette famille, la faute peut-être à la mondialisation qui fait que les poupées Barbie dont elle rêve en secret sont fabriqués par de pauvres petits orphelins chinois exploités, la faute à la cuisine brinquebalante que Papa ne se décide pas retaper, la faute aux kilos qui tendent la chemise de nuit de maman. Et ce n’est pas la grand-mère qu’on a mise dans sa chambre qui lui racontera en douce des histoires rigolotes : elle est du genre mutique et pas vraiment portée sur l’empathie inter-générationnelle… Et après tout c’est bien son droit !
    Bref, Rachel se barbe dans cette vie de petite fille trop sage qu’on lui a cousue sur mesure et elle a bien du mal à comprendre les injonctions contradictoires de sa dentiste de mère qui, tout en la couvant comme un oisillon tombé du lit, voudrait qu’elle comprenne déjà les choses des grandes personnes : les camps, la faim dans la monde, la compassion pour les plus démunis, et tous ces trucs qui lui passent au-dessus de la tête.
    Heureusement, les choses vont changer car Valérie va entrer dans la vie de Rachel. Valérie, c’est une tornade à couettes qui parle aussi vite qu’elle dégaine un rire vif et contagieux. Elle est tout ce que Rachel est au fond d’elle-même sans oser le montrer à quiconque, et surtout pas à ses parents : délurée, espiègle, coquine, tchatcheuse, frondeuse, aventurière.
    Et pour ne rien gâcher, sa famille est tout ce qu’il y a de cool : un père parfait puisqu’absent, une maman jeune et belle et sympa qui sourit tout le temps et un grand frère trop canon qui va immédiatement éveiller chez Rachel des sentiments exacerbés. L’arrivée de Valérie dans la famille Gladstein sera comparable à la découverte de la première machine à laver à la Foire de Paris en 1920 : une vraie révolution !

    Du vent dans mes mollets (joli titre dont on ne livrera pas ici le sens) raconte la délicieuse pétillance de l’enfance, sa folle insouciance et ses grands chagrins. Il dit aussi les grands canyons qui séparent le monde des parents et celui de leurs mômes, et tous les ponts a priori inconstructibles que chacun crée pour se trouver. Servie par des comédiens géniaux, dont la trop rare Agnès Jaoui, l’incomparable Denys Podalydès et la toujours parfaite Isabelle Carré, cette comédie faussement légère a la saveur des bonbons acidulés et la joyeuse énergie des spectacles inventés par deux gamines dans la salle à manger.


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