• CITIZENFOUR

     Déception. Ce documentaire est fouillis et part dans tous les sens. Il faudrait le remonter. Intéressant et à voir cependant.

    scénario: 14/20         technique:14/20    note finale: 14/20

    En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code « CITIZENFOUR », il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel CITIZENFOUR, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.

    Imaginez que la rencontre entre Bob Woodward et Carl Bernstein du Washington Post avec « Gorge Profonde » dans un parking souterrain ait été filmée et qu'en ait résulté un documentaire de première main sur l'affaire du Watergate… Ce serait encore peu de chose en comparaison du document exceptionnel et sidérant qu'est Citizenfour, à la fois l'Histoire filmée en train de se produire, le portrait passionnant du plus célèbre lanceur d'alerte des années 2000, et sans doute le film le plus emblématique de l'atmosphère des années post-11 Septembre.
    Janvier 2013. Laura Poitras travaille depuis deux ans sur le troisième volet d'une trilogie dédiée à l'Amérique d'après les attentats du World Trade Center. Les deux premiers, My country, my country puis The Oath, s'intéressaient à un docteur se présentant aux élections irakiennes de 2006 et à l'ancien chauffeur d'Oussama Ben Laden. Pour son troisième film, elle veut traiter des dérives sécuritaires américaines. Autant dire qu'elle est déjà « ciblée » par la NSA, et familière des fouilles systématiques quand elle entre sur le sol US. Elle est alors contactée par un correspondant anonyme, sous le pseudonyme de « Citizenfour », qui lui donne des instructions pour chiffrer leur correspondance, pour lui transmettre des informations confidentielles. Il lui demande d'impliquer le journaliste du Guardian Glenn Greenwald, connu pour son travail d'investigation en 2010 sur l'arrestation et la détention de Bradley Manning, qui avait transmis des documents militaires classifiés à Wikileaks.

    Cinq mois plus tard, comme dans un roman de John Le Carré, Poitras et Greenwald rencontrent secrètement celui qu'ils ne connaissent encore que sous le pseudonyme de « Citizenfour » dans une chambre d'hôtel de Hong Kong. Un reporter aguerri du Guardian, Ewen MacAskill, est aussi appelé en renfort afin de s'assurer que la réputation du prestigieux quotidien soit protégée dans cette affaire. Durant huit jours, filmé par Laura Poitras, Edward Joseph Snowden, informaticien travaillant pour la NSA, va révéler aux deux journalistes un volume considérable de documents décrivant les programmes de surveillance mondiaux mis en place par la NSA, tels la collecte des données de grandes entreprises du web (Facebook, Google, Apple…) par le programme PRISM, l'espionnage de câbles sous-marins de télécommunications intercontinentales, et d'institutions internationales comme le Conseil européen à Bruxelles ou le siège des Nations Unies…
    Durant huit jours, on voit Edward Snowden se livrer à la caméra et aux journalistes, préparant la publication des révélations, s'attendant à tout moment à voir la NSA débarquer dans la chambre. Huit jours surréalistes et baignés d'une telle paranoïa qu'elle prend même des allures comiques (la scène incroyable où Snowden tape son mot de passe sous une serviette, piquant un fou rire nerveux avec les journalistes). La révélation principale de ce documentaire, c'est la personnalité de Snowden, d'une lucidité, d'une intelligence et d'un courage admirables, et comment lui et les journalistes ont planifié les révélations pour qu'elles atteignent leur but et ne soient pas noyées dans le flot médiatique.

    Citizenfour pose des questions éthiques fondamentales. À quel point la protection d'une population peut-elle se faire au détriment de libertés individuelles et au mépris de la vie privée ? Jusqu'où un gouvernement peut-il tenir des citoyens dans l'ignorance de ses actes en prétextant que c'est pour leur propre bien ? Est-il légitime d'enfreindre la loi afin de dénoncer de telles pratiques ? Alors que vient d'être publié le décret d'application de la loi de programmation militaire qui ouvre la voie à une surveillance administrative en France, et que le « Patriot Act à la française » est sur toutes les lèvres, le film de Laura Poitras est passionnant et salutaire.


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