• Des hommes sans loi

    DDécors magnifiques et très beaux costumes pour cette histoire au temps de la prohibition. Voici un film réussi quoiqu'un peu sanglant.

    scénario: 16/20       acteurs: 17/20     technique: 18/20   note finale: 16/20

    Des hommes sans loi

    1931. Au cœur de l’Amérique en pleine Prohibition, dans le comté de Franklin en Virginie, état célèbre pour sa production d’alcool de contrebande, les trois frères Bondurant sont des trafiquants notoires : Jack, le plus jeune, ambitieux et impulsif, veut transformer la petite affaire familiale en trafic d’envergure. Il rêve de beaux costumes, d’armes, et espère impressionner la sublime Bertha… Howard, le cadet, est le bagarreur de la famille. Loyal, son bon sens se dissout régulièrement dans l’alcool qu’il ne sait pas refuser… Forrest, l’aîné, fait figure de chef et reste déterminé à protéger sa famille des nouvelles règles qu’impose un nouveau monde économique. Lorsque Maggie débarque fuyant Chicago, il la prend aussi sous sa protection. Seuls contre une police corrompue, une justice arbitraire et des gangsters rivaux, les trois frères écrivent leur légende : une lutte pour rester sur leur propre chemin, au cours de la première grande ruée vers l’or du crime.

    Pour les spectateurs qui nous suivent un peu, le réalisateur australien John Hillcoat n'est pas un inconnu. Sans remonter à Ghosts of the civil dead, film carcéral irréel, on citera ses deux derniers films, que nous avons programmés et défendus : La Route (2009), adaptation forte du grand roman de Cormac McCarthy, et surtout The Proposition (2005 mais sorti en France fin 2009), son magnifique western sépulcral.
    John Hillcoat, fils de l’outback australien et de ses étendues très peu encombrées par la présence humaine, est un grand fan de westerns. Et de films de gangsters, genre auquel il ne s'était jamais attaqué. Autant dire que le récit plus ou moins romancé de Matt Bondurant, relatant les aventures de ses ancêtres, fameux bootlegers dans la Virginie de la prohibition, tombait à point nommé. Hillcoat a vu là l’occasion de réconcilier les deux genres en décrivant une époque, les années 30, où l’Amérique rurale répondait encore aux règles qui prévalaient lors de la Ruée vers l’or tout en se laissant gagner par les temps modernes, les usages de la ville : les deux mondes allaient bientôt s’affronter à coups de Winchester et de mitraillettes à chargeur camembert.

    L’activité de bouilleurs de crus de Howard, l’aîné des frères Bondurant, un colosse qui a réchappé plusieurs fois à la mort, de Forrest, le cadet célèbre pour son alcoolisme et ses colères dévastatrices, et de Jack, le benjamin malingre mais intello, ne semble déranger personne en 1931. Une activité pratiquée de génération en génération sans que les autorités locales y trouvent à redire. Jusqu’à ce que les appétits des malfrats de la ville (génial Gary Oldman en mafieux cinglé qui abat comme qui rigole ses hommes quand ils ont commis l’erreur de lui déplaire) s’en mêlent et que et la volonté inflexible de l’Etat fédéral d’appliquer la prohibition s’incarne dans Charlie Rakes, inspecteur sadique et tiré à quatre épingles qui veut éradiquer ces bouseux qui enfreignent la loi comme on exterminerait les charançons. Et ce sera bien le choc de deux mondes, celui d’une certaine solidarité paysanne qui se moque des diktats décidés en haut lieu et celui de la mafia urbaine dont les règles s’accommodent finalement parfaitement de celles de la loi fédérale. Au cœur même de la fratrie, il y aura fracture entre les deux frères plus âgés, qui représentent une certaine tradition, et l’ambition du jeune Jack qui aspire à la gloire et la réussite, à l’image des Al Capone & Co.

    Les trois frères sont remarquablement interprétés par des acteurs au profil et au jeu très différents : Shia La Beouf apporte toute sa complexité à Jack tandis que Tom Hardy sait être tout en violence rentrée, charisme, et douceur cachée. On trouve dans Des hommes sans loi tout ce qui fait le charme des grands westerns et des meilleurs films de gangsters : histoires d’hommes héroïques dans des villes fantômes aux rues désertées, fusillades épiques, dialogues cinglants avant la bataille sans oublier deux belles histoires romantiques qui apportent un peu de douceur dans ce monde de brutes. Celle de Forrest avec Maggie, l’entraineuse qui a fui Chicago pour la campagne, incarnée par la très classe Jessica Chastain, et celle de Jack avec Bertha, la jeune fille timide d’une secte chrétienne conservatrice, éblouie par le bagout et l’ambition du jeune voyou prometteur, un joli personnage incarné par Mia Wasikowska, toute récente Jane Eyre. Du bang bang, des grands espaces, des hommes des vrais, des super méchants et des femmes magnifiques. C'est ça aussi, le cinéma qu'on aime !


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