• Anna Karenine

    Même si la mise en scène est parfois déroutante puisque parfois on se retrouve sur une scène de théâtre, ce film est une totale réussite. les décors et les costumes sont somptueux. 

    scénario:19/20      acteurs: 16/20    technique: 19/20  note finale: 17/20

    Anna Karenine

    Russie, 1874, la belle et ardente Anna Karénine jouit de tout ce à quoi ses contemporains aspirent : mariée à Karénine, un haut fonctionnaire du gouvernement à qui elle a donné un fils, elle a atteint un éminent statut social à Saint-Pétersbourg. À la réception d’une lettre de son incorrigible séducteur de frère Oblonski, la suppliant de venir l’aider à sauver son mariage avec Dolly, elle se rend à Moscou. Au cours de son voyage, elle rencontre la comtesse Vronski que son fils, un charmant officier de la cavalerie, vient accueillir à la gare. Quelques brefs échanges suffisent pour éveiller en Anna et Vronski une attirance mutuelle. Oblonski reçoit également la visite de son meilleur ami Levine, un propriétaire terrien sensible et idéaliste. Épris de la sœur cadette de Dolly, Kitty, il la demande gauchement en mariage, mais Kitty n’a d’yeux que pour Vronski. Dévasté, Levine se retire à Pokrovskoïe et se consacre entièrement à la culture de ses terres. Mais le cœur de Kitty est lui aussi brisé quand elle prend conscience, lors d’un grand bal, de l’infatuation réciproque d’Anna et Vronski. Anna, désorientée, rentre à Saint-Pétersbourg, mais Vronski l’y suit. Elle s’évertue à reprendre sa calme vie de famille mais son obsession pour le jeune officier ne cesse de la tourmenter. Elle s’abandonne alors à une relation adultère qui scandalise toute l’aristocratie locale. Le statut et la respectabilité de Karénine sont mis en péril, le poussant à lancer un ultimatum à sa femme. Dans sa recherche éperdue de bonheur, Anna révèle au grand jour l’hypocrisie d’une société obsédée par le paraître. Incapable de renoncer à sa passion, elle fait le choix du cœur.

    Après Orgueil et préjugés, Jœ Wright adapte à nouveau un roman fleuve. Cette fois il s’agit DU roman fleuve, un des plus importants de la littérature russe, Anna Karenine. Et devant la caméra virtuose du cinéaste Jœ Wright, Léon Tolstoï se paye le luxe d’une renaissance. Faste, outrancier, romantique jusqu’à l’excès, le cinquième film du réalisateur britannique est une nouvelle merveille. Wright aborde l’exercice avec autant de respect que de tentation visionnaire. Il trouve ainsi l’équilibre parfait entre classicisme racé et modernisme, brisant les murs de la réalité avec la même élégance qu’il déplace des pans entiers de décors, touchant au génie dans son mariage entre littérature, théâtre et cinéma.

    Dans ses premiers instants, Anna Karénine par Jœ Wright impose une vision de cinéaste digne des plus grands maîtres. Impossible de ne pas voir dans la précision géométrique de ces cadres, dans la rigueur des perspectives, l’héritage perfectionniste de Stanley Kubrick. Jœ Wright ira même un peu plus tard jusqu’à le citer ouvertement dans des mouvements de travelling avant-arrière lors d’une séquence se déroulant dans un labyrinthe. C’est dire dans quelles sphères évolue aujourd’hui le réalisateur qui compose son film en appliquant les principes des cinéastes fondamentaux, mais également ceux de Tolstoï. Le récit d’Anna Karénine, le roman, n’est pas tant ce qui en fait la puissance. Cette histoire d’amour destructrice, d’adultère et de chute sociale ne serait qu’un simple mélodrame s’il n’y avait pas le style d’un auteur procurant la fièvre du romanesque. Et Jœ Wright l’a bien compris en ne se contentant jamais de raconter une histoire mais en lui insufflant une âme, une fougue, un style sans pareil. Comment faire vibrer un spectateur d’aujourd’hui à travers une histoire située dans l’aristocratie russe d’il y a deux siècles ? Tout simplement en lui apportant un traitement tel que ce récit redevient contemporain et universel. C’est le dramaturge Tom Stoppard, jadis scénariste de Brazil, Empire du soleil ou Despair, qui est sorti d’un silence cinématographique d’une dizaine d’années pour triturer l’œuvre de Tolstoï et donner à Jœ Wright le matériau idéal. Il fallait un homme de théâtre pour revisiter Anna Karenine, et un expérimentateur un peu fou pour le mettre en image. Jœ Wright prouve avec ce film, plus encore que tous ceux qui s’y sont frottés, que filmer une pièce de théâtre peut donner lieu à un morceau de pur cinéma.

    A travers son sens du découpage et de la transition, ses plans séquences majestueux à travers des décors gigantesques et en mouvement, la grandiloquence de la composition de Dario Marianelli, son exploration des coulisses par les acteurs, son goût pour le romanesque, Jœ Wright traite de la manipulation de l’image de façon extrêmement ludique, en n’oubliant jamais qu’il y a des spectateurs de l’autre côté de l’écran venus assister à un mélodrame flamboyant fait de rencontres, de trahisons, de violence, de mort et d’amour. Tout y est exacerbé à l’extrême. Tout est beau, tout est frontal et c’est précisément ce qui donne toute sa force au film. Au milieu de cet opéra dont les mouvements organiques adoptent ceux de la grande comédie musicale pour capter les personnages, une déesse enflamme l’écran. Keira Knightley n’a jamais été aussi belle, aussi présente, aussi rayonnante. Elle irradie Anna Karenine et apporte toute la nuance de son jeu à un personnage riche et tragique, tandis que lui répondent un Aaron Johnson toujours plus à l’aise et un Jude Law à contre-emploi qui trouve peut-être là son plus beau rôle. Ils donnent du corps à ce récit d’une amplitude démesurée et aux intrigues parallèles complexes, à ce film-monstre qui réinvente littéralement un monument classique. Jœ Wright confirme qu’il est l’un des réalisateurs contemporains les plus impressionnants.


  • Commentaires

    1
    alexia 38
    Vendredi 14 Décembre 2012 à 20:35

    merci,mette,je suis toujours vosavis pour aller au cinema

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